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dimanche 27 mai 2018
Pierre LABRO (1744-1812) facteur d'instruments de musique en bois. De Saint Cirq Lapopie à Sedan.
Ce
facteur très intéressant nous fait découvrir le petit village de Saint Cirq
Lapopie dans le Lot, berceau de nombreux tourneurs spécialistes de la
fabrication de boutons et de robinets pour les tonneaux du bordelais.
Marque 1 de Pierre Labro, la plus ancienne.
Signature de Pierre Labro
Pierre
LABRO est né en
1744 dans un petit village du Lot, Saint Cirq Lapopie. Son père Pierre LABRO était moulier
(moullier), c’est-à-dire fabricant de moules pour boutons, une des spécialités
de ce village.
Saint Cirq Lapopie dans le Lot
« Le bourg médiéval de
Saint-Cirq Lapopie, qui compte 13 monuments historiques est l’un des plus beaux
villages de France. Accroché sur une falaise à 100 mètres au-dessus du Lot,
Saint-Cirq Lapopie constitue l’un des sites majeurs de la vallée du Lot. Les
rues, où s’ouvrent des arcades d’échoppes, conservent le souvenir des activités
artisanales qui firent la richesse de Saint-Cirq. Peaussiers de la rue de la
Pélissaria, chaudronniers de la rue de la Peyrolerie et surtout tourneurs sur bois ou roubinetaïres, dont les ateliers produisaient les
moules à boutons, écuelles, gobelets et robinets detonnellerie ».
« L’industrie du tournage sur bois vit le jour au XVème siècle après la
Guerre de Cent ans, lorsqu’on s’est aperçu que le bois du Causse fournissait
une large variété de ce cher matériau. Son succès est tel, qu’en 1810,Saint-Cirq Lapopiecomptait 38 tourneurs sur bois destinés à
créer principalement des robinets de tonneaux à vins, transportés par la suite
en gabare sur le Lot, jusqu’à Bordeaux ».(Site de Saint Cirq
Lapopie)
Planche de l’encyclopédie
concernant les Mouliers
« La vignette représente la
boutique d'un boutonnier faiseur de moules, avec des ouvriers occupés à
différentes manœuvres. Fig. 1 ; 2. Deux ouvriers qui scient des morceaux
de bois d'où l'on emportera les moules avec les perçoirs. 4. Ouvrier ; ouvrière qui font des moules de bouton à
l'archet. 7. Ouvriers au tour. Bas de la
Planche. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7. Perçoirs, les uns pour pratiquer au moule de
bouton les différents trous dont il doit être percé; les autres pour lui donner
en même temps, soit en - dessus, soit en - dessous, ses différentes formes
concaves ou convexes etc... . ».
Roubinotaires de Saint-Cirq Lapopie
Tous les membres de la famille
Labro travaillaient soit comme mouliers ou tourneurs, donc nous pouvons
supposer que Pierre Labro a été formé dans sa famille comme tourneur, avant
sans doute de partir pour un tour de France. Nous n’en connaissons pas les
étapes, mais il a dû passer quelques années chez un (ou plusieurs)
facteur d’instruments de musique car au vu des instruments conservés, il
maîtrisait parfaitement leurs fabrications. On le retrouve à Sedan en 1777 où
il se marie avecMarie BOCART. Ils auront au moins 8 enfants
dont trois garçons dont deux seront musiciens.
Signature d’Antoine Labro qui
signe en ajoutant le nom de son épouse
pour se différencier de ses
frères.
Antoine LABROest né le 18 mai 1779 à Sedan il
sera musicien à Sedan et à Charleville ; il se marie à Madeleine
D’HIVER en 1800. Ils auront six enfants.
Comme ses frères Alexis Labro
ajoute à son nom celui de son épouse.
Jacques Alexis LABRO est né le 27 février 1782 à
Sedan et sera musicien dans cette ville et à Charleville. Il épousera Marie
Jeanne DUBOIS.
Signature de Charles Nicolas
Labro.
Charles Nicolas LABRO est né à
Sedan le 3 novembre 1783 et sera tailleur d’habits dans cette ville. Il
épousera Louise Alexandre POLET la fille d’un aubergiste de Sedan et auront 10
enfants. Pierre Labro devait être un bon
père et grand-père, car il était présent comme témoin à chaque naissance de ses
petits-enfants. Il exerça son métier de luthier, facteur d’instruments d’abord
place d’Armes à Sedan.
Si l’on regarde les marques des
quatre instruments à notre disposition, elles sont toutes différentes, la plus
ancienne (à notre avis, donc vous avez le droit de ne pas être d’accord), avant
1789 (Fleur de Lys) est lamarque 1(voir le début de
l’article) : « LABRO/étoile six branches (ou soleil) E6b/fleur de
lys/E6b » où la fleur de Lys est entourée par l’E6b ; marque de deux
corps de clarinette en La dont nous n’avons pas le corps du bas ni le pavillon
donc pas la marque mentionnant Sedan, le barillet sans marque.
Trois parties de clarinette sans
clés, manque le corps du bas et pavillon.
(Marque 1- collection RP)
La marque 2d’une
clarinette en Ut à 5 clés. (Collection Denis Watel- Source « Le livre d’or
de la clarinette »). « Fleur de Lys/E5b/Labro/E5b/Toison
d’or/E5b/ASEDAN/E5b/ 3 étoiles/soleils 6 branches ». Cette marque doit
être avant 1789, mais la toison d’or est venue s’ajouter à la marque.
Marque 2 d’une
clarinette en Ut à 5 clés
La marque 3 d’une clarinette en La, à 5 clés
de notre collection : « Fleur de Lys/E6b/LABRO/E6B/Toison d’or/A
SEDAN ».
Marque 3 d’une clarinette en La a
5 clés.
La marque 4 d’une flûte à 1 clé
de notre collection : « E6b/LABRO/E6b/A SEDAN/E6b/Toison d’or/E6b ». Il n’y a
plus de fleur de Lys, donc après 1789.
Marque 4 d’une flûte à une clé. "Collection RP"
Ces marques mêmes si elles
comportent les mêmes signes : Fleur de Lys, Toison d’or….sont variées ; alors
est-ce dû à la fantaisie de notre facteur ou est-ce que cela a un sens ? Nous
ne pouvons le dire. Peut-être que des spécialistes pourraient nous en dire plus
: Alors José, Denis, Jean .....nous attendons vos commentaires.
La seconde adresse de Pierre
Labro après 1799 est la rue Maqua au 219.
La rue Maqua en 1900.
Pierre LABRO était un facteur du XVIIIème
siècle, on peut le voir à travers certains détails de ses instruments :
Ressorts fixés dans le bois et non rivetés aux clés, le bulbe de notre flûte.
Clarinette en La. Détail du
ressort d'une Clé.
Patte d’une flûte à 1 clé.
(Collection RP)
Certains détails très spécifiques de ses instruments permettront peut-être de voir dans quels
ateliers il a pu faire son apprentissage : Lyonnais ? Parisiens ? Par exemple
cette clé en argent et le bulbe de la flûte ci-dessus, le système des tirettes
des longues clés de notre clarinette en La, l’encoche d’une clé de cette même
clarinette etc….
Si vous avez une idée....ou même
plusieurs n'hésitez pas.
Système des tirettes des longues
clés d’une clarinette en La. (Collection RP)
Encoche sur une clé d’une
Clarinette en La.
Peu d’instruments de ce facteur sont connus ; nous en avons
décrit quatre. Selon Albert R. Rice il existait
une clarinette alto à six clés dans un musée de Berlin. Mais
malheureusement cet instrument a été détruit pendant la seconde guerre
mondiale. Mais toujours selon A.R. Rice elle était très proche d’une clarinette
d’amour de JEANTET, facteur bien connu de Lyon du musée de la musique de La
Villette.
Jeantet clarinette d’amour à 8
clés. (Collection Musée de la musique de La Villette)
Il existerait un corps anglais
dans la collection Samary et une clarinette à 5 clés dans la collection
Shackleton.
Pierre LABRO est décédé à 68 ans
le 12 mai 1812 à Sedan rue Maqua.
Généalogie Labro. Cliquez pour
agrandir.
Nous n’avons pas encore trouvé la
descendance d’Antoine Labro ni celle de Jacques Alexis Labro ; leur métier de
musicien a fait qu’ils se sont beaucoup déplacés. En revanche celle de Charles
Nicolas Labro est parfaitement connue. Parmi ses dix enfants, Charles Nicolas
Labro dit Labro Aîné, né le 19 octobre 1810 à Sedan, fera carrière dans la
musique. Il étudie la contrebasse au conservatoire de Paris avec Louis François
Chaft (1780-1856), professeur au conservatoire de Paris de 1832 à 1853, obtient
un second prix en 1833 et son premier prix en 1835. En 1843 il rentre à la
société des concerts et jouera dans l’orchestre de l’opéra-comique jusqu’à sa
mort. Professeur de contrebasse au conservatoire de Paris de 1853 à 1882, il
est connu pour sa méthode de contrebasse. Il est décédé à 72 ans le 28 mai 1882
au 78 rue Lafayette.
Méthode de contrebasse de Charles
LABRO.
Antoine Auguste LABRO dit LABRO
Jeune est né le 13 janvier 1817 à Sedan, comme son frère il sera contrebassiste
à l’opéra de Paris de 1844 à 1864 (Second prix en 1837 et premier prix du
conservatoire de Paris en 1838). Marié à Augustine Elisabeth KIESGEN, il
décédera à 70 ans le 14 juin 1887 au N°
120 rue du Faubourg Saint Martin. Marie Jeanne Henriette LABRO est née le 11
octobre 1822 à Sedan ; elle épouse en 1847 à Paris Louis KIESGEN (1818-1893)
facteur de pianos et frère de l’épouse d’Auguste LABRO. Ils auront un fils
Auguste KIESGEN (1850-1896) qui sera Maître de Chapelle de Notre Dame de Paris
de 1873 à 1875, puis après en 1879 maître de chapelle et organiste de l’église
Saint Bernard à Paris.
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