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samedi 20 septembre 2025

Pierre JOUVE (1767-1837), un facteur d'instruments de musique à vent du début du XIXème siècle assez mal connu.

Parfois une flûte, une clarinette apparaissent  dans une vente de Vichy, mais les instruments de ce facteur sont plûtot rares.


Pierre Jouve est né à Lyon vers 1767. Son père Didier Jouve était fabricant de bas dans cette ville.

Sans doute a-t-il reçu une formation de tourneur à Lyon, avant de faire un tour de France et de s'initier à la fabrication d'instruments de musique. On le retrouve à Paris où il épouse le 25 juin 1792 Françoise Laurentin.

En 1805, une anecdote nous permet de mieux le connaître : le 12 décembre 1805, il déclare avoir perdu sa carte de sécurité. Il habite alors 92 Palais du Tribunal et exerce le métier de luthier. Suit sa description physique : Luthier âgé de 38 ans, taille 1 m 68, cheveux et sourcils blonds, visage ovale, front élevé, yeux gris bleu, nez long chétif, bouche moyenne, menton fourchu et potelé. "

"  Déclare avoir perdu il y a 12 jours environ, la carte de sécurité qu'il avait obtenue il y a 4 ans à la préfecture de police qui désirant une nouvelle, a cru devoir nous faire la présente déclaration que nous approuvons. Assisté de Pierre Poupart chapelier 59 ans 32 palais du tribunal et Jean Baptiste Manielle restaurateur 40 ans 98 Palais du Tribunal ". Source Généanet 

Flûte en buis à 1 clé de Pierre Jouve. ( vers 1805)  vente Vichy 2025

Les instruments de ce facteur sont assez simple et bien fait .






Clarinette à 5 clés en Do. (Vente Vichy 2024)






En 1808 il se déclare marchand luthier et son atelier est situé au 96 rue du Palais Royal, à proximité des ateliers de Claude Laurent et Jean Daniel Holtzapffel.

Au décés de Jean Baptiste Roche, facteur d'instruments de musique, en 1812 c'est lui que le commissaire priseur sollicite pour réaliser l'inventaire de l'atelier.










Flûte à 1 clé de Pierre Jouve vers 1810 (Coll. M. Lynn)



















Les différentes adresses de Jouve  : 
En 1808, il habite à Paris (75000). Facteur d'instruments de musique 9 palais du Tribunal 
1810-1812 Marchand de musique Palais royal galerie de pierre 96
1820 Jouve luthier palais royal gal. de pierre 96
1822 Hentz-Jouve luthier marchand de musique palais royal galerie de pierre 96
1825 Hentz-Jouve marchand de musique même adresses
1827 idem.
(BNF - Gallica - Annuaire du Commerce Didot Bottin - (Internet).








Flûte à 4 clés de Pierre Jouve, vers 1825. Collection M. Lynn.






C'est à partir de 1814 qu'apparaît Agathe Jouve qui avait épousé Victor Jean François Hentz (1790-1844) qui se déclarait Marchand de musique en 1816.

On ne connait pas le lien de parenté entre Agathe et Pierre Jouve, sans doute la nièce du facteur. A partir de 1816 le couple Hentz-Jouve devient Marchand de musique à la même adresse. Sans doute exerceront-ils ensemble jusque 1822, si on se fie au Bottin.
A cette date Pierre Jouve se retira à Conflans-Sainte Honorine où il décéda le 14 avril 1837 à l'age de 70 ans.
Quant au couple Hentz-Jouve il exerça jusque vers 1830 puis après, lui devint journalier rue des 3 bornes à Paris. Victor Hentz décéda le 1 novembre 1844, à Paris à l'âge de 54 ans. Ils avaient eu 4 enfants.

Pour l'anecdote, Victor Hentz était le fils de Nicolas Hentz (1753-1830) député de la Moselle  à la Convention Nationale, partie de la Montagne du 21 09 1792 au 26 10 1795 et qui avait  voté la mort du Roi.
Impliqué dans de nombreux massacres, dont la fusillades d'Avrillé, l'incendie de la ville de Kusel et favorable à Carrier, le guillotineur de Rochefort, il fut arrêté en 1795 mais s'échappa pour fuir aux Etats-Unis où il ouvrit une exploitation de tabac en Pennsylvanie.
Vitrail de la chapelle du champs
des martyrs d'Avrillé






mardi 13 mai 2025

Pierre Florentin BARBIER (1828-1909) facteur de flûtes, inventeur et innovateur.

En revenant de la derniére vente de mai à Vichy où une flûte de Florentin Barbier a fait l'objet d'une belle bataille d'enchères entre plusieurs flutistes, j'ai souhaité me documenter sur ce facteur original et créatif ! Et bien je n'ai rien trouvé de bien complet sur le sujet.....Alors comme d'habitude je m'y suis collé.

Biographie :

Pierre Florentin Barbier est né à Paris 11ème le 13 novembre 1828 et a été baptisé à Saint- Sulpice deux jours plus tard.  Son père Pierre François Barbier (1780-1854) né à Sauvillers-Mongival dans la Somme était artisan à Paris et sa mère Marie Victoire Demasy (1798-1852) était belge. Il avait un frère Victor Emile Barbier (1833-1864) né à Paris (10é) le 10 mars 1833 qui sera militaire (fusillier au 62 éme  régiment d'infanterie) qui mourra du typhus le 21 décembre 1863, au Mexique à Pachuca au cours de l'expédition de la France dans ce pays.
Il avait également une soeur Pauline Célina Barbier né le 24 mars 1831 au 7 rue de Sévres à Paris.
Il avait  épousé, à 24 ans le 10 février 1853 à Saint Sulpice Louise Souveraine Sicard âgée de 17 ans. A cette époque il habitait à la Villette et excerçait le métier de clétier. Avait-il suivi une formation de mécanicien ou de bijoutier? Nous ne pouvons le dire.

Etabli de finisseur d'instruments de musique
(Musée de le Couture-Boussey)

Ce couple a eu au moins deux enfants dont Louise Eugénie Barbier née le 1 novembre 1855, qui épousera en 1874 un monteur en bronze parisien. L'épouse de Florentin Barbier exerçait le métier de sage-femme ; elle décéda en 1877 à l'âge de 37 ans.  
Il se re-marria le 2 décembre 1879 à Paris avec Léonie Amélie Gillet (1848-  ). Tous les deux habitaient 19 rue Lepic. Sont témoins à ce mariage : Le fils de Buffet Jeune (1789-1864), Louis Auguste Buffet (1816-1884) facteur d'instruments de musique 18 rue d'Orcel dans le 18éme, (pour en savoir plus cliquez sur le lien suivant)


Ernest Henri Chambille (1858-1922), facteur d'instruments de musique (futur contremaître et propriétaire de Louis Lot et qui à cette époque travaillait dans l'atelier Nonon que dirigeait son père Auguste François Chambille (1827-1881) jusqu'au décés de Jacques NONON en 1877. On peut donc supposé que l'atelier Nonon-Chambille arrétant son activité vers 1877-1878, Ernest Henri Chambille travaillait pour Barbier en attendant de rejoindre l'atelier Louis Lot vers 1882, période de reprise de l'atelier  Lot, par Louis Ernest Debonneetbeau (1836-1891), ami et ancien ouvrier de l'atelier Nonon-Chambille.



Deux autres témoins sont présents : Félix Lenoir 25 ans mécanicien au 79 bd de Grenelle et Henri Varenne 33 ans sous chef de musique au 36éme ligne de Saint Cloud.

Florentin Barbier est décédé le 19 mars 1909 à Paris, 39 rue Saint Honoré ; il avait 80 ans et était rentier.

Sa vie professionnelle :

Annonce publicitaire vers 1900
Au cours des mouvements ouvriers de 1867, il est nommé membre du bureau électoral de la " corporation" des instruments de musique en bois, pour représenter,  avec Rive et Auduard,  les clétiers.
L' exposition de Paris de 1867 range les exposants en différentes classes selon la nature des produits qu'ils fabriquent et prévoit une classe spéciale pour " les travaux manuels qui ont le mieux résisté à la cocurrence  de la machine " et récompense les métiers d'art et les petits artisans qui ont fait preuve "d'intelligence, de dextérité, de goût et d'excellence". Cinq artisants de la facture instrumentale en font partie, dont F. Barbier (ouvrier en flûtes, Chaussée du Maine, Montrouge) qui reçoit une médaille d'honneur pour des flûtes à clés.

Il obtient son premier brevet de 15 ans le 2 novembre 1869 pour " une flûte cylindro-plane, à perce ou colonne d'air unie et pour des dispositions dans le mécanisme des instruments à clés en général".
 " Cette nouvelle flûte comme son nom l'indique a l'avantage d'offrir une perce de colonne  d'air parfaitement homogéne dans toute son étendue, sans saillies et sans cavités aucunes".
Brevet N°87659, Florentin Barbier 100 Chaussée du Maine.

Flûte cylindro plane du National Museum of Américan History






Flûte Barbier vers 1875. Source EBay.

Il déposa et obtint un brevet de 15 ans pour "perfectionnement de la petite flûte Boehm par un nouveau système de clés sous le titre de petite flûte cylindrique F. Barbier". Brevet N°103 109 Pierre Joseph Barbier 100 Chaussée du Maine.

Shéma Brevet 103109. Source Inpi

"Frappé des observations que des flûtistes me faisaient souvent au sujet du peu de sonorité relatif de la petite flûte conique, surtout dans les graves, je résolus d'appliquer à cet instrument l'amélioration que Boehm avait en 1847 apporté à la grande flûte, c'est à dire de remplacer la forme conique du corps de la petite flûte par une forme cylindrique, la tête au contraire ayant la forme d'un cône tracé par une ligne courbe décrite par un segment de parabole".









Piccolo Barbier











Il continue et obtient un nouveau brevet de 15 ans le 18 janvier 1875 pour " Des perfectionnements dans le mécanisme de bouchage des trous de notes des instruments à vent et à clés ". N°106461 Florentin Barbier 100 Chaussée du Maine.
" Dans les instruments à clés pour obtenir certains effets un seul ou plusieurs doigts doit pouvoir ou doivent pouvoir fermer un plus ou moins grand nombre de trous. Il en résulte de grandes difficultés pour obtenir une concordance parfaite de bouchage. Je prends le cas le plus simple comme exemple, celui où par le moyen de la même clé, le même doigt doit boucher à la fois le trou qui correspond à cette clé et un trou correspondant  à une seconde clé plus ou moins éloignée.
Pour que le bouchage des deux trous soit hermétique, il faut nécéssairement une très grande précision dans le montage des pièces, une même élasticité dans les deux tampons, aucune flexion dans les organes. Les difficultés augmentent en quelques sortes en progression géométrique lorsqu'il s'agit de faire concorder le bouchage d'un plus grands nombre de trous.
J'ai eu l'idée d'obvier à cet inconvénient en utilisant l'élasticité des doigts de l'éxecutant comme compensateur immédiat entre les clés, les communications de mouvements et des trous".

Schéma du brevet  N°106461. (INPI)





















Il travaille pour la société Couesnon et Cie de 1885 à 1898 et obtient avec eux deux brevets.

N°233531 du 19 octobre 1893 pour " une flûte perfectionnée avec clès additionnelles de résonnance et d'UT # ".





" l'addition de ces deux clés de résonnance et d'UT # peut être faite à toutes les flûtes du système Boehm proprement dit , c'est à dire à toutes les flûtes coniques en bois et à toutes les petites flûtes en bois et en métal. Elles ne changent en rien  le doigté de la flûte système Boehm.
La clè de résonnance A correspond à la spatule ou touche A1 qui se prend avec le pouce de la main gauche. La clé d' UT # B correspond à la spatule ou touche B1 qui se prend avec l'index de la main droite".

N° 250955 DU 14 octobre 1895 : " Système de flûte et autres instruments à vent à perce carrée".

Brevet source Inpi































" La flûte cylindrique, telle qu'elle a été fabriquée jusqu'à ce jour, n'est pas absolument conforme aux données mathématiques des principes d'accoustique. En effet le corps sonore, c'est à dire le volume d'air du tube cylindtique est plus grand qu'il ne devrait être en raison des cheminées ou bagues sur lesquelles viennent tomber les tampons et que les fabricants ont été jusqu'ici obligés d'employer pour obtenir le bouchage régulier. En outre les cavités formées par chacune de ces bagues sont autant d'arréts sur lesquels l'air vient buter et empécher par cela même l'émission facile du son.
C'est pour remédier à cet inconvénient que nous avons imaginé de fabriquer les flûtes avec une perce carrée".


Détails d'une flûte à perce carrée (Collection particulière)



Florentin Barbier fait partie des grands facteurs de flûtes français de la fin du XIXéme siécle au même titre que Lot, Rive, Bonneville, Lebret, Godfroy. Il laisse de très beaux instruments qui font plaisir aux flûtistes actuels.

Flûte à anneaux pleins et patte de Si b main gauche. DCM 1212




Merci à Michael Lynn ne nous faire entendre les deux belles flûtes Barbier de sa collection.


Flûte Barbier vers 1875. Collection M. Lynn (jouée au dessus)


































Flûte cylindrique Boehm en palissandre de Barbier
Collection M. Lynn












mercredi 2 octobre 2019

Essai de datation des flûtes de Clair II GODFROY (1774-1841), première et deuxième périodes (1814-1829)

Modifié le 30/11/2019
Bonjour,
Actuellement je travaille sur Clair II GODFROY Aîné et j'essaie de classer ses instruments que j'ai répertoriés. Il n'est pas facile d'y voir claire et c'est assez compliqué....donc comme à mon habitude je vais vous mettre à contribution.
Currently I work on Clair II GODFROY Aîné and I try to classify his instruments that I have listed. It is not easy to see clearly and it is quite complicated .... so as usual I will put you to work.
Par chance sur ce sujet nous avons le livre de Tula Giannini très complet, qui nous permet d'en savoir beaucoup sur ce facteur, ......mais au niveau des instruments, personnellement, j'ai du mal à tout comprendre. Donc j'ai répertorié depuis plusieurs années une centaine de flûtes (photos uniquement) que j'essaie désespérément de classer chronologiquement.....Et je commence à "entrevoir" une explication. Donc je vais essayer de vous exposer mes hypothèses......Pour que vous me fassiez des commentaires...des contradictions, des questions enfin bref, que nous ouvrions un dialogue sur ce sujet. Vous pouvez également me transmettre des éléments (photos, documents...) si vous êtes l'heureux propriétaire d'instruments de ce facteur.
Nous pouvons communiquer : par mail, par Facebook, par téléphone.....
Pour nos amis non francophones....le système de traduction de ce blog fonctionne correctement et pour ma part je peux communiquer en anglais sans trop de problème.
For our non-francophone friends.... The translation system of this blog is working properly and for my part I can communicate in English without much problem.

Cet article sera mise à jour quotidiennement pendant notre période de travail.

Dans un premier temps nous allons nous concentrer sur la première période de 1814 à 1829. Je vais commencer par faire un résumé de cette période.
Clair II Godfroy Aîné en bref.

Clair II GODFROY Aîné est né le 13 novembre 1774 à La Couture. Son père Clair I GODFROY (1750-1813) était déjà tourneur et fabricant d'instruments à vent à La Couture ; c'est lui qui  formera son fils (Marque 1). 
Marque de Clair I Godfroy.

C II GODFROY arrive à Paris vers 1800, il est ouvrier facteur d'instruments lorsqu'il épouse Marie Madeleine LETELLIER (1781-1807). Leurs deux premiers enfants, Marie Augustine et Louis naîtront respectivement en 1802 et 1803 au 6 rue Saint Denis. Les deux suivants, Frédéric Eléanor et Vincent Hypolite nés en 1805 et 1806 au 2 Passage des Petits Pères seront tous les deux facteurs d'instruments. Marie Madeleine LETELLIER décède le 17 mars 1807 à 26 ans, cinq mois après son dernier accouchement. L'inventaire après décès réalisé en 1808
(B30), permet de voir que Clair II GODFROY exerçait son métier d'ouvrier facteur d'instruments et que son épouse tenait un magasin de fruits et légumes.
Généalogie GODFROY
Cliquez pour l'agrandir.

C'est à cette période qu'il est souvent cité dans des documents comme " GODFROY dit BUFFET ". C'est cette dénomination que l'on retrouve dans la marque d'un flageolet en ébène et ivoire de la collection THICAM sans doute fabriqué vers 1808, actuellement le plus ancien instrument répertorié portant une marque de Clair II GODFROY. (Marque 2)

Flageolet Godfroy dit Buffet de la collection THICAM

Le 20 septembre 1808, il épouse en secondes noces, Marie Jeanne Joseph Geneviève GERARD âgée de 29 ans de Crécy à coté de Meaux. Ils auront deux enfants : Caroline Joséphine née en 1811, qui épousera Louis Esprit LOT et Alexandrine Clarisse née en 1813. D'après l'almanach du commerce de Bottin à partir de 1807 il était marchand de musique au N°4 rue Neuve des Petits Champs, 1810 au N°20 rue Richelieu. C'est à partir de 1812, rue Neuve des Petits Pères qu'il apparaît comme luthier, puis en 1813 au N°36 rue Coquillière avant de s'établir au 67 rue Montmartre où il exercera pendant toute son activité, (Toutes ces adresses sont situées dans le même quartier). Comme on peut le voir sur un tarif de la Maison GODFROY de 1880, cette société aurait été créée en 1814.
Période de 1814 à 1818. Lorsqu'il s'installe à son compte Clair II Godfroy a 40 ans donc une certaine expérience de  la fabrication des flûtes. Ces véritables concurrents sont peu nombreux : les Winnen, Bellissent...C. Laurent depuis 1806, date de son brevet, a perfectionné les systèmes de clétage. La flûte utilisée par le conservatoire de Paris est une flûte à 4 clés....mais la flûte à une clé est encore largement utilisée. Etant le seul représentant de la famille Godfroy installé à Paris, sa marque est " visage rayonnant/GODFROY/ A PARIS. ". dans un premier temps puis ensuite vers 1818......." visage rayonnant/GODFROY/ A PARIS/Etoile 5 branches. "

Les flûtes qui sortent de son atelier dans cette période sont plutôt : en ébène, baguée en ivoire, sans barillet, à 1 ou 4 clés en argent, à plateaux plats, dont une clé à bascule rectangulaire (avec deux cotés arrondis) vissées à des tourillons soudés sur des patins en forme de croissant de lune, vissés dans le bois. Bien sur il y a des exceptions.....si vous en connaissez envoyez moi des photos.
Flûte Godfroy première marque à 4 clés.
Vichy 2019
















Clés à bascule de la période 1814-1818. A noter les différences de fabrication : exemple des patins en croissant de lune, l'un à extrémités pointues et l'autre à extrémités arrondies. Les clétiers étaient différents.

Instruments répertoriés dans cette période de 1814 à 1818 :
*Flûte ébène, baguée en ivoire, sans barillet, à 1 clé en argent à bascule rectangulaire et patin en croissant de lune; clé plateau plat. (Vichy 11 2017) vers 1816.
*Flûte ébène, baguée en ivoire, sans barillet, à 1 clé en argent à bascule rectangulaire et patin en croissant de lune; plateau plat. (Coll. T. Giannini) vers 1816.
*Flûte ébène, baguée en ivoire, sans barillet, à 4 clés en argent, dont une à bascule rectangulaire, et patins en croissant de lune à extrémités arrondies; clés à plateaux plats. (Vichy 5 2019) vers 1816.
*Flûte ébène, baguée en ivoire, sans barillet, à 4 clés en argent, dont une à bascule rectangulaire, et patins en croissant de lune; clés à plateaux plats. (Coll. particulière) vers 1816.
*Flûte buis, baguée en ivoire, avec barillet, à 6 clés, dont une à bascule rectangulaire, et patins en croissant de lune; clés à plateaux plats. (Coll. T. NR) vers 1818.
Période de 1818 à 1829.













C'est vers 1818 qu'il change sa marque "GODFROY A PARIS" pour "GODFROY Aîné" à Paris. C'est vers cette époque aussi, que son frère Pierre GODFROY dit "jeune" (1780-1848) s'installe au 45 rue Montmartre. C'est également à partir de cette période qu'il date certains de ses instruments. En 1821, il devient "fournisseur de l'académie royale de musique. 1823, il participe, pour la première fois, à l'exposition de Paris et obtient : une mention honorable. 
 Le combat est rude pour obtenir le soutien des grands flûtistes de l'époque : Joseph GUILLOU (1787-1853) professeur de flûte au conservatoire de Paris de 1816 à 1828, Jean Louis TULOU (1786-1865) professeur au conservatoire de Paris de 1829 à 1856. La concurrence est rude d'abord avec Jacques Éléonore BELLISSENT (17783-1841) et avec son propre frère : Pierre GODFROY Jeune, voir avec la production de La Couture.











  











A partir de fin 1820 il numérote ses flûtes et la première flûte de cette période que nous avons répertoriée porte le numéro : 54 et correspond à l'année (estimation) 1821. La seconde, numéro 144 est datée 1821. Il est a noter que ces dates ne sont que des estimations et qu'il y a toujours des décalages entre la date de tournage du bois, le moment du perçage  de l'instrument, du montage des clés.....et la vente où il semblerait que le luthier apposait alors, la date, le numéro et l'enregistrait dans son livre. Cela peut donner un écart de quelques mois à 1 ou 2 ans. Ce qui expliquerait quelques anomalies rencontrées sur certains instruments au niveau de marques, de modèle de clétage, de date...ne correspondant pas à la période que nous indiquons; nous avons déjà rencontré ce problème dans nos classements des flûtes Laurent et de Tulou. 














Dans cette période, le modèle de flûte standard, de son atelier, a évolué. Plutôt en bois précieux (ébène et palissandre), à 4, 5, 6 clés, elle comporte un barillet, pompe d'accord, doublée en métal ainsi qu'une partie de la tête. La flûte est baguée " large ", plutôt en ivoire, plus rarement en argent pour les modèles de qualité supérieure. La clé à bascule passe du plateau rectangulaire plat, à l'ovale plat pour évoluer au circulaire  vers 1823-1824.  A partir de 1819-1820) les trous couverts par des clés rondes et  plates, sont fraisés et manchonnés de métal.

Les clés comportent toujours un plateau circulaire plat mais les tiges s'épaississent vers 1824.
Vers le N°1000, c'est à dire au environ de 1826 un essai est fait pour améliorer les clés. Mais cela ne concernent que peu d'instruments
En 1827, il participe à l'exposition de Paris où il obtient une médaille de bronze, alors que Bellissent n'obtient qu'une mention honorable. C'est une reconnaissance pour la qualité de sa production, et une consécration en tant que premier fabricant de flûte de Paris. Il recherche en permanence des améliorations, même s'il continue à produire des flûtes qui répondent à des besoins particuliers, comme pour cette flûte à 8 clés
Flûte à 8 clés argent et trois corps de rechange avec système de clés
particulier de 1828. (Collection Dayton Miller)
Le buis et l'ivoire sont complètement abandonnés au profit des bois précieux et de l'argent. Barillet, bagues larges sont toujours d'actualité. Les clétages deviennent plus massifs, Même si la clé à bascule est toujours présente, son plateau circulaire forme une cupule, portant un léger biseau, permettant d'accueillir des tampons épais recouverts de baudruche. Les autres clés circulaires sont en cupule légèrement biseautée. Les patins sont toujours en forme de croissant. Dans cette période de transition, l'ancien système est encore présent. Les corps de rechange sont parfois utilisés.
Flûte 5 clés de GODFROY Aîné N°1737 de 1828. (Collection Uehli HALDER)











En 1829, confronté à certaines contrefaçons, il modifie sa marque : " Déjà plusieurs facteurs portant le nom de GODFROY ont usé de ce titre pour faire passer des instruments de leur façon pour être de ma fabrique. En conséquence pour éviter toute contrefaçon, j'avertis le public que mon poinçon portera dorénavant : "Clair Godfroy aîné". Tous les instruments qui sortent de chez moi sont numérotés sur un registre de commerce. Cette précaution offre aux personnes qui leur donneront la préférence et qui achèteraient d'occasion ou ailleurs que chez moi, le moyen d'en vérifier l'origine". Tarif 1827. Source T. Giannini.












(le 11 janvier 2020) Découverte importante.

Clair II Godfroy Aîné a déposé deux plaintes en 1830 pour contre-façon. Car on pouvait lire dans un journal parisien le 24 septembre 1830 " une ordonnance de la chambre du conseil du tribunal d'Evreux avait renvoyé au tribunal correctionnel MM Jean François Godefroy, Louis Hérouard, Denis Godefroy, Denis Buffet, Martin Thibouville, Denis Noblet, Pierre Noë, Gilles Noë, Nicolas Thibouville, comme prévenus d'avoir apposé sur des instruments à vent fabriqués par eux le nom de Monsieur Godefroy Aîné fabricant à Paris et MM Bonnel, Pléannat, Rémy Génin, Buffet, Lété, Boileau et Nadau comme complices du même délit de contrefaçon pour avoir exposé en vente et mis en circulation des instruments portant la même indication contrefaite".
Dans les instruments que nous avons répertoriés l
e numéro le plus élevé que nous avons répertorié avec l'ancienne marque (AM) est 2457. Le premier numéro que nous avons relevé avec la nouvelle marque (NM) est 2776.
Cela suggère que C. GODFROY a continué sa numérotation avec sa nouvelle marque. (A vérifier)



Ci dessus vous trouverez un tableau (Modifié le 30/11/2019 en tenant compte des remarques de J. Da Silva, A. Nolan, M. Lynn. Merci à eux pour leurs remarques) résumant la production de flûte de Clair II GODFROY. Il est difficile à lire, pour l'agrandir il suffit de cliquer sur l'image.
Pour l'imprimer ce n'est pas compliqué : il suffit de l'enregistrer sur votre ordinateur en tant qu'image et de l'imprimer. 
Comment le lire : à partir des instruments répertoriés comportant des éléments permettant de les dater précisément (dates, marques, numéros....) nous avons essayé d'établir la numérotation par année avec une précision de plus ou moins une année. C'est un peu approximatif et c'est pour cela que nous vous demandons votre aide.
Donc si vous avez, connaissez des instruments de "Godfroy à Paris", "Godfroy Aîné".....Toutes les informations sont les bien venues

Une numérotation différente sera faite avec les modèles Boehm. (à confirmer)