par José-Daniel Touroude
Comme la plupart des collectionneurs d’instruments à
vent, j’ai des flageolets anglais et français et à chaque visite on me
questionne sur ces instruments particuliers. Notre blog n’ayant pas d’articles
consacrés à ces instruments, je devais amorcer la connaissance sur ces instruments
oubliés et insolites. Il existe une variété incroyable de flageolets car il y a
eu une mode pendant plusieurs siècles et je renvoie, à ceux qui veulent tout
savoir sur cet instrument, aux nombreux sites et photos consacrés à cet
instrument. Je vais me centrer sur mes deux flageolets anglais.
Edmé Collinet (1765-1851) spécialiste du flageolet.
D’abord un petit rappel sur
l’histoire du flageolet :
Le flageolet est une flute ancienne
pastorale déjà indiquée par Clément Marot sous François 1er et qu’on
appelait aussi Larigot (qui est le nom de notre revue de collectionneurs de
l’ACIM). Il y avait déjà des virtuoses de cet instrument qui jouaient à la cour
de France au XVème siècle. Mersenne indique en 1636 que le flageolet pouvait
faire deux octaves.
Le grand facteur Mahillon en
1874, dans son traité d’acoustique, le classe comme une variété de flûte à bec
malgré son embout en ivoire. Au XVIIème siècle la mode du flageolet français se
répand, il y a même des méthodes publiées à Londres avec des airs imprimés de
divers auteurs et une méthode en 1700 à Paris. Il permet des petites mélodies
simples et bien sûr il y a eu des virtuoses de cet instrument pourtant assez
limité. Ainsi la méthode du spécialiste du flageolet Eugène Roy.
Dans la multiplicité des flageolets, certains servaient
aussi à imiter les oiseaux et à leur apprendre à chanter. Ci-joint un bel exemple en
ivoire au musée de la musique de Paris par un des premiers facteurs du XVIIIème
siècle Charles Bizey.
Au XVIIIème le flageolet fait des apparitions à l’opéra chez Vivaldi, Haendel, Gluck… mais c’est au XIXème siècle qu’il connait son apogée avec le flageolet pour jouer des airs de danse notamment le quadrille pour les bals et se dote de clefs avec 3 puis 5 clés en maillechort, le buis remplaçant l’ébène. Ainsi la demande est importante sous Napoléon III pendant « la belle époque » où tous les orchestres de casinos dans les stations balnéaires avaient cet instrument.
Et puis quand même Berlioz enfant s’initia à cet instrument et découvrit la beauté des instruments à vent…
La plupart des facteurs
(comme J. Thibouville Lamy) vont fabriquer des flageolets qui deviennent
incontournables pour les fêtes populaires. Ces instruments sont fréquents dans
tous les musées et des collections particulières.
Mais outre-manche le
flageolet est aussi très prisé et va connaître celui qui va les
magnifier : W. Brainbridge
Les flageolets
anglais : inventés
à la fin du XVIIIème siècle, sont aussi à la mode. Ils sont plus simples à
jouer et diffèrent du flageolet français. Ils possèdent 7 trous pour faire la
gamme diatonique qui sont indiqués à chaque trou et on peut comme la flute à
bec passer à l’octave supérieure avec les mêmes notes avec les mêmes doigtés
(contrairement au flageolet français plus difficile). Cette simplicité va
généraliser ce type de flageolet facile pour les amateurs. Le son est aigu et
résonne bien.
William Brainbridge est né en 1768 décédé en 1831, est à la fois un musicien un hautboïste et flûtiste anglais mais aussi un
tourneur sur bois et facteur d’instruments à vent qui a passé sa vie à
perfectionner le flageolet. C’était aussi un inventeur créant de nombreux
brevets (le 1er date de 1803) donnant au flageolet ses lettres de
noblesse et l’améliorant sans cesse. Il créa des flageolets simples mais aussi
doubles (création en 1805), triples (création en 1820) et fit de nombreux procès
pour se protéger de ceux qui copiaient ses instruments car vu l’engouement pour
cet instrument, de nombreux facteurs vont en fabriquer. Après les guerres
napoléoniennes, il fit même breveter ses instruments en 1816 en France.
Nous avons deux flageolets de Brainbridge : un simple et un double.
Sur le flageolet simple daté entre 1803 et 1807, il y a les mentions Patent, inventor, teacher et la licorne label des instruments anglais avec son adresse à Londres au 35 Holborn Hill. Une des particularités de ces flageolets et de mettre les noms des notes (A, B, C …) et des picots en ivoire pour séparer les notes sur tous ces instruments. On peut faire toutes les notes et même quelques altérations # et b.
Analysons les diverses
pièces constitutives de cet instrument :
Au sommet il y a un embout
en ivoire ou en os aplati appelé bec qui permet de souffler un filet d’air par
un petit trou et qui a l’aspect d’une anche double rigide.
Il y a aussi un barillet qui est large et qui sert de résonateur et conduit l’air vers le biseau.Ici il y a deux fentes sur les côtés car le flageolet est double. Le sifflet en biseau proche de la flute à bec qui permet le son.
Pour le flageolet double, il
y a deux tubes de perce conique se fixant sur le porte-vent, ici des flutes de
mêmes hauteurs (mais certaines sont de tailles différentes) et finissant par
une virole ou bague en ivoire. Il y a 7 trous pour faire les 7 notes de la
gamme diatonique avec une tierce de différence. Les trous derrière l’instrument
permettent de jouer à l’octave comme pour la flute à bec. Il y a 5 clés en
argent dont une clé derrière.
Il est souvent accordé en La
ou en Ré. Ses instruments sont en buis et ivoire et les clefs sont en argent
car ce sont des instruments haut de gamme. Vu la popularité de cet instrument de
nombreux facteurs vont réaliser des instruments en palissandre ou en ébène avec
des clés en maillechort.
Un excellent site d’un facteur de flageolets Philippe Bolton facteur de
flageolets et être vigilant aux enchères à Vichy pour la vente d’instruments
anciens.
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