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vendredi 25 novembre 2016

"DARCHE, une famille de luthiers de Mirecourt et Bruxelles mais aussi facteur d'instruments à vent à Paris". "DARCHE, stringed-instrument makers' family of Mirecourt and Brussels but also wood wind musical instruments makers in Paris.

Si je connaissais le nom de "DARCHE"  comme celui de luthiers de Bruxelles bien connus grâce  aux travaux de Malou HAINE, en revanche je n'arrivais pas à voir la relation avec de nombreux instruments à vent portant une marque de "Darche à Paris". Bien sur de nombreux articles mentionnaient l'intérêt de Claude François DARCHE, luthier à Bruxelles, pour " la facture de trompettes"........Ah oui ?.....Et puis en rédigeant l'article sur les trompettes du retour des cendres de Napoléon portant la marque de "Darche à Paris fournisseur des théâtres et des concerts".... je me suis décidé à faire mon enquête.
Pour voir l'article cliquez sur ce lien.
Cette famille de luthiers, de facteurs d’instruments et de marchands de musique originaire de Mirecourt est l'un des bons exemples montrant le rayonnement de cette petite ville des Vosges, creuset de cette tradition artisanale qui a permis à tant d'enfants de cultivateurs vosgiens de réussir dans le domaine de la facture instrumentale et de devenir de "grands bourgeois". L'exemple de cette famille montrera qu'il est tout à fait réducteur de cantonner Mirecourt à la seule lutherie.
Mirecourt la rue principale vers 1900.
Généalogie Darche. (Cliquez sur le document pour l'agrandir et le lire)

Tout commence par Jacques DARCHE (1726-1789) vigneron à Mirecourt qui aura  avec son épouse Françoise HUSSARD (1730-1783), au moins deux fils : Dominique DARCHE (1750-1816) et Noël DARCHE (1764-1814) qui seront à l’origine de cette lignée de luthiers et facteurs d’instruments.
Branche de Dominique DARCHE, des luthiers bruxellois.
(Informations provenant du dictionnaire des facteurs de musique de Malou HAINE)  

Vigneron, Dominique DARCHE a épousé en 1779 à Rainville dans les Vosges, Geneviève FONTAINE (1757- 1814) dont il a eu plusieurs enfants dont Nicolas DARCHE (1771-1850) vigneron et luthier à Mattaincourt qui se mariera trois fois et auras de ces trois mariages au moins quatorze enfants. Nicolas DARCHE de son second mariage en 1810 à Mirecourt avec  Françoise VUILLAUME (1776-1820) aura quatre enfants dont Noé DARCHE dit Nicolas  qui sera luthier à Aix la Chapelle en Allemagne. Françoise VUILLAUME était la sœur de Claude Françoise VUILLAUME (1772-1834), père des ceux célèbres luthiers, Nicolas François et Jean Baptiste.
Nicolas François VUILLAUME (1802-1876)
luthier à Bruxelles.
Malou HAINE dans son dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Belgique signale la naissance de Nicolas DARCHE fils en 1815. Effectivement il y a bien un fils Nicolas Claude né le 2 mars 1815 à Mattaincourt né du couple N. DARCHE et F. VUILLAUME mais celui-ci ne vivra que 7 jours.
Marque de N. DARCHE.
En fait Noé dit Nicolas DARCHE est né à Mattaincourt  le 18 novembre 1811 et débutât son apprentissage de luthier à Mirecourt avant de partir vers 1835, à Bruxelles chez son cousin Nicolas François VUILLAUME (1802-1876) (frère du célèbre Jean Baptiste VUILLAUME (1798-1875) pour continuer son apprentissage. En 1840 il s’installa comme luthier à Aix la Chapelle où il restera jusqu’à sa mort en 1872. Il participa en 1842 à l’exposition de Frankfort.
Violon de Nicolas DARCHE à Aix la Chapelle de 1841.
Pour son troisième mariage Nicolas DARCHE, vigneron et luthier à Mirecourt, épousa en 1821 à Mazirot (88) Agathe ETIENNE (1789-1852) avec laquelle il aura 7 enfants dont : Charles Claude François DARCHE (1824-1874). Comme ses frères il se forme d’abord à Mirecourt, puis chez André  Augustin  CHEVRIER  luthier à Bruxelles et ensuite chez son cousin Nicolas François VUILLAUME, chez qui il travaille avant de s’installer et de créer son propre atelier en 1845 à Bruxelles.
Étiquette de Charles Claude François DARCHE (CCFD) 
Il reprend en 1847 l’atelier de Jean Dominique BASTIEN au 4 rue d’Or à Bruxelles et en 1849 il s’établit dans les galeries Saint Hubert, au 4 passage des Princes. En 1854 il s’associe avec son frère Jacques Joseph DARCHE sous la raison sociale : « Darche frères ».  Cette association cessera à la mort de Jacques Joseph en 1867. Il travaille jusqu’à sa mort à Bruxelles en 1874. Sa marque C.C.F.D. sera utilisée par son neveu après sa mort. François Darche était un luthier de qualité qui reçut des prix aux expositions de Londres et de Paris. 
Violon de C.C.F. DARCHE. (Musée de Bruxelles)
Violon expérimental de C.C.F. DARCHE (Musée de Bruxelles)
Son fils Paul DARCHE (1846-1881) succéda à son père. Il avait fait son apprentissage d’abord à Mirecourt puis chez son père. Il est difficile de différencier son travail de celui de son père.  Jacques Joseph DARCHE (1832-1867) est le frère de Charles Claude François Darche et le demi –frère de Nicolas DARCHE. Comme ses frères il fit son apprentissage à Mirecourt, puis chez Nicolas François VUILLAUME. En 1854 il s’associe à son frère Claude François pour créer la Maison "DARCHE Frères".
Violon de DARCHE Frères.
Excellent luthier, sa mort prématurée à 34 ans ne lui permit pas de connaitre la notoriété. Son fils Auguste Hilaire DARCHE né à Bruxelles en 1862, fait son apprentissage à Mirecourt chez Gaillard et  chez Nicolas Aîné. Il travaille sans doute avec son cousin Paul DARCHE avant de s’installer en 1886 à son compte 20 rue de la montagne où en plus de la lutherie il vend des pianos, harmoniums, orgues et accordéons. Il s’associe en 1894 avec son frère Joseph DARCHE pour recréer la Maison "Darche Frères". En 1900 Hilaire Darche pose sa candidature, sous le nom de « C.F. Darche » au titre de luthier du conservatoire royal de Bruxelles.

Les deux frères  fondent le « Prix Darche Frères » qui récompense alternativement les meilleurs élèves des classes de piano et de violon du conservatoire de musique de Bruxelles.
Viola d'amore d'Hilaire DARCHE de 1913
Darche Frères n’existe plus après 1905. Hilaire Darche cesse ses activités en 1915 et son atelier est repris par son gendre Auguste LAGARENNE (1889-1928) luthier né à Mirecourt, formé chez Derazey à Mirecourt,  collaborateur d'Hilaire avant de devenir son gendre. Hilaire Darche décède le 24 avril 1929 à Ixelles. Son frère Joseph DARCHE est né à Bruxelles en 1863. Il sera facteur et marchand de pianos, en particulier de pianos mécaniques. En 1894 il s’associe avec son frère Hilaire pour recréer la Maison Darche Frères. Il s’occupait, en plus de la facture de pianos, de la partie commerciale de la société.
Il est décédé en 1949 à Bruxelles. (Source : Malou Haine ; dictionnaire des facteurs de musique).
Nous venons d'évoquer la branche  issue  de Dominique Darche, comportant des luthiers installés à Bruxelles et à Aix la Chapelle. Nous allons maintenant évoquer la branche parisienne issue de Noël Darche. Il ne semble pas avoir eu, d'activités commerciales entre ces deux branches.


Branche de Noël DARCHE, des marchands et facteurs parisiens.


Noël DARCHE est né le 24 décembre 1764 à Florémont dans les Vosges et sera vigneron. Il épouse en 1791 Elisabeth FLORENTIN (1764-1804), mariage duquel naîtrons au moins deux enfants. Anne Marie Joséphine DARCHE (1791-1844) qui épousera le luthier de Mirecourt Dominique HENRY (1791-1860) ; ce couple aura 11 enfants, dont Eugène Léopold HENRY  (1819-1885), qui reprendra la Maison Darche à Paris. Claude DARCHE (1795-1830) qui sera luthier à Mirecourt et qui épousera  Rose CHEVRIER (1794- ?), sœur de Claude CHEVRIER (1798-1878) luthier à Mirecourt. Noël DARCHE épousera en secondes noces en 1806 Marguerite Boulanger (1770-1851) et ils auront un fils Jean Nicolas DARCHE qui naît à Mirecourt le 12 décembre 1806. 
C’est lui qui créa la Maison DARCHE à Paris.

Si on connait bien, les luthiers bruxellois de la famille Darche grâce au travail de Malou Haine, cette branche parisienne prête à confusions dans les différents ouvrages traitant de l’activité de la Maison Darche à Paris.
Signature de Jean Nicolas DARCHE (1806-1878)

Jean Nicolas Darche arrive à Paris vers 1825 et travaille avec Claude Hippolyte COLLIN (1766-1831) luthier et marchand d’instruments de musique à Paris. La première mention de ce luthier dans les annuaires parisiens est en 1799 : « COLLIN luthier rue des Fossés Montmartre 341 ».

Guitare à 8 cordes, vers 1795  faite et modifiée en 1811
 par Hippolyte Collin. (Collection Sinier de Ridder) 

Étiquette de la guitare précédente.

Dans notre ancien article sur Darche, nous disions que ce facteur "faisait polémique parmi les spécialistes de lutherie. Selon certains il serait né à Mirecourt vers 1785 ? Mais nous ne l'avons pas trouvé dans les archives des Vosges. D'autres donnent sa date de naissance le 13 août 1766 à Suippes dans la Marne". En fait aujourd'hui, grace au travail de Thierry MANIGUET, conservateur au Musée de la Musique de Paris, ce mystére est résolu.
Claude Hippolyte COLLIN est né à Suippes le 13 août 1766 et décédé à Paris le 18 juin 1831. Nous avons également trouvé un inventaire aprés décés et nous ferons prochainement un article spécifique sur ce luthier et son fils Jean Baptiste Hippolyte COLLIN (1797-1879). Un grand merci à Thierry pour son travail.

Autre énigme relevée dans notre précédent article

"Une autre zone d’ombre, c’est le mariage de Jean Nicolas DARCHE avec la fille d’Hippolyte COLLIN (voir l’annonce de l’annuaire Bottin  à partir de 1836 « Darche gendre et successeur de Collin ». Mais Jean Nicolas Darche épouse le 23 janvier 1836 à Paris Alexandrine Elisa KAINDLER (1819-1836) qui décédera le 9 novembre 1836 à Paris  à 17 ans".

En fait la fille d'Hippolyte COLLIN, était plutot la belle fille de Jean Baptiste Hippolyte COLLIN (le fils) : Alexandrine Elisa KAINDLER (1819-1836), fille de Joséphine Marthe LEFORT (1799-1879), épouse du dit J.B.H. COLLIN....(vous suivez ???), fille d'un premier mariage avec le sieur Mayeul KAINDLER. (ouf.....avez vous compris, non alors recommencez). (Source Thierry Maniguet)
Il se marrie pour la troisième fois le 3 juin 1837 à Notre Dame des Victoires à Paris avec Suzanne Augustine FISCHER (1816-1887) ; ils auront ensemble au moins une fille Marie Catherine DARCHE née en 1838. (Source Bernard Tournier) 
Almanach des spectacles 1837-1838
Jean Nicolas DARCHE fait feu de tout bois, ses annonces publicitaires montrent qu'il peut fournir tous types d'instruments "...en cuivre fournit la musique militaire", "En lutherie : fournisseur des Théâtres et des concerts", "..Tam-tams et Cymbales turques", associés à GRANJON il fournit des "orgues d'églises et d'accompagnement". (Il s'agit sans doute d'un membre de la famille Granjon, famille de Luthiers à Mirecourt). En 1839, Darche et Granjon présente à l'exposition de Paris : "....des orgues d'églises et un clavier transpositeur..."
Quinticlave Darche. (Collection Bruno Kampmann)

En 1840 il réalise en collaboration avec le trompettiste Schiltz les trompettes droites naturelles utilisées lors du retour des cendres de Napoléon.
Trompettes retour des cendres. (Vente Fontainebleau 2014)
En 1841 il propose une de ses inventions : des flageolets à clavier.
En 1843 il obtient le 24 décembre, un brevet de cinq ans pour « une nouvelle grosse caisse et caisse claire » pouvant servir de timbales d’harmonies.
Shéma du brevet de 1843.
En 1844 il est présent à l’exposition de Paris et présente des orgues d’églises, des timbales et des grosses caisses.  Il signe en 1845 une lettre adressée au ministère de la guerre pour protester contre l’hégémonie de Sax.
Il obtient un nouveau brevet  le 6 octobre 1846 pour « un clavier transpositeur à pistons applicable à tous les instruments à clavier ». 
Shéma du clavier transpositeur ouvert.
Shéma du clavier transpositeur fermé.

Il vendait également des pianos et des instruments à vent ; étaient-ils fabriqués à Mirecourt ? Les pianos pouvaient être fabriqués par Rémy-Genin à Mirecourt ?
Clarinette basse de Darche.
(Musée de la musique de Stockholm.
De nouveau il obtient un brevet en janvier 1848 pour l’invention « d'un instrument dit trompette signal propre à faire des signaux sur mer et sur les chemins de fer »….c’est à dire il invente la corne de brume !!!
Shéma de la trompette signal de 1848.
A l’exposition de 1849 à Paris il obtient une médaille d’honneur pour des trompettes et des trompettes chromatiques.
Cornet à 3 pistons. (Musée de la musique de Paris)
Marque d’une clarinette 6 clés. (Collection de William Rousselet)


Marque d’une clarinette 12 clés (Collection William Rousselet)


En 1855 au moment où il passe "le relais" à son neveu Eugéne Léopold HENRY (1819-1872), associé à Jules David MARTIN (1826-1874), ils passent un accord avec Adolphe SAX le premier janvier pour fabriquer des saxhorns et des saxotrombas sous licence Sax. Ils seront les premiers à obtenir une licence. 
Clarinette 14 clès. (William Petit)
Clarinette 13 clès. (Ebay)

Jean Nicolas Darche décédera le 10 septembre 1885 à 78 ans à son domicile du 16iéme arrondissement de Paris, rue Raynouard. C’est donc  son neveu Eugène Henry associé à Jules Martin qui vont lui succéder. Ils resteront jusqu’en 1859 au 7 rue des Fossés Montmartre, avant de s’installer au 73 rue de Rivoli.

Cornet à 3 pistons de Henry et Martin.
Jules David MARTIN (1826-1874) n’était pas, comme on l’affirme souvent, le neveu de Jean Nicolas DARCHE. Il était le fils de David Alexandre MARTIN (1801-1874) concierge de l’hôtel de ville de Paris.
Portrait de Jules David Martin. (Source site de Bernard Tournier)
Il avait épousé en 1849 à Brest la fille d’un professeur de musique, Jeanne MERCKEL(1829-1900) avec qui il aura huit enfants. En fait s’ils étaient associés c’est qu’ils avaient inventé ensemble un système à cylindre adaptable à tous types de pianos, pouvant jouer automatiquement. Ils avaient obtenu le 11 décembre 1854 un brevet de 15 ans.
Schéma du brevet de 1854. (Cliquez pour agrandir)
Synthèse exposition de Paris 1855
Clarinette E. Henry & J. Martin. (Collection W. Rousselet)
Ils participent à l’exposition de Londres de 1862 et en 1865 Eugène Henry quitte l’entreprise alors que Jules Martin continue à diriger l’entreprise. (Eugène Henry décédera le 18 août 1872 à Montrouge). « Jules MARTIN, plus artiste qu'entrepreneur, fut l'ami de nombreux musiciens, concourut brillamment lors de plusieurs expositions internationales (Londres, 1862; Paris, 1867 etc.). Toutefois à sa mort, survenue en 1874, l'entreprise fondée en 1780 par COLLIN à Paris, rue des Fossés-Montmartre, était criblée de dettes ». (Source Bernard Tournier)
Cornet à pistons Henry et Martin. (Vichy 12 2014)
« Son gendre, Joseph Alexis TOURNIER (1842-1920), entré en 1866 comme comptable dans l'entreprise, la reprise en octobre 1874, et la redressa en quelques années. Il en fit, d'après le musicologue Constant PIERRE, une maison dont une des spécialités était "la location d'instruments pour théâtres, concerts, soirées, etc. Toutes les variétés d'instruments se [trouvant] dans cette maison"("jusqu'aux bruits d'éperons" a commenté Joseph TOURNIER) ». 
Joseph Alexis Tournier. (Source B. Tournier)
« Joseph TOURNIER mit d'ailleurs au point, en collaboration avec des compositeurs et chefs d'orchestres, un certain nombre d'instruments de bruitage. Par ailleurs, le Musée du Conservatoire de Paris possède une guitare ayant appartenu à Camille SAINT-SAENS et sortant de ses ateliers ».
Guitare J. Tournier du conservatoire de la musique.

« Sous la direction de J. Tournier, administrateur de premier ordre, travailleur inlassable, commerçant consciencieux et humain que de directeurs de théâtres et de chefs d'orchestres il a aidés et encouragés à leurs débuts, cette maison a pris une extension considérable et s'est fait une spécialité de la location d'instruments pour théâtres, concerts, soirées, etc. Toutes les variétés d'instruments, jusqu'aux bruits d'éperons» s'y trouvent en quantité innombrable: il n'y a pas moins de 300 contrebasses en magasin. Cette maison plus que centenaire continuera longtemps sous la même raison sociale car J. Tournier, père de sept enfants, les a tous faits musiciens et les a élevés dans l'idée (de les voir continuer les bonnes traditions qui ont fait sa réputation : Paul est facteur de pianos et accordeur, Henri est violoncelliste et luthier, Marcel est harpiste, 1er prix du Conservatoire (1899), Jean est cor, André hautbois, et ses deux aimables filles sont collaboratrices et caissières dans la maison ; et tout ce monde joue du piano par-dessus le marché. J. Tournier est fournisseur de la Société des Concerts, de l'Opéra, des Concerts Colonne de la fondation à 1 809 ».

Jules Tournier avait épousé en 1870 Marie Julie MARTIN (1852-1939) ; ils ont eu 7 enfants :

Paul Jules TOURNIER (1871-1949) est né à Paris ; « il a travaillé 5 ans chez Jean Mussard  comme ouvrier, dans toutes les parties du piano" d'après son père (1901)Domicilié à Paris, 17 rue Cavé en 1904 et 4 bd St Martin en 1921, il était associé de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER".


Henri Charles TOURNIER (1874-1948) : " Il avait travaillé la lutherie chez son père avec G.Fillion, luthier actuellement établi à Strasbourg" (note manuscrite de Joseph Alexis Tournier, 1901). Associé de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER", entreprise située à Paris 4 Bd St-Martin, puis 49 rue de Rome. Domicilié à Paris, 4 Bd Saint-Martin puis 9 bd Beaumarchais (en 1904), au Raincy, bd Thiers (en 1907), à Paris, 28 rue de Paradis (en 1921), à Barbizon "la Sauvagère". Violoncelliste, élève de Charles Baretti puis de Jules Victor Marnef (°Namur, 16.05.1874)".

Henri Charles Tournier dans son magasin 49 rue de Rome.
(Source B. Tournier)

De son mariage avec Hortense Peléeheid (1877-1954) il eut un fils Claude Joseph TOURNIER (1904-1992) qui « fut un des spécialistes éminents de la contrebasse, et son atelier situé à Paris 22 rue de Paradis, le plus connu de tous les contrebassistes du monde, avant la cessation définitive de ses activités en 1970 ».
Claude Joseph Tournier dans le magasin de son père.
(Source B. Tournier)
Marcel Lucien TOURNIER (1879-1951) : «  il s'oriente vers la harpe et fut l'élève d'Alphonse Hasselmans, il remporte le Premier prix de harpe en 1899. Il a étudié la composition avec Charles Marie Widor, Georges Caussade (contrepoint), Charles Lenepveu (harmonie) ; en 1909 il remporta le Grand Prix de Rome avec sa cantate "La Roussalka" puis l'Institut de France lui décerna le Prix Rossini pour sa musique de scène "Laure et Pétrarque". A la même époque, il est harpiste à la Société des Concerts Lamoureux puis à l'Opéra de Paris. Ces qualifications lui permirent d'être choisi par Gabriel Fauré, de préférence à Henriette Renié, pour succéder en 1912 à Alphonse Hasselmans comme professeur au Conservatoire national de Paris où il enseigna jusqu'en 1948".
Photo de Marcel Tournier. (Source B. Tournier)

ll avait épousé une harpiste Renée LENARS  (1889-1971 qui sera Professeur de Harpe au C.N.S. de Paris.
Jean Adrien TOURNIER (1879-1951) « ancien élève du Conservatoire de Paris, élève de Jean Lazare Penable (°1856), de François Bremond (°1844) ; Corniste, 4 bd Saint-Martin (1909) ; Corniste à l'Opéra-Comique.sassocié de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER", entreprise située à Paris 4 Bd St-Martin, puis 49 rue de Rome. Habite à Paris, 30bis Bd Jourdan, en 1921 A ». (Bernard Tournier)



André Georges TOURNIER (1886-1967) : 1886-1967) : hautboïste, élève de Fernand Gillet (conservatoire de Paris : 1905, 2nd accessit; 1906, 2è prix; 1908, 1er prix). Organiste à Sainte Elisabeth (Paris)? Habite à Paris, 10 rue des Saules, en 1921. 



Toutes les informations sur la famille Tournier proviennent du site internet de Bernard Tournier , qu'il en soit remercié.





lundi 3 novembre 2014

Quelques "Instruments de tortures" du XIXème siècle, pour pianistes virtuoses. Some torture instruments fromù the XIX° century for virtuoso pianists.

En ce début du XIX°  siècle c'est la folie autour du piano, chaque famille bourgeoise en possède un et l'on admire particulièrement la virtuosité. Franz LISZT était l'un des premiers à avoir sorti le piano des salons et des cercles de musique pour en faire un instrument de concert. L'amélioration des techniques de fabrication avaient considérablement augmentée la puissance sonore de l'instrument, mais en revanche cela exigeait de travailler d'une façon très différente pour avoir un bon toucher. Outre les nombreuses méthodes, apparaissent les premières "aides mécaniques" comme le chiroplaste de Jean Bernard LOGIER qui était " destiné à contenir dans une bonne position le corps des élèves de piano, à guider avec grâce les mouvements de leurs mains sur toutes les parties de l'instrument, ainsi qu'à leur faire acquérir une égale force dans les doigts...."

Schéma du Chiroplaste du brevet d'importation demandé le
3 février 1819. (Source Inpi)
Le principe de l'appareil consiste : en des guides des mains en cuivre dans lesquels on enfile les doigts. A chaque guide de la main correspond une autre pièce en cuivre pour "guider le poignet" et dont l'usage et de maintenir les poignets. Deux barres parallèles empêchent tout mouvement perpendiculaire de la main.
"Le chiroplaste a pour but, non seulement d'empêcher l'élève de lever les mains trop haut, mais encore de s'opposer à l'action du bras sur le toucher, et enfin de contraindre l'élève à ne pas laisser retomber ses mains..." (Source François Stoepel, Méthode de piano, 1835)
Méthode de piano de Mr Logier.(BNF)
Cette méthode rencontra un franc succès et fit la fortune de Mr LOGIER. En France Frédéric KALKBRENNER (1785-1849), pianiste d'origine allemande qui installé en France s'associa à Camille PLEYEL dans la société de pianos, fut l'un des partisans de cette méthode d'étude "assistée". D'ailleurs il fit breveter en 1831 un "Guide main, propre à faciliter l'étude du piano".
Frédéric KALKBRENNER.
" Ce guide mains consiste en une barre adaptée à l'instrument de manière que le pianiste puisse reposer l'avant bras dessus. Il a pour but de s'opposer à l'action du bras sur le toucher, d'empêcher qu'on ne laisse tomber les mains trop bas, et enfin de faciliter le travail des exercices aux personnes qui ont la poitrine délicate". (Source François Stoepel, Méthode de piano, 1835)
Schéma du brevet du 28 avril 1831 de F. Kalkbrenner. (Source Inpi)
Continuons dans ces nouvelles inventions :  Le Dactylion de Mr Henri HERZ pianiste virtuose et fabricant de pianos. (voir : Article Henri HERZ.)
Dactylion (Musée de la musique de Paris)
"Dactylion : Instrument à ressort inventé par M. Henri Herz qui sert à donner plus d’extension à la main, à délier et à fortifier les doigts, à les rendre indépendants les uns des autres, à donner enfin au jeu, cette égalité sans laquelle il n’y a pas de belle exécution sur le piano. L’expérience démontre merveilleusement qu’une heure de leçon par jour avec le dactylion suffit pour améliorer rapidement les progrès des élèves, et contribuer d’une manière sensible à la facilité du jeu chez les artistes eux-mêmes". (Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier 1872).

Autre amélioration, le Sténochire de Mr. GUERIN breveté le 6 mai 1844.
Schéma du brevet de 1844. (Source INPI)
Sténochire : "Instrument destiné à exercer les doigts des élèves qui veulent apprendre le piano.Cet appareil,très léger et de jolie forme, se pose sur la devanture du piano et s’enlève à volonté. L’avant-bras glisse sur une règle en bois, les doigts passent dans des anneaux en caoutchouc suspendus au moyen de petits ressorts qui donnent à tous les doigts une résistance égale à vaincre pour frapper sur les touches du clavier. Une règle en bois empêche le bras de se relever, et une autre règle est supportée par deux montants à une hauteur déterminée par les dimensions du piano.
Ce système nouveau, dont l’invention est due à M. Guérin, fut présenté par lui à l’exposition de 1844", (Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier 1872).
Schéma de Profil du Sténochire. (Source INPI)
Une amélioration du Dactylion.
Bracelet de Magner.
De nombreux appareils sont apparus au cours du XIX, comme le bracelet de Magner en 1840 :......l'agilimain de Monestier, guide mains à rayons d'Hamilton, le veloce-mano de Faivre, l'artrylion de Vauquelin, le Poleudactyle de Saint Pern......


Mais à coté de ces appareils destinés à améliorer l'apprentissage du piano, existaient des processus pour corriger la faiblesse et l'imperfection de cette "main banale" pour en faire une main de virtuose.

" ....les doigts ne sont pas indépendants, leur force n'est pas égale, leur extension n'est pas  suffisante ; l'annulaire nuit particulièrement à l'ensemble des mouvements, parce qu'il est toujours en retard, ne pouvant ni se baisser ni s'élever aussi facilement que les autres...."

D'où l'invention d'appareils permettant de modifier "cette main imparfaite" pour les pianistes :
Annonce ventant les mérites du chirogymnaste de C.Martin.
CHIROGYMNASTE ou Gymnase des doigts, à l’usage des pianistes, inventé par M. Casimir MARTIN, en 1840. Le chirogymnaste est un assemblage de neuf appareils gyrnnastiques destinés à donner de l’extension à la main et aux doigts, à augmenter et à égaliser leur force, et à rendre le quatrième et le cinquième indépendants de tous les autres. (Dictionnaire de musique, Léon et Marie Escudier, 1872)
Chirogymnaste de Martin. (Brevet de 1840)

Félix Charles LEVACHER d'URCLE propose même avec son appareil orthopédique de modifier la main.
Appareil orthopédique de LEVACHER, brevet du 14 novembre 1845.
Source Musée de la musique de Paris.
"C'est dans la présence des expansions aponévrotiques des muscles extenseurs des 3°, 4°et 5° doigts, qui paralysent le mouvement d'ascension du 4° doigt, que réside la résistance que l'artiste trouve dans sa main à exécuter les difficultés de la musique instrumentale. Notre méthode consiste à opérer sur les expansions une tension souvent réitérée et longtemps soutenue, pour les forcer par degrés à s'allonger". (Brevet de 1845)
Schéma de l'utilisation de l'appareil de Mr LEVACHER. (Brevet INPI)
Le Docteur FORBES professeur d'anatomie et M. ZEEKER directeur de l'académie de musique de Philadelphie iront jusqu'à proposer de sectionner les deux tendons qui entravent le muscle du quatrième doigt.

L'imagination de nos inventeurs n'ayant pas de limite voila en vrac quelques images de leurs instruments de tortures.....


Il ne faut pas oublier dans ce tour d'horizon le compositeur  Robert Schumann (1810-1856) qui étant très exigeant et voulant gagner en dextérité, décida d'utiliser un appareil bloquant un de ses doigts, afin d'améliorer sa souplesse. Le résultat fut catastrophique : des tendons de sa main furent rapidement paralysés ce qui mit fin à sa carrière de pianiste et le fit tomber en dépression.
Mais la aussi où est la vérité ? Il semblerait que notre cher compositeur ayant eu "des rapports troubles" avec une demoiselle aurait contracté la Syphilis. Le traitement de l'époque étant à base de mercure, il semble bien que les effets secondaires de ce dangereux produit soient responsables de son infirmité. Et l'on connaît même le nom de cette jolie créature qui lui a fait ce "cadeau"......Mais soyons discret.............. ne colportons pas ces ragots.