Par José Daniel Touroude
Aprés 146 ans, le cirque Barnum ferme ses portes !
En hommage au cirque mythique
Barnum, qui en ce début d’année 2017
démonte définitivement ses chapiteaux après 146 ans de représentations (rentabilité
oblige), nous nous penchons sur la musique de cirque et sur ses musiciens. En France, les cirques restent
populaires et malgré les coûts importants arrivent à survivre en évoluant vers
des spectacles de plus en plus mondialisés et empruntant à toutes les formes de
spectacles parfois assez différents du cirque traditionnel. (Ainsi Phénix, Pinder, Bouglione, Eloize, Cirque du soleil, Gruss
etc…. (et les émissions TV reprenant les attractions de cirque) conservent un
public fidèle. Le cirque évolue et en
conséquence la musique autrefois secondaire devient essentielle, voire une
composante du spectacle demandant ainsi des profils de musiciens différents. Notre article sera composé de
2 parties : les fonctions de la musique de cirque et des musiciens qui
jouent cette musique.
Reconnaissez vous José, René et Bernie. |
I - Un peu d’histoire sur l’évolution du cirque :
(Romulus selon la légende a attiré les Sabines dans
des jeux de cirque pour les capturer et les donner comme «épouses» à ses
compagnons fondateurs de Rome ! (clin d’œil pour René Pierre et sa femme
Sabine !). Dès la Rome antique les jeux du cirque sont fondamentaux (« du
pain et des jeux »), avec les parades, les montreurs d’animaux, les acrobates,
les clowns et les musiciens qui déambulent dans les rues. Mais le cirque, comme nous le connaissons, ne nait qu’au XVIIIème siècle (1770) en
Angleterre avec Astley. Le cirque est
alors un spectacle basé sur les chevaux et des prouesses équestres de voltiges,
de dressage et acrobaties (Bartabas
, Zingaro vont continuer et sublimer
cette tradition équestre). Mais Astley crée aussi la succession de numéros
différents pour ne pas lasser le spectateur et faire reposer les chevaux et
cavaliers, le cheval restant central. Au XIXème siècle, les autres pays imitent et prolongent cet engouement qui
plaît à tous les âges et à toutes les couches sociales : Franconi en France sous le 1er empire, les anglais
Pinder s’installent en France, toute l’Europe suit notamment l’Allemagne, la
Russie, mais aussi les USA (Barnum).
Une des particularités du cirque est d’être itinérant, se déplaçant auprès du public avec des chapiteaux
(1830) et une piste circulaire (de Circus en latin = cercle). Barnum crée son
cirque itinérant qui deviendra le plus grand du monde à travers les USA.
Néanmoins on construit les premiers cirques fixes pour continuer les spectacles
par mauvais temps (Cirque d’hiver à Paris). Mais il n’y a
pas de spectacle de cirque sans les amuseurs : clowns-acrobates sur chevaux puis des pantomimes (le
mime Marceau continuera cette
tradition) et surtout des bouffons habillés de façon ridicules, gaffeurs,
nouveaux arlequins… Ces clowns deviennent incontournables dans la deuxième
moitié du XIXème siècle, quand il y aura le couple antinomique clown blanc
sérieux/Auguste farfelu. Certains clowns restent dans la mémoire collective comme
les célèbres Grock, Popov, Chocolat, Zavatta etc…
(avant que l’on détourne le clown comme personnage terrifiant dans certains
films). Il y a un siècle les frères Fratellini
introduisent les clowns musiciens qui deviendront récurrents. Les clowns
par le rire défoulent, provoquent d’autres émotions mais aussi détournent
l’attention sur la mise en place des numéros suivants.
Au XXème
siècle apparaît un autre personnage clé : le dompteur avec la ménagerie
d’animaux exotiques féroces et
dressés, parfois inconnus. Tous les animaux font des numéros, des canaris aux
éléphants en passant par des chiens et des fauves. Certains cirques en font
leurs spécialités comme le cirque Krone en
Allemagne au début du XXème siècle, les cirques Amar, Pinder, Bouglione en France. Actuellement certains
protecteurs des animaux réduisent les spectacles de dressage voire militent
pour sa suppression dénonçant la maltraitance supposée. (cirque Plume).
Du cirque
traditionnel au cirque moderne :
Le cirque traditionnel se base sur la
dramatisation (trapèze volant « le saut de la mort », ou le
« sans filet » désormais interdit, dompteur de fauves en rappelant quelques
accidents terrifiants, numéros dangereux avec des effets simplistes mais efficaces (notamment le faux ratage
pour montrer la difficulté…..). La musique doit alors marquer les temps
forts du numéro : le départ, la tension, une réception réussie mais
aussi masquer un raté en reprenant la musique au moment de la séquence ratée,
clôturer la fin du numéro. L’ adaptation aux chorégraphies des hommes comme des
animaux, est essentielle afin que les notes respectent le visuel, être en
mesure malgré les imprévus demandent lors de répétitions une mise en place
soignée. La musique est la respiration du spectacle, variant selon les
numéros. La musique a son rôle dans cette dramatisation car elle accentue l’état
d’esprit de tension, de crainte, d’attente puis du succès et du soulagement final !
mais la recette efficace mais trop connue commande de trouver autre chose pour
séduire le public rapidement blasé. Le spectacle de cirque traditionnel est une succession de numéros différents (l’ordre des
numéros étant fonction auparavant des contraintes techniques comme
l’installation de matériel et l’alternance de numéros émotionnels contrastés), avec des transitions musicales et de Monsieur Loyal
assurant la présentation des artistes et la cohérence de la représentation.
Le cirque
moderne se renouvelle en dépassant
les traditions (le carcan ?) du
cirque traditionnel pour attirer et réjouir le public consommateur toujours
plus friand et attiré par des innovations.
(Fumigène, écrans, jeux de lumières, utilisation des nouvelles
technologies pour mystifier….). Le
cirque évolue sans cesse, des écoles de cirque recherchent la créativité et revisitent
de plus en plus les numéros traditionnels : danses, athlètes sportifs,
costumes, musiques en recherchant des performances ou des choses jamais faites. Dorénavant, on recherche un enchaînement logique, une histoire racontée, avec
des personnages comme au théâtre ou dans une comédie musicale, ou un film. Un
collectif d’artistes créée une cohésion, une troupe et non des artistes
individuels qui font seulement leur numéro. Les
couleurs voyantes sont à toujours à l’honneur (rouge notamment), les costumes,
maquillages , paillettes restent brillantes…. Les odeurs (ménagerie) reculent,
l’odeur du crottin de cheval ou des fauves est remplacé par l’odeur du pop
corn ! L’évolution du cirque traditionnel entraîne la réduction des animaux, des
scènes différentes plus frontales donc théâtrales que circulaires du cirque,
des numéros de sportifs et athlètes de haut niveau, des chorégraphes et des
chanteurs de music hall… L’esthétique
est fondamentalement différente. En conséquence les types de musiques, les
profils des musiciens, les instruments de musique vont se modifier, suivant ainsi
les évolutions du cirque.
Écoutez la marche des gladiateurs en lisant cet article.
II - La
musique est intimement liée à la vie des cirques et
possède plusieurs fonctions :
1. La musique de
cirque doit créer une ambiance :
La musique de
cirque doit préparer les attractions Elle est utilisée dans les défilés, les parades pour attirer le public
puis en ouverture du spectacle qui précède les représentations. Son objectif
est de créer une ambiance particulière de fête avec une musique entraînante et
joyeuse avec un répertoire spécifique au cirque suscitant et imprimant dans le
cerveau des images et des souvenirs liés aux cirques : (exemples la
fameuse marche des gladiateurs, génériques des émissions de cirque à la TV…). La musique est prise alors comme un déclencheur
pavlovien pour préparer le spectateur à la fête et au cirque.
La musique de
cirque doit accompagner les attractions : Elle introduit les numéros et accompagne les artistes
rythmant les numéros, amplifiant les émotions voulues par les artistes. La
musique a toujours été indissociable aux jeux et aux numéros des artistes même dans la Rome antique ou depuis le moyen âge où les saltimbanques
ambulants se déplacent de foires en fêtes à travers les pays. Actuellement
plusieurs compagnies comme Soukha
reprennent cette tradition du cirque forain des animations de rues avec
musiciens et artistes de cirque sans chapiteaux.
La musique de
cirque doit réussir à combler les intermèdes entre les attractions Auparavant
il n’y avait pas de liaisons entre les attractions et entre deux numéros, il faut installer du
matériel, changer de décor et de costumes et ces temps intermédiaires sont
occupés par la musique, les clowns et monsieur Loyal qui en expliquant et en
présentant donne le fil rouge et du sens, tout en jouant le patron. Actuellement le cirque suit les modes du public, en employant des chanteurs et chanteuses, proches
de la comédie musicale ou du music hall, qui servent de liens entre les attractions
d’artistes de cirque (mais Pinder faisait déjà cela avec Luis Mariano). On peut noter une évolution : La musique qui
était secondaire voire pour combler les trous entre les attractions du cirque devient de
plus en plus une composante essentielle du scénario du spectacle à la fois de cirque
et musical. (par exemple : Alegria du cirque du soleil)
La musique de
cirque doit accompagner l’après spectacle : parade finale de présentation des artistes. Mais une fois la représentation terminée, la musique
accompagne encore le spectateur pendant son départ, servant à prolonger l’ambiance,
à mémoriser dans le cerveau la musique et le spectacle afin que ce bon souvenir
donne une envie de revenir…. Ainsi désormais le cirque vend les CD de la musique des
spectacles pour prolonger le plaisir (comme une comédie musicale, un spectacle
de variétés ou la musique de film).
2.
La musique de
cirque provoque et amplifie des émotions :
La musique de
cirque doit susciter et enchaîner différentes émotions, produire des impressions en utilisant différents
effets afin d’amplifier les émotions changeantes selon les numéros. Mais toutes
les émotions humaines ne sont pas activées. Certaines émotions comme dégoût,
tristesse, mépris, colère sont par contre abandonnées. D’autres comme la joie et le rire, la tension
et la surprise, l’attente anxiogène de risques, craintes voire peurs ponctuelles
pour arriver au soulagement, des instants de rêves et de poésie, de relâchement
et de plénitude…forment la trame des émotions variées qui se succèdent
rapidement dans un spectacle de cirque. La musique renforce l’émotion de ce que
veut exprimer l’artiste de cirque. Pour faire succéder les émotions, la représentation agit sur des
registres différents pour capter un maximum d’émotions diverses afin de susciter
les applaudissements pour chaque numéro… le spectacle créant ainsi un cocktail
qui interpelle chacun et laisse forcément un impact (au moins sur quelques
émotions). Actuellement chaque cirque, chaque spectacle essaie
d’agrandir la palette des émotions en rajoutant l’ absurde, l’ironie, le poétique,
la provocation, la féerie, le fantastique, l’onirique, le fantomatique, le
merveilleux, la contestation voire la morale, la révolte sociale même, le
militantisme pour une cause voire un épisode historique, l’humour, l’amour, le
désespoir, des références intellectuelles… on est loin de la peur du fauve ou
des cabrioles de l’acrobate qui va ou non réussir son numéro avec roulement de
tambour et coups de cymbales ! et pourtant ils demeurent présents. Évidemment
dans toutes ces émotions le rire est incontournable.
La musique
est aussi indispensable pour déclencher
le rire. Évidemment la musique
peut être vite burlesque et accompagner les rires mais là ce n’est plus
l’orchestre qui joue mais souvent l’artiste seul (accompagné ou non par l’orchestre)
et c’est l’apanage des clowns faisant de la musique avec toutes sortes d’
instruments parfois bizarres ou détournés . Certains sont restés
célèbres : Zavatta, la poly-instrumentiste Annie Fratellini ( avec
son concerto pour un clown)… La musique accompagnait et renforçait les moments
burlesques dans les films depuis le muet avec des artistes proches du cirque
(Buster Keaton, Laurel et Hardy, les Marx
brothers, Charlie Chaplin…)
3. La musique de
cirque interagit avec les autres musiques :
La musique spécifique : il y a des musiques spécifiques au cirque traditionnel
et la discographie spécialisée est riche mais il existe aussi une interaction
importante entre la musique de cirque et les autres musiques.
La musique empruntée : la musique de cirque vit avec son temps et les goûts
du public. La musique de cirque se cale
sur les musiques populaires à la mode en faisant des emprunts d’airs connus selon
les époques. La musique de cirque emprunte
à la musique classique, chansons de variétés à la mode, opérettes, comédies musicales, carnaval, airs à la mode,
jazz, latino, disco, tzigane, la musique de film, Rock, Pop, music hall,
musique du monde, musiques bizarres , musiques exotiques… mondialisation et innovations
obligent. La palette sonore devient beaucoup plus grande à exploiter. L’orchestre
de cirque puise dans toutes ces musiques, les arrangent pour accompagner
l’émotion suscitée par un numéro de cirque. Les musiciens d’orchestre de
cirque participent à la formation musicale du peuple en jouant de la musique
variées (d’où le nom de variétés). Toutes ces musiques qui
étaient bien identifiées se mélangent désormais, s’interpénètrent comme
d’ailleurs les éclairages et jeux de lumières, les costumes, les filles
dénudées dignes du music hall… Logiquement les musiciens passent donc d’un
spectacle à un autre. L’interaction va dans les
deux sens : le music hall reprendra souvent cette fonction de la musique
de cirque notamment burlesque (ex : le petit violon de Coluche avec ses gants de boxe, Raymond
Devos… ou le patinage sur glace sur
la piste chez Bouglione, Holiday on ice
faisant a contrario des numéros de cirque sur glace notamment acrobaties et numéros
burlesques. Certaines musiques de cirque
sont originales, de plus en plus créées pour un spectacle spécifique.
Le cirque et sa musique comme source d’inspiration :
Le cirque est aussi une
source inspirante pour de grands compositeurs : exemples : « le
bœuf sur le toit » de Darius
Milhaud/ Jean Cocteau, le « circus
polka » de Stravinsky, « les
forains » de Sauguet, « les
clowns ou 8 ½ » de Nino Rota/Fellini… voire pour des chanteurs
comme « l’hélicon » de Boby Lapointe, « le cirque »
d’Yves Duteil, ou « le saltimbanque »
de Maxime Le Forestier ou « Papa
Clown » de Pierre Lozère (un
incontournable du répertoire de ma fille Magali !) Le cirque a inspiré aussi nombre artistes peintres comme : Seurat,
Toulouse-Lautrec, Picasso dans sa période rose, Chagall, Buffet, Calder etc…
Georges Seurat. |
Le cirque a inspiré nombre d’artistes cinéastes : Ainsi « le cirque » et « les feux de
la rampe » de Chaplin, « un jour au cirque » des Marx Brothers, « sous
le plus grand chapiteau du monde » de Cecil
B de Mille, « 24 h de la vie d’un clown » de Melville, « la nuit des forains » de Bergman, « Lola Montès » d’Ophüls, « le plus grand cirque du monde » d’Hataway, « la Strada » et « les
clowns » de Fellini ou le film récent de 2016 « Chocolat » de Zem ….
III - Le métier d’un musicien d’orchestre de cirque.
Généraliste ou spécialiste ?
Comme dans tout métier il y a
d’une part les généralistes qui évoluent dans la transdisciplinarité et leurs
compétences résultent d’être bon et de pouvoir passer dans plusieurs domaines
et d’autre part les spécialistes qui ont un champ étroit de compétence mais qui
ont réussi à posséder une expertise certaine dans leur domaine. Dans la musique
professionnelle c’est pareil, certains musiciens passent d’une musique à une
autre, sont poly-instrumentistes (music hall, cirque, big band, cabaret, studio…
) et d’autres sont virtuoses dans un instrument voire spécialisé dans un type
de musique (musicien classique, jazzmen…). Les qualités instrumentales et
psychologiques sont très différentes et même le métier est très différent.
Être
poly-instrumentiste :
Bien sûr à la base, comme
tout musicien, il doit posséder une formation solide d’instrumentiste. (déchiffrer,
maîtriser la technique des instruments, phraser, jouer ensemble ….). Par
exemple pour un « soufflant », il faut maîtriser un instrument
principal (ex : la famille de clarinettes) puis dominer plusieurs
instruments secondaires proches (la famille des saxes) et accessoirement se
débrouiller avec d’autres instruments à vent). Les percussionnistes si importants
dans un orchestre de cirque ont une palette d’instruments aussi importants à
maîtriser . Et puis il y a les
instruments ponctuels : Scie musicale, mirliton, grelot, beaucoup d’instruments
originaux venant du monde créant toutes sortes de sons nouveaux . Actuellement
ce « plus » est très recherché dans le recrutement de musiciens afin
de surprendre, d’émerveiller le spectateur et l’auditeur et d’accompagner un numéro exotique. Les attractions de cirque
sont à la fois classiques (et la musique est alors bien référencée) mais doit aussi
comporter des nouveautés avec des numéros jamais vus ou époustouflants (et en
conséquence la musique doit aussi se renouveler)
Réactivité, adaptation ,
flexibilité : les qualités
fondamentales.
La concentration est
essentielle mais moins sur la partition ou sur des passages difficiles que sur
le chef d’orchestre qui lui même est réactif par rapport au numéro, imprimant à
l’orchestre des modifications en temps réel. La composition de la musique
jouée au cirque et qui accompagne les numéros doit pouvoir se modifier
rapidement (en s’écourtant brutalement lors d’un imprévu, un ratage sans que
cela soit trop visible, en se rallongeant au contraire si le numéro ne suit pas
le timing prévu, d’où des changements de rythmes). Chaque phrase se travaille en
fragmenté avec des changements possibles, des improvisations, des arrêts –reprises,
des cadences impromptues, des mélodies rallongées… ce qui permet que tout
l’orchestre réagisse de suite ensemble dans un stop and go permanent… toute une
technique. ! La réactivité est alors
la qualité essentielle pour aider les
artistes dans le déroulement de leurs numéros. Cela demande des thèmes simples, répétés, des
leitmotiv ou des cellules ou fragments de quelques mesures, des riffs pour
donner des repères aux auditeurs mais avec des possibilités de changements
rapides (modulations, changements de rythmes,) en temps réel par le chef
d’orchestre . Souvent en conséquence la
mélodie est orchestrée à minima , basique pour renforcer le thème, parfois pour
mettre en valeur un instrument avec contrepoint simple, en canon ou
couplet-refrain. Tous ces procédés sont à maîtriser car les musiques et les
numéros s’enchainent rapidement, les temps morts et le silence étant bannis. L’adaptation rapide à tous
les changements est la qualité d’un musicien d’orchestre de cirque. Ce qui est
recherché n’est pas la maîtrise virtuose d’un instrument afin de jouer des
concertos difficiles sans fautes mais de jouer selon la demande quelques notes
ou une partition avec d’autres . Les qualités de musicien
flexible doté d’un sens artistique et d’un esprit d’équipe, est avant tout un
professionnel centré sur la justesse et la mise en place instantanée.
Mais parfois on demande aussi
au musicien de pouvoir faire des sons bizarres, des effets sonores ou de la
musique exotique, de chanter, de jouer avec une bande enregistrée plus ou moins
en play back, enchaîner différents instruments… Les musiciens doivent
posséder de nombreux talents, avoir une solide formation musicale classique
et/ou de jazz variétés, revoir une orchestration mais surtout suivre le chef
qui réagit instantanément à ce qui se passe sur scène et aux imprévus, soutenir
l’émotion du numéro, jouer souvent plusieurs instruments avec un bon niveau
technique et d’interprétation, improviser aussi, travailler en équipe mais être
aussi soliste, vivre en tournées ….Le musicien d’orchestre de
cirque est modeste car il met en valeur les artistes qui sont sur la piste sous
les projecteurs !
Tout ceci entraîne la
professionnalisation des musiciens de cirque qui sont souvent de bons musiciens
poly-instrumentistes et/ ou pouvant jouer toutes sortes de musiques. Un profil
proche des orchestres de danse, de big band et de music hall. Créatif, pouvant élaborer de
suite une transition, combler un trou sans que cela se remarque. Une vie souvent proche d’un
musicien de music hall, des salles de danses, des boites de jazz et de studio
essentiel pour le jeu en orchestre en accompagnement d’un chanteur ou d’une
attraction, , musicien de pupitre mais aussi quand il le faut devenir soliste
et improvisateur
Jouer toutes sortes de musique :
Musiques variées des
spectacles de cirque mais de plus en plus certains spectacles modernes de
cirque ont des musiques spécifiques (cirques étrangers comme le cirque chinois,
russe, tzigane (tradition des forains gitans spécialistes du cirque) ou de véritables
compositions originales. Ainsi de plus en plus maintenant le spectacle raconte
une histoire, avec un scénario. donc une musique plus structurée et complexe,
donc une modification du profils d’instrumentiste et une amélioration technique.
Certains musiciens ont désormais les mêmes formations de conservatoires que
leurs homologues classiques ou de jazz. Ainsi l’excellent orchestre
du cirque d’hiver chez Bouglione 15 musiciens rompus aux spectacles et aux
arrangements de dernière minute, viennent du music hall (ex : anciens de
chez Johnny Halliday , Eddy Mitchell,
big band jazzy…)
1990. Bernard Duplaix sur la scène du Théâtre de Chaillot pour la comédie Musicale "Zazou" de Jérôme Savary. |
Parmi les instruments les
saxophones et les cuivres sont devenus incontournables.La diffusion et la notoriété
des instruments à vent sont intimement liés à la musique de cirque.
Certains instruments à vent (pas
les hautbois ou les bassons) sous les chapiteaux avec une acoustique proche du
plein air devaient être assez bruyants.(ceci est moins vrai désormais avec les
micros et enceintes géantes) mais la musique amplifiée est source de nombreux
procès vu les nuisances sonores avec les voisins d’où des problèmes
d’installation dans les villes.
Que disent les musiciens de
cirque :
« Il n’y a pas
d’écoles de musicien de cirque, on apprend ce métier sur le terrain
avec un répertoire très varié car les dominantes des spectacles changent
chaque année : une année c’est de la musique tzigane, puis le
spectacle suivant on évoque l’Amérique latine et la musique latino, les USA le
jazz et le rock , les musiques russes ou chinoises, les percussions africaines
ou la belle époque à Paris ! etc…. « un autre musicien indique « il faut un répertoire d’une centaine de morceaux,
pas très difficiles techniquement mais très éclectiques. la meilleure formation
n’est pas celle du conservatoire de Paris mais après une base solide avoir été
musiciens d’orchestres de variétés (bal, jazz, big band, music hall…
rompu aux tournées et à la scène nous aimons l’imprévu et la réactivité,
l’improvisation et le travail minutieux de la mise en place. » « Il faut changer de spectacles donc de musiques et souvent même de styles
de musique voire d’instruments ! c’est ce coté polyvalent qui est
excitant ». De nombreux cirques remplacent les orchestres par une bande –son , un DJ, voire
un orchestre a minima. Malgré les coûts, certains grands cirques gardent un
orchestre (cirque du soleil, Bouglione…), la tradition étant que les grandes
familles de cirque ont souvent appris la musique (les Gruss, Zavatta, Fratellini….). Mais le cirque est avant tout
plébiscité par les enfants et le cirque est
présent comme support pédagogique et
permet la continuité de ce divertissement à chaque génération. Tous les enfants du monde
adorent le cirque aussi, les pédagogues vont utiliser les différents aspects du
cirque pour développer nombre d’apprentissages notamment la musique : la
connaissance des instruments avec Piccolo, saxo et le cirque Jolibois d’André POPP mais aussi évoquer
l’histoire (le show sur l’Ouest américain de Buffalo Bill, l’histoire chinoise par le cirque de Pékin….). Le cirque montre les qualités
physiques, la souplesse et la motricité, l’apprentissage des numéros
(équilibre, jonglerie, magie, connaissance des animaux etc…. ) et la
créativité, dans les déguisements et le défoulement par le rire des clowns….Apprendre
en s’amusant merveilleuse pédagogie pour toutes les écoles du monde et rendant
ainsi le cirque intemporel.