Affichage des articles dont le libellé est Giannini. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Giannini. Afficher tous les articles

mercredi 27 mai 2020

Un GODFROY Aîné peut en cacher un autre. Les GODFROY à la Couture-Boussey. An Elder GODFROY can hide another. The GODFROY at La Couture-Boussey

Travaillant actuellement sur les flûtes de GODFROY, je dois avouer que j'ai du mal à comprendre  et attribuer les différentes marques et autres informations concernant cette famille illustre de facteurs d'instruments de musique,  originaire de la Couture Boussey. 
Pour vous remettre dans l'ambiance, je vous suggère de relire deux articles précédent écrits sur ces facteurs.
Et
Pourtant il ne manque pas d'informations sur cette famille : Tula Giannini et son excellent ouvrage évoque l'essentiel sur ces facteurs. Au niveau des marques " le livre d'or de la clarinette française " de Denis Watel va encore plus loin en attribuant certaines marques à des membres d'une famille GODFROY, sans relation directe avec nos GODFROY "célèbres". .......Mais il reste des zones d'ombres  que quelques "trouvailles d'archives" permettent d’éclaircir.
Marque  de Jean-Francois Godfroy de La Couture
Clair II GODFROY s'est toujours plaint des contrefacteurs de sa marque.

C'est tout d'abord son frère cadet, Pierre GODFROY jeune, né à la Couture Boussey en 1780 qui s'installe à Paris en 1818 à côté de son frère au 45 rue Montmartre. Sans doute devait-il travailler pour lui avant 1823 comme le montre la marque 1, marque correspondante à celle de Clair II GODFROY avec un P rajouté devant le nom. Ils deviennent alors concurrents puisqu'ils se revendiquent régulièrement comme fournisseurs des grands flûtistes de l'époque comme Mr TULOU.

" Godfroy jeune, facteur en tout genre, connut particulièrement pour la flûte, fournisseur de Tulou et autres artistes distingués. Inventeur des flageolets à deux octaves ; fab. flageolets, clarinettes, fournit toute musique militaire et autres, rue Montmartre, 46 ". (annuaire Bottin)

 

Puis c'est son fils Frédéric Eléanor GODFROY né le 6 janvier 1805 à Paris et qui s'était formé  à la facture d'instruments à vent avec son père avant de s'installer à son compte, vers 1827 au 133 rue Montmartre. Il devait vendre des instruments simples (flûtes, piccolos, fifres…) fabriqués à la Couture et réaliser lui-même  des instruments plus élaborés. 

La première mention trouvée dans le Bottin parisien, le concernant est publiée en 1835 :
"Godfroy fils (Fréd.), élève de son père Godfroy aîné, breveté pour ressorts à spirales marchant sans frottement et sans huile, et donnant de l'élégance à l'instrument ; perfectionnement de la flûte à patte d'Ut, rue Montmartre 133". 



Mais ce sont surtout les GODFROY de la Couture Boussey qui provoquèrent les réactions de Clair II GODFROY Ainé.
Les GODFROY de la Couture-Boussey

Jean François GODFROY à la Couture-Boussey : (1782-1860) Actif de  a.1827– a.1881.

Né en 1782 à Ezy sur Eure, Jean François GODFROY était cultivateur  en 1802, date de son mariage avec Marie Jeanne DURANT de la Couture-Boussey et tourneur en 1812 lors de la naissance de son fils Jean Pierre dans cette même localité. Il n'y a pas de lien direct, connu avec la famille de Clair II GODFROY. Comme le mentionne une publicité CHAPELAIN, c'est sans doute vers 1827 qu'il installa son atelier à la Couture-Boussey où il fabriquait flûtes, flageolets, clarinettes. 

        Marque 1 : vers 1830 à c.1838   
                         Marque 2 : vers 1830 à 1838                     
Marque 3 : vers 1840

Ses flûtes portent des marques "GODFROY AINÉ " qui prêtent  à confusion avec  celles de Clair II GODFROY. D'ailleurs ce dernier changera de marque en 1829 et avertira ses clients sur ces instruments portant des marques sans rapport avec sa fabrication : 

" Déjà plusieurs facteurs portant le nom de GODFROY ont usé de ce titre pour faire passer des instruments de leur façon pour être de ma fabrique. En conséquence pour éviter toute contrefaçon, j'avertis le public que mon poinçon portera dorénavant : "Clair Godfroy aîné". Tous les instruments qui sortent de chez moi sont numérotés sur un registre de commerce. Cette précaution offre aux personnes qui leur donneront la préférence et qui achèteraient d'occasion ou ailleurs que chez moi, le moyen d'en vérifier l'origine". Tarif 1827. Source T. Giannini.

Marque de Clair II GODFROY Ainé
adoptée à partir de 1829.

C'est d'ailleurs à partir de 1830 qu'il appose des poinçons d'argent sur les clés de ses flûtes, toujours pour se différencier de ses contrefacteurs. Sa marque devient également assez difficile à copier avec cette tête de "satyre", "lion" ...." dieu Pan"  et non "Paon",  " Peacock " en anglais, comme on le lit régulièrement.... et cette écriture en italique.
Le Dieu PAN.

Clair II Godfroy Aîné a déposé deux plaintes en 1830 pour contrefaçons. Car on pouvait lire dans un journal parisien le 24 septembre 1830 : 

 " une ordonnance de la chambre du conseil du tribunal d'Evreux avait renvoyé au tribunal correctionnel MM Jean François Godefroy, Louis Hérouard, Denis Godefroy, Denis Buffet, Martin Thibouville, Denis Noblet, Pierre Noë, Gilles Noë, Nicolas Thibouville, comme prévenus d'avoir apposé sur des instruments à vent fabriqués par eux le nom de Monsieur Godefroy Aîné fabricant à Paris et MM Bonnel, Pléannat, Rémy Génin, Buffet, Lété, Boileau et Nadau comme complices du même délit de contrefaçon pour avoir exposé en vente et mis en circulation des instruments portant la même indication contrefaite".

Jean François GODFROY exerça avec son fils Jean Pierre jusque vers 1845 où ce dernier pris la suite. J. F. GODFROY est décédé le 17 mai 1860 à l'âge de 77 ans. Son fils avait épousé en 1841 Marguerite BUFFET (1791-1873) ; ils ont eu un fils (H) Ortal Godfroy (1842-1902) qui exerça avec son père, sans doute à partir des années 1860 (Marque 4) et c'est sans doute lui qui, resté célibataire vendit l'entreprise, à la mort de son père (1881) à Fernand CHAPELAIN (1860- ?).

            Marque 4: vers 1860    
      Marque  5 : vers 1870          
        Marque 6 : vers 1870       

Marque 7 : Vers 1880

Les instruments produits par cet atelier sont généralement de fabrication courante, voir assez modeste. Néanmoins ils posent toujours problèmes aux  amateurs qui les confondent, encore actuellement avec ceux de l'atelier parisien GODFROY Ainé. Il est probable que ces luthiers de la Couture, ont joué de cette ambiguïté, même à la période de Fernand Chapelain qui n'a jamais précisé, dans ses annonces publicitaires de quel Godfroy il était le successeur.

Flûte typique des Godfroy de la Couture
vers 1880
Annonce publicitaire Chapelain vers 1905.

Nicolas GODFROY Jeune à la Couture-Boussey. (1795-1847) Actif de 1825 à 1847.


Comme son frère ainé Jean François, Nicolas GODFROY jeune né en 1795 à Ezy sur Eure, n'a pas de lien de parenté direct avec Clair Godfroy Ainé. A son mariage en 1823  à la Couture avec Marguerite NOBLET (1796-1828), la fille de Clair NOBLET (1764-1830) célèbre facteur couturiot, il se déclare luthier. C'est sans doute vers 1825 qu'il créa son atelier "GODFROY Jeune " qui durera jusqu'en 1850. Sa première épouse étant décédée il se remarie avec Catherine DESCHAMPS (1802-1877) avec laquelle il aura un fils Nicolas Léon GODFROY qui sera pharmacien à Paris. Nicolas GODFROY est décédé en 1847 à la Couture à l'âge de 51 ans.

Un troisième GODFROY appartenait aux contrefacteurs : Pierre Denis GODFROY (1797 - ).....mais lui faisait partie de la famille de Clair II GODFROY Ainé, il était son cousin Germain fils de Denis GODFROY (1733-1800) lui aussi luthier à la Couture-Boussey.  




lundi 2 décembre 2019

Numérotation et datation des flûtes Clair GODFROY Aîné (suite 1)

Nous avons bien avancé dans ce travail en répertoriant 150 instruments de ce facteur. 
1) Tout d'abord de nombreux instruments de cet atelier ne  portent pas de numéro. Au moins le tiers, est ce que cela veut dire qu'ils n'entraient pas dans la numérotation des instruments? Sans doute étaient-ils enregistrés dans le registre et numérotés, mais ce numéro n'était pas reporté sur l'instrument. C'est un point important pour estimer la production de cette maison.
2) Il existe plusieurs numérotations : Tout d'abord celle utilisée par Clair II GODFROY de 1820 au environ de 1843, utilisée par le fondateur de la maison dans sa période d'activité (1820-1836) et quelques temps par ses successeurs, Vincent Hypolite GODFROY et Louis Esprit LOT. Pour l'instant dans les instruments que nous avons répertoriés le premier numéro est 54 (a.1821) et le dernier de cette série 6727 (a. 1843).
Nous n'avons pas trouvé d'instruments portant un numéro dans les séries 7000 et 8000, en revanche nous avons trouvé des numéros 9000 comme cette flûte numérotée 9104 ou cette autre 9186 dont la marque est accompagnée de "Breveté" donc après 1847. Le dernier numéro répertorié est 9934.
Flûte 5 clés portant le numéro 9104. (Collection Thicam)
Flûte à 8 clés numérotée 9186 dont les clés portent le poinçons
d'argent de Godfroy sans poinçon de garantie. (EBay)
Ces numéros 9000 doivent correspondre à la fabrication d'instruments de la période de la veuve de Vincent Hypolite GODFROY, Marie Alexandrine DUMONT-GODFROY de 1868 à 1888 où elle a repris les méthodes de son beau-père, après les périodes de la "Société GODFROY Fils et LOT (1836-1854) et celle de Vincent Hypolite GODFROY (1855-1868). Cette première numérotation correspond à la fabrication des flûtes modèle "simple" c'est à dire hors système BOEHM cylindrique ou  conique.
Une seconde numérotation, correspond à partir de 1837, aux flûtes système BOEHM, tout d'abord système 32 puis ensuite à partir de 1847 au modèle cylindrique, après l'accord passé avec Théobald BOEHM qui vend à la Maison GODFROY, le 14 août 1847 l'exclusivité de la fabrication de son modèle cylindrique. Dans ce domaine la numérotation est plus complexe. Tula GIANNINI dans son ouvrage sur LOT et GODFROY suggère que la série commençant en 1837 au numéro 1 atteindrait 300 vers 1847 et 900 en 1854 et qu'à partir de 1855 les flûtes Boehm en métal et en bois  seraient numérotées séparément comme le faisait Louis LOT.....je n'ai pas encore suffisamment travaillé le sujet pour donner un avis. (A suivre)
  
Flûte Boehm système 1832 N°111
(vente de Vichy 2018)
Flûte Boehm cylindrique N°650;
(Vichy 11 2018)
Flûte Boehm cylindrique
N°677. (Vichy 11 2018)
Voici le tableau, résultat de notre travail sur la numérotation (estimation) des flûtes modèle simple (Hors Boehm) de l'atelier GODFROY Aîné de 1820 à c.1843. Cette chronologie est fondée dans un premier temps sur certains instruments comportant un numéro et une date, des caractéristiques de fabrication, des marques selon les périodes, puis dans un second temps sur les poinçons d'argent. 
En effet Clair II GODFROY  pour lutter contre ces concurrents "GODFROY" change de marque en 1829, devient plus rigoureux sur sa numérotation et enregistre un poinçon d'argent le 29 avril 1830 pour marquer de son atelier ses clés..
Poinçon d'argent de l'atelier de
 Godfroy Aîné enregistré le
29 avril 1830.
Ces poinçons sont assez pratiques pour la datation des instruments (surtout quand il y a un numéro sur l'instrument). Lorsqu'il est associé au poinçon de garantie "Lièvre" ...la période de l'instrument est  1830-1838, pour le "Sanglier" c'est après 1838.

Poinçon "Lièvre" : 1830 à 1838
Poinçon "sanglier" :après 1838
Un cas particulier rencontré sur trois flûtes : Poinçons CG, Lièvre et Sanglier. L'atelier devait avoir un stock de clés au changement de poinçon de garantie en 1838. Ce cas de figure permet de dater 1839-1840.


Pour lire ce tableau il suffit de l'enregistrer sur votre ordinateur comme une image Jpeg et de l'imprimer

Ce tableau est un début, il sera amélioré régulièrement, mais il permet déjà de mieux dater les instruments à plus ou moins une année. Attention également il peut y avoir un décalage entre l'année de fabrication et la date apposée sur l'instrument (comme on le voit dans les inventaires après  décès, il y a toujours un stock d'instruments "non garnis" c'est à dire sans le clétage qui sera fixé à la vente ?
Il y a également toujours des instruments qui ne rentrent pas dans cette chronologie :
Exemple cette flûte à quatre clés "d'une nouvelle façon", portant la seconde marque de Godfroy, donc avant 1829, numérotée 1096 et donc datable avec notre tableau de 1827.....mais dont les clés portent les poinçons d'argent de CG et tête de lièvre donc après 1829. Clés apposées deux à trois ans après la fabrication, instrument vendu seulement en 1830 d'où l'obligation de faire "contrôler" la teneur en argent ? Nous vous laissons trouver d'autres hypothèses. Un cas particulier ne remet pas en cause la règle générale.
Collection particulière.
A travers ce tableau, on voit également que l'utilisation des poinçons a été de courte durée, de 1834 à 1842, juste après le décès du fondateur de la Maison le 11 janvier 1841, tout comme l'arrêt du numéro apposé sur l'instrument !! Il est vrai la Société GODFROY Fils et LOT n'avait plus beaucoup de concurrent dans la fabrication de la flûte Boehm. Il est a noter que les instruments, modèle Boehm en argent ne portent presque jamais de poinçons d'argent. 
Nous n'avons pas inclus dans ce tableau, les quelques instruments avec un numéro 9000 que nous avons répertorié.
Pour avoir une véritable idée de la production de l'atelier, il faut rajouter les autres instruments (clarinettes, bassons...) ainsi qu'à partir de 1837 la production des flûtes système Boehm. (Nous traiterons ce sujet dans un troisième article)
La première partie de cet article a été remis à jour en tenant compte des remarques qui nous ont été faites, notamment par José Da Silva,  A. Nolan, M. Lynn. Merci à tous ceux qui nous ont aidés à réaliser ce travail.

Nous attendons bien sur vos remarques. 
Si vous avez des instruments non inclus encore dans cette étude...
Merci pour les photos ou autres informations



lundi 25 septembre 2017

"Frédéric Eléanor Godfroy, fils de Clair II Godfroy, facteur de flûtes et inventeur d'un nouveau ressort en 1834". "Frederic Eléanor Godfroy, son of Clair II Godfroy, woodwind maker and inventor of a new spring system in 1834".

En visitant la collection de François Camboulive, j'ai découvert une flûte (parmi tant d'autres) qui "m'a interpellé"et comme François m'a autorisé à en faire un article j'en profite. Merci à lui pour sa générosité.
Cette flûte est une "Godfroy"....comme on dit classiquement, avec un système de ressort particulier. Cela tombe bien, cette famille de facteurs a été particulièrement bien étudié par Tula Giannini dans un ouvrage très documenté : "Great Flute Makers of France. The Lot and Godfroy Families, 1650-1900".
Et comme en plus je suis en train d'essayer de répertorier les flûtes des facteurs de cette famille, pour essayer de comprendre "qui a fait quoi?" et "cette flûte, elle a été faites par le père ? Le grand père ? Ah le fils....mais lequel ? en quelle année ? Et oui, il y a des numéros.....Bref malgré Tula Giannini, ce n'est pas simple.
Alors, comme d'habitude si vous avez des flûtes portant la marque Godfroy, merci pour les photos. Je ferai un article sur ce sujet vers la fin d'année.
Description de la flûte.
Au premier coup d'oeil, il s'agit d'une classique cinq clés en palissandre, baguée en ivoire, sans barillet.
Flûte B69 collection Thicam.
La clé de sol # n'a pas une forme classique.
Mais surtout quatre clés sur cinq sont munies d'un système particulier de ressorts.



  C'est une vidéo.

Nous n'avons jamais rencontré ce système de ressorts.
Ressort circulaire et picot.
Lorsque l'on démonte la clé, le système ce compose d'un ressort circulaire (comme dans les matelas), un picot, tout cela installé dans une partie ronde creusée dans le bois de la flûte.
Emplacement du ressort circulaire.
Le ressort est mis en place.
Ressort et picot en place.
A remarquer la forme du picot.
Seules quatre clés sur cinq sont munies de ce système, la clé de Si b comporte un ressort classique sans doute parce que le nouveau système était moins efficace (sur une clé longue) qu'un ressort plat ? D'ailleurs on peut deviner les inconvénients de ce nouveau systéme lorsque l'on constate que la clé de sol # a dû être orienté dans la longueur de la flûte et non comme habituellement avec une clé de sol # s'enroulant autour de la flûte.
Clé de sol # dans l'axe de la flûte.
Sans doute parce que, avec ce système, le basculement de la clé est plus compliqué sur une partie bombée que sur une partie plane. D'ailleurs la clé de fa est très courte et retravaillée au niveau de la spatule pour favoriser un bon basculement.
Clé de fa.
Même si l'idée était astucieuse, on imagine tout de suite les difficultés d'application de ce nouveau système. D'oû un échec prévisible.
L'inventeur : Frédéric Eléanor Godfroy.
Dans la famille Godfroy il y a au moins 8 facteurs connus et en plus la marque que porte cette flûte n'est pas courante.
Marque de la flûte.

Arrêtons ce suspense "torride" : Il s'agit de Frédéric Eléanor Godfroy né le 6 janvier 1805 à Paris, fils aîné de Clair II Godfroy (1774-1841) qu'il avait eu avec sa première femme Madeleine Letellier (1781-1808).
Pour mieux comprendre voici la généalogie de la famille Godfroy (ou Godefroy).

Désolé je n'arrive pas à faire en sorte que cette feuille s'affiche en plus grand. Si vous voulez la lire envoyez moi un mail à mon adresse : René PIERRE et je me vous l'enverrai.

Il a sans doute appris la facture d'instruments à vent avec son père avant de s'installer à son compte, vers 1827 au 133 rue Montmartre. Spécialiste de la flûte, il fabriquait aussi d'autres instruments (clarinettes, flageolets, fifres...) ; sa marque "F.E en écriture cursive/ Godfroy aîné dans un ovale de pointillés (ou sans ovale) /étoile à 5 branches coupées ou non".
Première marque de Frédéric Eléanor Godfroy de 1827 à 1831.
Marque identique mais sans cercle de pointillés et avec
une étoile à 5 branches avec pointes non coupées.
En observant les nombreux instruments de ce facteur, conservés au musée de La Couture-Boussey, il semble que la marque, sans pointillés et avec l'étoile à cinq branches non coupées, beaucoup plus rare soit en fait la première marque vers 1827. La seconde beaucoup plus fréquente correspond sans doute à une période beaucoup plus active et plus longue. 
On peut se poser la question sur l'origine des instruments de ce facteur. Il n'est pas question de remettre en cause sa qualité de fabricant, en revanche les nombreux instruments que possède le musée de la Couture-Boussey provenant de la Couture, notamment  des fifres, des clarinettes, des flûtes simples en buis nous font dire que F.E. Godfroy se fournissait en instruments courant dans les ateliers couturiotes. D'ailleurs nous pouvons confirmer cette hypothèse grace à deux flûtes de la collection Thicam dont les clés en argent portent des poinçons classiques des ateliers de la Couture.
Flûte à 5 clés en argent avec poinçon
papillon V et poinion de J.C. Carpentier.
(Collection Thicam GO1)
Les poinçons d'argent ne constituent pas une preuve absolue (on m'opposera classiquement qu'il pouvait se fournir en clés à La Couture), mais l'ensemble de ces points (caractéristiques, provenances des instruments du musée, poinçons d'argent) renforcent cette hypothèse. D'ailleurs ce phénomène est courant même pour des facteurs plus importants et même d'autres membres de la famille Godfroy dont les clés d'instruments portent alternativement des poinçons parisiens ou des poinçons de La Couture. Mais nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet dans notre "dictionnaire des poinçons d'argent trouvés sur les instruments de musique". (A paraître)

A partir de 1831 il remplace "Ainé" par "Fils" avec l'étoile à 5 pointes coupées.
Troisiéme marque à partir de 1831 à 1834-35.
Il participe en 1834 à l'exposition de Paris, pour la seule et unique fois ; le jury ne fera aucun commentaire sur les instruments présentés. Cette même année il déposera le 30 avril une demande de brevet de cinq ans, qu'il obtiendra le 22 août pour son système de ressort circulaire.
Texte du Brevet de 1834. (Source INPI)
Signature de F. E. Godfroy en 1834.

Une autre flûte munie de ce système est signalée dans l'ouvrage de T. Giannini : instruments à 9 clés en argent (j'aimerais voir les poinçons) en palissandre, bagues larges en argent portant le numéro 199 dans une boîte datée du 1er août 1835. Si vous en êtes l'heureux propriétaire manifestez-vous.
Flûte 9 clès.
Col. Privée
Il est difficile de voir sur ce scan les clés munies de ressorts circulaires. Donc à partir de 1834, il change sa marque pour y ajouter breveté et remplace ses initiales par un caducée.
Patte de la flûte collection
Thicam.
Son activité se ralentira progressivement jusqu'à son mariage le 26 septembre 1844, avec la soeur de son beau-frère, Elisabeth Joséphine Jeanne Mojana née à Amsterdam en 1781.
Tula Giannini dans son livre consacré aux familles Godfroy et Lot, se pose la question : "Pourquoi s'arrêta-t-il à 39 ans, pour devenir rentier en épousant une femme née la même année que sa mère ?"Je vous laisse répondre à cette question.
Votre avis : SVP ?
Le musée de la musique de la Couture-Boussey attribue cette marque à Frédéric Eléanor Godfroy. Qu'en pensez-vous?

Marque d'une clarinette du musée de La Couture-Boussey.