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Si nous connaisons mieux aujourd'hui Claude LAURENT (1774-1849), facteur exceptionnel de flûtes en cristal, grace à la thése de Montserrat GASCON.........
Il n'en est pas de même pour son successeur Jean Dominique BRETON (1814-1874) également spécialiste de flûtes et d'embouchures en cristal.
Il est né le 7 janvier 1814 à Tilly dans les Yvelines à 20 km de Mantes la Jolie. Son père était marchand épicier dans cette petite ville.
On le retrouve, le 30 août 1835 à Oulins, à quelques km d' Ivry la Bataille pour ses fiançailles avec Marie Félicitée CHARANGER couturière. Il est alors orfèvre bijoutier, habitant Houdan dans les Yvelines. Mais visiblement le mariage n' eut pas lieu puisqu'une année plus tard, le 12 novembre 1836 il épousa à Pacy sur Eure la fille de son patron, Rosalie Elisa CARPENTIER (1816-1856). Dans l'acte il est précisé : " Ouvrier orfèvre bijoutier demeurant à Pacy sur Eure depuis sept mois chez Mr CARPENTIER ".
Donc il fabriquait des clés d'instruments de musique chez Jean Charles CARPENTIER (1782-1858), lui aussi orfèvre à Passy sur Eure pour les facteurs d'instruments de musique de la Couture-Boussey.
J.C. CARPENTIER avait enregistré son poinçon d'argent au bureau d'Evreux le 22 juillet 1812 et gérait l'ensemble de la production de clés, fabriquées par les clétiers de la région mais visiblement il en fabriquait lui-même, aidé par des ouvriers dans son atelier.
Plaque d'insculpation du bureau de garantie d'Evreux et poinçon de J.C. CARPENTIER
Lorsque l'on étudie la formation des clétiers on se rend compte qu'ils étaient plutôt mécaniciens de formation et spécialistes du métal, mais lorsqu'ils travaillaient l'argent ils étaient généralement orfèvres et cela s'accentuera encore lorsqu'il s'agira de réaliser des flûtes en argent. Ceci est valable pour des facteurs comme Bonneville, Rive etc... qui ont commencé leurs activités comme bijoutiers et fabriquaient des clés pour Godfroy ainé et Louis Lot avant de fabriquer des flûtes en métal et en argent. Dans leur métier d'orfèvre ils avaient pris l'habitude de poinçonner leurs ouvrages en argent.
En
1840, il est installé à Paris comme fabricant de clés d'instruments de musique
au 28 rue Jean Jacques Rousseau et remporte en 1844 une médaille de bronze pour
sa première participation à l'exposition de Paris pour ses flûtes, distinction
renouvelée en 1849. "Breton,
médaille de bronze 1844, flûtes Boehm grandes et petites, perfectionnées et de
différents modèles, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois de tous genres,
flageolets, etc….envoie en tous pays, J. J. Rousseau 28". (Bottin
1846)
C'est lui qui réalisera le clétage Boehm en argent de cette formidable flûte en cristal vert :
Flûte Boehm système 32 en cristal et argent de Claude LAURENT réalisée en 1844 (Collection Dayton Miller DCM11)
Il avait déposé son poinçon d'argent le 11 novembre 1840 à Paris.
Il existe également une autre flûte en cristal avec un système Boehm en argent. Daté de 1841 cet instrument appartient au Musée de la musique de Rome. Nous serions très intéressé de savoir si le clétage a été réalisé par J. D. BRETON ou par N.P. BELORGEY. Nous n'arrivons pas à contacter ce musée et n'arrivons pas à obtenir l'information. Si vous avez des contacts dans ce musée ou des informations sur cette flûte, vous pouvez nous aider.
Flûte cristal Boehm de C. LAURENT de 1841 du Musée de Rome.
Il participe dès 1844 à l'exposition de Paris et y présente des instruments qu'il fabrique : " grandes etpetites flûtes ". Il apparaît dès 1846 dans le Bottin non seulement pour la fabrique de clés d'instruments : " clefs nouveau et ancien système " mais également pour la fabrication d'instruments : " flûtes Boehm grandes et petites perfectionnées et de différents modèles, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois de tout genres, flageolets, 28 rue J.J. Rousseau ".
Hautbois à 11 clés de Breton. Coll. MIM de Bruxelles 1984 037
Il est présent à l'exposition de Paris en 1849 et présente une petite flûte Boehm. Il devait à cette période, sans doute plus être clétier que facteur puisqu'il apparaît dans le Bottin comme fabricant de clés. Nous avons répertorié des flûtes de Martin frères et de Thibouville portant un clétage de J. D. BRETON et correspondant à cette période (vers1845). Bien sûr il travaillait également pour Claude LAURENT en tant que clétier.
Il est à noter qu'avant 1850, c'est-à-dire avant le décès de Claude LAURENT (20 juin 1849) il ne mentionne jamais d'instruments ou d'embouchures en cristal dans ses publicités. C'est à partir du Bottin de 1850 que cette fabrication est nommée : " flûtes Boehm , gr et pet, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois, cors anglais, bassons et flageolets perfectionnés etc....garnitures intérieures et extérieures, instruments en cristal, becs de clarinettes et d'instruments de cuivre, flûtes de cristal de tout genre ....."
Nous pensons qu'il est excessif de dire que J.D BRETON a été l'éléve et le successeur de Claude LAURENT. Il a sans doute en collaborant avec lui dans la réalisation de clés, acquit un savoir-faire pour le travail du cristal, mais en fait cela ne devait pas lui poser beaucoup de problème puisqu'à l'origine il était bijoutier et orfèvre. De plus le départ de cette collaboration commence vers 1840, époque où C. LAURENT avait 66 ans et arrivait à la fin de sa carriére. Trois flûtes de Claude LAURENT portant une date à partir de 1840 (1841 flûte Boehm cristal, 1844 flûte Boehm cristal vert, 1844 flûte cristal à 8 et 9 clés du musée de Barcelone).
Si on considére cette collaboration entre C. LAURENT et J.D. BRETON au niveau des flûtes en cristal, on s'aperçoit qu'elle a été de très courte durée et principalement pour adapter un système Boehm sur cette flûte de cristal. Toutes les flûtes de C. LAURENT de 1837-38-39 ont des clés réalisées par Nicolas Paul BELORGEY (1803-1873). Seules les deux flûtes système Boehm en cristal de C. LAURENT semblent être le résultat de cette collaboration. Même si nous ne connaissons pas les poinçons d'argent de l'exemplaire du musée de Rome, les analogies de clétage nous laissent penser que le système Boehm en argent a été réalisé par J.D BRETON.
1841 Flûte Boehm du musée de Rome
1844 Coll DCM
La flûte cristal du musée de Barcelone à 8 et 9 clés, a été réalisé vers 1834, malgré la date 1844 gravée sur le tenon de la tête. La patte de Si comporte le P. lièvre 1819-1838 et le poinçon de
Chaudier. Un corps main gauche et une
patte de ré ont dû être réalisés vers
1844 par Breton puisque les tenons et les clés de ces deux
éléments portent les poinçons tête de sanglier et celui de Breton. (Museu de la Musica Barcelone)
Flûte du musée de Barcelone
Alors J.D BRETON successeur ou suiveur de Claude LAURENT ? Nous penchons pour la seconde hypothèse. D'ailleurs il n'a jamais fait mention dans ses publicités de la notion " d'éléve ", ni de " successeur", ce qui aurait pu lui apporter une certaine notoriété s'il l'avait été.
Le nombre de flûtes en cristal réalisé par J.D. BRETON est extrêmement limité. Nous en connaissons trois dont cette flûte à 9 clés de la collection Nydahl à Stockholm qui porte bien la marque de J.D Breton sur une bague et dont les clés comportent son poinçon (1840) également dont les bagues portent le poinçon de N.P. Belorgey vertical (1833-1843) et le poinçon tête de lièvre (1819-1838). Donc les bagues ont été faites entre 1833 et 1838.
Flûte à 9 clés de J.D Breton (coll. Nydahl de Stockholm)
J.D. BRETON aurait acheté des tubes et du matériel de l'atelier LAURENT aprés sa mort. Il existe une deuxième flûte en cristal vert dans la collection Dayton MILLER réalisée pour l'exposition universelle de 1862, ainsi qu'un piccolo systéme Boehm en cristal vert dérobé à André Bissonnet.
Flûte à 9 clés argent en cristal vert. (Coll. DCM)
Il avait eu une fille Marie Elisabeth née le 12 avril 1850 à Paris et son épouse est décédée à 39 ans le 28 janvier 1856 à Paris.
Le 1er octobre 1855 il obtint un brevet de 15 ans pour un Brevet " sur des perfectionnements apportés dans la perce et le mécanisme des flûtes ".
" Les parties modifiées et améliorées sont noircies, la flûte posséde une patte de Si.
A la modification de la clé de Sib (au pouce) présente un double avantage de mécanisme solide, léger élégant et la facilitéde couler rapidement de Si b au Si naturel. La dite clef de Si b se trouvant placée au dessous de la clé d'Ut ; le touché en est par conséquent plus naturel et plus facile ". etc......
Flûte à perce cylindrique de J.D. BRETON Avec détails de la nouvelle marque : Bréveté, clé de Dorus et clé de Si de pouce conforme au brevet. Coll. particulière.
Spécialiste d'embouchure de cuivre et de clarinette en cristal, il obtiendra deux nouveaux brevets de 15 ans : en 1858 pour " des perfectionnements apportés aux embouchures d'instruments à vent en général ". et en 1859 pour des " perfectionnements dans la fabrication de bec de clarinettes ".
Bec de saxhorn en cristal.
Embouchure en cristal bleu. (MIM Bruxelles)
Vers 1868 il déménage au 42 faubourg Saint Martin. A cette époque il vivait avec une certaine Mademoiselle Adéle Ursule DUVAL, célibataire et fabricante d'instruments à vent dont il fera sa légataire universelle dans un testament olographe rédigé le jour de sa mort le 5 octobre 1874 à Paris à son domicile 42 faubourg Saint Germain à Paris.
Testament du 5 octobre 1874
Qui était cette demoiselle, peut-être Adéle DUVAL née le 27 juillet 1828 à Pont Sainte Maxence dans l'Oise et décédée à Paris le 23 mai 1880. (à confirmer)
Bien sûr sa fille Marie Elisabeth BRETON, ouvrière en mode, 24 ans habitant 59 rue de Lanoy à Paris est là ainsi que Adéle DUVAL sa légataire universelle. L'appartement qu'il louait est petit : une cuisine (fenêtre sur cour), une pièce au-dessus avec fénêtre sur la rue, un vestibule donnant aussi sur la cour dans lequel on trouve un petit orgue dans une caisse en acajou avec un pupitre à musique, et une chambre à coucher.
Les experts chargés d'évaluer " le matériel, agencement du fonds de commerce de fabricant de musique exploité par feu Mr BRETON dans l'atelier éclairé sur la rue par deux fenêtres " furent Mrs Martin THIBOUVILLE " fabricant d'instruments de Musique 69 rue d'Argout à Paris " (Martin (II) THIBOUVILLE (1792-1878) et Louis Emile Jérome THIBOUVILLE (1833-1902) fabricant d'instruments de musique 31 Bd de Montmorency à Paris ".
+ Un poële en fonte et un tuyau en fonte 3 frs
+ Une meule et sa monture en bois 2 frs
+ Un tour avec ses outils et accessoires 2 frs
+ Un établi à travailler et une presse à marquer
avec un vieux banc à tirer 25 frs
+ Un étau en fer sur un billot en bois, un petit souflet
de forge, deux lampes à tringles, une fontaine,
boites et menus objets 12 frs
Marchandises et outils :
+ Deux flûtes en cristal, un flageolet, une clarinette
et quatre autres flûtes de diverses grandeurs et
divers accessoires. 140 frs
+ 5 étuis pour instruments de musique 3 frs
+ Un instrument en cuivre 12 frs
+ Un lot de tubes en métal et en bois 12 frs
+ Un lot d'instruments en bois 1 frs
+ 4 tubes en verre et parties de vieux instruments
un lot d'outils 60 frs
+ Un lot de becs en cristal 15 frs
+ Un autre lot de becs en cristal 50 frs
+ Un lot de tiges en cuivre pour embouchures 20 frs
+ 13 moules en fer pour embouchures et autres
ustenciles pour la fonte des becs 700 frs
Estimation du fond de commerce.
Compte tenu du chiffre d'affaire et des clients le fond de commerce est estimé à 0 frs
Visiblement J.B. BRETON n'avait pas fait " fortune " et vivait sans doute d'expédient à la fin de sa vie. " il n'y avait aucun argent dans la caisse, aucune commandes non payées seulement des dettes (il devait 270.75 frs à Martin THIBOUVILLE) et avait gagé au Mont-de- Piété sa montre en or......Les seuls éléments de valeurs dans cet inventaire sont les moules qui servaient à faire les embouchures ". Effectivement les instruments portant la marque de BRETON sont rares dans les collections actuelles.
Flûte en argent massif de Breton Collection RP
Pour la petite histoire sa fille Marie Elisabeth BRETON avait pour compagnon William STAR anglais artiste de cirque.
Et c'est leur fille Louise Star née en 1871 à Cherbourg qui jouait le rôle de trapéziste dans le numéro fait avec son père.
Au cours de la rédaction de notre article sur l'atelier du facteur de flûtes et hautbois Jacques NONON et du flûtiste Jean Louis TULOU, nous avons découvert l'importance des cleftiers (fabricants des clés d'instruments de musique), dans la facture des instruments de musique à vent en cuivre et en bois. Notre nouveau travail sur les poinçons d'argent des instruments de musique renforce notre intérêt pour ces "prestataires" de grands facteurs par exemple comme Claude LAURENT et ses flûtes en cristal, Auguste BUFFET dit Jeune qui le premier adapta la flûte Boehm en France, Jacques NONON, Jean Louis TULOU etc..
Quel est le principal point commun entre ces facteurs parisiens prestigieux?
Tous travaillaient avec le même cleftier : Nicolas Paul BELORGEY.
Nous avons publier dans le dernier Larigot, un article de 24 pages, "très amélioré" sur Nonon et Tulou. Si vous voulez vous le procurer : Cliquez sur ce lien.
Vous voulez consulter l'article sur les poinçons d'argent des instruments de musique : Cliquez sur ce lien
Nicolas Paul BELORGEY est né le 16 février 1803 à Paris. Il était mécanicien au sens du début du 19 ème siècle, c'est à dire artisan qui travaillait les métaux, savait faire de la mécanique comme des automates, fabriquait des outils de chirurgiens etc....Chaque mécanicien était spécialisé et il y avait de quoi faire en ce début de siècle d'industrialisation : métiers à tisser, machines à vapeur, instruments d'agricultures etc..
Au niveau des instruments de musique le développement du piano ouvrait de grandes perspectives à cette spécialisation. N.P. BELORGEY avait choisit les instruments à vent en bois et en cuivre. Pour comprendre l'importance de cette spécialisation, abordons par exemple l'évolution de la flûte. A la fin du XVIIIéme siècle la flûte est un instrument en bois avec une seule clé. Il est fabriqué par des tourneurs qui ont surtout comme préoccupation d'améliorer la justesse et la puissance de l'instrument en travaillant la perce. Les clés sont très accessoires et peuvent être fabriquées par le même facteur ou un de ses ouvriers.
Flûte de Martin Lot vers 1780. (eBay)
Durant la période révolutionnaire, le conservatoire de Paris est créé et au début du XIXème siècle HUGOT puis WUNDERLICH tous les deux professeurs au conservatoire de Paris préconisent dans leur méthode la flûte à quatre clés.
Description de la flûte à quatre clefs de la méthode de Hugo et Wunderlich.
A Paris les facteurs spécialistes dans la fabrication des flûtes étaient peu nombreux. en 1808.
Flûte à 4 clés de Laurent de 1807. (Dayton Miller Collection)
Cette flûte de Laurent de 1807 représente une avancée considérable au niveau de la facture. Lorsque l'on décrit ces flûtes c'est principalement pour évoquer la flûte en cristal, sans aborder les améliorations au niveau technique qu'il a fallu créer pour réaliser ces instruments.
Détails de la patte de la flûte de 1807. (Collection DCM)
Notons tout d'abord la clé à bascule, l'une des premières flûtes munies de ce type de clé sans doute inventé par Laurent et/ou son cleftier ? (Les poinçons d'orfèvres ne sont apparus sur les clés d'instruments que vers 1820), système de fixation des clés : plaque et deux boules soudées, les jointures en argent entre les quatre parties en cristal. Tous ces éléments sont très innovant pour une flûte de 1807 et seront repris progressivement par les grands facteurs de flûtes parisiens, puis lyonnais, comme Godfroy, Bellissent, Tabart....Même si Laurent était horloger, il devait avoir recours, pour concevoir ces innovations à des mécaniciens ou orfèvres parisiens plus habitués à ce travail. Pour tout connaître sur ces merveilleuses flûtes en cristal de Claude Laurent : lire la thése de Montserrat Gascon :"Une flûte en cristal". Els instruments de vidre de Claude Laurent (1774-1849). Tesi doctoral. Universitat Autònoma de Barcelona, 2017. Pour découvrir le site de Montserrat Gascon cliq uez
Flûte à quatre clés plus une de Jean René Winnen (Vers 1815) dont les clés
portent des poinçons de province (Sans doute la Couture)
Le nombre de clés évoluant en passant de 6 et 8 voir 9, nous arrivons vers 1838 à la naissance de la flûte Boehm et la complexité de son mécanisme. C'est le 10 juin 1833 que N.P. BELORGEY enregistre son premier poinçon "P#B" dans le sens vertical. " Belorgey Fabricant de clés de flûtes et clarinettes, 32 rue du Petit Carreau".
Il a 30 ans, est marié avec Marie Catherine SIFFRET ; ils ont au moins deux enfants : Jules Alexis Joseph BELORGEY né le 20 juillet 1827 à Paris, qui sera lui aussi mécanicien spécialiste des systèmes Boehm et Charles Gustave BELORGEY né le 13 décembre 1829. C'est à cette époque qu'apparaissent les premiers instruments à clés d'argent portant sa marque. Il est le cleftier de l'atelier NONON-TULOU.
Flûte à 5 clés et bagues larges en argent de Tulou. (Musée de Bruxelles)
Détail des poinçons de la flûte de Tulou permettant de dater l'instrument
entre 1833 (date d'inculpation du poinçon vertical de Belorgey) et 1838
(date de la fin de l'utilisation du poinçon tête de lièvre)
Toutes les flûtes Tulou (après 1833), à clés en argent de la période de l'atelier Tulou-Nonon portent les poinçons de Belorgey. Le deuxième exemple de datation d'une flûte Tulou à 5 clés de l'atelier Tulou-Nonon est la flûte du Musée de la Musique de Paris que le Maître lui même avait donné à son ami Moudreux en 1847 que dans mon article je datais à tort de 1847. La lecture des poinçons permet de dater l'instrument entre 1838 et 1844.
Flûte Tulou de l'atelier Tulou-Nonon à 5 clés.
(Musée de la Musique de Paris)
Détail des poinçons de la flûte de Tulou permettant de dater l'instrument entre 1838 (début de l'utilisation du poinçon à tête de sanglier) et 1844 (date de la fin de l'utilisation du poinçon vertical de Belorgey)
Le 12 avril 1843, il enregistre son deuxième poinçon "P#B" dans le sens horizontal.
Flûte Tulou 5 clés portant le poinçon tête de sanglier, aprés 1838 et
le poinçon de Belorgey horizontal , après 1843. Donc datable
de la période 1844...cela tombe bien car elle est datée de 1844.
(Collection R. Pierre)
N.P BELORGEY était à cette période le cleftier de Claude LAURENT. Les clés des flûtes de ce dernier, dans la période 1806 à 1817 ne portent pas de poinçon d'orfévre. Dans la période 1820 à 1830 les flûtes de Laurent portent le poinçon de Jean Dupin ou celui de son fils (à confirmer), bijoutiers et orfévres aux Palais Royal.
Poinçon de Jean DUPIN.
Poinçon de Jean DUPIN Jeune.
Flûte de Claude Laurent, à huit clés en argent de Jean Dupin père de 1822.
Collection David Shorey;
Donc N.P. BELORGEY réalise en 1839, les clés en argent de cette flûte de C. LAURENT du musée de Barcelone.
Flûte de Claude Laurent de 1839 à 8 clés en argent de N.P Belorgey.
Musée de Barcelone.
Cette flûte en bois de Claude LAURENT, dont les 8 clés portent le poinçon horizontal de BELORGEY est probablement de la même période ( vers 1840).
Détails des clés de la flûte en bois de C. Laurent.
Vente Vichy 2016.
Vers 1838 il réalise pour Auguste BUFFET Jeune un des premiers clétages en argent, système Boehm correspondant au modèle de son brevet obtenu avec Victor Coche.
Flûte d'Auguste BUFFET Jeune, premier système Boehm conforme
au brevet Buffet-Coche de 1838 dont le clétage a été réalisé
par N.P Belorgey (Poinçons tête de sanglier et Belorgey vertical).
(Collection Michael Lynn).
Une très rare flûte de Claude Laurent, en cristal vert et clétage en argent, système Boehm de la collection Dayton Miller, réalisée en 1844 a été "garnie" par Breton (confirmée par M. Gascon).
Flûte de Claude LAURENT de 1844, à clétage systéme Boehm en argent
réalisé par N.P. Belorgey. (Dayton Miller Collection).
N.P. BELORGEY n'était pas seulement l'un des cleftiers les plus important de cette époque mais II était également pistonnier. "Belorgey Aîné, facteur de clefs d'instruments de musique. Fabrique tout ce qui a rapport aux garnitures intérieures et extérieures des instruments en bois et en cuivre : 32 rue du Petit Carreau". (Alm. Bottin 1844)
Le 21 octobre 1843 il avait obtenu en collaboration avec Antoine HALARY, facteur très actif, un brevet :
Comme de nombreux brevets de cette époque, celui-ci avait pour but d'améliorer l'efficacité des pistons, en essayant de réduire les frottements par un système de ressorts articulés.
Il obtint le 14 octobre 1847, cette fois seul un brevet pour "un genre de piston à cylindre à moteur vertical pour les instruments de musique en cuivre" qui poursuivait toujours le même objectif.
Cornet à Pistons de Belorgey avec son brevet.
Musée de la musique de Bruxelles.
Il demanda, pour adapter son système, plusieurs extensions à son brevet : le 20 décembre 1852, le 5 mars 1853, le 4 mai 1855, le 10 octobre 1859. Mais aucun de ces brevets ne fut couronné de succès. De plus son travail de cleftier déclina, en effet tous les facteurs à partir des années 1850 eurent de moins en moins recours à ces prestataires, ayant des ouvriers spécialisés dans leurs ateliers. On peut le constater par l'apparition des poinçons d'argent de facteurs renommés, Nonon, Gautrot...etc. Et puis la création de grandes fabriques et l'arrivée de leurs machines à vapeur signèrent la disparition de ses artisans à Paris.
Suite au déclin de son activité et ses dépenses trop importantes pour ses brevets, Nicolas Paul BELORGEY est déclaré en état de faillite le 27 février 1862.
Extrait de la séance de conciliation entre N.P. Belorgey et ses créanciers
du 20 juin 1862. (Archives de Paris-Faillites, série D.11.U3)
On retrouve parmi ses créanciers ces anciens partenaires : Antoine HALARY, Jacques NONON qui lui avait sans doute prêté de l'argent avec intérêts, Adolphe SAX, mais aussi des banquiers, des sous traitants.....
Cliquer sur le document pour l'agrandir.
Liste des créanciers.
Il habitait au N°26 rue des Petits Carreaux, au troisième étage où il occupait une pièce et une cuisine pour son habitation et avait au même étage son atelier dont l'inventaire sera fait le 26 février 1862 (Archives de Paris). Il devait y habiter seul car son épouse, figurant au niveau de ses créanciers est domiciliée : 25 rue de Colombes à Courbevoie. Il avait du employer plusieurs ouvriers car dans l'inventaire est cité un "livre de comptes d'ouvriers".
Signature de N.P. Belorgey en 1862.
Cliquez sur le document pour l'agrandir.
Cliquez sur le document ci-dessus pour pouvoir le lire.
A la suite de cette faillite, l'atelier de la rue des Petits Carreaux disparait. Mais pratiquement la même année apparait dans le Bottin (1863) l'atelier du fils de Nicolas Paul BELORGEY, "Jules BELORGEY Fils, fab de clefs et mécanismes pour instruments de musique en bois, spécialité pour le genre Boehm, 16 Faubourg Saint Denis et 71 rue de Vincennes à Belleville".
De 1864 à 1866, l'atelier sera 83 Faubourg Saint Martin, puis de 1867 à 1869 au 18 rue Charlot (à quelques pas de l'atelier actuel de Guy COLIN)
Il n'apparait plus dans le Bottin à partir de 1870. Nicolas Paul BELORGEY est décédé le 7 août 1873 à 70 ans à l'hôpital Bichat. Veuf, il habitait au N°26 rue de Saintonge.
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