par José-Daniel Touroude
Jean Louis
Dasque, natif de Vic en Bigorre dans les Pyrénées s'installe vers 1840 à
Saintes où il épouse une charentaise de Rochefort puis repartent à Vic où il
s’installe comme horloger, orfèvre, bijoutier et ils ont deux
enfants : Louis et Auguste. Mais la famille repart en 1844 vivre définitivement
à Saintes pour exercer son métier et ils ont encore 5 enfants. Musicien avec un
de ses amis saintongeais, (parrain d’un de ses enfants qui était professeur de
musique : Armand Dourey et que l’on retrouvera régulièrement dans les actes de
la famille), il anime la vie musicale de la région.
Il est vrai
que la demande est importante sous Napoléon III. En effet un des pôles pendant
«la belle époque» est la station balnéaire de Royan avec son célèbre casino et
ses fêtes où la musique est omniprésente et Saintes, alors une ville importante
pour la Saintonge, avec une vie culturelle active.
En 1868, au mariage de son fils Auguste, professeur de musique, Jean Louis se déclare aussi comme professeur de musique mais ils faisaient tous les deux aussi bien d’autres activités liées à la musique. Jean Louis et Auguste Dasque le père et le fils tenaient boutique à Saintes. Ils étaient incontournables dans cette seconde moitié du XIXème pour la musique de la région. Leur magasin était situé 20 rue Porte Aiguière à Saintes. En effet ils étaient à la fois musiciens, compositeurs et éditeurs de musique, professeurs de musique et réparateurs d’instruments de musique. Il y a sans doute des partitions, orchestrations et compositions diverses des Dasque dans les greniers de la région !
Lors du mariage
de sa sœur Louise Anna en 1873, Auguste se déclare dans un acte "luthier"
(certainement plus réparateur et régleur d’instruments à cordes que
véritablement luthier sous entendant ainsi qu’il maîtrisait le travail du
bois). Or pour faire un instrument à vent (clarinette, flageolet, flûtes,
hautbois…) il faut la coopération d’un tourneur sur bois et d’un bijoutier clétier.
Le père et le fils par leur complémentarité répondent à cette exigence et
pourraient être reconnus comme facteurs d’instruments à vent.
Hautbois pastoral de Dasque à Saintes. (Coll. Dayton Miller) |
Mais vu la
faible demande d’instruments localement et les multiples activités des Dasque,
la fabrication d’instruments n’était pas essentiel pour eux (d’où la rareté des
instruments conservés actuellement)
En 1899 le
fils Auguste meurt et l’activité des Dasque à Saintes se termine.
Flageolet de Dasque. Coll José Daniel Touroude |
Le flageolet était très prisé sous l’ancien régime jusqu’à la fin du XIXème siècle aussi bien à la cour, que dans les orchestres populaires et même pour la musique militaire. Ce flageolet a été utilisé dans le Sud Ouest (orchestres, spectacles et concerts régionaux…) et il reste en parfait état. Il est en ébène et les 3 clés sont en maillechort ainsi que les bagues. Tout est d’origine (à part le porte vent en os qui est sans doute postérieur.)
Flûte de Dasque (Coll. B. Kampmann) |
Comme tous les magasins de musique de province, pour répondre aux demandes locales variées, ils pouvaient faire certains instruments mais pas tous car ceux ci demandent des savoir-faire différents. Ainsi ils étaient aussi revendeurs de toutes sortes d’instruments.
Il
y a donc deux hypothèses possibles pour ce flageolet :
1°) La fabrication de ce flageolet est de Dasque, et cette pièce de collection est rarissime et demeure un des derniers instruments de Dasque encore existants aussi bien dans les musées que dans les collections privées (pour le moment on connaît seulement une clarinette Dasque et un hautbois du Poitou).
OU
2°)
Ce flageolet provient de la facture de la Couture Boussey notamment d’un des Thibouville
qui fournissaient des instruments à vent à des revendeurs travers la France et
même à l’étranger en leur laissant mettre une estampille locale pour fidéliser
leurs clientèles.
En
effet il ressemble beaucoup à un autre flageolet de notre collection de Jérome
Thibouville Lamy, grand facteur multi-médaillé de la Couture Boussey.
Si c’est une JTL, il y a plusieurs exemplaires connus mais dans tous les cas, à notre connaissance, un seul flageolet est estampillé Dasque. Espérons que lors de sa vente, il ne parte pas à l’étranger et reste en Saintonge.
Folklore de Saintonge |
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