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dimanche 22 mai 2016

"Pierre GOUMAS (1827-1889) artisan du développement de la Maison BUFFET CRAMPON". "Pierre GOUMAS (1827-1889) builder of the development of the House BUFFET CRAMPON".

Notre ami Maurice VALLET, expert dans l'histoire de la Maison Buffet-Crampon, nous a fait le plaisir de nous confier une copie d'un article du journal "Le Travail" du 4 avril 1886, consacré à la carrière de Jean Pierre Gabriel GOUMAS. Nous allons essayé à travers cet article de reconstituer la vie de cet acteur déterminant dans le développement de cette grande maison.

Cliquer sur ce lien pour lire l'article.

Source "Le Travail"
"Jean Pierre Gabriel GOUMAS est né le 2 janvier 1827, au Mesnil-sur-l'Estrée (Eure). Il fut envoyé à l'école mutuelle de Dreux, la ville voisine, jusqu'à l'âge de 12 ans et demi. A cette époque, il revint apprendre le métier de charpentier chez son père, dans les ateliers duquel il fut contremaître".
La grand rue de Mesnil sur l'Estrée.
"Il quitta celui-ci pour entrer comme contremaître de charpente mécanique dans les fabriques de MM. Firmin Didot frères, à Sorel-Moussel (Eure et Loir). Il y resta depuis dix-neuf jusqu'à vingt-trois ans (1846-1851)".
Usine et papeterie de Firmin Didot à Sorel.
Le village de Sorel-Moussel a connu une intense activité industrielle avec les papeteries Firmin-Didot. Témoin de ce passé, un magnifique bâtiment de brique domine toujours la vallée de l’Eure. Issus d’une dynastie parisienne d’imprimeurs, Ambroise Firmin-Didot et son frère Hyacinthe implantent à Sorel-Moussel la papeterie familiale, créée par leur père Firmin dès 1811. Cette société avait racheté le Bottin.
"Pierre GOUMAS s'était marié avec Louise Clémentine LARUE (1830-1880) le 18 novembre 1848 à Sorel Moussel et ses appointements mensuels s'élevaient à la somme de 70 francs. Ce fut alors qu'un oncle de sa femme, fabricant d'instruments de musique à vent et à clefs eut l'idée de l'appeler auprès de lui pour voir s'il pourrait en faire un ouvrier capable de gagner un salaire qui lui permit d'élever plus facilement sa famille".

Pour voir la Généalogie de Pierre GOUMAS, cliquez sur le tableau ci-dessus.

En fait Marie Françoise BUFFET (1809-1832), mère de Louise Clémentine LARUE épouse GOUMAS, était la soeur de Jean Louis BUFFET CRAMPON (1813-1865) propriétaire de la maison du même nom.
"Ici se place une anecdote qui démontre que M. Buffet n'avait pas trop préjugé de l'adresse du jeune charpentier. Aussitôt que celui-ci fut arrivé, son oncle lui mit dans les mains une clarinette avec mission de l'incruster, en lui enseignant la manière de procéder, puis pour ne pas influencer son nouvel apprenti, il le laissa seul. Le travail n'avançait peut être pas vite, mais il était fait de telle façon , qu'à son retour, M. Buffet, prétendant qu'un ouvrier avait dû venir, blâma fortement son neveu de lui avoir laissé faire l'ouvrage et ne voulut ajouter aucune foi aux nombreuses dénégations du jeune homme. Il n'y avait qu'un moyen d'en sortir, ce fut celui qui fut adopté : le travail fut recommencé et exécuté sous les yeux du maître et avec la même perfection. L'épreuve était concluante et l'avenir de M. GOUMAS assuré. A partir de ce moment sa marche fut rapide : simple ouvrier luthier jusqu'en décembre 1853, puis contremaître dans les ateliers de Paris, il devint, en 1855, l'associé de la maison Buffet-Crampon et Cie".
Rappel historique de la Maison BUFFET-CRAMPON :
Le fondateur Denis BUFFET-AUGER est issu d’une des familles de facteurs d’instruments à vent qui se sont rassemblés depuis un siècle à la Couture-Boussey. Son fils Jean Louis BUFFET en se mariant avec Zoé CRAMPON, va accoler les deux patronymes afin de se distinguer de son oncle, le facteur et innovateur Louis Auguste BUFFET.
Premier apparition de la marque Buffet-Crampon dans le Bottin de 1842.
Première marque de Buffet- Crampon.
En 1850 Jean Louis BUFFET (Crampon) (1813-1865) s'associe avec son frère Louis BUFFET (1823-1884) et Ferdinand TOURNIER. Ils ouvrent la même année un atelier à Mantes la Ville. En 1855 à la suite du départ de Louis BUFFET, Pierre GOUMAS le remplace dans l'association.
" Il n'avait alors pour toute fortune que ses bras, sa conduite et son intelligence. C'est à partir de ce moment que la fabrication, qui occupait une quinzaine d'ouvriers environ, commença à subir  une série de transformations et d'améliorations qui devaient faire de la marque Buffet Crampon et Cie une marque sans rival au monde".  Jean Louis BUFFET (Crampon) ayant pris sa retraite la société prend le nom de TOURNIER-GOUMAS.
Marque Tournier-Goumas.

Bottin de 1857.
                            
Marque Tournier-Goumas.

Bottin de 1859
Ils ont même un poinçon d'argent, insculpé le 7 mars 1856.
En 1859 Ferdinand TOURNIER quitte l'association pour s'installer seul ; en 1881 il employait 6 ouvriers. Une association est créée entre GOUMAS et un nouveau venu, clarinettiste et ancien élève de KLOSE (1808-1880), Adolphe Marthe LEROY. Cette association prend le nom de Buffet Crampon et Cie.
Remarque de Denis Watel:"Sur ton article sur Goumas, tu cites Ferdinand TOURNIER comme ayant quitté la société et qui installé seul, employait six ouvriers en 1881. C'est une erreur transmise entre autre par Constant Pierre. Ferdinand quitte bien la société mais pour prendre sa retraite dans l'Oise et s'occuper d'une belle-mère aveugle (de plus il est décédé bien avant 1881)". Merci Denis pour cette info.
Jean Louis BUFFET (Crampon) décède le 17 avril 1865 à Mantes la Ville et Leroy quitte la société pour succéder à Klosé au conservatoire de Paris, Goumas prend seul les commandes.
"M. GOUMAS ne tarda pas à créer à Mantes, une fabrique où il installa une machine à vapeur en 1866, et où il joignit à la fabrication des instruments de bois celle des saxophones. Ce fut lui qui, le premier, employa la vapeur dans la fabrication des instruments à vents et à clefs. Il ne s'arrêta pas là ; ses soins de chaque jour tendaient à l'amélioration de l'outillage entier. Entre autres, il modifia la machine à diviser pour la rendre applicable à sa fabrication". En 1871 il s'associe avec ses deux gendres, Léon LEGUAY époux d'Eugénie GOUMAS et Léon CRAMPON époux de Clémence GOUMAS. (Voir la généalogie Goumas au-dessus) L'entreprise prend le nom de " P. GOUMAS et Cie", mais les instruments porteront toujours la marque classique Buffet Crampon.

Bottin de 1879.

"La clarinette gagna beaucoup dans les mains de ce facteur qui perfectionna la clarinette de Boehm  dans tous les tons. Il ajouta deux clés aux saxophones ce qui permet aujourd'hui aux compositeurs d'écrire sans restriction pour toute cette famille d'instruments. Depuis cinq ans, il a également perfectionné, au delà de toute espérance, les bassons à 22 clés et deux anneaux d'un système à tringle. Enfin, dernièrement , il a mis au jour un contre-basson qui lui était réclamé par les chefs d'orchestre les plus éminents. Ce qu'il a fait pour ces instruments, il l'a fait pour les autres, tels que clarinette-basse, cor-anglais, hautbois, musette, flûte et flageolet de tous systèmes".
Musicien jouant du contre-basson.
"Quoi d'étonnant maintenant que cette maison hors ligne soit arrivée aujourd'hui à occuper plus de 80 ouvriers et à fournir , grâce à son remarquable outillage, le travail de plus de 150 ouvriers de l'époque où M. Goumas prit la direction de la fabrication. C'est dans cet état de prospérité que, désirant jouir d'un repos bien gagné, M. Goumas vient de quitter son établissement"...."L'affabilité que M. Goumas apportait dans ses rapports avec ses ouvriers étant un caractère distinctif de sa nature, lui a bientôt valu à Mantes, qu'il habite depuis 1875, la sympathie de tous ses concitoyens. Aussi était-il élu, en 1882, second conseiller municipal sans distinction de parti. Son mandat lui était renouvelé, avec le même élan, en 1884".
Médaille offerte par ses ouvriers en 1886.
"Il fut bientôt nommé par ses collègues, voulant ainsi lui montrer combien ils savaient l'apprécier, membre du conseil de direction de la Caisse d'épargne. Enfin, depuis 1883, il est président de la société de secours mutuels de Mantes, Mantes-la-Ville et Limay. 

Signature de Pierre GOUMAS.

Il a été nommé le 29 décembre 1885, chevalier de la légion d'honneur. Cette même année il prend sa retraite et est remplacé par Paul EVETTE et Ernest SHAEFFER qui rachètent l'entreprise.

Pierre GOUMAS est décédé le mercredi 9 octobre 1889 à l'âge de 62 ans à Mantes la Jolie.


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