Les 3 clarinettes 12 clés Kayser avec leurs boites d’anches,
leur boites de becs et leur écouvillon (coll. JDT).
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Que pouvons dire sur cet ensemble ?
1°) D’abord pourquoi une boite avec 3 clarinettes ?
Au début du XIXème siècle, les clarinettistes qui se
répandaient dans tous les orchestres civils et militaires devaient pouvoir
jouer des traits difficiles et cela dans tous les tons. Or ce n’était pas aisé et
le clarinettiste alors devait avoir plusieurs clarinettes et parfois en changer
en cours de morceaux. C’est ainsi qu’il pouvait avoir cette boite avec 3
clarinettes dans des tonalités différentes pour passer de Ré à Mib, ou de Ut,
Sib à La ou avoir des clarinettes qui avaient des corps de rechange avant que
se généralise la clarinette 13 clés omnitonique d’ Iwan Muller.
2°) Un coffret rare de 3 clarinettes Kayser ?
Qui était Heinrich Friedrich KAYSER ? On ne sait pas grand chose.
Alors toutes informations sont les
bienvenues.
Il est né à Hambourg le 4 septembre 1809 et décédé dans cette même ville d'Allemagne le 12 novembre 1890. Il exerça à Hambourg le métier de facteur de clarinettes (on ne connaît pas d'instruments autres que des clarinettes de ce fabriquant, peut-être une flûte?) de 1833 à 1883.
Hambourg était la patrie de son contemporain Johannes BRAHMS (1833-1897). Ses instruments ont été utilisés particulièrement en Scandinavie et en Allemagne du nord.
Pourquoi 12 clés ? En Allemagne, la clarinette 12 clés était plus populaire alors qu’en France on
utilisait la clarinette de Müller à 13 clés. Ces clarinettes sont datées entre 1830-1850.
3°) l’originalité de Kayser ?
Afin de bien saisir
l’intérêt des clarinettes de ce facteur, il faut admirer son travail soigné et
la finesse de ses clarinettes notamment ses clés et guides en laiton et c’est
pourquoi ces clarinettes étaient et restent réputées.
Il faut replacer les évolutions pour les non spécialistes. Les guides sont de plusieurs sortes : au départ le
facteur-tourneur faisait des excroissances (anneaux sur le corps du haut, bulbe
sur le corps du bas) avec un tour à bois dans la masse du buis. Ceci permettait
de percer ensuite ces guides et mettre des tiges en laiton qui servaient d’axes
permettant aux clés d’être tenues fermement et de pivoter sur ces axes. Ces blocs en bois étaient disgracieux et alourdissaient la
clarinette. Aussi les facteurs
vont ils au cours du temps essayer de les réduire.
Kayser lui va inventer (?) des guides en laiton fixant
les clés, guides qui seront fixés eux mêmes sur le corps de l’instrument par
des patins (plaques de laiton) puis des boules. Ce qui surprend c’est l’extrème précision de l’ajustement
des guides pour faire glisser les clés : vraiment un grand clétier.
On peut aussi observer des fausses bagues dit monoxyle c’est à dire tournées dans le
buis supprimant le corps central tout en lui donnant l’aspect de la clarinette
ancienne.
Fausse bague monoxyle. |
On peut aussi voir le
renforcement systématique avec des clous en acier sur le buis afin qu’il
n’éclate pas et disposés toujours de la même façon et très nombreux.
Une caractéristique
aussi peu commune et la fente dans les clés de trilles donnant un confort pour
glisser d’une clé à l’autre.
Forme spécifique des spatules des clés pour permettre un meilleur glissement. |
Les roulettes créées par le clarinettiste français César Janssen vers
1840 mais qui ont été très utilisées par la facture allemande.
Il existe quelques clarinettes H. Kayser dans des
musées notamment à Stockholm, à Edimbourg (collection N.Shackelton), en Allemagne et quelques unes
dans des collections privées, soit entre 15 et 20 clarinettes dans le
monde.
Clarinette alto de Kayser du musée de Stockholm. |
Le facteur grand facteur actuel Seggelke à Bamberg a
reproduit, pour le clarinettiste anglais Keith Puddy, des Kayser afin de jouer
la star de Hambourg : Brahms of course !
Différents modèles de clarinettes reproduites par Seggelke pour jouer Brahms et Schumann. |