Ce Blog est destiné à favoriser la réalisation d'articles sur les facteurs, marchands de musique, luthiers, en mettant à disposition une collection de documents sur ces sujets.
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Lorsque nous avons réalisé notre article sur la famille Darche, nous avons évoqué également le luthier parisien Hyppolite Collin, mais tout était confus et nous n'avions pas résolu les problèmes de filiation entre les deux familles. Lors d'une rencontre au musée de la musique nous en avions parlé avec Thierry Maniguet, conservateur au musée qui a eu la gentillesse de nous transmettre le travail qu'il avait réalisé pour illustrer les dossiers du musée concernant ce luthier. Qu'il en soit ici remercié.
Claude Hyppolite Collin est né le 13 août 1766 à Suippes, petite commune de la Marne située entre Reims et Chalons en Champagne. Son père était teinturier dans cette ville ; il a été formé à la lutherie comme la plupart des luthiers à Mirecourt dans l'atelier de Charles François Vuillaume (1751-1810) grand père du grand luthier Jean Baptiste Vuillaume (1798-1875). Présent à Paris dès 1791, date à laquelle il épouse Jeanne Françoise Marchal (1772-1801), il est spécialisé dans la fabrication de guitare.
Cliquez sur l'image pour agrandir et voir la généalogie de la famille Collin.
Il a du joué un rôle actif pendant la révolution car en avril 1795 il était "agent comptable de l'atelier d'armes" au 59 rue du Chantre et dénoncé comme terroriste en mai 1795. Défendu par l'agent du comité des poudres et armes, il est arrêté et incarcéré le 24 mai 1795. Il sera libéré un mois plus tard le 28 juin 1795 et "réarmé" le 27 septembre 1795.
D'après "Répertoire du personnel sectionnaire parisien en l'an II".
Albert Soboul et Raymonde Monnier.
En octobre 1795 le directoire s'installe : la révolution est
terminée. Il est temps pour notre luthier révolutionnaire de passer à autre
chose. Le 26 mai 1797 né son fils Jean Baptiste Hyppolite Collin (qui
s'installera comme luthier et dont la belle fille épousera Jean Nicolas Darche
et qui nous a donné quelques soucis dans notre premier article....Il faut
suivre), puis ce sera au tour d'Eulalie Nicole Aimée Collin née le 25 juillet
1799. Il y aura une deuxième fille : Jeanne Nicole Collin dont je n'ai pas
trouvé la date de naissance mais qui sera présente en 1831 lors de l'inventaire
de la demeure de son grand père. Elle restera célibataire......Pour en terminer
avec cette première partie de généalogie familiale, sachez que Jeanne Marchal,
première épouse de Claude Hyppolite est décédée à 28 ans le 2 avril 1801 à
Paris.
Guitare de Claude Hyppolite Collin vers 1820 . (Siccas Guitare)
Claude
Hyppolite Collin était installé dès 1799 rue des Fossés Montmartre comme
luthier et fabricait principalement des guitares. Comme nous l'explique
Daniel Sinier et Françoise Ridder dans leur ouvrage référence sur la guitare
les instruments de Claude Hyppolite Collin son d'une facture très soignée et
d'une grande qualité.
Étiquette d'une guitare réalisée vers 1795 et modifiée en 1811
de Claude Hyppolite Collin. (Collection Sinier de Ridder)
Guitare attribuée à Collin vers 1790 et ayant appartenue à
Alexandre Pollet (1748-1824) guitariste compositeur.
(Ventes Vichy 12 2016)
Détail de la guitare de Collin vers 1790.
Claude Hyppolite Collin veuf, se remarie à Apremont le 18 novembre 1806 avec Catherine Cléret (1783-1837) ; ils auront ensemble trois enfants : Mathias Eugéne (1808-1888), Caroline Sophie née vers 1806 et Bathilde née en 1812. A partir de 1810 il apparaît sur le Bottin comme "Marchand luthier", c'est sans doute vers cette période qu'il va se diversifier. En 1822 il se déclare facteur d'instruments à vent, luthier et marchand en tout genre......
A partir de l'inventaire de décès de Claude Hyppolite Collin réalisé le 11 juillet 1831 par maître Charles Godot (Archives nationale de France) nous allons essayer de voir comment il vivait. Tout d'abord il a toujours exercé son métier à la même adresse "N°7 rue des Fossés Montmartre, près la place des Victoires" (aujourd'hui rue d'Aboukir dans le 2ème arrondissement de Paris).
Rue d'Aboukir vers 1900.
Il habitait avec sa seconde femme et les trois enfants de son second mariage un appartement de quatre pièces (plus une pièce au quatrième étage sans doute pour une domestique) à l'entresol derrière la boutique d'instruments de musique: "Cuisine avec fenêtre sur rue, une salle à manger avec fenêtre sur rue, chambre à coucher des parents avec fenêtre sur rue, chambre des "demoiselles" avec fenêtre sur cour, chambre à coucher de "Mr Collin fils" avec fenêtre sur cour. L'inventaire de l'appartement montre qu'ils vivaient aisément. Mais le plus intéressant de cet inventaire est celui réalisé dans le magasin par Jean François Alric (1765-1843), luthier à Paris au N°71 rue de Seine et Antoine François Désiré Paridaens, fabricant d'instruments en cuivre, passage Brady N°45.
Le magasin était situé au rez de chaussée éclairé sur la rue par une porte en châssis vitrée. Il y avait un grand comptoir avec des tiroirs, une grande banquette couverte de basane verte, une grande glace, deux châssis vitrés, un rayon en bois garni de trente trois tiroirs avec un dessous vitré avec rayonnages, des rayons et un grand poêle de fayence.
Cliquez sur le tableau pour l'agrandir.
Inventaire aprés décés de Claude Hyppolite Collin en 1831.
Ophicléide portant la marque d'Hyppolite Claude Collin.
(Musée Grasset de Varzy)
Cliquez sur la photo pour agrandir cette page sur la suite de l'inventaire.
On pouvait lire dans le Bottin en 1825 : "Hyp. Collin, magasin en tout genre, fournit spécialement la musique militaire et les négociants pour les colonies, N°7 rue des Fossés Montmartre".
Basson russe portant la marque C. H. Collin
sans doute fabriqué par Coeffet à Gisors.
Musée de la musique de Paris.
La plupart des instruments type serpents, bassons russes vendus par Collin ont été fabriqué par Jean Baptiste Coeffet qui habitait à cette époque Chaumont en Vexin et par Forveille, fabricant de serpents au N°16 rue de la cerisaie, puisque dans l'inventaire on peut voir les comptes qui existaient avec tous les fournisseurs de Collin.
Pour les cuivres classiques il est plus difficile de dire qui était fournisseur de Collin, peut être Parideans qui était facteur de cuivres, mais plus connu comme revendeur, peut être Courtois.......où alors faisait-il travailler plusieurs ouvriers externes qui assemblaient les différentes parties des instruments (pavillons, tubulures, pistons fabriqués par d'autres fournisseurs) ? Il y avait dans l'inventaire "un livret écrit contenant les comptes courants de toutes les personnes avec lesquelles Mr Collin faisait des affaires et des ouvriers qu'il faisait travailler".
Bugle à clès de C.H. Collin.(Musée de Bruxelles)
Cornet à deux pistons de C.H. Collin. (Collection R. Charbit)
Cliquez sur le document d'inventaire pour l'agrandir.
Au niveau des cordes C. H. Collin devait travailler avec les ateliers de Mirecourt car on trouve des comptes dans l'inventaire avec : Husson et Duchéne, "Dépôt de leur fabrique à Mirecourt, violons, basses, archets, guitares, serinettes,orgues à manivelle et à toucher, dépôt de cordes de Naples, instruments à vent et en cuivre, N°15 rue Grenetat", Grobert aîné : " magasin de toute sorte d'instruments, dépôt des articles de Mirecourt, N°166 rue Saint Denis", N.A. Lété, dépôt de sa fabrique de Mirecourt et d'instruments en tout genre,
N°37 rue Meslay", mais aussi avec des luthiers de Mirecourt en direct comme Antoine Henry, mais aussi avec des luthiers parisiens comme Aldric. Il proposait également des orgues sans doute venant de Mirecourt (Lété ou Husson Duchêne), mais aussi de la Maison Alexandre.
1830 dans le Bottin "Collin, magasin en tout genre, composition complète de musique militaire, facteurs d'instruments à vent, flageolet à nouveau procédé, harpes, orgues pour faire danser ".
Flageolet d’Hippolyte Collin « à nouveau procédé ». Dayton Miller Collection
Cliquez sur le document pour agrandir.
Clarinette à six clés rondes portant la marque de Collin.
Collection de William Rousselet
Les
instruments à vent en bois provenaient de La Couture Boussey et plus
particulièrement des ateliers de Godfroy Aîné, Hérouard, Noë Frères, Thibouville, Leroux avant
leurs installations à Mirecourt....Buffet Aîné, Buffet Jeune à La
Couture. (Tous ces facteurs sont cités comme fournisseurs dans l'inventaire).
Claude Hyppolite Collin décède le 18 juin 1831 à l'âge de 64 ans. Lors de l'inventaire après décès qui à lieu le 11 juillet 1831, ses six enfants sont là.
Claude Hyppolite Collin, clarinette d'amour en sol à 6 clefs vers 1810
(Us-Ma-Newton Center)
Son fils Jean Baptiste Hyppolite Collin (1797-1879) né de son premier mariage s'était installé comme luthier et marchand d'instruments vers 1827 au N°9 rue de Clery où il exerça indépendamment de son père jusqu'en 1838 ; il avait sans doute profité de la somme de 1000 frs que son père lui avait remis en 1826 pour son renoncement au droit successif de sa mère Françoise Marchal.
Marque de Jean Baptiste Hyppolite Collin le fils.
Jean Baptiste Hyppolite Collin avait épousé en 1826 une veuve Joséphine Marthe Lefort (1799-p1879) épouse de Mayeul Kaindler décédé en 1825. C'est ici que nous avons résolu le "mystère" de la succession de la Maison Collin reprise par Jean Nicolas Darche (1806-1885). En effet on peut lire dans le Bottin en 1838 : "Darche gendre et successeur de Collin, fabricant en tout genre, dépôts de violons, orgues et guitares de Mirecourt, fournisseur des théâtres et concerts, N°7 rue des Fossés Montmartre". En fait Jean Nicolas Darche à bien épousé la fille d'Hyppolite Collin....Mais pas la fille de Claude Hyppolite (le père) mais la fille de Jean Baptiste Hyppolite Collin (le fils)....Mais en fait Alexandrine Elisa Kaindler (1819-1836) n'étais que la belle fille de J.B. H Collin puisque née du premier mariage de Marthe Lefort. Cette malheureuse décéda à 17 ans (1836 l'année de son mariage) lors de l'accouchement de leur premier enfant qui décéda également. Donc Darche est bien le gendre de Collin (le fils). Après le décès de Claude Hyppolite Collin (le père) en 1831, la Maison Collin fut reprise par sa veuve Catherine Cleret qui continua d'exploiter ce commerce jusqu'à sa mort en 1837, date à laquelle Nicolas Darche racheta l'affaire et en même temps repris l'activité de son beau père (Collin fils) de la rue de Clery. Darche est bien le successeur d'Hyppolite Collin (le père)......Ouf c'est fini, c'est compliqué les histoires de famille.
Si je connaissais le nom de "DARCHE" comme celui de luthiers de Bruxelles bien connus grâce aux travaux de Malou HAINE, en revanche je n'arrivais pas à voir la relation avec de nombreux instruments à vent portant une marque de "Darche à Paris". Bien sur de nombreux articles mentionnaient l'intérêt de Claude François DARCHE, luthier à Bruxelles, pour " la facture de trompettes"........Ah oui ?.....Et puis en rédigeant l'article sur les trompettes du retour des cendres de Napoléon portant la marque de "Darche à Paris fournisseur des théâtres et des concerts".... je me suis décidé à faire mon enquête. Pour voir l'article cliquez sur ce lien. Cette famille de luthiers, de facteurs d’instruments et de marchands de musique originaire de Mirecourt est l'un des bons exemples montrant le rayonnement de cette petite ville des Vosges, creuset de cette tradition artisanale qui a permis à tant d'enfants de cultivateurs vosgiens de réussir dans le domaine de la facture instrumentale et de devenir de "grands bourgeois". L'exemple de cette famille montrera qu'il est tout à fait réducteur de cantonner Mirecourt à la seule lutherie.
Mirecourt la rue principale vers 1900.
Généalogie Darche. (Cliquez sur le document pour l'agrandir et le lire)
Tout commence par Jacques DARCHE (1726-1789) vigneron à Mirecourt qui aura avec son épouse Françoise HUSSARD (1730-1783), au moins deux fils : Dominique DARCHE (1750-1816) et Noël DARCHE (1764-1814) qui seront à l’origine de cette lignée de luthiers et facteurs d’instruments.
Branche de Dominique DARCHE, des luthiers bruxellois.
(Informations provenant du dictionnaire des facteurs de musique de Malou HAINE)
Vigneron, Dominique DARCHE a épousé en 1779 à Rainville dans les Vosges, Geneviève FONTAINE (1757- 1814) dont il a eu plusieurs enfants dont Nicolas DARCHE (1771-1850) vigneron et luthier à Mattaincourt qui se mariera trois fois et auras de ces trois mariages au moins quatorze enfants. Nicolas DARCHE de son second mariage en 1810 à Mirecourt avec Françoise VUILLAUME (1776-1820) aura quatre enfants dont Noé DARCHE dit Nicolas qui sera luthier à Aix la Chapelle en Allemagne. Françoise VUILLAUME était la sœur de Claude Françoise VUILLAUME (1772-1834), père des ceux célèbres luthiers, Nicolas François et Jean Baptiste.
Nicolas François VUILLAUME (1802-1876)
luthier à Bruxelles.
Malou HAINE dans son dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Belgique signale la naissance de Nicolas DARCHE fils en 1815. Effectivement il y a bien un fils Nicolas Claude né le 2 mars 1815 à Mattaincourt né du couple N. DARCHE et F. VUILLAUME mais celui-ci ne vivra que 7 jours.
Marque de N. DARCHE.
En fait Noé dit Nicolas DARCHEest né à Mattaincourt le 18 novembre 1811 et débutât son apprentissage de luthier à Mirecourt avant de partir vers 1835, à Bruxelles chez son cousin NicolasFrançois VUILLAUME (1802-1876) (frère du célèbre Jean Baptiste VUILLAUME(1798-1875) pour continuer son apprentissage. En 1840 il s’installa comme luthier à Aix la Chapelle où il restera jusqu’à sa mort en 1872. Il participa en 1842 à l’exposition de Frankfort.
Violon de Nicolas DARCHE à Aix la Chapelle de 1841.
Pour son troisième mariage Nicolas DARCHE, vigneron et luthier à Mirecourt, épousa en 1821 à Mazirot (88) Agathe ETIENNE (1789-1852) avec laquelle il aura 7 enfants dont : Charles Claude François DARCHE (1824-1874). Comme ses frères il se forme d’abord à Mirecourt, puis chez André Augustin CHEVRIER luthier à Bruxelles et ensuite chez son cousin Nicolas François VUILLAUME, chez qui il travaille avant de s’installer et de créer son propre atelier en 1845 à Bruxelles.
Étiquette de Charles Claude François DARCHE (CCFD)
Il reprend en 1847 l’atelier de Jean Dominique BASTIENau 4 rue d’Or à Bruxelles et en 1849 il s’établit dans les galeries Saint Hubert, au 4 passage des Princes. En 1854 il s’associe avec son frère Jacques Joseph DARCHE sous la raison sociale : « Darche frères ». Cette association cessera à la mort de Jacques Joseph en 1867. Il travaille jusqu’à sa mort à Bruxelles en 1874. Sa marque C.C.F.D. sera utilisée par son neveu après sa mort. François Darche était un luthier de qualité qui reçut des prix aux expositions de Londres et de Paris.
Violon de C.C.F. DARCHE. (Musée de Bruxelles)
Violon expérimental de C.C.F. DARCHE (Musée de Bruxelles)
Son fils Paul DARCHE(1846-1881) succéda à son père. Il avait fait son apprentissage d’abord à Mirecourt puis chez son père. Il est difficile de différencier son travail de celui de son père. Jacques Joseph DARCHE (1832-1867) est le frère de Charles Claude François Darche et le demi –frère de Nicolas DARCHE. Comme ses frères il fit son apprentissage à Mirecourt, puis chez Nicolas François VUILLAUME. En 1854 il s’associe à son frère Claude François pour créer la Maison "DARCHE Frères".
Violon de DARCHE Frères.
Excellent luthier, sa mort prématurée à 34 ans ne lui permit pas de connaitre la notoriété. Son fils Auguste Hilaire DARCHE né à Bruxelles en 1862, fait son apprentissage à Mirecourt chez Gaillard et chez Nicolas Aîné. Il travaille sans doute avec son cousin Paul DARCHE avant de s’installer en 1886 à son compte 20 rue de la montagne où en plus de la lutherie il vend des pianos, harmoniums, orgues et accordéons. Il s’associe en 1894 avec son frère Joseph DARCHE pour recréer la Maison "Darche Frères". En 1900 Hilaire Darche pose sa candidature, sous le nom de « C.F. Darche » au titre de luthier du conservatoire royal de Bruxelles.
Les deux frères fondent le « Prix Darche Frères » qui récompense alternativement les meilleurs élèves des classes de piano et de violon du conservatoire de musique de Bruxelles.
Viola d'amore d'Hilaire DARCHE de 1913
Darche Frères n’existe plus après 1905. Hilaire Darche cesse ses activités en 1915 et son atelier est repris par son gendre Auguste LAGARENNE(1889-1928) luthier né à Mirecourt, formé chez Derazey à Mirecourt, collaborateur d'Hilaire avant de devenir son gendre. Hilaire Darche décède le 24 avril 1929 à Ixelles. Son frère Joseph DARCHE est né à Bruxelles en 1863. Il sera facteur et marchand de pianos, en particulier de pianos mécaniques. En 1894 il s’associe avec son frère Hilaire pour recréer la Maison Darche Frères. Il s’occupait, en plus de la facture de pianos, de la partie commerciale de la société.
Il est décédé en 1949 à Bruxelles. (Source : Malou Haine ; dictionnaire des facteurs de musique).
Nous venons d'évoquer la branche issue de Dominique Darche, comportant des luthiers installés à Bruxelles et à Aix la Chapelle. Nous allons maintenant évoquer la branche parisienne issue de Noël Darche. Il ne semble pas avoir eu, d'activités commerciales entre ces deux branches.
Branche de Noël DARCHE, des marchands et facteurs parisiens.
Noël DARCHE est né le 24 décembre 1764 à Florémont dans les Vosges et sera vigneron. Il épouse en 1791 Elisabeth FLORENTIN (1764-1804), mariage duquel naîtrons au moins deux enfants. Anne Marie Joséphine DARCHE (1791-1844) qui épousera le luthier de Mirecourt Dominique HENRY (1791-1860) ; ce couple aura 11 enfants, dontEugène Léopold HENRY(1819-1885), qui reprendra la Maison Darche à Paris. Claude DARCHE (1795-1830) qui sera luthier à Mirecourt et qui épousera Rose CHEVRIER (1794- ?), sœur de Claude CHEVRIER (1798-1878) luthier à Mirecourt. Noël DARCHE épousera en secondes noces en 1806 Marguerite Boulanger (1770-1851) et ils auront un fils Jean Nicolas DARCHE qui naît à Mirecourt le 12 décembre 1806.
C’est lui qui créa la Maison DARCHE à Paris.
Si on connait bien, les luthiers bruxellois de la famille Darche grâce au travail de Malou Haine, cette branche parisienne prête à confusions dans les différents ouvrages traitant de l’activité de la Maison Darche à Paris.
Signature de Jean Nicolas DARCHE (1806-1878)
Jean Nicolas Darche arrive à Paris vers 1825 et travaille avec ClaudeHippolyte COLLIN (1766-1831) luthier et marchand d’instruments de musique à Paris. La première mention de ce luthier dans les annuaires parisiens est en 1799 : « COLLIN luthier rue des Fossés Montmartre 341 ».
Guitare à 8 cordes, vers 1795 faite et modifiée en 1811 par Hippolyte Collin. (Collection Sinier de Ridder)
Étiquette de la guitare précédente.
Dans notre ancien article sur Darche, nous disions que ce facteur "faisait polémique parmi les spécialistes de lutherie.Selon certains il serait né à Mirecourt vers 1785 ? Mais nous ne l'avons pas trouvé dans les archives des Vosges. D'autres donnent sa date de naissance le 13 août 1766 à Suippes dans la Marne". En fait aujourd'hui, grace au travail de Thierry MANIGUET, conservateur au Musée de la Musique de Paris, ce mystére est résolu.
Claude Hippolyte COLLIN est né à Suippes le 13 août 1766 et décédé à Paris le 18 juin 1831. Nous avons également trouvé un inventaire aprés décés et nous ferons prochainement un article spécifique sur ce luthier et son fils Jean Baptiste HippolyteCOLLIN(1797-1879). Un grand merci à Thierry pour son travail.
Autre énigme relevée dans notre précédent article
"Une autre zone d’ombre, c’est le mariage de Jean Nicolas DARCHE avec la fille d’Hippolyte COLLIN (voir l’annonce de l’annuaire Bottin à partir de 1836 « Darche gendre et successeur deCollin ». Mais Jean Nicolas Darche épouse le 23 janvier 1836 à Paris Alexandrine Elisa KAINDLER(1819-1836) qui décédera le 9 novembre 1836 à Paris à 17 ans". En fait la fille d'Hippolyte COLLIN, était plutot la belle fille de Jean Baptiste Hippolyte COLLIN (le fils) : Alexandrine Elisa KAINDLER (1819-1836), fille de Joséphine Marthe LEFORT (1799-1879), épouse du dit J.B.H. COLLIN....(vous suivez ???), fille d'un premier mariage avec le sieur Mayeul KAINDLER. (ouf.....avez vous compris, non alors recommencez). (Source Thierry Maniguet) Il se marrie pour la troisième fois le 3 juin 1837 à Notre Dame des Victoires à Paris avec Suzanne Augustine FISCHER (1816-1887) ; ils auront ensemble au moins une fille Marie Catherine DARCHE née en 1838. (Source Bernard Tournier)
Almanach des spectacles 1837-1838
Jean Nicolas DARCHE fait feu de tout bois, ses annonces publicitaires montrent qu'il peut fournir tous types d'instruments "...en cuivre fournit la musique militaire", "En lutherie : fournisseur des Théâtres et des concerts", "..Tam-tams et Cymbales turques", associés à GRANJON il fournit des "orgues d'églises et d'accompagnement". (Il s'agit sans doute d'un membre de la famille Granjon, famille de Luthiers à Mirecourt). En 1839, Darche et Granjon présente à l'exposition de Paris : "....des orgues d'églises et un clavier transpositeur..."
Quinticlave Darche. (Collection Bruno Kampmann)
En 1840 il réalise en collaboration avec le trompettiste Schiltz les trompettes droites naturelles utilisées lors du retour des cendres de Napoléon.
Trompettes retour des cendres. (Vente Fontainebleau 2014)
En 1841 il propose une de ses inventions : des flageolets à clavier.
En 1843 il obtient le 24 décembre, un brevet de cinq ans pour « une nouvelle grosse caisse et caisse claire » pouvant servir de timbales d’harmonies.
Shéma du brevet de 1843.
En 1844 il est présent à l’exposition de Paris et présente des orgues d’églises, des timbales et des grosses caisses. Il signe en 1845 une lettre adressée au ministère de la guerre pour protester contre l’hégémonie de Sax. Il obtient un nouveau brevet le 6 octobre 1846 pour « un clavier transpositeur à pistons applicable à tous les instruments à clavier ».
Shéma du clavier transpositeur ouvert.
Shéma du clavier transpositeur fermé.
Il vendait également des pianos et des instruments à vent ; étaient-ils fabriqués à Mirecourt ? Les pianos pouvaient être fabriqués par Rémy-Genin à Mirecourt ?
Clarinette basse de Darche.
(Musée de la musique de Stockholm.
De nouveau il obtient un brevet en janvier 1848 pour l’invention « d'un instrument dit trompette signal propre à faire des signaux sur mer et sur les chemins de fer »….c’est à dire il invente la corne de brume !!!
Shéma de la trompette signal de 1848.
A l’exposition de 1849 à Paris il obtient une médaille d’honneur pour des trompettes et des trompettes chromatiques.
Cornet à 3 pistons. (Musée de la musique de Paris)
Marque d’une clarinette 6 clés. (Collection de William Rousselet)
Marque d’une clarinette 12 clés (Collection William Rousselet)
En 1855 au moment où il passe "le relais" à son neveu Eugéne Léopold HENRY (1819-1872), associé à Jules David MARTIN (1826-1874), ils passent un accord avec Adolphe SAX le premier janvier pour fabriquer des saxhorns et des saxotrombas sous licence Sax. Ils seront les premiers à obtenir une licence.
Clarinette 14 clès. (William Petit)
Clarinette 13 clès. (Ebay)
Jean Nicolas Darche décédera le 10 septembre 1885 à 78 ans à son domicile du 16iéme arrondissement de Paris, rue Raynouard. C’est donc son neveu Eugène Henry associé à Jules Martin qui vont lui succéder. Ils resteront jusqu’en 1859 au 7 rue des Fossés Montmartre, avant de s’installer au 73 rue de Rivoli.
Cornet à 3 pistons de Henry et Martin.
Jules David MARTIN (1826-1874) n’était pas, comme on l’affirme souvent, le neveu de Jean Nicolas DARCHE. Il était le fils de David Alexandre MARTIN (1801-1874) concierge de l’hôtel de ville de Paris.
Portrait de Jules David Martin. (Source site de Bernard Tournier)
Il avait épousé en 1849 à Brest la fille d’un professeur de musique, Jeanne MERCKEL(1829-1900) avec qui il aura huit enfants. En fait s’ils étaient associés c’est qu’ils avaient inventé ensemble un système à cylindre adaptable à tous types de pianos, pouvant jouer automatiquement. Ils avaient obtenu le 11 décembre 1854 un brevet de 15 ans.
Schéma du brevet de 1854. (Cliquez pour agrandir)
Synthèse exposition de Paris 1855
Clarinette E. Henry & J. Martin. (Collection W. Rousselet)
Ils participent à l’exposition de Londres de 1862 et en 1865 Eugène Henry quitte l’entreprise alors que Jules Martin continue à diriger l’entreprise. (Eugène Henry décédera le 18 août 1872 à Montrouge). « Jules MARTIN, plus artiste qu'entrepreneur, fut l'ami de nombreux musiciens,concourut brillamment lors de plusieurs expositions internationales (Londres, 1862; Paris, 1867 etc.). Toutefois à sa mort, survenue en 1874, l'entreprise fondée en 1780 par COLLIN à Paris, rue des Fossés-Montmartre, était criblée de dettes ».(Source Bernard Tournier)
Cornet à pistons Henry et Martin. (Vichy 12 2014)
« Son gendre,Joseph Alexis TOURNIER(1842-1920), entré en 1866 comme comptable dans l'entreprise, la reprise en octobre 1874, et la redressa en quelques années. Il en fit, d'après le musicologue Constant PIERRE, une maison dont une des spécialités était "la location d'instruments pour théâtres, concerts, soirées, etc. Toutes les variétés d'instruments se [trouvant] dans cette maison"("jusqu'aux bruits d'éperons" a commenté Joseph TOURNIER) ».
Joseph Alexis Tournier. (Source B. Tournier)
« Joseph TOURNIER mit d'ailleurs au point, en collaboration avec des compositeurs et chefs d'orchestres, un certain nombre d'instruments de bruitage. Par ailleurs, le Musée du Conservatoire de Paris possède une guitare ayant appartenu à Camille SAINT-SAENS et sortant de ses ateliers ».
Guitare J. Tournier du conservatoire de la musique.
« Sous la direction de J. Tournier, administrateur de premier ordre, travailleur inlassable, commerçant consciencieux et humain que de directeurs de théâtres et de chefs d'orchestres il a aidés et encouragés à leurs débuts, cette maison a pris une extension considérable et s'est fait une spécialité de la location d'instruments pour théâtres, concerts, soirées, etc. Toutes les variétés d'instruments, jusqu'aux bruits d'éperons» s'y trouvent en quantité innombrable: il n'y a pas moins de 300 contrebasses en magasin. Cette maison plus que centenaire continuera longtemps sous la même raison sociale car J. Tournier, père de sept enfants, les a tous faits musiciens et les a élevés dans l'idée (de les voir continuer les bonnes traditions qui ont fait sa réputation : Paul est facteur de pianos et accordeur, Henri est violoncelliste et luthier, Marcel est harpiste, 1er prix du Conservatoire (1899), Jean est cor, André hautbois, et ses deux aimables filles sont collaboratrices et caissières dans la maison; et tout ce monde joue du piano par-dessus le marché. J. Tournier est fournisseur de la Société des Concerts, de l'Opéra, des Concerts Colonne de la fondation à 1 809 ».
Jules Tournier avait épousé en 1870 Marie Julie MARTIN (1852-1939) ; ils ont eu 7 enfants :
Paul Jules TOURNIER(1871-1949) est né à Paris ; « il a travaillé 5 ans chez Jean Mussard comme ouvrier, dans toutes les parties du piano" d'après son père (1901). Domicilié à Paris, 17 rue Cavé en 1904 et 4 bd St Martin en 1921, il était associé de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER".
Henri Charles TOURNIER (1874-1948) : " Il avait travaillé la lutherie chez son père avec G.Fillion, luthier actuellement établi à Strasbourg" (note manuscrite de Joseph Alexis Tournier, 1901). Associé de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER", entreprise située à Paris 4 Bd St-Martin, puis 49 rue de Rome. Domicilié à Paris, 4 Bd Saint-Martin puis 9 bd Beaumarchais (en 1904), au Raincy, bd Thiers (en 1907), à Paris, 28 rue de Paradis (en 1921), à Barbizon "la Sauvagère". Violoncelliste, élève de Charles Baretti puis de Jules Victor Marnef (°Namur, 16.05.1874)".
Henri Charles Tournier dans son magasin 49 rue de Rome.
(Source B. Tournier)
De son mariage avec Hortense Peléeheid (1877-1954) il eut un fils Claude Joseph TOURNIER(1904-1992) qui« fut un des spécialistes éminents de la contrebasse, et son atelier situé à Paris 22 rue de Paradis, le plus connu de tous les contrebassistes du monde, avant la cessation définitive de ses activités en 1970 ».
Claude Joseph Tournier dans le magasin de son père. (Source B. Tournier)
Marcel Lucien TOURNIER (1879-1951) : « il s'oriente vers la harpe et fut l'élève d'Alphonse Hasselmans, il remporte le Premier prix de harpe en 1899. Il a étudié la composition avec Charles Marie Widor, Georges Caussade (contrepoint), Charles Lenepveu (harmonie) ; en 1909 il remporta le Grand Prix de Rome avec sa cantate "La Roussalka" puis l'Institut de France lui décerna le Prix Rossini pour sa musique de scène "Laure et Pétrarque". A la même époque, il est harpiste à la Société des Concerts Lamoureux puis à l'Opéra de Paris. Ces qualifications lui permirent d'être choisi par Gabriel Fauré, de préférence à Henriette Renié, pour succéder en 1912 à Alphonse Hasselmans comme professeur au Conservatoire national de Paris où il enseigna jusqu'en 1948".
Photo de Marcel Tournier. (Source B. Tournier)
ll avait épousé une harpisteRenée LENARS (1889-1971 qui sera Professeur de Harpe au C.N.S. de Paris.
Jean Adrien TOURNIER (1879-1951) « ancien élève du Conservatoire de Paris, élève de Jean Lazare Penable (°1856), de François Bremond (°1844) ; Corniste, 4 bd Saint-Martin (1909) ; Corniste à l'Opéra-Comique.sassocié de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER", entreprise située à Paris 4 Bd St-Martin, puis 49 rue de Rome.Habite à Paris, 30bis Bd Jourdan, en 1921A ». (Bernard Tournier)
André Georges TOURNIER(1886-1967) : 1886-1967) : hautboïste, élève de Fernand Gillet (conservatoire de Paris : 1905, 2nd accessit; 1906, 2è prix; 1908, 1er prix). Organiste à Sainte Elisabeth (Paris)?Habite à Paris, 10 rue des Saules, en 1921.
Toutes les informations sur la famille Tournier proviennent du site internet de Bernard Tournier , qu'il en soit remercié.
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