Ce Blog est destiné à favoriser la réalisation d'articles sur les facteurs, marchands de musique, luthiers, en mettant à disposition une collection de documents sur ces sujets.
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Les 3 clarinettes 12 clés Kayser avec leurs boites d’anches,
leur boites de becs et leur écouvillon (coll. JDT).
Que pouvons dire sur cet ensemble ?
1°) D’abord pourquoi une boite avec 3 clarinettes ?
Au début du XIXème siècle, les clarinettistes qui se
répandaient dans tous les orchestres civils et militaires devaient pouvoir
jouer des traits difficiles et cela dans tous les tons. Or ce n’était pas aisé et
le clarinettiste alors devait avoir plusieurs clarinettes et parfois en changer
en cours de morceaux. C’est ainsi qu’il pouvait avoir cette boite avec 3
clarinettes dans des tonalités différentes pour passer de Ré à Mib, ou de Ut,
Sib à La ou avoir des clarinettes qui avaient des corps de rechange avant que
se généralise la clarinette 13 clés omnitonique d’ Iwan Muller.
2°) Un coffret rare de 3 clarinettes Kayser ?
Qui était Heinrich Friedrich KAYSER ? On ne sait pas grand chose.
Alors toutes informations sont les
bienvenues.
Il est né à Hambourg le 4 septembre 1809 et décédé dans cette même ville d'Allemagne le 12 novembre 1890. Il exerça à Hambourg le métier de facteur de clarinettes (on ne connaît pas d'instruments autres que des clarinettes de ce fabriquant, peut-être une flûte?) de 1833 à 1883.
Hambourg était la patrie de son contemporain Johannes BRAHMS (1833-1897). Ses instruments ont été utilisés particulièrement en Scandinavie et en Allemagne du nord.
Johannes BRAHMS.
Pourquoi 12 clés ? En Allemagne, la clarinette 12 clésétait plus populaire alors qu’en France on
utilisait la clarinette de Müller à 13 clés. Ces clarinettes sont datées entre 1830-1850.
Différentes marques des instruments.
3°) l’originalité de Kayser ?
Afin de bien saisir
l’intérêt des clarinettes de ce facteur, il faut admirer son travail soigné et
la finesse de ses clarinettes notamment ses clés et guides en laiton et c’est
pourquoi ces clarinettes étaient et restent réputées.
Détails de clés et des guides.
Il faut replacer les évolutions pour les non spécialistes. Les guides sont de plusieurs sortes : au départ le
facteur-tourneur faisait des excroissances (anneaux sur le corps du haut, bulbe
sur le corps du bas) avec un tour à bois dans la masse du buis. Ceci permettait
de percer ensuite ces guides et mettre des tiges en laiton qui servaient d’axes
permettant aux clés d’être tenues fermement et de pivoter sur ces axes. Ces blocs en bois étaient disgracieux et alourdissaient la
clarinette. Aussi lesfacteurs
vont ils au cours du temps essayer de les réduire.
Clarinette à 9 clés allemande de la même époque mais moins élaborée.
Kayser lui va inventer (?) des guides en laiton fixant
les clés, guides qui seront fixés eux mêmes sur le corps de l’instrument par
des patins (plaques de laiton) puis des boules. Ce qui surprend c’est l’extrème précision de l’ajustement
des guides pour faire glisser les clés : vraiment un grand clétier.
Détails des longues clés avec rouleaux et guides.
On peut aussi observer des fausses baguesdit monoxyle c’est à dire tournées dans le
buis supprimant le corps central tout en lui donnant l’aspect de la clarinette
ancienne.
Fausse bague monoxyle.
On peut aussi voir le
renforcement systématique avec des clous en acier sur le buis afin qu’il
n’éclate pas et disposés toujours de la même façon et très nombreux.
Renforcement métallique systématique et identique sur les trois clarinettes.
Une caractéristique
aussi peu commune et la fente dans les clés de trilles donnant un confort pour
glisser d’une clé à l’autre.
Forme spécifique des spatules des clés pour permettre un meilleur glissement.
Les roulettes créées par le clarinettiste français César Janssen vers
1840 mais qui ont été très utilisées par la facture allemande.
Rouleaux des grandes clés.
Il existe quelques clarinettes H. Kayser dans des
musées notamment à Stockholm, à Edimbourg (collection N.Shackelton), en Allemagne et quelques unes
dans des collections privées, soit entre 15 et 20 clarinettes dans le
monde.
Clarinette alto de Kayser du musée de Stockholm.
Le facteur grand facteur actuel Seggelke à Bamberg a
reproduit, pour le clarinettiste anglais Keith Puddy, des Kayser afin de jouer
la star de Hambourg : Brahms of course !
Différents modèles de clarinettes reproduites
par Seggelke pour jouer Brahms et Schumann.
Un footballeur au secours de la célèbre maison MAUGEIN de Tulle. Laurent Koscielny, joueur à Arsenal et footballeur
international, a investi une partie des 600.000 euros nécessaires à la
reprise des accordéons Maugein à Tulle. En grande difficulté financière,
l'entreprise est l'une des dernières fabriques d'accordéons en France.
Et pas n'importe quel footballeur, puisque
c'est Laurent Koscielny, joueur d'Arsenal , et international avec les Bleus qui né à Tulle en 1985, et formé dans l'équipe de foot de la ville a décidé de secourir cette entreprise centenaire. Les footballeurs sont suffisamment critiqués pour souligner cette initiative.
Le portrait du "Johnny HALLIDAY" du XVIIIe siècle vendu à Pau. Le portrait de Pierre Jélyotte (1713 –1797) est passé en vente à Pau. Ce superbe tableau représente un des plus célèbre chanteur d’Opéra, comme haute-contre, sous le règne de
Louis XV, qui tint, jusqu’à sa retraite en 1755, les grands rôles du
répertoire. Il interpréta notamment en 1745, devant le roi et la cour, le
Platée de Rameau. Il était aussi violoniste et violoncelliste, notamment chez
la marquise de Pompadour, ainsi que compositeur (Zélisca, 1745).
SAX200- Exposition Adolphe Sax au Musée des Instruments de Musique de Bruxelles.
Pénétrez au sein-même de l'univers d'AdolpheSax : Un univers à la fois musical, industriel, commercial et personnel. Grâce aux objets et documents, présentés (dont des pièces uniques et/ou inédites !) mais aussi grâce aux sons et images, fixes ou animées.
L'exposition aborde différents aspects évocateurs de sa vie et de son œuvre, qui sont présentés en thèmes bien distincts : Sax inventeur, Sax entrepreneur, Sax intime, Après Sax, etc.
Vous avez le temps du : 8 février 2014 au 11 janvier 2015
Une clarinette avec une marque inconnue ?
Passée en vente à Lyon cette clarinette en buis, baguée en corne à 6 clés en laiton, portant la marque J.F. VALOTTE à Perpignan. (Si vous avez des infos.....)
Et l'événement de ce mois de mars, la vente d'un clavecin exceptionnel !
Le 25 mars sera vendu par maître Lefur à Paris un clavecin exceptionnel de
Hieronymus AlbrechtHASS de Hambourg, daté de 1740. Il est exceptionnel parce que il a
trois claviers FF-13 sans FF# (fa-1 à fa-1#), 60 notes 3 claviers et 6 jeux
Clavier du haut: 8' jeu nasal 8' pieds de biche (commun à ce clavier et à celui
du milieu) Clavier du milieu: 8' pieds de biche 4' 8' Clavier du bas: 16' 2'. Clavier orné d'une exceptionnelle marqueterie d'écaille de
tortue, bois précieux et ivoire. La caisse et le piètement sont richement décorés
sur un fond en trompe-l'œil imitant l'écaille, et d'un motif de
"chinoiseries" doré sur fond noir et rouge.
L 'intérieur du couvercle
peint de la présentation du clavecin par le facteur à son commanditaire,
personnage féminin de haute lignée.
Le clavecin présenté ici est une pièce d'exception. Il s'agit certainement
de l'instrument le plus important existant au monde dans le domaine de la
facture des instruments " à claviers". Sa particularité est de
comporter trois claviers d'origine, dans un état exceptionnel. Une confirmation
historique que les jeux de 16'(1) étaient bien connus des anciens, comme
l'affirmait Pleyel sur les chapiteaux de sautereaux d'après les conseils de
Wanda Landowska. Ce clavecin compte 60 touches et possède un très rare "
étage de cordes" de 2' sur trois octaves des basses.
Hieronymus Albrecht HASS était un facteur très réputé dont la
famille s'est installée à Hambourg avant 1711. Les musées de Barcelone,
Bruxelles ou Oslo comptent plusieurs instruments de sa facture. Il construisit
ce clavecin en 1740. Il appartint notamment à la famille Jouvenel qui s'en sépare en 1964 pour
devenir la propriété du célèbre claveciniste Rafael PUYANA, qui fut comblé de
sa qualité.
Le décor du couvercle a donné lieu à diverses interprétations.
Certains spécialistes ont pensé que l'instrument avait été fait pour Catherine
II de Russie. Mais la présence des monuments peints à l' arrière plan évoque
l'architecture espagnole ou portugaise. Messieurs Andréa Restelli, facteur à
Milan, et Olivier Fadini, semblent en mesure d'affirmer qu'il est plus
plausible qu'il ait été alors la propriété de Maria Barbara de Braganza, fille
du roi du Portugal et claveciniste émérite. Elle avait pour professeur à
Lisbonne Domenico Scarlatti, lequel la suivit à Madrid lorsqu'elle devint Reine
d'Espagne. D'après une gravure du Site Réal de Aranjuez datée de 1775
(Résidence d'été de la Reine), on retrouve les bosquets, le monument polygonal
et les fontaines à l'identique du tableau peint sur le couvercle de
l'instrument présenté.
Estimation : 1 500 000 Euros à 2 000 000 euros, si vous avez quelques économies...espérons qu'un musée ou un musicien aura la bonne idée de l'acquérir.
(Tous
nos remerciements à Denis Watel pour
la relecture de cette réflexion et de nous avoir montré sa superbe
collection de petites clarinettes qui mérite un autre article)
Quel
est l’historique des petites clarinettes ?
La
clarinette a été inventée par Dennervers
1700 à Nuremberg en perfectionnant le chalumeau. Il existait plusieurs sortes
de chalumeaux, de longueurs et de tonalités différentes, qui étaient utilisés
par la musique populaire mais aussi par les compositeurs comme Vivaldi, Telemann, Graupner, Haendel,
Rameau … Ces
musiciens et bien d’autres après vont utiliser la clarinette qui apparaît dans
les orchestres dès 1710. Les
chalumeaux ont continués à coexister avec ce nouvel instrument qu’était la
clarinette puis vont disparaître, au fur et à mesure du perfectionnement de la
clarinette.
chalumeaux aux tonalités différentes copies
de chalumeaux anciens du facteur et clarinettiste Gilles Thomé qui joue dans des orchestres baroques
Comme
les mêmes facteurs fabriquaient les chalumeaux et les clarinettes, il a été
logique qu’ils créent des clarinettes de longueurs et de tonalités
différentes notammentla
clarinette en Ut pour jouer avec les autres instruments qui sont souvent de
cette tonalité et la
petite clarinette en Ré qui fut aussi rapidement réalisée à cause de son timbre
aigu et qui remplaçait la trompette en Ré fort utilisée (d’où le nom de
clarinette : clarino = petite trompette). Les
facteurs de cette époque étaient rares et sont localisés en
Allemagne : Denner père et
fils, Scherer, Oberlender, Zencker…, Rottenburg en Belgique, Boekhoutaux Pays Bas, Friderichà Prague … puis la facture de
clarinette va s’étendre plus tard vers l’Autriche, l’Angleterre et la France.
La
clarinette, malgré ses imperfections, va rapidement trouver sa place dans
l’orchestre vu son timbre nouveau et particulier, mais aussi comme instrument
soliste avec les premiers concertos (Rathgeber
en 1728, Paganelli en 1733… ) et les
premiers virtuoses qui commencent à sillonner l’Europe. La
clarinette va aussi s‘implanter dans la musique de chambre prisée par les
aristocrates et les bourgeois (par exemple les trios de Kölbelavant bien sûr Stamitzet l’influence de l’orchestre de Mannheim qui a eu tant d’impact sur le
jeune Mozart).
L’entrée
de la petite clarinette dans le répertoire musical a débuté par des traits en
orchestres avant une consécration car entre 1745 et 1755,J.M. Molter écrit 6 concertos pour
clarinette en Ré sur le modèle des concertos grosso de Vivaldi et ce sont parmi
les premiers concertos pour clarinette, toujours joués actuellement. Mais
la clarinette va devenir rapidement aussi un instrument pour les musiques des
armées et ceci va entraîner sa diffusion à travers les pays vu les guerres
incessantes en Europe.
Avec
les démobilisations des clarinettistes survivants, les orchestres villageois vont
s’enrichir de ce nouvel instrument.
Quel
est le rôle des petites clarinettes dans la musique militaire ?
Son
rôle est essentiel. La musique militaire l’utilise abondamment mais il faut
revenir à un point d’histoire fondamental.La guerre de Sept Ans (1756-1763) est une
guerre mondiale qui a ravagé l’Europe, l‘Amérique du nord et l’Asie et qui a
modifié l’équilibre géopolitique des pays concernés.
La
connaître est essentiel pour comprendre l’histoire postérieure du monde mais
aussi pour la clarinette ! En effet pour entraîner les armées aux combats
incessants et meurtriers, la musique militaire devient incontournable. Il
faut savoir que les musiciens des régiments étaient souvent des gagistes, c’est
à dire des contractuels qui passaient de régiments en régiments selon la solde
et quelque soit le pays ! (il n’était pas rare de trouver des collègues et
amis dans les musiques de tel régiment, se trouver plus tard ennemis face à
face au combat ! ) De plus le renversement des alliances de cette guerre
et la multiplicité des batailles dans de nombreux pays va diffuser la
clarinette à travers l’Europe.
Après
la guerre, vu la ruine de tous les pays belligérants, les musiciens et les
facteurs d’instruments vont émigrer à la recherche de travail. Or la France,
malgré la guerre ruineuse est un grand pays, le centre culturel mondial aux ressources
importantes et la France est curieuse de ce nouvel instrument. Ceci
va entraîner l’afflux de musiciens, civils et militaires, et de facteurs
allemands notamment de clarinettistes. Cet instrument va être copié par les
facteurs français puis se généraliser rapidement dans les armées françaises,
dans les orchestres villageois, dans les orchestres symphoniques. A
la fin du 18ème siècle lors de la révolution française et de
l’empire, la France comptera énormément de clarinettistes (Napoléon 1er
et les 1000 clarinettistes de son armée !)
Dans
certains orchestres populaires (harmonies, bandas … ) la petite clarinette
trouve aussi sa place notamment dans la musique bretonne, la musique italienne surtout
à Venise.
La facture française va aussi exporter beaucoup en Espagne et en
Amérique du sud la petite clarinette Mib qui sera appelée «Requinto» utilisé par les « piteros »
dans la musique folklorique et qui privilégie le registre aigu et qui est
toujours accompagné d’une caisse claire.
Piteros espagnols.
Collection D. Watel.
Quelle est la définition des petites clarinettes, les
différentes tonalités ?
Dans
le Lavignac par exemple, les
clarinettes de La à Mib sont des clarinettes "sopranos" et celles de
Fa à Lab aigu comme clarinette "piccolos".Au
18ème siècle, les clarinettistes avaient plusieurs clarinettes dans
des tonalités différentes et les premières méthodes du milieu du 18ème
siècle pour clarinettes font des longs développement sur les utilisations des
clarinettes en usage. D’ailleurs au fil du temps certaines tonalités de
clarinettes vont disparaître des méthodes et des orchestres (Si, Mi, Sol, Sib
aigu et Ut aigu) alors que d’autres vont apparaître (Fa, Si b, Mi b, La b). Le
clarinettiste pouvait jouer dans toutes tonalités et les méthodes du 18ème
siècle (Blasius, Van der Hagen, Yost,
Vanderbrock, Francoeur…etc ) prouvaient qu’en changeant de clarinettes, on
pouvait jouer qu’en tonalités faciles soit Ut, Fa et Sol et éviter de
transposer, ce rappel historique est surprenant pour l’instrument transpositeur
par excellence actuel !
Petites clarinettes (Gauche à droite) : Ré à 12 clés de Kayser à Hambourg, anonyme Mi bémol à 10 clés, Mib à 6 clés de Noblet, Fa à 12 clés anonymes de Markneukirchen.
(Collection J.D. Touroude)
La
clarinette en Fa :
La petite clarinette en Fa joue à la quarte avec la clarinette en Ut dans
les harmonies et musiques militaires (traits aigus et puissants). Au
18ème siècle la clarinette était souvent associée au cor ou basson en duos (le
cor étant en Fa, la clarinette était de la même tonalité pour éviter de
transposer).
Les
clarinettes en Sib aigu et Ut aigu : elles sont très rares.
La
clarinette Lab :elle est plus tardive et on trouve la petite clarinette
Lab aigu dans certaines harmonies surtout les bandas en Italie. Il y a aussi du répertoire dans les musiques
militaires anglaises et italiennes. C’est la clarinette la plus aigûe et la
plus petite et jouer avec n’est pas aisé vu la grosseur des trous et des
clés !
Pourquoi
l’hégémonie de la clarinette en Mib ?
La
clarinette Mib :
aigüe, brillante, projetant plus le son que sa sœur en Ré est née au début du
XIXème siècle et se répandra surtout dans les musiques militaires et les
harmonies en Allemagne puis en France.
Clarinette en Ré # (DIS) de Dobner et Felklin à Strasbourg
(Collection R. Pierre)
Quand
la clarinette en Sib va remplacer peu à peu la clarinette en Ut, la petite
clarinette qui joue à la quarte au dessus va passer logiquement de Fa à Mib
pour respecter les concordances entre les clarinettes. Elle
sera fabriquée en France ponctuellement mais c’est vers 1830 que les facteurs
vont commencer à l’inclure dans leurs productions. A partir de 1850, elle va se
généraliser dans les musiques militaires, dans les orchestres symphoniques et
les harmonies surtout quand elle aura 13 clés et la possibilité de faire toute
la gamme chromatique.
Registre de la clarinette Mib.
Avec
le système Boehm, elle pourra effectuer des traits de virtuosité au même titre
que les petites flutes. Dans les orchestres surtout militaires et les harmonies
avec les clarinettes Sib et les saxos en sib et Mib, la petite clarinette sera
exclusivement en Mib.
Quelle
est l’utilisation des clarinettes en Ré et Mib dans l’orchestre
symphonique et pour quel répertoire. ?
Le
succès de la clarinette en Ut à 5 clés puis celle en Sib avec une palette
sonore plus grande va éclipser la petite clarinette puis la cantonner plus tard
dans l’orchestre symphonique à réaliser des traits aigus, voire satirique. La
symphonie fantastique de Berlioz en
1830 l’utilisera pour la première fois dans l’orchestre symphonique. Ainsi
en 1870, Wagner, avec Tannhäuser
puis la chevauchée des Walkyries, réutilisera la clarinette en Ré. D’autres
l’utiliseront ponctuellement dans l’orchestre symphonique mais elle tombera en
désuétude peu à peu. Ainsi le Sacre du Printemps et Till l'espiègle, les
partitions d'origines sont écrites pour clarinette en Ré mais transposées pour
clarinette en Mib.
Aujourd’hui
personne n’écrit plus pour clarinette en Ré. Les
grands compositeurs l’utiliseront dans leurs orchestrations. Citons par
exemple : Ravel dans le Boléro et
Daphnis et Chloé, Mahler dans sa
symphonie Titan, Stravinsky dans le
sacre du printemps et l’oiseau de feu, Richard
Strauss dans Till l’espiègle, Bartok
dans le mandarin merveilleux, Britten
dans le prince des pagodes, Copland,
Janacek, Messiaen, Dallapiccola, Bério et nombre de compositeurs
contemporains.
On
peut écouter des clarinettistes comme Arrignon,
Merreretc… et la Garde Républicaine pour se rendre compte des possibilités et de la
beauté de la clarinette Mib. La
petite clarinette Mib devient un instrument à part entière avec sa vélocité,
son suraigu, sa couleur spécifique pour toute orchestration et remplace peu ou
prou les autres petites clarinettes.
Quels
étaient les grands facteurs de petites clarinettes (allemands,
français…) ?
Souvent
les mêmes facteurs que les clarinettes en Ut et Sib car il n’y a pas de
spécificités techniques particulières à réaliser une clarinette en Mib . Elles
sont les copies conformes des clarinettes en Ut et Sib mais en plus petites. La
composition est la même : bec, barillet, corps du haut, corps central,
corps inférieur, pavillon. Les
matériaux sont les mêmes : d’abord le buis puis l’ébène pour le bois avant
l’ébonite voire le métal. Les
clés sont d’abord en laiton puis en maillechort. Les formes des clés sont les
mêmes que les autres clarinettes selon les facteurs, les pays et les époques. Les
viroles ou bagues sont en corne ou en ivoire puis en laiton et en maillechort
comme les autres clarinettes.
Comment
reconnait-on la tonalité des petites clarinettes : Ré, Ré#, Mib, Fa,
Lab ?
Un
doute existe quand on voit les petites clarinettes et que la tonalité n’est pas
marquée.
Sont-elles
en Ré, Mib ou Fa ? quels sont les critères d’analyse ?
Au milieu de toutes ces clarinettes, une petite clarinette en Mib en métal à double parois.
(Photo de Peter Portner- Historical Museum Basel)
- La longueur est souvent un
critère majeur pour catégoriser les clarinettes en Mib, en Ré ou en Fa.
En
comparant la vingtaine de petites clarinettes de ma collection, nous pouvons
avoir une différence de 5 cm (hors becs) entre 2 petites clarinettes en Mib.
On
s‘aperçoit que les longueurs des becs, des barillets, des corps de
l’instrument, des pavillons varient. Mais en fait ce critère nécessaire n’est
pas suffisant et d’autres composantes doivent être analysées.
- La perce est un deuxième
critère fondamental puisque c’est la forme cylindrique de celle ci et son
diamètre qui crée le timbre particulier de la clarinette. Le
matériau de la clarinette est secondaire. Dans notre collection les perces
varient de 10 mm à 13 mm - La grosseur des
trous
est un troisième critère. Les gros trous permettent de projeter le son plus
fort mais la place des trous et leur grosseur sont essentiels pour la justesse
et le diapason. Ils
varient de 5,5 mm à 8,5 mm (corps central de clarinette en buis de la même
époque). La
perce et la grosseur des trous sont plus petits dans les petites clarinettes
mais sont en proportion avec la grandeur des différents corps de la clarinette
qui sont eux mêmes plus petits que les clarinettes en Ut et Sib.
Ainsi
prenons un exemple :
la
longueur du barillet qui en moyenne fait 40 mm pour la Mib et 44 mm pour la Ré,
fera 50 mm pour la clarinette en Ut et 60 mm voire 63 mm pour la Sib et 65 mm
pour la clarinette en La.
Clarinette anonyme en Ré et corps de Rê #. (Collection J.D Touroude)
Mais
certains facteurs feront des barillets plus allongés d’autres plus courts
s’adaptant aux autres corps de l’instrument. Par contre la forme extérieure,
plus ou moins bombée du barillet selon les facteurs n’apporte strictement rien,
sauf sur le plan esthétique. C’est
la combinaison de ces 3 différents éléments (longueur, perce, trous) qui font
la justesse et le diapason de la clarinette et nous montre par exemple si elle
est en Mib ou en Ré. Le bec et l’anche interviendront surtout pour le son.
Mais
faut-il savoir encore pour quel diapason l’instrument a été fabriqué car
entre le 415 baroque du 18ème siècle et le diapason à 440 du 20ème
siècle, il y a une différence pratiquement d’un demi ton ! Dans
notre collection les diapasons varient de 425 à 440.
Pourquoi
fabriquer des clarinettes en Ré au milieu du XIXème siècle et pourquoi
fabriquer des cl en Ré# (DIS) :
Alors
que l’hégémonie de la clarinette Mib s’ implante, certains facteurs
continuent à fabriquer des clarinettes en Ré et Ré # . La
clarinette en Ré ancienne, très populaire en Allemagne accompagnait souvent
le violon au 18èmes siècle et au 19ème et avec l’émigration
européenne aux USA cette tendance a continué. Ainsi Les facteurs Martin frères vers 1840 feront des
clarinettes en Ré pour l’exportation aux USA souvent utilisés dans les bals
villageois. Le
diapason s’élevant de plus en plus, la clarinette exclusivement en Allemagne passa
de Ré (D) à Ré # (marqué DIS) mais tombèrent rapidement en désuétude car
certaines Mib font un son identique (toujours le diapason mouvant)
Le Schrammel quartet de Vienne et sa petite clarinette jouée par Georg Dänzer.
Comment
passer de la clarinette Sib à la Mib ? Quelles sont les difficultés et les
spécificités de jeu.
La
clarinette étant plus petite (de 20 cm) la position habituelle des doigts est
différente et cause nombre d’accidents et on entend en Mib et non plus en Sib
ce qui est gênant. Puis
il faut jouer avec le bout des doigts et ne pas avoir les doigts trop gros et
changer les doigtés pour l’aigu et le suraigu par rapport aux doigtés appris
sur la Sib. En
fait il faut vraiment se spécialiser sur la petite clarinette pour bien en
jouer.
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