mardi 22 novembre 2022

Analogie entre les pratiques du sport et de la musique. Discussion entre un sportif et un musicien

 José Daniel TOUROUDE et Bruno CORNILLET

A chacune de nos rencontres, nous finissons par aborder ce sujet sur nos passions et nos carrières passées avec le constat des similitudes entre sportifs et musiciens.

Bruno (sportif) : Pour débuter, il faut avoir au départ des aptitudes souvent physiques pas ordinaires, mais qui dès l’enfance, montre d’abord que l’on est doué pour tel sport (et pas pour tel autre) et qu’on a une envie irrépressible de pratiquer, ce qui procure un plaisir certain.

JDT (musicien) : oui un don est nécessaire mais pas suffisant car il faut être surtout motivé et ne pas concevoir de dérouler sa vie sans pratiquer et jouer. Cela devient vite un besoin essentiel et on s’aperçoit alors qu’il faut travailler un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout !

B : Ce besoin de s’entrainer sérieusement tous les jours, quels que soient la météo ou l’envie réelle, pour garder son niveau et pour progresser permet de différencier rapidement les adolescents qui jouent pour leur plaisir et qui progressent gentiment dans l’activité choisie, de ceux qui ont des objectifs ambitieux, qui sont passionnés et qui organisent un planning de travail pour progresser rapidement.

JDT : En effet la passion est essentielle ! mais il est indissociable aussi, d’être reconnu rapidement voire admiré par les autres, applaudi et ce qui est encore plus valorisant par des adultes surtout s’ils sont légitimes, ayant fait une belle carrière passée. 

B : C’est l’environnement porteur qui est essentiel pour se motiver : la famille, le club local, les entraineurs qui peuvent te faire progresser et te donner les conditions de travailler sans cesse avec des équipiers talentueux, de justifier tes sacrifices et tes choix d’activités.

Sans la qualité et l’engagement de tout ton entourage, des bénévoles qui croient en toi, des professionnels qui transmettent, du club qui est ton école d’apprentissage, il n’y a pas beaucoup de progression. Sans cela, seul on ne va pas très loin.

JDT : Je suis d’accord. D’ailleurs jouer est un terme commun pour le sport et la musique. C’est souvent une évidence dès le plus jeune âge pour soi-même et pour son entourage. Pour les musiciens, une harmonie municipale de bon niveau, un conservatoire municipal, puis régional et national avec des professeurs stimulants qui te donnent un enseignement adéquat, qui te montrent la voie à emprunter et triompher des obstacles, l’écoute de concerts et de disques de qualité, des master-class, un orchestre pour jouer ensemble et s’exprimer… sont essentiels. S’entourer des bonnes personnes dès le départ donc avoir de la chance aussi, permet de faire les bons choix. Nous avons la chance en France d’avoir des structures aussi bien culturelles que sportives qui permettent pour tous d’aller jusqu’à un niveau de professionnel. Après tu en fait ta profession pour gagner ta vie ou non, c’est une autre histoire….

B : En effet c’est très ludique au départ, on s’amuse d’abord puis on travaille sans cesse pour progresser. Devenir bon dans une activité est d’abord et avant tout, le résultat d’un travail personnel intense. Ensuite, c’est une affaire collective au sein d’une équipe professionnelle lors des stages et des compétitions. Mais plus tu es compétitif lors des grands rendez-vous, plus les voyages sont nombreux et éloignés de chez toi et très vite, tu as moins de temps libre rien que pour toi. Pour les musiciens réputés, je suppose que c’est pareil, ils enchainent les concerts à travers le monde, comme j’ai pu le faire surtout en Europe.

JDT : La gestion du temps est alors primordiale dès le départ pour concilier les études et l’investissement dans notre passion que ce soient sport, musique ou autre… La passion de ton sport ou pour nous la musique prend alors beaucoup de place et il faut vraiment le vouloir et sacrifier beaucoup d’autres loisirs mais est-ce vraiment un sacrifice ?

B : Non, ce n’est pas un sacrifice puisque notre passion est plus forte que tout. Et puis il y a l’identification à un modèle, à nos idoles, avec les posters dans sa chambre, maillot et autres objets… et pour vous musiciens cela doit être la même chose en écoutant en boucle vos artistes et vos musiques préférées ou rencontrer d’autres musiciens talentueux.

Nous subissons aussi le contexte qui valorise tel sport à la mode car il n’y a pas seulement la technique de ton sport ou de ton instrument mais tout un environnement culturel de lectures, de reportages, d’analyse de prestations, compétitions ou concert, voire d’entretien et de réparations de ses outils et instruments.


JDT : Ainsi la vision positive voire prestigieuse de ton sport dans la culture ambiante ou pour nous de notre instrument et de la musique que nous jouons, nous encourage et nous motive. Mais parfois tous nos efforts ne sont pas reconnus car notre entourage est culturellement sur une autre planète ! Par exemple vous travaillez Bach et c’est difficile et vos amis préfèrent de la variété, le «tube» à la mode. En fait, très vite vous vous démarquez des autres, vous devenez le cygne dans la portée de canards… j’en connais qui n’ont pas pu alors qu’ils étaient doués de faire ce grand écart à savoir à la fois s’exclure du groupe en se polarisant sur une activité tout en fascinant les autres quand tu es en représentation. Mais nous, nous sommes déjà à part pris par le circuit de la récompense avec la dopamine.

B : je vois que c’est du vécu ! mais pour nous c’est pareil. Si tu fais du vélo, du foot ou du rugby c’est populaire mais certaines des compétitions sportives même olympiques ne sont pas appréciées comme des sports nobles ou des sports populaires.

En effet pour certains sports, il n’y aucune couverture médiatique voire peu de public et pourtant combien de champions complétement anonymes. On en voit parfois aux retransmissions des championnats et jeux olympiques à une heure tardive ! je pense que c’est profondément injuste de voir toujours les mêmes sports comme d’ailleurs pour vous d’entendre toujours les mêmes musiques et les mêmes instrumentistes !

Car selon le sport comme en musique, on peut être amateur ou professionnel et cela n’a rien à voir parfois avec son niveau de performance.

Sur le plan financier, les cachets et salaires sans parler des sponsors sont très différents selon les sports pratiqués. Les organisateurs d’évènements qui suivent les goûts du public majoritaire amplifient cet état de fait pour des raisons financières. Certains sports sont confidentiels et même uniquement réalisés par des amateurs ou sous-payés c’est vrai, comme certaines musiques sont rarement jouées et certains instrumentistes, malgré leurs talents, rarement solistes.

JDT : Et puis comme pour vous, si par exemple un gymnaste même médaillé reste anonyme et ne gagne pas en deux décennies d’efforts ce que gagne un footballeur en un mois voire en une semaine ! un bassoniste ou un tromboniste soliste n’a pas le même cachet qu’un pianiste, un violoniste ou un chanteur célèbre et pourtant il a autant travaillé et est aussi virtuose de son instrument.

B : Mais quand on commence, on ne pense pas à cela, on suit sa passion pour une balle, un ballon, le vélo ou le tatami ! nous sommes tous pareils, motivés à travailler un sport ou un instrument, à nous dépasser et pour cela il faut une rigueur d’organisation de ses journées, une hygiène de vie contraignante et avoir une bonne santé. Combien de plaisirs avons-nous supprimé pour être en forme, comme l’alcool ou les bons plats en sauce par exemple pour rester à son poids de forme !


Voir l'article sur " Qu'as tu fait de tes talents "

JDT : En ce qui concerne la méthode de l’organisation journalière la similitude entre le sport et la musique est indéniable. En effet, dès le réveil musculaire, le sportif doit faire des assouplissements comme le musicien, préparer à concentrer son énergie et cela tous les jours, se préparer avec ses outils sportifs ou son instrument. Puis l’un comme l’autre on commence les échauffements, les gammes, les gestes ou les partitions d’études lentement et de plus en plus rapides et vient le travail spécialisé selon le sport ou la musique. Le goût du travail, de l’effort, de la progression mais surtout aimer cela est fondamental. Les notions de concentration, d’énergie dépensée, de volonté, de force mentale deviennent fondamentales afin d’arriver à un bon niveau et apercevoir ses limites. Il en faut des qualités en fait !

B : C’est vrai mais il y a ceux, et ils sont rares, qui ont la volonté permanente quasi obsessionnelle du dépassement de leurs limites s’ils veulent être parmi les meilleurs et pour y arriver, il est impératif de suivre un programme de travail draconien pour augmenter leur résistance et leur endurance. Mais pour tous les sportifs compétiteurs, nous devons avoir la force mentale de ne jamais abandonner même à la limite de la souffrance physique, et pourtant, je t’assure, nous avons très mal.

JDT : Pour nous, c’est la répétition sempiternelle pour arriver à la précision des gestes, le goût pour la technique, l’exigence de qualité et de rapidité, viser la perfection. Un grand virtuose en master-class nous répétait quotidiennement pour nous stimuler : « Entraînement difficile, prestation facile, entraînement facile, prestation difficile !»

L’acceptation de l’évaluation comme source de progression permanente : s’évaluer pour évoluer est un postulat pour nous tous.

B : Je suis entièrement d’accord car en plus d’avoir la volonté d’entretenir et de développer notre corps et notre mental, nous devons choisir et entretenir aussi nos outils de travail comme des objets précieux (vélo, combinaisons aérodynamiques, chaussures etc…).

Nous sommes souvent à la limite de maniaquerie et certains objets sont inséparables et nous ne sommes pas loin des superstitions (maillot porte bonheur…). Je connais certains champions qui ont vraiment un rapport spécial avec leur matériel ! Comme Eddy Merckx maniaque de chaque détail de son vélo un peu comme Ravel qui jouait en concert avec toujours sa paire de chaussure fétiche ! non ?

JDT : c’est vrai nos instruments sont bichonnés et sont plus que des objets ! c’est difficile de s’en séparer ! mais ce qui fait un champion sportif ou un artiste, c’est la mobilisation d’une énergie concentrée sur une partition, un effort ciblé. Ce qui est terrible, et il faut être un peu masochiste ou passionné, c’est qu’après une journée d’efforts, le lendemain nous devons tout recommencer, un jour cyclique sans fin où on reprend tout à zéro, avec le réveil, le travail d’échauffement etc… pour être prêt le jour de la compétition ou du concert éventuel ou programmé.

B : Au départ on se bat contre soi-même, mais aussi avec ou contre le chronomètre ou le métronome pour vous, puis une fois suffisamment entrainés, compétitifs et en confiance, on aime la compétition, le jeu collectif au sein de l’équipe. Pour nous sportifs, notre raison d’être est de gagner. Pour vous, c’est l’équipe de l’orchestre et le moment de vous valoriser (le solo ou le chorus improvisé pour les jazzmen) et alors tout le travail personnel précédent prend alors son sens pour avoir sa place dans la répétition, l’entrainement, le concert, la compétition.

JDT : Bien sûr, la maitrise du trac et du stress face au public, la maitrise technique de la partition sont vraiment un combat avec soi-même puis et c’est ce qui est paradoxal, il y a aussi et le plaisir de se montrer car la finalité reste la scène, le podium pour vous, la récompense de se faire applaudir, de signer des autographes et faire des selfies avec ses admirateurs ! et cela permet de gommer tous les efforts effectués en solitaire. Même si vous êtes bon et que vous avez beaucoup travaillé, il y a le facteur chance d’être dans un bon orchestre, d’avoir un bon agent, de rencontrer en fait les bonnes personnes…

B : Pour les sportifs, il faut être dans une bonne équipe qui sublime tes talents et puis il faut savoir se vendre, être dans les bons coups …le hasard est essentiel mais aussi d’avoir la force psychologique (le mental disons nous) qui nous permettent de nous différencier des autres aussi talentueux car il y a beaucoup de bons dans chaque discipline.

Pour moi l’essentiel, sont les qualités psychologiques autant que les capacités physiques.

Toi comme moi, nous avons connu des personnes douées, des comètes peu endurantes qui n’avaient pas la force psychique d’être dans l’effort permanent d’être dans la lumière sous les feux des critiques, sous la peur d’une contre-performance.

JDT : Comme disait Kennedy « Quand il est dur d’avancer, il y a que les durs qui avancent ! »

Puis vient le grand jour où nous sommes en représentation face au public où nous recherchons la victoire, les applaudissements, et le résultat de tous nos efforts éprouvants, la récompense dans une prestation parfois courte. Car le problème, c’est qu’Il faut être à l’optimum de sa forme pour un temps assez court, très court parfois pour certains sports ou lors d’un solo car il faut être au top le jour J à l’heure H et il n’y a rien de plus frustrant d’être au summum juste avant ou après et de ne pas briller au moment opportun.  

B : C’est comme le proverbe : avant l’heure ce n’est pas l’heure, après l’heure ce n’est plus l’heure.

JDT : Et puis les gens se sont déplacés et ont payés pour vous admirer et il y a des jours où vous maudissez d’être en représentation et vous aimeriez plutôt être sous la couette, vous critiquez votre instrument qui ne répond pas comme vous le voulez, l’ambiance ou la salle ne vous convient pas, le public parfois et cette vie qui vous oblige à vous dépasser selon un horaire qui n’est pas forcément le vôtre sans tenir compte de vos problèmes de santé, de vie personnelle, de doutes … En choisissant ce métier, le public vous adore seulement si vous êtes extraordinaire et pas seulement bon, et à cause de cela beaucoup abandonnent.

B : Oh oui ! le public vole toujours au secours du succès, malheur aux vaincus ! C’est cruel et pour cette raison, certains athlètes pour être les meilleurs ont abusé de stimulants. Fort heureusement après quelques affaires scabreuses, les instances sportives ont mis en place le suivi longitudinal de chaque athlète professionnel qui se fait contrôler périodiquement, de jour comme de nuit, même pendant ses loisirs. Ce qui n’est pas le cas dans la vie normale, où certains face à un public qui le juge, ont besoin d’un petit « remontant » (théâtre, danse, musique ou pour les politiques !) 

Après la compétition vient le relâchement, un moment ambivalent : parfois un peu déprimant. Vos équipiers, votre staff ou vous-même sont parfois très critiques, les enregistrements vidéo parfois terribles aussi. Gérer la défaite, les moments de doute et de découragement font partie du métier et il faut être solide sous les sarcasmes surtout quand les vainqueurs sont dans l’euphorie de la victoire et du succès.

JDT : Oui nos égos font des yo-yo permanents ! pour les musiciens l’évaluation avec enregistrements et les critiques et autocritiques sont nécessaires mais perturbantes. On aurait pu et on a toujours joué mieux un jour, même si le public a applaudi. Nous sommes perfectionnistes et éternellement insatisfaits. Après le concert, il faut aussi savoir se valoriser pour déboucher sur d’autres concerts, sur un disque, une critique ou un article, une image positive à consolider dans les médias, pour le marketing et augmenter sa notoriété donc sa valeur et ses tarifs ! mais nous sommes loin de vous sportifs qui demandent des sommes rondelettes voire colossales.

B : Nous avons la même analyse mais cela est très variable selon les sports car notre vie professionnelle est beaucoup plus courte ! il faut engranger en quelques années. Vous musiciens et c’est un point divergent malgré toutes nos ressemblances sur la méthode, vous pouvez étaler la musique et jouer pendant des décennies !

Bien sûr les meilleurs et les plus connus seront privilégiés et seront entraineurs ou organisateurs ou autre en restant dans le milieu sportif mais cette notion de durée est essentielle et beaucoup plus stressante pour nous sportifs. On n’a pas droit à l’erreur et puis surtout il y a les blessures, nos cauchemars car tout notre vie peut basculer en rien de temps. Dans le sport de haut niveau, la malchance est impitoyable pour une carrière.

Enfin, arrive le moment terrible où on décline, où il faut raccrocher car on n’est plus au niveau attendu, faire place aux jeunes et ce n’est pas toujours facile à 35 ans, voire moins. C’est pour cela qu’il faut penser très tôt à la reconversion et je m’y suis appliqué pendant toute ma carrière. Certains espoirs désormais continuent des études en parallèle du sport, d’autres utilisent leur notoriété pour préparer un parachute, d’autres ne font rien en se cantonnant au sport et ils ont beaucoup de difficultés à vivre et sont souvent dépressifs et nostalgiques et collectionnent tout ce qui se rapporte à leurs moments de gloire !

JDT : Apparemment notre discussion parait parallèle et symétrique avec toutes ces similitudes mais en fait la plupart des musiciens et des sportifs mixent sans cesse la musique et le sport. Beaucoup de musiciens font de la gymnastique, du sport pour être en forme avant de faire de la musique, avant un concert, de faire des assouplissements pour se défouler pour contrer le trac, pour être à l’aise sur scène, méditation et respiration etc… et après le concert aussi pour décompresser et évacuer la tension nerveuse ! tous les musiciens qui pratiquent beaucoup qu’ils soient amateurs ou professionnels sont des sportifs à leur manière.

B : Nous aussi pendant les entraînements, on ne peut pas se passer de musiques choisies et cela bien avant d’avoir les écouteurs pour stimuler notre énergie. C’est fondamental et tous les sportifs amateurs ou professionnels s’entrainent avec de la musique. En ce qui me concerne, la musique me dynamisait vraiment et mon cerveau était occupé oubliant des douleurs que je faisais subir à mon corps. Et puis tout finit en « musique » quand on a gagné (les chants de victoires dans les vestiaires ou à la 3ème mi-temps ne sont pas très qualitatifs mais joyeux !) et surtout quand nous sommes sur le podium avec l’hymne national !

 

Merci à Bruno Cornillet, coureur cycliste professionnel de 1984 à 1995, d’avoir permis la retranscription d’une discussion informelle et honnête. Il fût compagnon de route de Bernard Hinault et de Greg Lemond avec lesquels il participa à 10 Tours de France consécutifs puis devint pilote de ligne chez Air France jusqu’ en 2021. Belle reconversion ! Merci à d’autres sportifs et musiciens qui ont relu ce texte notamment Rémi Madec et René Pierre. Cet article est dédié à la mémoire du jeune et talentueux Etienne Fabre qui aimait tellement la vie, la musique et le sport. (cf liens internet de Bruno Cornillet, Président du prix E. Fabre)


Prix Etienne Fabre / cliquez pour découvrir.



dimanche 5 juin 2022

Qu’as-tu fait de tes talents ? Une réflexion croisée de musiciens sur cette question. What have you done with your talents? A cross reflection of musicians on this question.

par José- Daniel Touroude et 17 musiciens cachés

Je me lance dans une réflexion que beaucoup de musiciens (et autres) à la retraite se posent sur l’interrogation célèbre : Qu’as-tu fait de tes talents ? L’époque était propice pendant la pandémie, pour certains musiciens à une introspection, à réfléchir sur leur vie et à concrétiser leurs pensées.

Nous allons montrer à partir de cette parabole plusieurs visions et évolutions des valeurs enseignées à travers des expériences de vie de musiciens souvent âgés. J’ai résumé les conversations que j’ai eu avec certains musiciens, plus ou moins talentueux, amateurs ou professionnels. En fait cette question était récurrente et revenait sans cesse d’où la demande à des musiciens amis qui, sous couvert d’anonymat, ont pu s’exprimer librement. Certains propos proches et complémentaires ont été regroupés, l’important étant la richesse des idées énoncées qui en fait reprennent toutes les idées énoncées de la parabole chrétienne et même sur ses extensions athées.

Un rappel : Au démarrage cette question est tirée d’une parabole de Jésus citée dans l’évangile de Matthieu.  

Les étapes de la parabole : 1° Le Maitre part et confie à certains serviteurs employés la même mission : gérer un trésor (des talents) avec des sommes différentes pour chacun en son absence. 2° Liberté totale des actions de gestion du trésor par les serviteurs. 3° Le retour du Maitre avec une évaluation et le jugement sur la mission confiée et les actions menées.

 La parabole est un récit enseignant une morale à suivre qui permet une réflexion structurante pour organiser sa vie et/ou celle des autres. La parabole raconte au premier degré une histoire courte mais qui engendre rapidement un deuxième degré symbolique, puis à un troisième degré, une méditation philosophique pouvant être déconnectée de toute religion. 

Le talent, au sens propre, était physiquement une monnaie précieuse d’or ou d’argent considérable, en fait un trésor équivalent à plusieurs années de travail à l’époque. Très vite cette parabole connue est riche d’enseignements puisqu’elle a traversé les siècles et les pays en subissant nombre de dérives, d’applications, de réflexions comme actuellement dans le développement personnel ou comme dans le management des ressources humaines.

Car dès le départ le talent, au sens figuré, voulait dire aussi don, capacité, aptitude exceptionnelle, possibilités rares, un trésor en fait qu’il faut faire prospérer quand on a la chance de l’avoir reçu. Ici il ne sera question que du don musical.

 La parabole des talents fut célèbre à cause de ce glissement vers différentes définitions du mot au figuré et qui permettent une réflexion parce qu’elle pose une question fondamentale que tout le monde se pose un jour ou que l’on vous pose : Qu’as-tu fait de tes talents ? de ce trésor que tes parents et éducateurs t’ont donné, que les événements et opportunités ont permis et que ta volonté et tes efforts ont plus ou moins forgés ?

La question de l’utilisation de nos talents est fondamentale : nous pouvons tirer de nos aptitudes le meilleur comme le pire. 

La parabole décrit notre passage sur terre :

Le Maitre pour les évangiles c’est le Christ bien sûr et le talent confié à chacun c’est la foi chrétienne qu’il s’agit d’entretenir. C’est la première acception mais il y en a d’autres, athées, qui permettent la longévité de cette parabole. Le Maitre peut être aussi notre conscience en revenant sur nos actions (introspections), une évaluation nécessaire pour notre développement personnel pour progresser dans le mieux vivre avec soi et avec les autres. Mais elle est de plus en plus utilisée aussi par des hiérarchiques, petits maitres terrestres régnant sur les autres. L’extension de cette question existentielle possède ainsi d’autres fins entre autres développer le potentiel des ressources humaines et la productivité en entreprise. 

Qu’as-tu fait de tes talents musicaux ? puis indique nous quelle est l’idée-force de la parabole pour toi ? enfin quel est mon article que tu préfères ?

En fait nous voyons que les réponses de musiciens choisis sont très hétérogènes et complémentaires pour les trois questions.

 A : J’aurais pu si j’avais voulu ! j’étais assez doué pour la musique mais je n’ai pas assez travaillé mais je m’en sors quand même relativement bien. J’ai joué la musique qui me faisait plaisir, à savoir du jazz moderne, et j’ai progressé tranquillement tout au long de ma vie en travaillant mon instrument selon mon rythme et puis il n’y a pas que la musique dans la vie ! En fait j’ai travaillé sur plusieurs sujets car j’étais doué aussi pour les études et j’ai fait un métier qui n’a rien à voir avec la musique mais par contre j’ai toujours joué de la musique qui reste ma passion. On peut, sans passer par les études supérieures de conservatoires, en pseudo autodidacte (cela fait bien !) acquérir un niveau acceptable pour jouer correctement. L’important demeure : est-ce qu’on veut être un technicien qui maitrise son instrument pour faire de la musique ? ou passer sa vie à travailler pour exceller comme le font certains virtuoses. 

Pour moi être un artiste, c’est posséder un minimum de technique bien sûr mais surtout aimer et vivre la musique qu’on joue et la faire partager aux autres et puis la musique est un monde permettant de multiples activités passionnantes.

Pour répondre à ton autre question : pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole c’est l’importance des notions de liberté et de choix personnel dans l’expression voire l’épanouissement de ses talents individuels. 

Nous avons tous lu tes nombreux articles dans ce blog et mon article préféré est l’interview du saxophoniste G.Badini… pompompidou !

Lire article : interwiew de G. Badini

B : Pour moi cette parabole, c’est la nécessité de subir la domination du Maitre quel qu’il soit : il fallait appeler son professeur Maitre ! puis le chef d’orchestre, et tous les autres dirigeants qui m’obligeaient à jouer de la musique qu’ils choisissaient et la jouer comme ils le voulaient. Déjà le compositeur imprime sa volonté dans la partition et on doit exécuter fidèlement les ordres, les notes, les annotations. Nous sommes que des exécutants ! … Souvent je suis fatigué de jouer toujours les mêmes répertoires car je joue un instrument qui est rarement soliste ! Heureusement l’orchestre, le syndicat et les fraternelles permettent de créer une communauté intéressante où d’ailleurs j’ai puisé tous mes amis. Mais quand je suis seul et que j’ai fini mon boulot de musicien, car pour moi c’est un travail comme un autre, je peux jouer librement pour moi et improviser en rebelle, sans notes, avec des grilles harmoniques sur mon piano que je maitrise plus ou moins ! j’ai aimé ton article sur le festival de Royan, c’était mon état d’esprit et ma conception de la musique mais il faut travailler pour manger…

Comme beaucoup, nous critiquons le comportement autoritaire des chefs, du maitre, qui conduisent leurs musiciens-employés par un pouvoir vertical de type militaire (les ordres, la mission à réaliser, les réprimandes voire les punitions des managers) et la parabole est explicite là-dessus.

Par contre, je suis à l’aise lorsque on laisse le pouvoir vertical pour aller vers l’autorité horizontale et donc à l’expression des talents complémentaires des uns et des autres formant une équipe opérationnelle et soudée en réflexion collective. C’est pourquoi je préfère jouer la musique de chambre mon plaisir, à la musique symphonique, mon job, mais la musique de chambre ne nourrit pas son homme !



Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole c’est aussi la glorification du libre arbitre, de la liberté mais aussi d’en payer le prix ! j’aurais aimé être un musicien libre comme Michel Portal et jouer ce qui me faisait envie, toutes sortes de musiques mais je n’avais pas son talent ni sa force psychologique… donc j’ai enfoui mon talent dans la fosse ! mais je suis lucide, pas nostalgique, ni jaloux, mon talent est de constater mes possibilités dans un monde qui ne me plait guère.

Lire l'article sur le festival de-musique-contemporaine.html

C : Je suis assez contente de moi, j’ai utilisé mes talents modestes au demeurant, mais j’ai bossé, bossé sans relâche et j’ai eu une vie personnelle et professionnelle réussie car j’ai optimisé. Je ne pense pas que j’aurais pu avoir un orchestre et un conservatoire plus prestigieux vu mon niveau. Le métier de musicien c’est de vivre à la fois dans la compétition permanente mais aussi dans la coopération pour jouer ensemble et cela ce n’est pas facile à faire.

Je n’ai jamais voulu être une soliste, une star donc une rivale pour certains et puis je suis devenue une bonne pédagogue et cela ce fut une surprise ; peut- être ne faut-il pas être trop fort pour se mettre au niveau de ses élèves (mais j’ai eu des élèves qui ont dépassé leur professeur !) et j’ai pu faire aimer la musique à beaucoup donc ma mission est réussie comme dans la parabole. Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole c’est la valeur travail qui est sublimée car le don est rare, un vrai trésor qui doit être fructifié et pour cela si on en possède un, même limité, il faut avoir la volonté et l’envie de travailler beaucoup et sans cesse !

Ce qui me gêne par contre dans cette parabole c’est l’exclusion de la majorité, cette aristocratie élitiste choisie par le Maitre montrant que le talent comme la musique sont réservées à quelques-uns. C’est pourquoi, j’ai toujours suivi le projet de Jack Lang sur la fête de la musique où tous jouent, bons ou moins bons, en amateurs au sens étymologiquement du mot qui aime sans comparaison de niveau. J’espère jouer encore longtemps, en fait jusqu’à la fin comme ta mère.

Ton article préféré dans ce blog : Vivre-vieux-et-mieux-grace-la-musique.html

D : Mon talent est d’avoir compris assez rapidement lors de mes prestations, de mes études supérieures et des master-class que mon talent était réel mais limité. Avec la compétition permanente sous-jacente dans ce monde musical, ces concours à répétitions, j’ai rencontré vraiment des grands musiciens doués. Mais comme je ne pouvais pas vivre en dehors de la musique, j’ai pu jouer en amateur averti de la musique de chambre surtout ou en petit orchestre voire me hisser en soliste, jouer différents styles de musique selon mes envies, faire des concerts de qualité, de devenir aussi un collectionneur de mon instrument et un mélomane doté d’une culture musicale variée et solide.

Dans le métier de musicien, la chance est importante et n’est pas toujours liée au talent et rechercher le succès à tout prix n’est pas un gage de réussite et d’épanouissement. Je suis toujours admiratif des autodidactes, ceux qui ont la musique vraiment en eux et qui n’ont pas eu la chance de faire des études poussées mais qui régalent les autres quand même avec des musiques très diverses mais de qualité.

On me considère comme un dilettante doué, un amateur original et ce jugement me satisfait ! mais moi je me considère aussi comme un artiste, fantaisiste peut être mais qui n’est pas un esclave de son instrument. En fait en jouant je me fais d’abord plaisir car pour moi un dilettante joue de la musique d’abord pour soi, voire pour recevoir des signes d’admiration, et parfois pour faire plaisir aux autres.

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole, c’est de ne pas se comparer et jalouser les autres plus doués et qui ont plus de talents que vous, mais de suivre sa route, d’avoir surtout confiance dans l’avenir et si possible de récolter ce que l’on a semé, sans chercher à avoir des résultats à montrer et une reconnaissance ou un statut à rechercher. Le jugement des autres, du public, des Maitres… je m’en fous ! par contre je m’évalue sans cesse et je suis souvent assez dur avec moi-même notamment dans les enregistrements.

Article préféré dans ce blog écrit par JDT : cela dépend de mon humeur mais Le Maître des clarinettiste : KLOSE

E « J’aime cette question existentielle de Jésus où le talent est la foi en Dieu à faire prospérer car je suis proche des valeurs morales enseignées. Sa vision religieuse qu’une vie réussie est plus importante que la réussite matérielle et professionnelle est fondamentale pour moi. La musique pour moi est d’abord sacrée et n’a été qu’un moyen pour accompagner ma foi et celle des autres tous les dimanches à l’orgue, en chantant des cantiques et dans une bonne chorale de musique sacrée. J’ai parcouru ainsi le monde et j’ai vu la puissance de la musique sur des sociétés bien différentes. Même si on utilise le sens figuré de talent comme don donné par Dieu, il est très rare et ceux qui en sont pourvus doivent l’entretenir, le faire fructifier sinon c’est une offense à notre Créateur et aussi à nos parents, éducateurs qui ont essayé de le développer.

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole c’est d’avoir toujours la foi, c’est la vision religieuse et des qualités morales et éthiques qui permettent aussi d’avoir confiance dans la vie, l’espoir du lendemain, le partage et l’amour pour les autres et leur faire plaisir (ainsi quand je joue bénévolement) et je plains ceux qui n’ont pas de vie spirituelle et qui sont abreuvés de musiques débiles qui obscurcissent leurs possibilités d’écoute et d’émotions. Lien : article préféré dans ce blog écrit par JDT : Méditation et pratique des instruments à vent 

F : Moi, je n’ai pas eu un contexte favorable pour faire éclore mes talents : famille, école, environnement, conjoint, travail… rien n’a été stimulant et j’ai lâché prise dans la compétition permanente qui structure le métier de musicien qui est un métier difficile. J’ai renoncé il est vrai à force d’en avoir assez à me battre avec moi-même et les autres, car j’étais seul et sans aides et en plus je devais gérer mon manque de confiance en moi, le trac et d’avoir recours à la médecine (tu as écrit un article sur ce sujet !). Avoir la volonté de faire des exercices tous les jours en sachant que je ne pourrais jamais égaler les meilleurs est dur à gérer… j’avais peut-être des aptitudes pour la musique mais pas le mental. 

Je me suis donc tourné vers des musiques plus faciles et moins exigeantes mais en faisant quand même de la qualité car j’ai été formaté quand même par un conservatoire régional. J’ai trouvé ma voie dans des concerts et studios d’enregistrement, d’orchestres de variétés en accompagnant des musiciens plus ou moins bons mais au royaume des aveugles, le borgne est roi ! et en plus la vie et les gens étaient souvent sympathiques. Mes talents ont été reconnus et ont pu s’exprimer en fait dans la joie et la bonne humeur et en plus me faire même gagner correctement ma vie comme musicien et arrangeur. Je suis aussi professeur et cela est très enrichissant (sauf matériellement !)

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole est que ce ne sont pas les résultats qui comptent mais les efforts consentis malgré les inégalités de départ. Nous n’avons pas tous les mêmes cartes pour jouer ! et l’important c’est d’avoir l’espoir, la foi dans ses capacités, sa résilience, d’être bien dans sa peau et après de faire au mieux avec ce qu’on a. Ce sont ces valeurs présentes dans la parabole de Jésus que je transmets à mes élèves. Lien : article préféré dans ce blog écrit par JDT : je me suis retrouvé souvent dans l’interview de Bernie :  Vie d'un musicien de studio

G : On me dit que j’ai pris la mauvaise route, que j’ai gâché mes dons musicaux en faisant la fête, que j’étais peu responsable comme un enfant gâté en pensant qu’avec mes capacités, ma chance et ma famille aisée, leur réseau et leur fric je réussirai quand même ! La question est pour moi redoutable car comme dans la parabole j’ai enfoui mes talents pour des paradis artificiels et futiles et surtout les filles, la rigolade mais je me suis éclaté ! Mes résultats après toutes ces années ne sont pas terribles. Merci José pour la statue du commandeur ! dur à supporter mais c’est le passé ! Moi désormais, j’attends la deuxième partie de ta discussion sur que ferez-vous maintenant de vos talents, j’ai des projets d’avenir…et là j’ai droit à une deuxième chance pour faire éclore mes talents non ?  

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole c’est l’éloge du libre-arbitre, la responsabilisation individuelle et surtout le fait d’assumer les conséquences de ses choix car il y a toujours un temps pour le jugement (du Maitre, des autres ou de soi)

Lien : article préféré dans ce blog écrit par JDT : Quiz et anecdotes amusantes car le musicien a trop tendance à se prendre au sérieux ! Mais où est le plaisir que la musique avec les copains (et copines !) te procure et qu’on a partagé… tu es devenu bien sérieux !

H : Vous me faites rire, moi je suis doué pour pas grand-chose et la musique était une des rares matières qui me plaisait et que j’arrivais à faire. Donc je suis devenu musicien professionnel et suis rentré dans l’armée. Ma vie est une succession d’échecs aux concours importants musicaux et de ratages personnels car j’avais le trac même avec le secours de médicaments. Dans le groupe ça va, je fais mon job dans un orchestre. J’ai l’impression d’être un imposteur quand on me prend pour un musicien talentueux. J’assure c’est vrai mais sans talent particulier, comme un bon artisan c’est tout.  

Les dons sont difficiles à expliquer : précocité, originalité, créativité, fulgurances créant des ruptures géniales dans les sciences et les arts ouvrant de nouvelles perspectives. Le talent exprime la supériorité intellectuelle, artistique et sportive de certains, voire pour d'autres encore plus forts le génie. Le talent est rare (5% de la population selon Mac Kinsey), c’est un don exceptionnel et cela m’agace de le voir se banaliser pour tout et n’importe quoi et n’importe qui, encore plus quand ce sont des gamins, considérés comme des stars, des prodiges à haut potentiel, des surdoués, voire des génies etc…que de frustrations on leur préparent ! » beaucoup de musiciens ont un égo surdimensionné et n’ont pas le sens de la mesure ! ce qui est gênant évidemment ! avoir des doigts c’est à la portée de n’importe qui  à condition de travailler mais le mental de jouer en soliste devant un public, il faut être narcissique, mégalo, inconscient et autres qualités…(.rires ) ou se bourrer de drogues ou bien avoir un réel talent !

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole, c’est que même si on n’est pas parmi les meilleurs, qu’on ne fait pas partie des élites, des premiers de cordée, on peut réussir à condition de ne pas s’illusionner sur soi et de se contenter du don que l’on a et ne pas forcer le destin car le retour de bâton, je l’ai vu pour certains, peut être catastrophique ! je suis le 2èmeserviteur de la parabole !

Lien : article préféré dans ce blog écrit par JDT La médecine au secours des musiciens

I « J’étais doué et très jeune mes parents m’ont mis sur orbite pour devenir un grand musicien aussi bien techniquement que psychologiquement. J’ai eu des professeurs particuliers au lieu d’aller à l’école et fait de la musique à haute dose. Aussi je suis sorti avec le 1er prix du CNSM à l’âge où d’autres y rentraient. J’ai enchainé les concours internationaux, les concerts, les disques, les festivals et je suis devenu connu surtout pour ceux qui pratiquent mon instrument. Pourtant cela ne m’a jamais monté à la tête car je devais exploiter ce trésor miraculeux donné par Dieu, le hasard ou la génétique ? je ne sais pas ! J’ai donc exploité mon talent en travaillant et en sacrifiant beaucoup d’autres choses, pratiquement tout, et j’arrive maintenant à un âge où cela devient plus difficile. J’ai joué l’essentiel du répertoire de mon instrument et puis le niveau augmente sans cesse, les jeunes poussent et je ne sais pas si je pourrais garder mon niveau et ma place. J’admire les musiciens qui jouent encore magnifiquement bien quand les autres sont à la retraite ! pour moi mon talent sera désormais d’évoluer et de me reconvertir vers la direction d’orchestre, l’amélioration de la facture de mon instrument, la formation des futures élites…

Pour moi le message de cette parabole est toujours de croire en soi, d’avoir la foi dans ses aptitudes individuelles, de pouvoir rebondir et de ne jamais renoncer même si le succès varie, même si la santé est chancelante, même si vous supportez de moins en moins bien les critiques et les décalages horaires. Il faut continuer à croire que si on veut, on peut et la musique, les musiciens et les instruments sont en constante évolution… et cela c’est formidable. Lien : articles préférés dans ce blog écrit par JDT : l’article sur la saga de Buffet Crampon

J : J’ai gâché mes petits talents en m’illusionnant sur de fausses aptitudes d’instrumentiste. J’aurais dû connaitre le principe de Peter et j’ai galéré une bonne partie de ma vie en me stressant sans cesse pour me hisser à un niveau toujours supérieur, hors d’atteinte en fait, en prenant des risques, en voulant plus de succès, de reconnaissance. Puis j’ai eu ma phase dépressive du génie romantique incompris ! J’ai cru longtemps que j’avais perdu mon énergie et mon temps mais j’ai pu acquérir des talents nouveaux par ces expériences en orchestre ! Car ce qui est sûr c’est que l’apprentissage de la musique développe des capacités essentielles de concentration, de volonté, de travail de précision et de qualité etc… pour réussir dans d’autres domaines. Je fais désormais un autre métier mais lié à la musique car c’est un domaine très vaste où on peut exprimer d’autres qualités. Et puis étudier la musique ouvre un champ magnifique de beauté et de plaisir que l’on garde toute sa vie et je plains ceux qui n’ont pas accès à la culture musicale. J’aime bien les musiciens qui pinaillent, qui recherchent l’authenticité comme l’esprit des baroqueux.



Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole, est que l’absence du Christ avant le jugement dernier ne doit pas entrainer la perte de la foi en Lui. L’absence de succès qu’on estime mériter ne doit pas entrainer une perte de motivation et ne doit pas nous impacter. Mais attention que de chimères on vend au pauvre étudiant en musique ! Dans la musique comme en sport, en politique … il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus ! dans ce grand cirque qu’est la vie.

Lien : article préféré dans ce blog écrit par JDT : j’ai hésité entre La musique de cirquel (j’aurais adoré faire cette expérience) mais je choisis les baroqueux.

K : J’ai réussi ma vie relativement car théoriquement j’aurai pu faire encore mieux, ayant quand même des talents réels mais j’aime bien la phrase de Talleyrand : « Quand je me vois, je me désole, quand je me compare, je me console ! » mais en fait j’ai eu de la chance de pouvoir vivre de ma passion et de vivre des moments rares. Mais, en dernière analyse, pour moi l’essentiel est d’avoir réussi à constituer une famille épanouie avec des enfants mélomanes et musiciens amateurs de bon niveau donc je dois avoir quand même d’autres talents ! Etre musicienne en épanouissant son talent et enchainer des concerts tout en réussissant une vie de famille n’est pas facile … mais c’est le lot de nombreuses femmes non ? En France, nous avons la chance d’avoir un maillage de conservatoires drainant tous ceux qui sont intéressés par la musique et qui permet l’éclosion des talents et la possibilité de méritocratie. J’ai joué dans beaucoup de pays qui n’ont pas de politique musicale et que de talents sont gaspillés ! l’élitisme est mondialisé mais pas seulement en musique. On assiste actuellement à un renversement de politique des ressources humaines d’inclusive à exclusive. Au départ en France, il y avait la politique inclusive à savoir obtenir le meilleur des musiciens salariés dans l’orchestre. Désormais c’est le modèle américain de la politique exclusive c’est-à-dire obtenir et acheter les salariés les meilleurs et de les virer s’ils ne conviennent plus ou si on trouve meilleurs qu’eux !

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole, est de ne pas rechercher sans cesse les récompenses, le succès, les résultats… Ils vont venir tout seul si on fait les bons choix éthiques d’une vie équilibrée sans se laisser avoir par le mirage des succès éphémères de la vie d’artiste, les dithyrambes et les critiques, qui comme nous le savons tous, sont deux mensonges.

Article préféré dans ce blog écrit par JDT : la musique de film car j’adore le cinéma et j’ai fait des concerts de Musique de fims, musiques qui ne sont pas mineures comme le pensent certains.

L : J’avais des facilités artistiques et j’ai choisi de militer et d’investir dans la politique (qui n’est pas un art !) et même si ceci fut souvent décevant, j’ai mobilisé mes talents pour réussir ma vie, à savoir avoir une position sociale. Par contre mes talents musicaux eux sont restés au second plan et contrairement à d’autres musiciens, j’ai vivoté sans rien accomplir de significatif professionnellement en musique. Et pourtant, j’ai une position enviable de pouvoir dans le milieu musical en étant proche des musiciens et de la musique. Par des chemins détournés, en fait j’ai mobilisé mes talents d’organisateur dans le monde de la musique et non grâce à mes talents non exploités de musicien ! et pourtant sans ces talents musicaux, je ne serais pas crédible avec eux pour les manager ! et puis beaucoup de musiciens sont loin des réalités pratiques et ont besoin de moi.

Une évolution m’inquiète pour les musiciens car avec la mondialisation, les recrutements sont internationaux comme les clubs de foot ! Ainsi si on a les subventions et les sponsors, on peut se payer les plus talentueux, les meilleurs évènements, donc les médias…

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole est la responsabilisation de ses actions. Il faut assumer et surtout s’évaluer pour évoluer continuellement aussi bien individuellement que collectivement dans l’orchestre et cela c’est éreintant mais stimulant. 

Survivre dans des conditions-extremes.html

Par contre je n’aime pas le jugement autoritaire final de cette parabole, nous sommes loin de l’amour du prochain (et encore chez Luc l’exclusion est encore plus terrible !) On répète aux musiciens : le seul juge c’est le public, d’autres disent que ce sont les autres musiciens ou critiques musicaux, d’autres que c’est la recette, d’autres que c’est uniquement votre progression évaluation pour tirer le meilleur de soi, d’autres c’est la cohérence de l’équipe …. C’est pourquoi j’aime bien l’introspection individuelle que suscite cette question mais il faut la poser aussi en groupe (ce sera ma prochaine animation de team bulding)

Articles préférés dans ce blog écrit par JDT : la résilience que donne la musique : il faut se battre sans cesse contre les obstacles pour faire vivre son orchestre mais certains de tes articles montrent aussi plus gravement que pour « survivre dans des conditions extrêmes » on le peut grâce à la musique qui transcende tout. Il faut lire aussi ton article sur le camp de Thérezin pour ceux qui ne connaissent pas cette monstruosité. Terezin

M : Je ne veux pas répondre à ta question ! elle est trop personnelle et trop figée dans le temps. Il faudrait la poser tous les 10 ans ! Je sais que je suis dans le déni mais réfléchir n’est pas un plaisir pour moi, ni même utile concrètement. Je ne suis pas encore à la retraite et ta question devrait être : qu’as-tu fait ? OK mais surtout que vas-tu faire de tes talents encore inexploités ? que fais- tu de ta vie actuellement et pour les prochaines années ? ma carrière n’est pas terminée, j’évolue dans le jazz moderne, je me cherche, je compose… bien sûr je ne suis pas arrivé à la bonne époque pour vivre avec ou dans l’ombre des géants du jazz, ni peut être dans le bon pays. Mes impros sont peu académiques et peu publiques car je ne fais aucune concession. Je me sens incompris souvent mais j’ai du talent, je le sais ! simplement je n’arrive pas à le faire reconnaitre. J’adore le sound painting qui me libère ou un bœuf mais tout ceci n’est qu’aléatoire et ponctuel.



Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole, est d’avoir confiance dans l’avenir si on a la foi et si on est prêt à s’engager même sans aucune visibilité. C’est pourquoi je pars ailleurs pour ouvrir mon horizon notamment dans la musique de film. Les employés de la parabole ne savaient rien du retour possible du Maitre ! et certains ont quand même agi comme si…

Lien : article préféré dans ce blog écrit par JDT : j’ai bien aimé les ponts que tu fais entre la      musique de jazz et peinture abstraite.html     

N : J’avais des aptitudes musicales, sportives et scolaires et en fait je n’ai rien fait de sensationnel. Pourquoi ? parce que je pensais que les dons suffisaient et au début c’était vrai (sautant des classes au collège et à l’école de musique, on me disait surdoué !) mais travaillant peu, papillonnant sur plein de sujets, j’avais trop d’orgueil et de foi en moi, n’écoutant pas en fait les professeurs, les parents. Puis devenu étudiant à Paris, l’écart était devenu trop grand avec les autres talentueux qui eux avaient progressé dans tous les domaines. Alors au lieu de m’accrocher, j’ai tout abandonné et j’ai enfoui comme le troisième serviteur mes talents dans la terre que décrit la parabole… et j’ai passé le concours et pris un poste de prof ! j’écoute beaucoup de musique sur les chaines spécialisées mais parfois ta question m’obsède ! Ma vie musicale c’est le Titanic ! beaucoup d’espérances au départ, mais un naufrage à l’arrivée. Le jugement du Christ relaté par Matthieu est terrible (ceux qui ont, auront encore plus et ceux qui ont raté on leur enlèvera même ce qu’ils ont !) c’est l’effet Matthieu en sociologie par Merton que tu m’indiques… c’est aussi le monde capitaliste dans lequel baigne le monde musical : malheur aux faibles et aux vaincus ! à ceux qui n’ont pas toutes les qualités aussi bien techniques, que psychologiques pour tenir, malheur à ceux qui ne suivent pas le rythme ! ils regardent vite les autres sur le banc de touche !(les sportifs, danseurs etc…vivent les mêmes choses)

Lien : article préféré dans ce blog écrit par JDT le clarinettiste fantôme du Titanic of course.  

O : Malgré les handicaps sociaux, mes talents personnels m’ont servi à faire une belle carrière, à gagner correctement ma vie et c’est l’essentiel car je viens d’un milieu très modeste et je connais la valeur de l’argent pour être libre et heureux. Heureusement que j’ai eu des professeurs formidables, une harmonie municipale excellente qui a été le creuset de mon engagement musical, des conservatoires régional et national très formateurs et la protection de la musique militaire pour assurer la base matérielle de ma vie. Puis j’ai cachetonné sans cesse, je suis un requin de studio, j’ai été dans un orchestre symphonique prestigieux. Pour moi la musique fut un ascenseur social fabuleux étant peu favorisé socialement au départ. Puis devenu soliste, j’ai été rapidement valorisé et reconnu par mes pairs et j’ai partagé mon expérience dans des master-class tout en faisant des croisières et autres interventions juteuses. Mais je n’oublie pas la galère passée, la volonté farouche et l’énergie qu’il a fallu déployer, le travail permanent pour arriver à sortir du lot et avoir le privilège d’amuser les autres !

Pour moi l’idée fondamentale que j’ai retenu de cette parabole, est de profiter des opportunités et d’optimiser avec ce qu’on a reçu comme talent !

Et que tout don sans travail est bien insuffisant. Mais cette parabole doit être critiquée aussi car c’est aussi montrer la grande inégalité de fait entre les personnes au démarrage ce qui induit un peu l’arrivée. L’exclusion des uns et l’intégration des autres, la domination du Maitre et la soumission des serviteurs employés, l’élitisme dans la musique, la compétition permanente pour avoir le droit de jouer avant la coopération parfois factice, parfois réelle en orchestre entre les vainqueurs du paravent !. 

Il faut se battre sans cesse et j’ai connu nombre d’excellents musiciens qui n’ont pas réussi pleinement car ils n’avaient pas la volonté de se mettre en avant, de se vendre, de subir le jugement des différents chefs… j’arrête je deviens de plus anarchisant.

Lien : articles préférés dans ce blog écrit par JDT : c’est le Dupinophone, la clarinette du pauvre de l’époque utopique où on espérait que le peuple devait accéder à la musique avec des instruments simplistes et originaux. (René Pierre dans ce blog a fait aussi des articles fort intéressants sur ces inventions.)

P : je pense souvent à cette parabole car j’ai eu un don musical rare et évident : l’oreille absolue où le moindre bruit est pour moi une note. D’ailleurs ton chat vient de miauler et faire un Réb ! et juste en plus au diapason 440 ! (rires) et cela me rappelle Rossini… avec Nathalie Dessay que tu avais mis dans un de tes articles et qui a bien fait rire mes amis.

J’avais des dons comme pianiste très jeune et la question était : que vais-je faire de mes talents ? mais je suis tombé malade et je suis devenu mal voyant et cela m’a freiné puis je suis devenu aveugle ! je suis donc devenu accordeur de piano et professeur de piano et je tiens l’orgue à l’Eglise. J’ai étudié l’art thérapie musicale pour des associations d’handicapés et ainsi j’aide les autres plus atteints que moi, les handicaps sont tellement multiples. Je suis devenu aussi un adepte et professeur de Tai Chi et Gi Gong et de méditation. Je joue aussi pour les maisons de retraite et j’ai la joie de vivre car si je n’ai plus la vue, j’ai la musique en permanence qui est pour moi fondamentale, la source d’une vie heureuse. Pour moi être sourd serait plus dur ! voilà ma résilience et ce que j’ai fait avec mes moyens réduits car la parabole m’a appris que l’on doit faire avec ses possibilités même si Dieu ou les accidents de la vie vous rognent les ailes.

Dernièrement j’ai lu tes anecdotes musicales de ton blog à des personnes souffrantes et on a bien ri et cela a redonné le moral à tous. Merci ! On me lit parfois certains articles même si c’est un peu trop clarinet forever pour moi. J’ai une demande : pourquoi ne mettez-vous pas certains articles généralistes de votre blog en bibliothèque sonore pour mal voyants avec des illustrations musicales ? Pour nous c’est vital car nous nous en servons quotidiennement. J’ai fait un exposé à partir de ton article sur le diapason mouvant et l’histoire de la musique avec des illustrations musicales il y a peu et cela a beaucoup plu.

Je t’avais posé cette question : comment peut-on être passionné à collectionner des instruments de musique si on ne joue pas avec ? J’ai lu tes articles sur la psychologie des collectionneurs … on en reparlera …

Liens : Diapason mouvant




R: l’expression du talent peut être la conséquence d’un don au démarrage et d’une discipline de vie rigoureuse suivant une approche déductive d’études dans les conservatoires avec solfège, harmonie etc…. C’est la voie royale que j’ai suivie. Mais moi, je préfère de plus en plus tous les musiciens qui ont une approche inductive, brute, émotionnelle qui ont la musique en eux, qui ont la musique dans le sang et qui sont talentueux à leur manière, même si certains ne lisent pas bien la musique et ont une culture musicale partielle.

Les talents ont aussi surgi des peuples : vous avez écouté Paco de Lucia et Camaron et actuellement Romero en flamenco ? Amalia Rodrigues en fado portugais et actuellement Mariza, Misia ?, la musique latino et la bossa nova brésilienne de Jobim ?, la musique klezmer avec le Sirba Octet ?,  la musique créole ?, la musique tzigane ?, le jazz bien sûr, Oum khalsoum et ses mélismes et la musique arabo-andalouse envoutante ? et n’oublions pas la musique asiatique etc… Le talent est partout et j’ai une pensée aussi pour tous les intermittents qui animent les bals avec de la musique populaire variée, les fameuses variétés, qui ont aussi diffusé toutes sortes de musiques simples qui ont forgées les oreilles musicales des peuples et surtout créer le support de la danse. (Oui j’ai toujours dansé à cause de mon cervelet sans doute !)

Pour moi ce sont des instinctifs et des bons musiciens qui ont appris sur le tas, en formation professionnelle tout au long de leur vie et qui n’ont rien à envier avec ceux qui ont suivi la voie des conservatoires et qui sont et restent passionnés.

Depuis quelques décennies, on assiste à la professionnalisation des musiciens autres que classiques y compris dans les conservatoires nationaux au plus haut niveau (exemple la classe de jazz au CNSM). Je regrette qu’à mon époque cela n’ait pas existé …

Quant à la parabole, je suis profondément athée, l’essentiel a été dit sur les valeurs transmises par ce texte. Je suis un lecteur assidu de votre blog étant aussi un peu chineur et collectionneur et j’aime tous vos articles c’est si varié. Continuez les papys !



José plane avec sa clarinette… (« La clarinette bleue » gravure d’AVATI)

 

Et vous qu’avez-vous fait de vos talents ?









dimanche 8 mai 2022

Vichy : étude Laurent, 7 mai 2022 : une vente d'instruments de musique pleine d'enseignements.

Encore une prestation à Vichy remarquable avec des instruments exceptionnels. Vichy est définitivement le lieu de rencontre des collectionneurs, amateurs, antiquaires, musiciens qui s'intéressent aux instruments anciens.

Des merveilles à portée de mains même si au niveau de l'acquisition cela se complique puisque les prix s'envolent pour le haut de gamme.  Quel plaisir de pouvoir toucher, photographier, observer, découvrir des instruments qui sont intouchables dans les musées et collections, de découvrir une nouvelle marque, un système inconnu....une découverte qui remet en question vos certitudes sur un facteur ou l'évolution d'un instrument.

Et puis bizarrement certains instruments  ne se vendent pas et  n'ont plus la cote. Achetez de la clarinette en ce moment, l'absence de grands collectionneurs affaibli le " marché ". De superbes modéles sont à portée de bourse pour quelques centaines d'euros.

Etienne et Guy LAURENT
Que vous soyez collectionneur international ou amateur débutant, il y en a pour toutes les bourses.

Lorsque que l'on résume les ventes de vichy on a plus tendance à parler des pièces exceptionnelles que des bonnes petites affaires et pourtant ce samedi il y en a eu comme cette clarinette de Dobner et Felklin à Strasbourg pour 450 euros au marteau, ce qui est vraiment raisonnable pour un instrument en parfait état du début du XIXème plutôt rare et bien conservé.

Clarinette Sib à 5+4 clés de Dobner et Felklin 
à Strasbourg
Mais à l'extrême, la vente du rarissime piano-forte de Johann Kilian MERCKEN a été très spectaculaire, avec une enchère de 100 000 euros qui adjuge le premier piano-forte français en forme de clavecin de 1768 à la somme record de 180000 euros. " un record ".
Cliquez : pour tout savoir sur ce piano-forte de Mercken

Mais si vous êtes fan d'Eric Clapton et que vous jouez le blues, vous pouviez acheter cette guitare électrique solidbody Gibson modèle Les Paul Deluxe gold top de 1969 pour 9000 euros sans les frais.
Mais vous préférez la musique écossaise alors pourquoi pas cet Uilleann pipes pour 5000 euros.

 


Du folklore oui mais français Monsieur !!!!
Alors choisissez cette merveilleuse vielle d'un luthier parisien d'origine Alsacienne : "Nicolas Melling était d’origine strasbourgeoise, était établi à Paris. Il s'était installé rue Froidmanteau ou Fromenteau attesté en 1750 et 1763, puis place du Louvre à l’enseigne « A la belle Vielleuse », rue des Orties, galerie du Louvre en 1771. Il se fit aussi une réputation dans la facture spéciale de vielles organisées ".

Vielle plate de N. Melling à Paris : 4600 euros sans les frais

Vous connaissez sans doute ce grand facteur du XVIIIème siècle : Charles Bizey qui publiait en 1749 dans le Mercure de France : " le sieur Bizey, inventeur de plusieurs instruments à vent, avertit qu'il travaille toujours avec succés et perfectionne plus que jamais ces sortes d'instruments. Comme il a été malade pendant quelque temps, les jaloux de cet Art ont publié méchament que le Sieur Bizey étoit estropié et même mort, ce qui est une fausseté. Cet artiste est en pleine vie et jouit d'une parfaite santé. Il a même depuis peu inventé des hautbois qui descendent  jusqu'au Gerésol, comme le violon. Il en a inventé aussi d'autres, qui sont a l'octave des Haut bois ordinaires, imitant parfaitement le Cor-de-Chasse. Il demeure toujours rue Dauphine à Paris".
Hautbois de Charles Bizey vers 1730 adjugé au marteau 22000 euros.
Une flûte à bec basse en Mib vers 1720 de I.G. Strehli en Allemagne adjugée pour 15000 euros sans les frais.

Du coté des flûtes traversiéres : une superbe flûte de Piering à Berlin vers 1820 pour 6500 euros.

Ou cette flûte en argent , embouchure en or de Th. Boehm et Mendler de Münich pour 5000 euros.

Et bien sur cette trés belle flûte de Claude Laurent en cristal, à une clé articulée, datée de 1812 pour 16000 euros.


Vous voulez jouer Brahms à la clarinette....mais pour cela il vous faut un set de clarinettes de Ottensteiner identique à celui que jouait Richard Mühlfeld le célèbre clarinettiste spécialiste de Brahms.
Trois clarinettes de Ottensteiner pour 20000 euros sans les frais.
Les hautbois ténor du XVIIIème sont rares, en voici un de  Andreas Kinigsperg de Roding pour 8000 euros hors frais.


Au niveau des hautbois ce baryton de Triebert pour 8500 HF
  
Ou ce magnifique hautbois de Porthaux à Paris de 1790 pour 6000 euros HF.


Et enfin pour les cuivres cette très rare trompette circulaire de Raoux ayant jouée à l'Opéra comique de Paris dés 1825.

Et bien d'autres instruments, tous intéressants .......