Ce Blog est destiné à favoriser la réalisation d'articles sur les facteurs, marchands de musique, luthiers, en mettant à disposition une collection de documents sur ces sujets.
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Si nous connaisons mieux aujourd'hui Claude LAURENT (1774-1849), facteur exceptionnel de flûtes en cristal, grace à la thése de Montserrat GASCON.........
Il n'en est pas de même pour son successeur Jean Dominique BRETON (1814-1874) également spécialiste de flûtes et d'embouchures en cristal.
Il est né le 7 janvier 1814 à Tilly dans les Yvelines à 20 km de Mantes la Jolie. Son père était marchand épicier dans cette petite ville.
On le retrouve, le 30 août 1835 à Oulins, à quelques km d' Ivry la Bataille pour ses fiançailles avec Marie Félicitée CHARANGER couturière. Il est alors orfèvre bijoutier, habitant Houdan dans les Yvelines. Mais visiblement le mariage n' eut pas lieu puisqu'une année plus tard, le 12 novembre 1836 il épousa à Pacy sur Eure la fille de son patron, Rosalie Elisa CARPENTIER (1816-1856). Dans l'acte il est précisé : " Ouvrier orfèvre bijoutier demeurant à Pacy sur Eure depuis sept mois chez Mr CARPENTIER ".
Donc il fabriquait des clés d'instruments de musique chez Jean Charles CARPENTIER (1782-1858), lui aussi orfèvre à Passy sur Eure pour les facteurs d'instruments de musique de la Couture-Boussey.
J.C. CARPENTIER avait enregistré son poinçon d'argent au bureau d'Evreux le 22 juillet 1812 et gérait l'ensemble de la production de clés, fabriquées par les clétiers de la région mais visiblement il en fabriquait lui-même, aidé par des ouvriers dans son atelier.
Plaque d'insculpation du bureau de garantie d'Evreux et poinçon de J.C. CARPENTIER
Lorsque l'on étudie la formation des clétiers on se rend compte qu'ils étaient plutôt mécaniciens de formation et spécialistes du métal, mais lorsqu'ils travaillaient l'argent ils étaient généralement orfèvres et cela s'accentuera encore lorsqu'il s'agira de réaliser des flûtes en argent. Ceci est valable pour des facteurs comme Bonneville, Rive etc... qui ont commencé leurs activités comme bijoutiers et fabriquaient des clés pour Godfroy ainé et Louis Lot avant de fabriquer des flûtes en métal et en argent. Dans leur métier d'orfèvre ils avaient pris l'habitude de poinçonner leurs ouvrages en argent.
En
1840, il est installé à Paris comme fabricant de clés d'instruments de musique
au 28 rue Jean Jacques Rousseau et remporte en 1844 une médaille de bronze pour
sa première participation à l'exposition de Paris pour ses flûtes, distinction
renouvelée en 1849. "Breton,
médaille de bronze 1844, flûtes Boehm grandes et petites, perfectionnées et de
différents modèles, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois de tous genres,
flageolets, etc….envoie en tous pays, J. J. Rousseau 28". (Bottin
1846)
C'est lui qui réalisera le clétage Boehm en argent de cette formidable flûte en cristal vert :
Flûte Boehm système 32 en cristal et argent de Claude LAURENT réalisée en 1844 (Collection Dayton Miller DCM11)
Il avait déposé son poinçon d'argent le 11 novembre 1840 à Paris.
Il existe également une autre flûte en cristal avec un système Boehm en argent. Daté de 1841 cet instrument appartient au Musée de la musique de Rome. Nous serions très intéressé de savoir si le clétage a été réalisé par J. D. BRETON ou par N.P. BELORGEY. Nous n'arrivons pas à contacter ce musée et n'arrivons pas à obtenir l'information. Si vous avez des contacts dans ce musée ou des informations sur cette flûte, vous pouvez nous aider.
Flûte cristal Boehm de C. LAURENT de 1841 du Musée de Rome.
Il participe dès 1844 à l'exposition de Paris et y présente des instruments qu'il fabrique : " grandes etpetites flûtes ". Il apparaît dès 1846 dans le Bottin non seulement pour la fabrique de clés d'instruments : " clefs nouveau et ancien système " mais également pour la fabrication d'instruments : " flûtes Boehm grandes et petites perfectionnées et de différents modèles, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois de tout genres, flageolets, 28 rue J.J. Rousseau ".
Hautbois à 11 clés de Breton. Coll. MIM de Bruxelles 1984 037
Il est présent à l'exposition de Paris en 1849 et présente une petite flûte Boehm. Il devait à cette période, sans doute plus être clétier que facteur puisqu'il apparaît dans le Bottin comme fabricant de clés. Nous avons répertorié des flûtes de Martin frères et de Thibouville portant un clétage de J. D. BRETON et correspondant à cette période (vers1845). Bien sûr il travaillait également pour Claude LAURENT en tant que clétier.
Il est à noter qu'avant 1850, c'est-à-dire avant le décès de Claude LAURENT (20 juin 1849) il ne mentionne jamais d'instruments ou d'embouchures en cristal dans ses publicités. C'est à partir du Bottin de 1850 que cette fabrication est nommée : " flûtes Boehm , gr et pet, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois, cors anglais, bassons et flageolets perfectionnés etc....garnitures intérieures et extérieures, instruments en cristal, becs de clarinettes et d'instruments de cuivre, flûtes de cristal de tout genre ....."
Nous pensons qu'il est excessif de dire que J.D BRETON a été l'éléve et le successeur de Claude LAURENT. Il a sans doute en collaborant avec lui dans la réalisation de clés, acquit un savoir-faire pour le travail du cristal, mais en fait cela ne devait pas lui poser beaucoup de problème puisqu'à l'origine il était bijoutier et orfèvre. De plus le départ de cette collaboration commence vers 1840, époque où C. LAURENT avait 66 ans et arrivait à la fin de sa carriére. Trois flûtes de Claude LAURENT portant une date à partir de 1840 (1841 flûte Boehm cristal, 1844 flûte Boehm cristal vert, 1844 flûte cristal à 8 et 9 clés du musée de Barcelone).
Si on considére cette collaboration entre C. LAURENT et J.D. BRETON au niveau des flûtes en cristal, on s'aperçoit qu'elle a été de très courte durée et principalement pour adapter un système Boehm sur cette flûte de cristal. Toutes les flûtes de C. LAURENT de 1837-38-39 ont des clés réalisées par Nicolas Paul BELORGEY (1803-1873). Seules les deux flûtes système Boehm en cristal de C. LAURENT semblent être le résultat de cette collaboration. Même si nous ne connaissons pas les poinçons d'argent de l'exemplaire du musée de Rome, les analogies de clétage nous laissent penser que le système Boehm en argent a été réalisé par J.D BRETON.
1841 Flûte Boehm du musée de Rome
1844 Coll DCM
La flûte cristal du musée de Barcelone à 8 et 9 clés, a été réalisé vers 1834, malgré la date 1844 gravée sur le tenon de la tête. La patte de Si comporte le P. lièvre 1819-1838 et le poinçon de
Chaudier. Un corps main gauche et une
patte de ré ont dû être réalisés vers
1844 par Breton puisque les tenons et les clés de ces deux
éléments portent les poinçons tête de sanglier et celui de Breton. (Museu de la Musica Barcelone)
Flûte du musée de Barcelone
Alors J.D BRETON successeur ou suiveur de Claude LAURENT ? Nous penchons pour la seconde hypothèse. D'ailleurs il n'a jamais fait mention dans ses publicités de la notion " d'éléve ", ni de " successeur", ce qui aurait pu lui apporter une certaine notoriété s'il l'avait été.
Le nombre de flûtes en cristal réalisé par J.D. BRETON est extrêmement limité. Nous en connaissons trois dont cette flûte à 9 clés de la collection Nydahl à Stockholm qui porte bien la marque de J.D Breton sur une bague et dont les clés comportent son poinçon (1840) également dont les bagues portent le poinçon de N.P. Belorgey vertical (1833-1843) et le poinçon tête de lièvre (1819-1838). Donc les bagues ont été faites entre 1833 et 1838.
Flûte à 9 clés de J.D Breton (coll. Nydahl de Stockholm)
J.D. BRETON aurait acheté des tubes et du matériel de l'atelier LAURENT aprés sa mort. Il existe une deuxième flûte en cristal vert dans la collection Dayton MILLER réalisée pour l'exposition universelle de 1862, ainsi qu'un piccolo systéme Boehm en cristal vert dérobé à André Bissonnet.
Flûte à 9 clés argent en cristal vert. (Coll. DCM)
Il avait eu une fille Marie Elisabeth née le 12 avril 1850 à Paris et son épouse est décédée à 39 ans le 28 janvier 1856 à Paris.
Le 1er octobre 1855 il obtint un brevet de 15 ans pour un Brevet " sur des perfectionnements apportés dans la perce et le mécanisme des flûtes ".
" Les parties modifiées et améliorées sont noircies, la flûte posséde une patte de Si.
A la modification de la clé de Sib (au pouce) présente un double avantage de mécanisme solide, léger élégant et la facilitéde couler rapidement de Si b au Si naturel. La dite clef de Si b se trouvant placée au dessous de la clé d'Ut ; le touché en est par conséquent plus naturel et plus facile ". etc......
Flûte à perce cylindrique de J.D. BRETON Avec détails de la nouvelle marque : Bréveté, clé de Dorus et clé de Si de pouce conforme au brevet. Coll. particulière.
Spécialiste d'embouchure de cuivre et de clarinette en cristal, il obtiendra deux nouveaux brevets de 15 ans : en 1858 pour " des perfectionnements apportés aux embouchures d'instruments à vent en général ". et en 1859 pour des " perfectionnements dans la fabrication de bec de clarinettes ".
Bec de saxhorn en cristal.
Embouchure en cristal bleu. (MIM Bruxelles)
Vers 1868 il déménage au 42 faubourg Saint Martin. A cette époque il vivait avec une certaine Mademoiselle Adéle Ursule DUVAL, célibataire et fabricante d'instruments à vent dont il fera sa légataire universelle dans un testament olographe rédigé le jour de sa mort le 5 octobre 1874 à Paris à son domicile 42 faubourg Saint Germain à Paris.
Testament du 5 octobre 1874
Qui était cette demoiselle, peut-être Adéle DUVAL née le 27 juillet 1828 à Pont Sainte Maxence dans l'Oise et décédée à Paris le 23 mai 1880. (à confirmer)
Bien sûr sa fille Marie Elisabeth BRETON, ouvrière en mode, 24 ans habitant 59 rue de Lanoy à Paris est là ainsi que Adéle DUVAL sa légataire universelle. L'appartement qu'il louait est petit : une cuisine (fenêtre sur cour), une pièce au-dessus avec fénêtre sur la rue, un vestibule donnant aussi sur la cour dans lequel on trouve un petit orgue dans une caisse en acajou avec un pupitre à musique, et une chambre à coucher.
Les experts chargés d'évaluer " le matériel, agencement du fonds de commerce de fabricant de musique exploité par feu Mr BRETON dans l'atelier éclairé sur la rue par deux fenêtres " furent Mrs Martin THIBOUVILLE " fabricant d'instruments de Musique 69 rue d'Argout à Paris " (Martin (II) THIBOUVILLE (1792-1878) et Louis Emile Jérome THIBOUVILLE (1833-1902) fabricant d'instruments de musique 31 Bd de Montmorency à Paris ".
+ Un poële en fonte et un tuyau en fonte 3 frs
+ Une meule et sa monture en bois 2 frs
+ Un tour avec ses outils et accessoires 2 frs
+ Un établi à travailler et une presse à marquer
avec un vieux banc à tirer 25 frs
+ Un étau en fer sur un billot en bois, un petit souflet
de forge, deux lampes à tringles, une fontaine,
boites et menus objets 12 frs
Marchandises et outils :
+ Deux flûtes en cristal, un flageolet, une clarinette
et quatre autres flûtes de diverses grandeurs et
divers accessoires. 140 frs
+ 5 étuis pour instruments de musique 3 frs
+ Un instrument en cuivre 12 frs
+ Un lot de tubes en métal et en bois 12 frs
+ Un lot d'instruments en bois 1 frs
+ 4 tubes en verre et parties de vieux instruments
un lot d'outils 60 frs
+ Un lot de becs en cristal 15 frs
+ Un autre lot de becs en cristal 50 frs
+ Un lot de tiges en cuivre pour embouchures 20 frs
+ 13 moules en fer pour embouchures et autres
ustenciles pour la fonte des becs 700 frs
Estimation du fond de commerce.
Compte tenu du chiffre d'affaire et des clients le fond de commerce est estimé à 0 frs
Visiblement J.B. BRETON n'avait pas fait " fortune " et vivait sans doute d'expédient à la fin de sa vie. " il n'y avait aucun argent dans la caisse, aucune commandes non payées seulement des dettes (il devait 270.75 frs à Martin THIBOUVILLE) et avait gagé au Mont-de- Piété sa montre en or......Les seuls éléments de valeurs dans cet inventaire sont les moules qui servaient à faire les embouchures ". Effectivement les instruments portant la marque de BRETON sont rares dans les collections actuelles.
Flûte en argent massif de Breton Collection RP
Pour la petite histoire sa fille Marie Elisabeth BRETON avait pour compagnon William STAR anglais artiste de cirque.
Et c'est leur fille Louise Star née en 1871 à Cherbourg qui jouait le rôle de trapéziste dans le numéro fait avec son père.
Les articles concernant les poinçons d'argent français des instruments de musique sont très peu nombreux voir quasi inexistants. Le seul que nous connaissons est celui de Guy LAURENT, célèbre commissaire priseur de Vichy, publié dans le LARIGOT N°7 de mars 1990. Pourtant ces poinçons même s'ils sont peu fréquents et surtout rencontrés sur les clés de flûtes, sont d'un grand intérêt. Nous venons d'en faire l'expérience lors de notre travail sur les flûtes de NONON et TULOU ; ces poinçons nous ont permis de mieux dater les instruments portant la marque TULOU au célèbre rossignol, marque utilisée de 1831 au environ de 1930, c'est à dire pendant plus d'un siècle.
Marque d'une flûte de Tulou.
Pour en savoir plus sur TULOU et NONON cliquez sur ce lien : Article TULOU-NONON
D'ailleurs depuis la publication de cet article nous avons progressé dans nos découvertes, et nous allons publié dans un prochain Larigot un article beaucoup plus complet.
Rare sont les descriptions d'instruments dans les musées, les collections, les ventes spécialisées qui précisent ces poinçons. Il est vrai qu'ils sont parfois difficile à lire, à photographier car bien souvent cachés par la saleté des ans, ou écrasés lors de leur application. Néanmoins aujourd'hui avec les progrès de la photographie et une certaine habitude il est tout à fait possible de les décrire.
A la suite de cette expérience nous avons décidé avec Guy LAURENT de réaliser un document qui aura pour but de recenser les poinçons d'argent rencontrés sur les instruments de musique. Pour cela nous avons besoin de votre aide. Comment pouvez vous nous aider ? Tout simplement en nous envoyant les photos des poinçons d'argent que vous avez trouvé sur vos instruments. D'avance nous vous remercions de votre aide.
Guy LAURENT nous a autorisé à reproduire son article de mars 1990. "L'argent depuis toujours est considéré comme un métal précieux, noble. Bien qu'il soit relativement répandu sur la surface du globe, il a toujours été le signe de richesse et puissance à l'instar de l'or. Louis XIV possédait un mobilier avec des consoles, des pots à orangers en argent massif ; le but était décoratif mais il cherchait aussi à montrer sa puissance, sa magnificence auprès de toutes les cours européennes.
Page de couverture du catalogue de l'exposition de Versailles de 2007.
Dans le domaine qui nous intéresse on connaît en fait que peu d'instruments de musique à vent en argent massif ; des cors, des flûtes ont été fabriquées en argent massif mais cela reste l'exception. Ce que l'on rencontre plus fréquemment ce sont des parties d'instruments qui sont en argent, soit des clés, soit des têtes de flûtes, soit des bagues, soit des pavillons.
Flûte de Louis Lot en argent massif. (David Shorey)
Toutefois, l'argent trop malléable ne peut être employé complètement pur. Sa dureté de 2,7 dans l'échelle de Mohr peut être augmentée par l'adjonction de métal accessoire, le cuivre pour la plupart du temps. Dès lors le problème est de savoir quand est-on en présence d'argent ou de métal argenté ou d'alliage. Dans pratiquement tous les pays, la limite de 800/1000 a été adopté pour faire admettre l'appellation argent massif. Dans certain pays comme la France, il a été fait une distinction plus fine, c'est à dire que l'on reconnaît deux titres d'argent. Le premier titre avec 950/1000 d'argent et le deuxième titre avec 800/1000 d'argent. Pour garantir ce titre on insculpe un poinçon rendu obligatoire par le législateur.
Poinçons de titre d'argent au "premier coq" utilisés en France de 1798 à 1809
et au "second coq" utilisés de 1809 à 1819.
Poinçons de titre d'argent "au vieillard" utilisés de 1819 à 1838.
Poinçons à la minerve utilisés de 1838 à nos jours.
L'origine du poinçon de garantie remonte à une ordonnance royale de 1275, mais dans notre espèce le poinçonnage avant le XVIII ème n'a pas d'intérêt puisqu'il n'existe pratiquement pas d'instruments à vent en argent. Au XVIII ème siècle existe en France un système de poinçonnage extrêmement précis composé de 4 poinçons qui permettent de dater à 1 an près la pièce concernée, toutefois ce sont de gros poinçons et ils ne pouvaient être insculpés sur des pièces d'instruments comme par exemple des clés de flûtes sans les détériorer. On ne peut donc trouver en pratique, lorsque ces pièces sont poinçonnées que le quatrième poinçon dit de "recense" qui varie selon la région et l'époque. Il figure soit un animal soit un objet, mais trop nombreux ils ne peuvent tous figurés ici.
Quelques exemples de poinçons de "recense" pour la ville de Paris.
A partir du début du XIX ème siècle avec la révolution, le système change et les poinçons aussi. Cette période est certainement la plus intéressante pour les collectionneurs car elle permet une datation précise. On trouve souvent sur les clés un petit poinçon relativement facilement datable. Par exemple sur une flûte de Claude LAURENT (Flûte en cristal) datée 1819 on retrouve le poinçon du faisceau avec hache au milieu ce qui aurait permis si nécessaire de dater l'instrument entre 1809 et 1819.
XIX ème et XX siècle : poinçons fréquemment rencontrés, particulièrement sur les flûtes en argent et sur les parties d'instruments, comme les clés de flûtes.
Deux poinçons généralement marquent ces objets : le poinçon dit de "Petite garantie" et celui losangique de l'orfèvre ou du fabricant. Ces poinçons seront appliqués pour "les clés d'instruments de musique : au gré du fabricant et de manière à ne pas les fausser". (Points d'application des poinçons français d'après le catalogue de 1838)
Poinçons de "petite garantie".
En usage de 1798 à 1809 : Un faisceau avec listel
En usage de 1809 à 1819 : Un faisceau avec hache au milieu à gauche, avec listel : Pour Paris.
Un faisceau avec hache en haut à droite, avec listel : Pour les Départements.
En usage de 1819 à 1838 : Tête de lièvre pour Paris.
Pour les régions : 9 poinçons différents.
La date de 1838 est très importante pour les poinçons puisque ce sont ceux qui sont encore utilisés actuellement. De 1838 à aujourd'hui : La tête de sanglier en usage pour Paris de 1838 jusque vers les années 1980 :
Le crabe en usage depuis 1838 et toujours en vigueur.
Le charançon dans un rectangle en usage depuis 1893 indiquant une provenance étrangère.
Le cygne en usage depuis le 1er juillet 1893 sur tous les objets en argent dont on ne connaît pas l'origine en particulier lorsque l'objet est vendu aux enchères publiques et revendu.
Les poinçons losangiques d'orfèvres et de fabricants. C'est principalement ces poinçons que nous souhaitons répertorier, puisque vous l'avez compris les poinçons de petite garantie sont identiques quelque soit le fabricant. Si le poinçon de petite garantie va nous aider pour la datation des instruments, le poinçon d'orfèvre va permettre de mieux comprendre le travail du facteur, car dans la plupart des cas celui-ci ne fabriquait pas lui même les parties métalliques principalement les clés, particulièrement dans la première partie du XIX ème. Il avait recours à un orfèvre, un serrurier, un mécanicien....à un clétier : Par exemple Claude LAURENT en 1822 pour la réalisation d'une flûte :
Bouchon en argent d'une flûte datée de 1822 par Claude Laurent.
(David Shorey)
On reconnaît sur la photo ci-dessus le poinçon de "petite garantie" tête de lièvre (1819-1838) et le poinçon de Jean DUPIN et fils serrurier qui était situé prés du Palais Royal à coté de Laurent au 7 rue des Orties. Pour tout connaître sur ces merveilleuses flûtes en cristal de Claude Laurent : lire la thése de Montserrat Gascon :"Une flûte en cristal". Els instruments de vidre de Claude Laurent (1774-1849). Tesi
doctoral. Universitat Autònoma de Barcelona, 2017. Cliquez pour découvrir le site de Montserrat Gascon
Pour les flûtes portant la marque "TULOU", les poinçons nous ont donné du fil à retordre.
Poinçons d'une flûte à 5 clés de Tulou. (Musée de Bruxelles)
On reconnaît bien la tête de lièvre situant la flûte avant 1838 et le poinçon "d'orfèvre ?
Poinçon "P#B" vertical.
Ce poinçon est identique à celui d'une de mes flûtes Tulou datée de 1844, mais le poinçon d'orfèvre est dans le sens horizontal et celui de petite garantie est la tête de sanglier donc après 1838.
Poinçons d'une flûte Tulou à 5 clés datée de 1844. (René PIERRE)
Avec l'aide de Peter SPOHR et d'Anne PUSTLAUK (Merci à eux pour leur collaboration et leur travail), nous avons trouvé que ces poinçons appartenaient à Paul Nicolas BELORGEY mécanicien: " Belorgey Aîné, facteur de clefs d'instruments de musique, fabrique tout ce qui a rapport aux garnitures intérieures et extérieures des instruments ; tire toute espèce de tubes à l'usage des facteurs, 32 rue du Petit Carreau". (Bottin 1840)
Dictionnaire des poinçons de fabricants d'ouvrage d'or et d'argent. Paris 1798-1838. (1)
BELORGEY Aîné était aussi "pistonnier", il collabora avec Antoine Halary et obtiendra deux brevets. Il fera faillite en 1862. Son fils Jules Alexis BELORGEY Fils " fabricant de mécanismes pour instruments de musique en bois et en cuivre" sera "spécialiste pour le genre Boehm 16 Faubourg Saint Denis, maison du cheval blanc prés le boulevard". (Almanach Cambon 1864)
Ce point met en évidence le rôle essentiel tenu par ces mécaniciens, complètement inconnus actuellement qui ont été très actifs dans l'évolution des instruments à vent comme nous avons pu le voir dans notre article sur C.H. FELIX (cliquez sur ce lien pour lire l'article :C.H Félix.) Outre Belorgey et Félix, il y en avait bien d'autres à Paris : BAGNE Aîné, clefs et garnitures d'instruments en cuivre ou en bois, passage du Grand Cerf. DROUELLE, fabricant de clefs en tout genre et pistons, 58 Faubourg Saint Martin. CHAUDIER, clés pour instruments 18 place Dauphine. CHAUMET, 5 rue Mauconseil. SASSAIGNE, f. Clefs en tout genre et pistons, Fg-St-Martin, 60. BODOUL, clés pour instruments, 20 rue de la Petite Friperie.
(1) 1838-1875
Joseph Dominique BRETON successeur de Claude LAURENT s'était aussi spécialisé dans la fabrication de clés: "Breton, clefs nouveau et anciens système et instruments à vent. 28 rue J.J. Rousseau.
(1) 1838-1875.
L'on comprend mieux pourquoi certaines flûtes portant des marques différentes pouvaient avoir "un air de famille" malgré des facteurs différents ; dans cette première partie du XIX ème les facteurs ce fournissaient en "garnitures" chez des clétiers communs. C'est donc le cas pour NONON qui pendant toute la période où il était contremaître chez TULOU se fournissait en clefs , en garnitures et en tube pour ses flûtes chez BELORGEY. (à confirmer)
Nous n'avons pas encore abordé la Province, particulièrement La Couture Boussey, haut lieu de fabrication d'instruments à vent. Le principe était sans doute le même mais il va être plus compliqué de déterminer les clétiers car nous ne savons pas s'ils ont été répertorié. Comme par exemple, avec cette flûte à 5 clés de Nicolas THIBOUVILLE.
Flûte de Nicolas Thibouville
Le poinçon de petite garantie au papillon situe la fabrication des clefs dans la région nord (sans doute la région de La Couture ) et donne la période 1819 à 1838. Le poinçon d'orfèvre est inconnu "N.L", est il de La Couture ? Pour d'autres régions de province, pour l'Alsace que nous connaissons bien nous n'avons jamais vu d'instruments ou partie d'instruments poinçonnée, pour Lyon ? A vous de nous dire ? Mais tous ces points sont à éclaircir. Juste une petite énigme pour terminer sur la province. Une flûte de notre collection de SECRETAN à Besançon est munie d'une clé en argent ; voici son poinçon. Qu'en pensez vous?
Poinçons d'orfèvre ou de fabricant dans la deuxième partie du XIX ème.
Si nous reprenons les flûtes de TULOU, à partir de 1853 NONON quitte TULOU pour s'installer au 8 rue Rochechouart. Dès 1854 il possède son propre poinçon.
Dés le départ de NONON (1853), TULOU passe un accord avec Pierre Louis GAUTROT dit GAUTROT Aîné pour la fabrication de ses instruments. Dés 1853 Gautrot Aîné possède son poinçon personnel qui sera apposé sur les clés en argent des flûtes portant la marque TULOU, en particulier sur les flûtes perfectionnées à clétage argent. Tous les instruments de cette période porterons en plus de la marque un numéro. Nous pensons que ces instruments ont été fabriqués par l'atelier Gautrot Aîné et vendus sous la marque Tulou. Une autre hypothèse serait que Gautrot était fournisseur de clés pour un pseudo atelier de Tulou, cette hypothèse est très peu probable car dès 1854 la maison TULOU apparaît dans le Bottin,
uniquement dans l’annonce GAUTROT Aîné.
Il semble qu'à partir de la deuxième partie du XIX ème siècle, les facteurs avaient leurs propres poinçons peut être avaient ils dans leurs ateliers un mécanicien ? C'était le cas pour Jacques LABBAYE,
MARTIN Frères :
Paul BIE :
Simon LEFEVRE :
Auguste BUFFET :
TOURNIER et GOUMAS :
Ce principe a continué après 1875, c'est ainsi que les flûtes LOT de 1876 vers 1904 portent le poinçon de H.D VILLETTE, puis après celui de E. CHAMBILLE;
Auguste BONNEVILLE avait son poinçon etc........
Vous voyez il y a encore du travail à faire dans ce domaine, Donc merci pour vos envois de photos de poinçons et merci pour votre aide.
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