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lundi 3 février 2014

Un mystérieux fabricant d'instruments de musique à Lyon : Jean Baptiste Magdeleine MANGEAN (1820-c1883).


Dans le catalogue d’instruments à vent que nous publions dans le numéro spécial N°XXV du Larigot, figurent plusieurs instruments d’un facteur lyonnais inconnu et mystérieux : MANGEAN. Pourtant ses instruments sont d’une grande originalité par leur facture, portant des marques MANGEAN ou MANGEANT à Lyon. Donc avec l’aide de Denis WATEL nous avons essayé de mieux le connaître.
Mais si vous avez des informations ou des instruments n’hésitez pas à nous contacter.
Marque sur une clarinette Mi b.
Collection J.D. Touroude.
Jean Baptiste Magdeleine MANGEAN est né le 2 janvier 1820 à Lyon ; son frère jumeau avait été dénommé également Jean Baptiste. Leur père Jean Claude MANGEAN (1765-1835) était quincaillier  rue du Confort à Lyon. Son frère jumeau Jean Baptiste MANGEAN est resté célibataire, cordonnier il est décédé à 30 ans le 11 septembre 1850 à l'hôpital de l'Antiquaille.
Signature de Jean Baptiste Magdeleine MANGEAN en 1844.
J.B.M. MANGEAN épouse le 1 février 1844 à Chatillon d'Azergues, Marie Antoinette Adéle PONS (1816-1865). A son mariage il est déjà facteur d'instruments de musique à vent et s'installe en mars 1844 au passage de l' Hôtel Dieu au numéro 8.

Flûte à système Boehm 1832 en érable et clétage en laiton.
Collection R. PIERRE
 Marque de la flûte précédente avec Mangean sans T.

On ne sait rien de sa formation, mais ses instruments sont originaux, par exemple il utilise pour la flûte l'érable (exemplaire ci-dessus) bois très rarement utilisé pour les instruments à vent, à cette époque (basson, hautbois). Pendant sa période d'activité lyonnaise de 1844 à 1856, il fabriquait des flûtes "à la pointe du progrès"....comme des systèmes Boehm système 1832, des flûtes système Tulou à 12 clés...instruments fabriqués seulement par les facteurs parisiens comme Godefroy, Buffet Jeune, Buffet Crampon....Tulou etc... mais très exceptionnellement en province, ce qui montre qu'il recherchait l'innovation plutôt qu'une production de masse. 

Hautbois en érable  à  10 clés. (ventes Vichy 2010)

Hautbois pastorale à 12 clés. (Ventes de Vichy 2010)

Cor anglais (Ventes de Vichy 2010)
Il fabriqua principalement des flûtes, des hautbois, des clarinettes. S'il ne déposa pas de brevet, il chercha à améliorer ses flûtes grâce  à des systèmes de correspondances au niveau du clétage comme le montre deux flûtes de notre collection.
Flûte à 12 clés. (collection R. PIERRE) 

Il a eu plusieurs enfants dont quatre garçons : Emmanuel né en 1847, Jules Emmanuel né en 1849, Claude né en 1851, Louis Emmanuel né en 1853. De 1844 à 1854 il habitait au 8 passage de l'Hôtel Dieu où il avait une pièce d'habitation et un magasin. 
Passage de l'Hôtel Dieu à Lyon vers 1890.

En 1855 il déménage pour la galerie de l'Argue et participe à l'exposition de Paris. Un autre facteur/marchand de musique exerçait dans cette galerie, Michel RIVET (a1838-1871).

A partir de cette date il quitte Lyon pour Paris abandonnant sa famille et son activité. Que sait il passé ? Faillite ? Rencontre parisienne pendant sa participation à l'exposition ? C'est encore un mystère que nous devons résoudre. Nous le retrouvons en 1866 à Paris pour son remariage avec Delphine Marie VALLEE née en 1838. Il se déclare dessinateur et habite 36 passage du Ponceau dans le deuxième arrondissement de Paris.
Flûte à 8 clés de MANGEANT. (Collection René PIERRE)
 Sa première épouse Adèle PONS était décédée le 17 février 1865 à Lyon chez son frère Antoine Jules PONS chocolatier qui l'avait recueillie.
Marque de la flûte précédente.
 J.B.M MANGEAN assiste le 30 septembre 1876 à Paris au mariage de son fils Claude MANGEAN cartonnier à Paris ; assiste également à ce mariage un deuxième fils : Jules Emmanuel MANGEAN feuillagiste à Paris. A cette date J.B.M MANGEAN se déclare agent d'affaires et habite au 168 rue Saint Antoine à Paris.

Clarinette en mi bémol de MANGEANT. (collection J.D. TOUROUDE)
Voir la marque en début d'article.

Lors du mariage de son dernier fils Louis Emmanuel MANGEAN le 21 août 1880 à Lyon, ce dernier fait établir un acte notarié déclarant que son père est : " facteur  d'instruments de musique dont on ignore l'existence et le domicile depuis 1856 ..." On peut penser qu'il y avait deux clans familiaux, l'un à Paris l'autre à Lyon.

Clarinette de MANGEAN en Mi bémol. (collection W. ROUSSELET)


Marque de la clarinette précédente.

Il assiste aux obsèques de son fils Jules Emmanuel MANGEAN le 9 novembre 1883 à Paris. Nous n'avons pas trouvé la date et lieu du décès de notre facteur.

Marques des instruments : MANGEANT, MANGEAN ?





jeudi 24 octobre 2013

Le mystére BOUCHMANN à Annonay : une clarinette à 8 clès vers 1815.

Nous possédons une jolie clarinette à 8 clés dont les six parties, dont le bec à fil d’origine, portent la marque « BOUCHMANN / ANNONAY entouré par 4 étoiles à six branches ». Le barillet porte en plus le chiffre « 7 ».

Clé de si B grave du corps main droite
caractéristique de la facture lyonnaise.
Pourriez vous nous aider à lever tous les mystères de cet instrument ? 

Description de l'instrument :

 
Clarinette en buis, baguée ivoire en six parties,  percée de 17 trous dont huit  sont couverts par des clés rondes « arrondies » qui épousent la courbure de l’instrument. Si les trois grandes clés ont leurs ressorts rivetés, les 5 autres sont à ressorts fixés dans le bois comme on le faisait au 18° siècle.
 
Ressort fixé dans le bois.
Les clés sont montées sur blocs et sur le bulbe du corps main droite. A noter le bloc et la clé de Sib grave du corps main droite, caractéristique de la facture lyonnaise. Autres originalités qui rappellent les instruments de SIMIOT à Lyon : les doubles trous C#/G# du corps main gauche et le tube métallique pour accorder l’instrument reliant le corps main gauche et le barillet, procédé que l’on retrouve très fréquemment utilisé pour les flûtes, et très rarement pour les clarinettes
 
Doubles trous du corps main gauche.

Tube métallique d'accord.
Un instrument lyonnais ?
Denis WATEL situe cet instrument vers 1815 et construit sur le modèle de 1808 de Jacques François SIMIOT. (Voir la collection de Sir N. SHACKLETON page 107).
Clarinette en Ut de SIMIOT. (Musée d'Edimbourg)

 Il existe une clarinette à 7 clés pratiquement identique (sans la grande clé de trilles sur le corps main gauche) au National Music Museum de Vermillion dans le Dakota du sud aux USA : Clarinette Bouchmann du musée de Vermillion.

Quelques éléments historiques.

BOUCHMANN n’est pas connu, nous avons juste trouvé quelques éléments : 

Archives de la Côte Saint-André (Isère), patrie d'Hector BERLIOZ :
"....Il ressort qu'un mouvement musical inaccoutumé se produisit dans la petite ville, exactement pendant la période où BERLIOZ enfant grandissait et s'ouvrait aux premières impressions musicales...En 1805 les Côtois, pour la première fois éprouvent le besoin d'avoir une musique militaire. Le maire traite avec un marchand de musique de Lyon, nommé BERNARD, pour l'acquisition d'instruments : clarinettes, bassons, cors, un bonnet chinois, une bonne paire de cymbales de Constantinople ou de Smyrne, mais vraiment turques qui valent quinze louis, enfin un serpent".

BERNARD à Lyon.
Alexis Michel BERNARD (c.1766-1828) marchand luthier à Lyon en 1788-1810. (Source le Livre d'or de la clarinette française. Denis WATEL-W.ROUSSELET).

" Deux ans plus tard, le fournisseur des instruments procure aux Côtois le professeur de musique nécessaire à la direction de la troupe instrumentale. Voici comme il le présente au maire, par une lettre du 21 avril 1807: " je vous adresse avec la présente M. BOUCHMANN professeur de musique ayant été chef de musique de différents corps, jouissant d'une honnête probité, connaissant  parfaitement son état, jouant de la clarinette, donnant du cor, jouant de la flûte, basson et violon. C'est un sujet qui vous convient pour faire marcher votre musique et y mettre du zèle. Je lui ai fait part de la somme que vous lui donnez qui est de 100 francs par mois et je l'ai décidé à partir de suite".
Le 6 mai suivant le dit BOUCHMANN en une lettre d'une écriture moulée écrit à son tour : " M. le Mère, je suis charmé da lai abithé Permis vos amateur...."

Hector BERLIOZ enfant.
"Berlioz allait sur ses quatre ans, c'est un âge où les enfants sont sensibles aux sons éclatants et aux évolutions de la musique militaire. Maître BOUCHMANN fut l'homme qui lui donna la première idée de ce que constitue l'art du chef d'orchestre. Les annales de la Côte Saint André ne disent pas s'il lui a donné des leçons d'orthographe. Il semble que non".

Musée Hector Berlioz à la Côte.
Le musée possède une clarinette BERNARD/SIMIOT ?

Nous n'avons pas encore terminé notre article que Jean Jacques BONA à déjà trouvé une autre piste  :
Adrien Chomel, Le Collège d’Annonay, 1800-1880 mémoires et souvenirs recueillis, Annonay, Hervé, 1902
"Nous ne pouvons guère que  nommer les prédécesseurs de M. Monchovet comme professeurs de musique. Le plus ancien dons nous ayons trouvé le nom, était un alsacien, M. Bouchmann. Voici ce que nous en dit M. Tracol en novembre 1836.
Annonay

"M. Bouchmann n'a plus une santé sur laquelle on puisse faire fonds, mais pour reconnaître les services qu'il nous a rendus depuis vingt cinq ou vingt six ans, il parait qu'on lui fera une pension alimentaire. Il convient  essentiellement à un établissement comme le nôtre, de faire des bonnes œuvres, et surtout de ne point oublier des hommes qui se sont montrés si empressés à nous obliger dans toutes les occasions, surtout quand leur conduite a été constamment religieuse et exemplaire.
M. Bouchmann fut, cette année même, logé et nourri au collège comme les professeurs, mais malgré les soins qui lui furent prodigués, il mourut à la fin du mois de janvier 1837."

Agenda musical: source Gallica. 1837: Annonay- Buckmann prof. de musique.
Archives de l'Ardèche. Le 27 janvier 1838- Décès de Bernard Bouchemann âgé de 70 ans, musicien demeurant à Annonay.

Merci et bravo à Jean Jacques pour sa rapidité. Hé oui encore un alsacien.
Acte de décès de Bernard BOUCHMAN.
Alors que pensez de tout cela : Bouchmann facteur ou revendeur ? Instrument de Bernard ou de Simiot ...? ou d'un autre ?

Vos avis, vos commentaires, vos suggestions....pour résoudre le mystère BOUCHMANN.......
 


 






 

mercredi 19 juin 2013

Pierre François CAMUS facteur d'instruments de musique à vent vers 1800.

On ne connaît que peut de chose sur le facteur, luthier d'instruments de musique à vent établit vers 1799 au 27 quai Pelletier à Paris Pierre François CAMUS.
Dans l'ouvrage de LANGWILL, l'hypothèse d'un lien avec Paul Hippolyte CAMUS (1796-1869) célèbre flûtiste est avancé.

Marque d'une flûte à une clé. (Collection W. PETIT)
En fait Pierre François CAMUS exerçait largement avant 1793 à Paris car dans l'inventaire de Bruni :

"Il s’agit d’un inventaire relevé aux Archives Nationales, contenant la liste des instruments de musique saisis chez les Émigrés et Condamnés, et mis en réserve pour la Nation par la Commission temporaire des Arts, depuis son établissement par Bruni1. (BRUNI (Antonio-Bartolomeo), élève de Pugnani, violoniste à la Comédie italienne et au théâtre de Monsieur (1789))"

On trouve trois instruments de ce facteur " Une Flûte à bec et deux piccolo".

Très actif pendant la révolution français, il est «  retenu comme disciple de Gracchus Babeuf (Précurseur du communisme) et selon l’interrogatoire de Joigneaux en nivôse an IX (décembre 1800) il fréquentait avec d’autres disciples une tabagie rue de la Joaillerie ».



Flûte de Pierre François CAMUS. (Collection William Petit)

D’ailleurs un hautbois est signalé par Denis Watel portant la marque « (bonnet phrygien)/Camus/A Paris »
Hautbois de P.F. CAMUS. (Collection Met Museum de New York)

Adresses :
1799 à 1800 : Luthier au 27 quai Pelletier à Paris.
1808 à 1810 : Camus facteur d’instrument à vent, 6 rue du rempart.
1811 : Camus, luthier 9 rue Marceau.
1812 1817 : Camus, Luthier fabricant de clarinettes, flûtes, bassons, hautbois et autres instruments à vent  9 rue Marivaux.
1817 : Camus, luthier 9 rue Montmartre.
Tête de flûte à Bec du Musée de La Villette à Paris. 

J’ai trouvé le décès d’un Pierre François Camus dans le 3 ° arrondissement le 27 février 1826.

Quant au lien avec le flûtiste Paul Hippolyte CAMUS (1796-1869), il me semble bien peu probable.
D'ailleurs il existait un autre facteur (de harpes) qui avait pour nom Camus et qui habitait 240 rue du Faubourg Saint Antoine à Paris.

Harpe de Camus.
Musée de Paris.
"Paul Hippolyte CAMUS était première flûte du théâtre Italien de Paris, né dans cette ville le 6 pluviôse An IV de la république (26 janvier 1796), fut admis au conservatoire de musique, comme élève de Wunderlich au mois de juillet 1806 et se distingue dans ses études. Après les avoir terminées, il entre au théâtre de la porte Saint Martin en qualité de première flûte en 1819, puis il passa au gymnase Dramatique. En 1824 lorsque le théâtre de l'Odéon fut destiné à la représentation des opéras italiens et allemands, Mr. Camus a été appelé à faire partie de son orchestre que dirigeait Mr. Crémont enfin après avoir voyagé, il est entré à l'opéra Italien, où il est encore". (Biographie universelle des musiciens de la musique par F.J. Fétis.
Mais il est surtout connut pour avoir adopté la flûte système Boehm dés 1837 et également en ayant  écrit une méthode pour cette flûte. 
Clarinette en Ut de Pierre François CAMUS. (Collection W. Rousselet)