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lundi 25 septembre 2017

"Frédéric Eléanor Godfroy, fils de Clair II Godfroy, facteur de flûtes et inventeur d'un nouveau ressort en 1834". "Frederic Eléanor Godfroy, son of Clair II Godfroy, woodwind maker and inventor of a new spring system in 1834".

En visitant la collection de François Camboulive, j'ai découvert une flûte (parmi tant d'autres) qui "m'a interpellé"et comme François m'a autorisé à en faire un article j'en profite. Merci à lui pour sa générosité.
Cette flûte est une "Godfroy"....comme on dit classiquement, avec un système de ressort particulier. Cela tombe bien, cette famille de facteurs a été particulièrement bien étudié par Tula Giannini dans un ouvrage très documenté : "Great Flute Makers of France. The Lot and Godfroy Families, 1650-1900".
Et comme en plus je suis en train d'essayer de répertorier les flûtes des facteurs de cette famille, pour essayer de comprendre "qui a fait quoi?" et "cette flûte, elle a été faites par le père ? Le grand père ? Ah le fils....mais lequel ? en quelle année ? Et oui, il y a des numéros.....Bref malgré Tula Giannini, ce n'est pas simple.
Alors, comme d'habitude si vous avez des flûtes portant la marque Godfroy, merci pour les photos. Je ferai un article sur ce sujet vers la fin d'année.
Description de la flûte.
Au premier coup d'oeil, il s'agit d'une classique cinq clés en palissandre, baguée en ivoire, sans barillet.
Flûte B69 collection Thicam.
La clé de sol # n'a pas une forme classique.
Mais surtout quatre clés sur cinq sont munies d'un système particulier de ressorts.



  C'est une vidéo.

Nous n'avons jamais rencontré ce système de ressorts.
Ressort circulaire et picot.
Lorsque l'on démonte la clé, le système ce compose d'un ressort circulaire (comme dans les matelas), un picot, tout cela installé dans une partie ronde creusée dans le bois de la flûte.
Emplacement du ressort circulaire.
Le ressort est mis en place.
Ressort et picot en place.
A remarquer la forme du picot.
Seules quatre clés sur cinq sont munies de ce système, la clé de Si b comporte un ressort classique sans doute parce que le nouveau système était moins efficace (sur une clé longue) qu'un ressort plat ? D'ailleurs on peut deviner les inconvénients de ce nouveau systéme lorsque l'on constate que la clé de sol # a dû être orienté dans la longueur de la flûte et non comme habituellement avec une clé de sol # s'enroulant autour de la flûte.
Clé de sol # dans l'axe de la flûte.
Sans doute parce que, avec ce système, le basculement de la clé est plus compliqué sur une partie bombée que sur une partie plane. D'ailleurs la clé de fa est très courte et retravaillée au niveau de la spatule pour favoriser un bon basculement.
Clé de fa.
Même si l'idée était astucieuse, on imagine tout de suite les difficultés d'application de ce nouveau système. D'oû un échec prévisible.
L'inventeur : Frédéric Eléanor Godfroy.
Dans la famille Godfroy il y a au moins 8 facteurs connus et en plus la marque que porte cette flûte n'est pas courante.
Marque de la flûte.

Arrêtons ce suspense "torride" : Il s'agit de Frédéric Eléanor Godfroy né le 6 janvier 1805 à Paris, fils aîné de Clair II Godfroy (1774-1841) qu'il avait eu avec sa première femme Madeleine Letellier (1781-1808).
Pour mieux comprendre voici la généalogie de la famille Godfroy (ou Godefroy).

Désolé je n'arrive pas à faire en sorte que cette feuille s'affiche en plus grand. Si vous voulez la lire envoyez moi un mail à mon adresse : René PIERRE et je me vous l'enverrai.

Il a sans doute appris la facture d'instruments à vent avec son père avant de s'installer à son compte, vers 1827 au 133 rue Montmartre. Spécialiste de la flûte, il fabriquait aussi d'autres instruments (clarinettes, flageolets, fifres...) ; sa marque "F.E en écriture cursive/ Godfroy aîné dans un ovale de pointillés (ou sans ovale) /étoile à 5 branches coupées ou non".
Première marque de Frédéric Eléanor Godfroy de 1827 à 1831.
Marque identique mais sans cercle de pointillés et avec
une étoile à 5 branches avec pointes non coupées.
En observant les nombreux instruments de ce facteur, conservés au musée de La Couture-Boussey, il semble que la marque, sans pointillés et avec l'étoile à cinq branches non coupées, beaucoup plus rare soit en fait la première marque vers 1827. La seconde beaucoup plus fréquente correspond sans doute à une période beaucoup plus active et plus longue. 
On peut se poser la question sur l'origine des instruments de ce facteur. Il n'est pas question de remettre en cause sa qualité de fabricant, en revanche les nombreux instruments que possède le musée de la Couture-Boussey provenant de la Couture, notamment  des fifres, des clarinettes, des flûtes simples en buis nous font dire que F.E. Godfroy se fournissait en instruments courant dans les ateliers couturiotes. D'ailleurs nous pouvons confirmer cette hypothèse grace à deux flûtes de la collection Thicam dont les clés en argent portent des poinçons classiques des ateliers de la Couture.
Flûte à 5 clés en argent avec poinçon
papillon V et poinion de J.C. Carpentier.
(Collection Thicam GO1)
Les poinçons d'argent ne constituent pas une preuve absolue (on m'opposera classiquement qu'il pouvait se fournir en clés à La Couture), mais l'ensemble de ces points (caractéristiques, provenances des instruments du musée, poinçons d'argent) renforcent cette hypothèse. D'ailleurs ce phénomène est courant même pour des facteurs plus importants et même d'autres membres de la famille Godfroy dont les clés d'instruments portent alternativement des poinçons parisiens ou des poinçons de La Couture. Mais nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet dans notre "dictionnaire des poinçons d'argent trouvés sur les instruments de musique". (A paraître)

A partir de 1831 il remplace "Ainé" par "Fils" avec l'étoile à 5 pointes coupées.
Troisiéme marque à partir de 1831 à 1834-35.
Il participe en 1834 à l'exposition de Paris, pour la seule et unique fois ; le jury ne fera aucun commentaire sur les instruments présentés. Cette même année il déposera le 30 avril une demande de brevet de cinq ans, qu'il obtiendra le 22 août pour son système de ressort circulaire.
Texte du Brevet de 1834. (Source INPI)
Signature de F. E. Godfroy en 1834.

Une autre flûte munie de ce système est signalée dans l'ouvrage de T. Giannini : instruments à 9 clés en argent (j'aimerais voir les poinçons) en palissandre, bagues larges en argent portant le numéro 199 dans une boîte datée du 1er août 1835. Si vous en êtes l'heureux propriétaire manifestez-vous.
Flûte 9 clès.
Col. Privée
Il est difficile de voir sur ce scan les clés munies de ressorts circulaires. Donc à partir de 1834, il change sa marque pour y ajouter breveté et remplace ses initiales par un caducée.
Patte de la flûte collection
Thicam.
Son activité se ralentira progressivement jusqu'à son mariage le 26 septembre 1844, avec la soeur de son beau-frère, Elisabeth Joséphine Jeanne Mojana née à Amsterdam en 1781.
Tula Giannini dans son livre consacré aux familles Godfroy et Lot, se pose la question : "Pourquoi s'arrêta-t-il à 39 ans, pour devenir rentier en épousant une femme née la même année que sa mère ?"Je vous laisse répondre à cette question.
Votre avis : SVP ?
Le musée de la musique de la Couture-Boussey attribue cette marque à Frédéric Eléanor Godfroy. Qu'en pensez-vous?

Marque d'une clarinette du musée de La Couture-Boussey.

1 commentaire:

  1. Bonjour,Essayons ecrire en Francais!
    J'ai achete une Flute aujour'dhui marquee
    Godfroy Aine.Qui a fait cette Flute?Quand?Elle est en Metal.Trous ouvertes,patte de Do,maiilechort,etc.
    Merci,Raanan Eylon

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