samedi 22 novembre 2014

Flûte exceptionnelle de Claude Laurent en cristal bleu cobalt ayant appartenu à Louis Bonaparte roi de Hollande. Exeptionnal flute of Claude Laurent in blue cobalt crystal having belonging to Louis Bonaparte, King of Holland.

Ce dernier weekend 15 et 16 novembre 2014 a eu lieu à Fontainebleau, la vente de la collection napoléonienne du palais princier de Monaco. Outre un chapeau de l'empereur vendu pour 1 880 000 euros à un riche coréen, il y avait dans cette vente de très intéressant instruments de musique.
Chapeau de Napoléon vendu à Fontainebleau.

Tout d'abord cette flûte à quatre clés de Claude LAURENT en cristal bleu (cobalt) datée de 1813.

Pour tout connaître sur ces merveilleuses flûtes en cristal de Claude Laurent : lire la thése de Montserrat Gascon : "Une flûte en cristal". Els instruments de vidre de Claude Laurent (1774-1849). Tesi doctoral. Universitat Autònoma de Barcelona, 2017.


Elle aurait appartenu à Louis Bonaparte, roi de Hollande, frère cadet de Napoléon Bonaparte qui était aussi flûtiste et avait pour professeur Louis DROUET (1792-1873) le célèbre flûtiste né à Amsterdam, surnommé le Paganini de la flûte.

Louis Bonaparte en 1808.
Les flûtes de LAURENT en cristal bleu sont très rares, nous ne connaissons que celle, incomplète du Musée de Stockholm  à 8 clés de 1812 :

Flûte à 8 clés du Teatermuseet de Stockholm
....et un corps de rechange de l'Université de Leipzig appartenant à une flûte à quatre clès de 1809 disparue lors de la dernière guerre :
Corps main gauche d'une flûte de Laurent de 1809. (Musée de Leipzig)
La flûte de la vente de Fontainebleau est dans état parfait et a été vendu 37000 euros.
Marque de la flûte de Fontainebleau et détail d'une clé.
Détails de l'embouchure et d'une clé argent à bascule.



Deux trompettes dites du retour des cendres de Napoléon en 1840, malheureusement très abîmées.
Ces trompettes naturelles de parade ont été réalisé  par Claude François DARCHE, sur les conseils du trompettiste  H. SCHILTZ pour le transfert des cendres à l'hôtel des Invalides le 15 décembre 1840. SCHILTZ jouera à cette occasion "la marche d'AUBER et de solennelles fanfares". (Source Dauverné par Christophe ROSTANG)
Char funéraire du retour des cendres de Napoléon.
Les pavillons de ces trompettes sont peints à l'intérieur à l'or sur fond noir d'une frise d'aigles sur foudres entrecoupées de médaillons au N et de branches de laurier. Elles sont marquées :" 15 décembre 1840 DARCHE fct des Théâtres et des Concerts Paris".
Détails des pavillons.

Une paire de Timbales de timbalier à cheval en cuivre estampé à décor repoussé d'une suite de cinq branches de laurier relier par des nœuds de ruban et sur le devant d'un aigle empire.
























Vendues 14000 euros chaque.



lundi 3 novembre 2014

Quelques "Instruments de tortures" du XIXème siècle, pour pianistes virtuoses. Some torture instruments fromù the XIX° century for virtuoso pianists.

En ce début du XIX°  siècle c'est la folie autour du piano, chaque famille bourgeoise en possède un et l'on admire particulièrement la virtuosité. Franz LISZT était l'un des premiers à avoir sorti le piano des salons et des cercles de musique pour en faire un instrument de concert. L'amélioration des techniques de fabrication avaient considérablement augmentée la puissance sonore de l'instrument, mais en revanche cela exigeait de travailler d'une façon très différente pour avoir un bon toucher. Outre les nombreuses méthodes, apparaissent les premières "aides mécaniques" comme le chiroplaste de Jean Bernard LOGIER qui était " destiné à contenir dans une bonne position le corps des élèves de piano, à guider avec grâce les mouvements de leurs mains sur toutes les parties de l'instrument, ainsi qu'à leur faire acquérir une égale force dans les doigts...."

Schéma du Chiroplaste du brevet d'importation demandé le
3 février 1819. (Source Inpi)
Le principe de l'appareil consiste : en des guides des mains en cuivre dans lesquels on enfile les doigts. A chaque guide de la main correspond une autre pièce en cuivre pour "guider le poignet" et dont l'usage et de maintenir les poignets. Deux barres parallèles empêchent tout mouvement perpendiculaire de la main.
"Le chiroplaste a pour but, non seulement d'empêcher l'élève de lever les mains trop haut, mais encore de s'opposer à l'action du bras sur le toucher, et enfin de contraindre l'élève à ne pas laisser retomber ses mains..." (Source François Stoepel, Méthode de piano, 1835)
Méthode de piano de Mr Logier.(BNF)
Cette méthode rencontra un franc succès et fit la fortune de Mr LOGIER. En France Frédéric KALKBRENNER (1785-1849), pianiste d'origine allemande qui installé en France s'associa à Camille PLEYEL dans la société de pianos, fut l'un des partisans de cette méthode d'étude "assistée". D'ailleurs il fit breveter en 1831 un "Guide main, propre à faciliter l'étude du piano".
Frédéric KALKBRENNER.
" Ce guide mains consiste en une barre adaptée à l'instrument de manière que le pianiste puisse reposer l'avant bras dessus. Il a pour but de s'opposer à l'action du bras sur le toucher, d'empêcher qu'on ne laisse tomber les mains trop bas, et enfin de faciliter le travail des exercices aux personnes qui ont la poitrine délicate". (Source François Stoepel, Méthode de piano, 1835)
Schéma du brevet du 28 avril 1831 de F. Kalkbrenner. (Source Inpi)
Continuons dans ces nouvelles inventions :  Le Dactylion de Mr Henri HERZ pianiste virtuose et fabricant de pianos. (voir : Article Henri HERZ.)
Dactylion (Musée de la musique de Paris)
"Dactylion : Instrument à ressort inventé par M. Henri Herz qui sert à donner plus d’extension à la main, à délier et à fortifier les doigts, à les rendre indépendants les uns des autres, à donner enfin au jeu, cette égalité sans laquelle il n’y a pas de belle exécution sur le piano. L’expérience démontre merveilleusement qu’une heure de leçon par jour avec le dactylion suffit pour améliorer rapidement les progrès des élèves, et contribuer d’une manière sensible à la facilité du jeu chez les artistes eux-mêmes". (Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier 1872).

Autre amélioration, le Sténochire de Mr. GUERIN breveté le 6 mai 1844.
Schéma du brevet de 1844. (Source INPI)
Sténochire : "Instrument destiné à exercer les doigts des élèves qui veulent apprendre le piano.Cet appareil,très léger et de jolie forme, se pose sur la devanture du piano et s’enlève à volonté. L’avant-bras glisse sur une règle en bois, les doigts passent dans des anneaux en caoutchouc suspendus au moyen de petits ressorts qui donnent à tous les doigts une résistance égale à vaincre pour frapper sur les touches du clavier. Une règle en bois empêche le bras de se relever, et une autre règle est supportée par deux montants à une hauteur déterminée par les dimensions du piano.
Ce système nouveau, dont l’invention est due à M. Guérin, fut présenté par lui à l’exposition de 1844", (Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier 1872).
Schéma de Profil du Sténochire. (Source INPI)
Une amélioration du Dactylion.
Bracelet de Magner.
De nombreux appareils sont apparus au cours du XIX, comme le bracelet de Magner en 1840 :......l'agilimain de Monestier, guide mains à rayons d'Hamilton, le veloce-mano de Faivre, l'artrylion de Vauquelin, le Poleudactyle de Saint Pern......


Mais à coté de ces appareils destinés à améliorer l'apprentissage du piano, existaient des processus pour corriger la faiblesse et l'imperfection de cette "main banale" pour en faire une main de virtuose.

" ....les doigts ne sont pas indépendants, leur force n'est pas égale, leur extension n'est pas  suffisante ; l'annulaire nuit particulièrement à l'ensemble des mouvements, parce qu'il est toujours en retard, ne pouvant ni se baisser ni s'élever aussi facilement que les autres...."

D'où l'invention d'appareils permettant de modifier "cette main imparfaite" pour les pianistes :
Annonce ventant les mérites du chirogymnaste de C.Martin.
CHIROGYMNASTE ou Gymnase des doigts, à l’usage des pianistes, inventé par M. Casimir MARTIN, en 1840. Le chirogymnaste est un assemblage de neuf appareils gyrnnastiques destinés à donner de l’extension à la main et aux doigts, à augmenter et à égaliser leur force, et à rendre le quatrième et le cinquième indépendants de tous les autres. (Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872)
Chirogymnaste de Martin. (Brevet de 1840)

Félix Charles LEVACHER d'URCLE propose même avec son appareil orthopédique de modifier la main.
Appareil orthopédique de LEVACHER, brevet du 14 novembre 1845.
Source Musée de la musique de Paris.
"C'est dans la présence des expansions aponévrotiques des muscles extenseurs des 3°, 4°et 5° doigts, qui paralysent le mouvement d'ascension du 4° doigt, que réside la résistance que l'artiste trouve dans sa main à exécuter les difficultés de la musique instrumentale. Notre méthode consiste à opérer sur les expansions une tension souvent réitérée et longtemps soutenue, pour les forcer par degrés à s'allonger". (Brevet de 1845)
Schéma de l'utilisation de l'appareil de Mr LEVACHER. (Brevet INPI)
Le Docteur FORBES professeur d'anatomie et M. ZEEKER directeur de l'académie de musique de Philadelphie iront jusqu'à proposer de sectionner les deux tendons qui entravent le muscle du quatrième doigt.

L'imagination de nos inventeurs n'ayant pas de limite voila en vrac quelques images de leurs instruments de tortures.....


Il ne faut pas oublier dans ce tour d'horizon le compositeur  Robert Schumann (1810-1856) qui étant très exigeant et voulant gagner en dextérité, décida d'utiliser un appareil bloquant un de ses doigts, afin d'améliorer sa souplesse. Le résultat fut catastrophique : des tendons de sa main furent rapidement paralysés ce qui mit fin à sa carrière de pianiste et le fit tomber en dépression.
Mais la aussi où est la vérité ? Il semblerait que notre cher compositeur ayant eu "des rapports troubles" avec une demoiselle aurait contracté la Syphilis. Le traitement de l'époque étant à base de mercure, il semble bien que les effets secondaires de ce dangereux produit soient responsables de son infirmité. Et l'on connaît même le nom de cette jolie créature qui lui a fait ce "cadeau"......Mais soyons discret.............. ne colportons pas ces ragots. 




jeudi 11 septembre 2014

H.F. KAYSER, facteur de clarinettes à Hambourg. Un ensemble de trois clarinettes (Ré, Ut, Si b) à 12 clés dans un coffret. Collection José Daniel Touroude. H.F. Kayser a Hambourg clarinets maker.


Les 3 clarinettes 12 clés Kayser avec leurs boites d’anches, leur boites de becs et leur écouvillon (coll. JDT).
Que pouvons dire sur cet ensemble ?

1°) D’abord pourquoi une boite avec 3 clarinettes ?

Au début du XIXème siècle, les clarinettistes qui se répandaient dans tous les orchestres civils et militaires devaient pouvoir jouer des traits difficiles et cela dans tous les tons. Or ce n’était pas aisé et le clarinettiste alors devait avoir plusieurs clarinettes et parfois en changer en cours de morceaux.  C’est ainsi qu’il pouvait avoir cette boite avec 3 clarinettes dans des tonalités différentes pour passer de Ré à Mib, ou de Ut, Sib à La ou avoir des clarinettes qui avaient des corps de rechange avant que se généralise la clarinette 13 clés omnitonique d’ Iwan Muller.


2°) Un coffret rare de 3 clarinettes Kayser ?

Qui était Heinrich Friedrich KAYSER ? On ne sait pas grand chose.
Alors toutes informations sont les bienvenues.

Il est né à Hambourg le 4 septembre 1809 et décédé dans cette même ville d'Allemagne le 12 novembre 1890. Il exerça à Hambourg le métier de facteur de clarinettes (on ne connaît pas d'instruments autres que des clarinettes de ce fabriquant, peut-être une flûte?) de 1833 à 1883.
Hambourg était la patrie de son contemporain Johannes BRAHMS (1833-1897). Ses instruments ont été utilisés particulièrement en Scandinavie et en Allemagne du nord.


Johannes BRAHMS.

Pourquoi  12 clés ? En Allemagne, la clarinette 12 clés  était plus populaire alors qu’en France on utilisait la clarinette de Müller à 13 clés. Ces clarinettes sont datées entre 1830-1850.
Différentes marques des instruments.
3°) l’originalité de Kayser ?
 Afin de bien saisir l’intérêt des clarinettes de ce facteur, il faut admirer son travail soigné et la finesse de ses clarinettes notamment ses clés et guides en laiton et c’est pourquoi ces clarinettes étaient et restent réputées.
Détails de clés et des guides.

Il faut replacer les évolutions pour les non spécialistes. Les guides sont de plusieurs sortes : au départ le facteur-tourneur faisait des excroissances (anneaux sur le corps du haut, bulbe sur le corps du bas) avec un tour à bois dans la masse du buis. Ceci permettait de percer ensuite ces guides et mettre des tiges en laiton qui servaient d’axes permettant aux clés d’être tenues fermement et de pivoter sur ces axes. Ces blocs en bois étaient disgracieux et alourdissaient la clarinette.  Aussi les  facteurs vont ils au cours du temps essayer de les réduire.
Clarinette à 9 clés allemande
de la même époque mais
moins élaborée.
Kayser lui va inventer (?) des guides en laiton fixant les clés, guides qui seront fixés eux mêmes sur le corps de l’instrument par des patins (plaques de laiton) puis des boules. Ce qui surprend c’est l’extrème précision de l’ajustement des guides pour faire glisser les clés : vraiment un grand clétier.
Détails des longues clés avec rouleaux et guides.
On peut aussi observer des fausses bagues  dit monoxyle c’est à dire tournées dans le buis supprimant le corps central tout en lui donnant l’aspect de la clarinette ancienne.
Fausse bague monoxyle.

On peut aussi voir le renforcement systématique avec des clous en acier sur le buis afin qu’il n’éclate pas et disposés toujours de la même façon et très nombreux.

Renforcement métallique systématique et identique sur les trois clarinettes.
Une caractéristique aussi peu commune et la fente dans les clés de trilles donnant un confort pour glisser d’une clé à l’autre.
Forme spécifique des spatules des clés pour permettre un meilleur
glissement.

Les roulettes créées par le clarinettiste français César Janssen vers 1840  mais qui ont été très utilisées par la facture allemande.

Rouleaux des grandes clés.
Il existe quelques clarinettes H. Kayser dans des musées notamment à Stockholm, à Edimbourg (collection N.Shackelton), en Allemagne et quelques unes dans des collections privées, soit entre 15 et 20 clarinettes dans le monde. 
Clarinette alto de Kayser du musée de Stockholm.

Le facteur grand facteur actuel Seggelke  à Bamberg a reproduit, pour le clarinettiste anglais Keith Puddy, des Kayser afin de jouer la star de Hambourg : Brahms of course !


Différents modèles de clarinettes reproduites
par Seggelke pour jouer Brahms et Schumann.