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lundi 30 décembre 2024

Jacques NONON facteur de flûtes et de hautbois dans l'ombre du grand TULOU.

René PIERRE

Article parut dans le Larigot N°58 en octobre 2016.

Nous avions publié également un pré-article sur un de nos Blog

Nonon et Tulou

Introduction.

La vie et l'œuvre de Jean Louis TULOU (1786-1865), flûtiste virtuose, professeur au conservatoire de Paris de 1829 à 1856 et ardent opposant à la nouvelle flûte BOEHM, sont particulièrement bien documentées, notamment grâce à la thèse de Michelle TELLIER : "Jean Louis TULOU : flûtiste, professeur, facteur". Paris 1981 en deux volumes. (1) Thèse passionnante, très riche et qui se lit comme un roman...mais  «cachée» dans les réserves de la Médiathèque de la Cité de la musique à Paris. Cet ouvrage très documenté sur Tulou ne dit pas grand-chose de Jacques NONON et n'évoque que partiellement les instruments de ces deux personnages. Dans cet article nous souhaiterions aborder ces deux points.







Jean Louis Tulou par Henri Grévedon, entre 1830 et 1839. (Source BNF)






Qui était Jacques NONON ?

On ne savait pratiquement rien de Jacques NONON sinon qu'il était né à Metz en Moselle. En effet  il est né dans cette ville le premier mai 1802 et appartenait à une famille de tourneurs mosellans. Son père Gaspard NONON (1770-1836), son grand père Jean Louis NONON (1727-1813) étaient tourneurs à Metz.....Le premier tourneur connu de la famille était un arrière grand oncle, Jean Nicolas NONON (1687- ?) tourneur à Ranguevaux, berceau de la famille, petite commune de la vallée de la Fensch près de Joeuf (patrie de Platini.....le footballeur). 

Village de Ranguevaux en Moselle.






Jacques NONON avait deux frères et deux sœurs ; sa sœur aînée Marie Anne NONON né en 1797 à Metz avait épousée  Louis CHAMBILLE (1797-1845) mécanicien à Metz  et  fils d’un tourneur messin, Nicolas CHAMBILLE (1773-1849). Ce couple a eu trois enfants, dont Auguste François CHAMBILLE (1827-1881) né à Paris ; il sera facteur d’instruments de musique dans l’atelier de Jacques NONON, qu’il rachètera  le 11 juin 1856 à son oncle. Il collaborera à la fin de sa vie avec son ami Louis Ernest DEBONNEETBEAU de COUTELIER (1836- ?) avant que ce dernier ne rachète la Maison Lot dont il assurera la direction de 1882 à 1889. Le fils d’Auguste CHAMBILLE, Ernest Henri CHAMBILLE (1858-1922) sera contremaître chez Lot de 1882 à 1904, date à laquelle il succéda à E.BARAT et deviendra directeur de la Maison Lot.

En tête de la Maison Lot en 1906. (2)

Quel paradoxe de trouver à la tête de la prestigieuse Maison Lot, spécialisée dans la flûte Boehm, le petit neveu de Jacques NONON, contremaître de la Maison TULOU, ardant opposant à cette flûte Boehm. A la suite du décès d’Ernest CHAMBILLE en 1922, c’est sa fille Pauline Gabrielle CHAMBILLE (1887-1951) qui reprendra la direction de la société jusqu’à sa mort en 1951. (3)(4)

Voir remarque 1














Jacques NONON malgré l’éloignement entre Paris et Metz sera toujours, au cours de sa vie, très proche de sa famille et en particulier de ses trois neveux.

Première rencontre en 1828 entre Jacques NONON et Jean Louis TULOU.

Jacques NONON a été formé au métier de tourneur par son père et/ou par un membre de sa famille mais ce n'est pas en Moselle qu'il a pu être formé au métier de facteur d'instruments de musique. A-t-il fait un tour de France comme on le faisait à cette époque et comme Jean Daniel HOLTZAPFFEL, facteur natif de Strasbourg, exerçant à Paris nous le raconte dans ses mémoires ? (5)  Ou est-il "monté" directement à Paris ? Actuellement on ne sait rien de cette période. C'est en 1828 que l'on entend parler  pour la première fois de lui à Paris et de sa rencontre avec TULOU. Il lui présente une flûte à six clés en argent qui est conservée au musée de la musique à Paris.

Flûte à 6 clés en argent de Jacques Nonon de 1828.
Musée de la musique de Paris






Cette flûte serait donc à l'origine du partenariat créé en 1831. Il n'y a pas de doute sur l'origine de cet instrument, puisque c'est NONON lui-même qui en a fait don au musée du conservatoire en 1872, en précisant sa qualité. Lors de sa rencontre avec Tulou, Nonon avait 26 ans et la flûte qu'il lui présente est caractéristique des flûtes de cette époque, dans sa facture, sa conception, sa réalisation......Elle pourrait provenir des ateliers de Bellissent, Godfroy, Triébert....mais elle montre surtout que Jacques NONON maîtrisait  la fabrication de flûtes et qu'il avait sans doute travaillé pour ou chez les grands facteurs de cette période ; il faudrait la jouer pour en apprécier les qualités musicales            .

Le nouveau catalogue du Conservatoire. Gustave Chouquet.


















Cette marque suggère que J. NONON avait un atelier en 1828 et a continué d'exercer seul jusqu'en 1831. Il ne figure, à notre connaissance sur aucun annuaire de cette époque et on ne connaît pas son adresse. Aucun autre instrument, portant cette marque n'est connu.














L’anecdote du rossignol adoptée par Tulou dans sa marque, en 1831 est bien connue. Notre flûtiste avait remporté un énorme succès de prestige lors de la première,   du « Rossignol », opéra de Lebrun en 1816. Son interprétation du solo de flûte avait fait l’unanimité du tout Paris et avait confirmé sa prééminence sur tous les autres flûtistes de cette époque.   

Quand TULOU  a-t-il commencé la fabrication de flûtes et pourquoi ?

"Comment J.L. TULOU, virtuose célèbre, s'improvisa-t-il facteur ? On ne sait, mais ce n'est pas à coup sûr, pour combattre la flûte Boehm, puisqu'elle ne parut qu'après 1832 et que nous le trouvons fabricant dès 1818....." (Constant PIERRE : Les facteurs d'instruments de musique). Affirmation discutable de Constant Pierre surtout pour les débuts de J.L. Tulou comme "facteur" dès 1818, cela est peu probable. Bien sûr il a du "collaborer" avec BELLISSENT pour l'amélioration de ses flûtes, puisque ce dernier dès 1820 annonçait dans l'annuaire Bottin : "Bellissent, facteur de flûte de l'école royale de musique et de Mr TULOU première flûte de l'opéra"....et  en 1830 ils étaient trois facteurs à s'annoncer comme "LE fournisseur" de TULOU dans le même annuaire. "BELLISSENT, flûtes, fournisseur de Tulou et de l'académie royale de musique". " GODFROY aîné (Clair), fabricant de flûtes, clarinettes, flageolets, facteur de l'académie royale de musique, de l'école royale et des principaux professeurs de la capitale....." " GODFROY jeune, facteur en tout genre, connu particulièrement pour la flûte, fournisseur de M. TULOU et autres artistes distingués....."

Marques de Christophe Delusse (a1781-p1789), 

Vinnen Cadet (c.1820-1837), 

Un article intéressant, paru dans « La France Musicale » le 18 novembre 1855, donne une explication sur cette création d'atelier en 1831: " WUNDERLICH, maître de Tulou et de tous les flûtistes célèbres en France dans la première moitié de notre siècle, fut le premier à se servir chez nous de la flûte à plus d'une clef. Le premier nom français qu'il y ait à citer dans cette industrie est celui de DELUSSE, fabricant établi à Paris à l'époque de la première révolution. Ses instruments étaient appréciés ; ils avaient autant de justesse qu'il était possible de leur en donner à cette époque, et possédaient surtout une belle qualité de son.....Au fabricant Delusse succédèrent les frères WINNEN(Père et Fils selon Langwill) également établis à Paris. Le premier se servait d'une perce très large qui donnait de la puissance aux notes graves, mais qui empêchait les notes élevées de sortir avec facilité ; le second avait fait l'acquisition des perces de Delusse, et obtenait quelquefois, grâce à cette circonstance, d'assez bons résultats. Ce fut chez lui que Tulou acheta la flûte avec laquelle il fit sa réputation de virtuose. Un peu plus tard, ayant découvert un ouvrier intelligent, nommé GODEFROY, il lui donna sa flûte pour modèle, essaya ses instruments, et lui prodigua les plus sages conseils. Tous deux parvinrent à corriger les défauts de justesse qu'on rencontrait trop souvent sur les flûtes de cette époque. Il suffisait à Tulou de patronner un facteur pour lui assurer une clientèle. La maison GODEFROY aîné acquit bientôt une grande vogue ; mais à mesure qu'elle multipliait ses produits et leur trouvait de nouveaux débouchés, on se montrait moins disposé à faire des essais. C'est alors que Tulou conçut l'idée de monter lui-même un atelier. La première flûte qu'il construisit fut trouvée parfaite de tous points ; chacun voulut en avoir une semblable. Et c'est ainsi que, de succès en succès, de commandes en commandes, l'éminent artiste devint fabricant. L'exposition universelle nous fournit naturellement l'occasion d'apprécier ses travaux, leurs résultats et leur porté".

Cette article publicitaire, écrit à la suite de l’exposition de Paris en 1855, nous donne des informations intéressantes sur les flûtes jouées par TULOU, mais  essaie, également de faire de TULOU le conseiller des facteurs qui les a propulsés vers la réussite....Et NONON ? Oublié ? Mais l'on était en 1855 c’est-à-dire après la rupture entre les deux partenaires.

Pierre Godfroy (1779-1845), 

Clair Godfroy aîné (1774-1841),

Jacques Eléonore Bellissent (1783-1841).

Le premier document mentionnant la fabrication de flûtes par TULOU date du 19 mars 1831. C'est un article de la revue musicale qui commence par analyser les faiblesses de la flûte : justesse, égalité des sons graves et de l'aiguë..."Il appartenait à un professeur dont la longue expérience et le talent fini avaient su apprécier toutes ces imperfections, de faire les recherches nécessaires sur les  moyens propres à obvier à d'aussi graves inconvénients. M. Tulou a donc entrepris cette tâche dans l'espoir qu'il pourrait faciliter les progrès des amateurs en leur offrant des instruments dont ils n'auraient pas à combattre sans cesse les défauts, et qui, par leur état perfectionné, seconderaient leur habileté dans l'exécution au lieu d'y mettre obstacle".

"Mr Tulou a cherché à faire disparaître l'inconvénient des corps de rechange, et surtout celui de la pompe". A cette époque la plupart des facteurs utilisaient un barillet comme pompe d'accord qui présentait un inconvénient majeur selon lui, c'est pour cette raison que toutes les flûtes Tulou n'ont pas de pompe d'accord.

Il préconise le système des anneaux pour ajustés la tonalité, système qui aurait été imaginé par NONON, qui placés "aux emboîtures et allongeaient l'instrument d'un demi ton ou d'un quart de ton, suivant leur grosseur". (C. PIERRE)

"M. Tulou s'est aussi attaché à trouver des formes simples et élégantes dans les clés, et en a surtout diminué le volume, qui donnait à l'instrument de la lourdeur sans utilité. Ces avantages seront appréciés par les amateurs et les artistes et ne peuvent manquer d'influer sur les progrès de la flûte. Le nom de Mr Tulou les recommande suffisamment. Aucun instrument ne sort des ateliers de ce professeur célèbre sans avoir été essayé et reconnu bon par lui. On peut s'adresser directement à M. Tulou, à Paris, N°18 rue Bleue".



Tous ces éléments nous permettent de dire que J.L. TULOU a commencé  à fabriquer des flûtes en 1831 au début de sa collaboration avec Jacques NONON, même s’il avait collaboré auparavant avec d’autres facteurs comme Pierre GODFROY (Jeune) et son  frère aîné Clair GODFROY. Il est fréquent d’entendre que ce même Pierre GODFROY aurait fabriqué des flûtes portant la marque de Tulou, parce que certaines clés en argent sont poinçonnées avec une marque d’orfèvre avec des initiales « P.G.». Grace à Peter SPOHR nous avons résolu cette énigme mais nous en reparlerons lorsque nous évoquerons la flûte perfectionnée de TULOU. 

Alors pourquoi avoir créé cet atelier ?

Pour comprendre les motivations de Monsieur Tulou dans la fondation de cet atelier, il faut lire la thèse de Michelle TELLIER qui cerne parfaitement le caractère de cet artiste. Pour notre part nous voudrions mettre l'accent sur une des motivations, à notre sens essentielle : c'est le besoin de s'assurer des revenus complémentaires. Il faut comprendre qu'après sa disgrâce politique de 1821 quand Joseph GUILLOU (1787-1853) lui avait été préféré pour le poste de professeur au conservatoire de Paris et  après sa démission de l'opéra de Paris, le "grand" TULOU avait dû connaître une période délicate dans tous les domaines.

Christophe ROSTANG dans le n° spécial du Larigot concerné  à F.G.A. DAUVERNE, explique bien la nécessité pour ces artistes musiciens, dont les appointements de l'opéra et du Conservatoire n'étaient pas suffisants pour leurs assurer un train de vie de grand bourgeois digne de leur renommée, étaient contraints de trouver des ressources complémentaires. TULOU avait trouvé dans son association avec NONON une opportunité pour s'assurer des moyens confortables. Ce n'était pas, bien sur sa seule motivation mais ..... 

G. HEQUET flûtiste écrivant un article nécrologique sur TULOU, mentionne :" .....Il (Tulou) réussit mieux dans la fabrication des flûtes (que dans la peinture, une de ses passions), dont il s'occupa longtemps, et à laquelle il a dû probablement une grande partie de l'aisance dont il a joui...."

A. LAVIGNAC, dans son Encyclopédie de la musique et dictionnaire du Conservatoire, est encore plus dur et sans doute très injuste dans son jugement : ....Il (Tulou) garda longtemps son poste au conservatoire, s'associa entre temps avec NONON pour la fabrication des flûtes, n'apportant guère à l'association que l'immense prestige de son nom. Cette exploitation lui laissa de fort beaux bénéfices...."

Essai de classement chronologique des flûtes signées TULOU. (Remarque 2)

La marque « TULOU au rossignol » a été utilisée depuis la création de l’atelier en 1831 jusque vers les années 1930 par la Maison COUESNON. Aussi  peut-on rencontrer une grande variété de flûtes et de hautbois portant cette marque. Nous allons essayer de définir  les éléments qui permettront de classer chronologiquement les flûtes de la période de l’atelier TULOU-NONON. Vous avez été nombreux à nous faire parvenir des photos et des renseignements, il reste encore de nombreux points à étudie notamment sur la perce des instruments, sur les embouchures….Nous reviendrons donc régulièrement sur cet article pour faire des mises au point. N’hésitez pas à nous consulter pour nous donner votre avis sur ce sujet. Nous avons répertorié plus d'une centaine de flûtes de cette période. Tulou et Nonon ont produit de 1831 à 1850 des flûtes plutôt  à 5 clés ou 6 clés de très belle qualité qui furent régulièrement récompensées aux expositions de 1834, 1839, 1844, 1849.

Flûtes de la première période (1831-1838).

Il existe quelques flûtes baguées ivoire, parfois en buis sans doute du début de l’atelier. 

Tête de flûte Tulou en buis et bague ivoire. (Vente Vichy)


Flûte Tulou à 4 clés argent baguée large. (Collection Sigal)

Flûte Tulou en buis à 4 clés. (Collection R. Charbit)

Flûte Tulou à 5 clés à bagues larges et anneaux d'accord. (Vente Vichy)

Flûte Tulou à 5 clés laiton en buis (Vente Vichy)

Mais  elles sont généralement baguées en métal  (argent principalement), avec des bagues  larges, jamais de pompe d'accord et les clés sont fines, fixées à des tourillons soudés à des plaques vissées dans le bois. Lorsqu’elles sont en argent, ces clés comportent le poinçon « tête de lièvre » de petite garantie de Paris (1819-1838) et le poinçon « P # B » de Paul Nicolas BELORGEY mécanicien: " Belorgey Aîné, facteur de clefs d'instruments de musique, fabrique tout ce qui a rapport aux garnitures intérieures et extérieures des instruments ; tire toute espèce de tubes à l'usage des facteurs, 32 rue du Petit Carreau". (Bottin 1840)(Remarque 3)




















lundi 2 décembre 2019

Numérotation et datation des flûtes Clair GODFROY Aîné (suite 1)

Nous avons bien avancé dans ce travail en répertoriant 150 instruments de ce facteur. 
1) Tout d'abord de nombreux instruments de cet atelier ne  portent pas de numéro. Au moins le tiers, est ce que cela veut dire qu'ils n'entraient pas dans la numérotation des instruments? Sans doute étaient-ils enregistrés dans le registre et numérotés, mais ce numéro n'était pas reporté sur l'instrument. C'est un point important pour estimer la production de cette maison.
2) Il existe plusieurs numérotations : Tout d'abord celle utilisée par Clair II GODFROY de 1820 au environ de 1843, utilisée par le fondateur de la maison dans sa période d'activité (1820-1836) et quelques temps par ses successeurs, Vincent Hypolite GODFROY et Louis Esprit LOT. Pour l'instant dans les instruments que nous avons répertoriés le premier numéro est 54 (a.1821) et le dernier de cette série 6727 (a. 1843).
Nous n'avons pas trouvé d'instruments portant un numéro dans les séries 7000 et 8000, en revanche nous avons trouvé des numéros 9000 comme cette flûte numérotée 9104 ou cette autre 9186 dont la marque est accompagnée de "Breveté" donc après 1847. Le dernier numéro répertorié est 9934.
Flûte 5 clés portant le numéro 9104. (Collection Thicam)
Flûte à 8 clés numérotée 9186 dont les clés portent le poinçons
d'argent de Godfroy sans poinçon de garantie. (EBay)
Ces numéros 9000 doivent correspondre à la fabrication d'instruments de la période de la veuve de Vincent Hypolite GODFROY, Marie Alexandrine DUMONT-GODFROY de 1868 à 1888 où elle a repris les méthodes de son beau-père, après les périodes de la "Société GODFROY Fils et LOT (1836-1854) et celle de Vincent Hypolite GODFROY (1855-1868). Cette première numérotation correspond à la fabrication des flûtes modèle "simple" c'est à dire hors système BOEHM cylindrique ou  conique.
Une seconde numérotation, correspond à partir de 1837, aux flûtes système BOEHM, tout d'abord système 32 puis ensuite à partir de 1847 au modèle cylindrique, après l'accord passé avec Théobald BOEHM qui vend à la Maison GODFROY, le 14 août 1847 l'exclusivité de la fabrication de son modèle cylindrique. Dans ce domaine la numérotation est plus complexe. Tula GIANNINI dans son ouvrage sur LOT et GODFROY suggère que la série commençant en 1837 au numéro 1 atteindrait 300 vers 1847 et 900 en 1854 et qu'à partir de 1855 les flûtes Boehm en métal et en bois  seraient numérotées séparément comme le faisait Louis LOT.....je n'ai pas encore suffisamment travaillé le sujet pour donner un avis. (A suivre)
  
Flûte Boehm système 1832 N°111
(vente de Vichy 2018)
Flûte Boehm cylindrique N°650;
(Vichy 11 2018)
Flûte Boehm cylindrique
N°677. (Vichy 11 2018)
Voici le tableau, résultat de notre travail sur la numérotation (estimation) des flûtes modèle simple (Hors Boehm) de l'atelier GODFROY Aîné de 1820 à c.1843. Cette chronologie est fondée dans un premier temps sur certains instruments comportant un numéro et une date, des caractéristiques de fabrication, des marques selon les périodes, puis dans un second temps sur les poinçons d'argent. 
En effet Clair II GODFROY  pour lutter contre ces concurrents "GODFROY" change de marque en 1829, devient plus rigoureux sur sa numérotation et enregistre un poinçon d'argent le 29 avril 1830 pour marquer de son atelier ses clés..
Poinçon d'argent de l'atelier de
 Godfroy Aîné enregistré le
29 avril 1830.
Ces poinçons sont assez pratiques pour la datation des instruments (surtout quand il y a un numéro sur l'instrument). Lorsqu'il est associé au poinçon de garantie "Lièvre" ...la période de l'instrument est  1830-1838, pour le "Sanglier" c'est après 1838.

Poinçon "Lièvre" : 1830 à 1838
Poinçon "sanglier" :après 1838
Un cas particulier rencontré sur trois flûtes : Poinçons CG, Lièvre et Sanglier. L'atelier devait avoir un stock de clés au changement de poinçon de garantie en 1838. Ce cas de figure permet de dater 1839-1840.


Pour lire ce tableau il suffit de l'enregistrer sur votre ordinateur comme une image Jpeg et de l'imprimer

Ce tableau est un début, il sera amélioré régulièrement, mais il permet déjà de mieux dater les instruments à plus ou moins une année. Attention également il peut y avoir un décalage entre l'année de fabrication et la date apposée sur l'instrument (comme on le voit dans les inventaires après  décès, il y a toujours un stock d'instruments "non garnis" c'est à dire sans le clétage qui sera fixé à la vente ?
Il y a également toujours des instruments qui ne rentrent pas dans cette chronologie :
Exemple cette flûte à quatre clés "d'une nouvelle façon", portant la seconde marque de Godfroy, donc avant 1829, numérotée 1096 et donc datable avec notre tableau de 1827.....mais dont les clés portent les poinçons d'argent de CG et tête de lièvre donc après 1829. Clés apposées deux à trois ans après la fabrication, instrument vendu seulement en 1830 d'où l'obligation de faire "contrôler" la teneur en argent ? Nous vous laissons trouver d'autres hypothèses. Un cas particulier ne remet pas en cause la règle générale.
Collection particulière.
A travers ce tableau, on voit également que l'utilisation des poinçons a été de courte durée, de 1834 à 1842, juste après le décès du fondateur de la Maison le 11 janvier 1841, tout comme l'arrêt du numéro apposé sur l'instrument !! Il est vrai la Société GODFROY Fils et LOT n'avait plus beaucoup de concurrent dans la fabrication de la flûte Boehm. Il est a noter que les instruments, modèle Boehm en argent ne portent presque jamais de poinçons d'argent. 
Nous n'avons pas inclus dans ce tableau, les quelques instruments avec un numéro 9000 que nous avons répertorié.
Pour avoir une véritable idée de la production de l'atelier, il faut rajouter les autres instruments (clarinettes, bassons...) ainsi qu'à partir de 1837 la production des flûtes système Boehm. (Nous traiterons ce sujet dans un troisième article)
La première partie de cet article a été remis à jour en tenant compte des remarques qui nous ont été faites, notamment par José Da Silva,  A. Nolan, M. Lynn. Merci à tous ceux qui nous ont aidés à réaliser ce travail.

Nous attendons bien sur vos remarques. 
Si vous avez des instruments non inclus encore dans cette étude...
Merci pour les photos ou autres informations



mercredi 19 juin 2013

Pierre François CAMUS facteur d'instruments de musique à vent vers 1800.

On ne connaît que peut de chose sur le facteur, luthier d'instruments de musique à vent établit vers 1799 au 27 quai Pelletier à Paris Pierre François CAMUS.
Dans l'ouvrage de LANGWILL, l'hypothèse d'un lien avec Paul Hippolyte CAMUS (1796-1869) célèbre flûtiste est avancé.

Marque d'une flûte à une clé. (Collection W. PETIT)
En fait Pierre François CAMUS exerçait largement avant 1793 à Paris car dans l'inventaire de Bruni :

"Il s’agit d’un inventaire relevé aux Archives Nationales, contenant la liste des instruments de musique saisis chez les Émigrés et Condamnés, et mis en réserve pour la Nation par la Commission temporaire des Arts, depuis son établissement par Bruni1. (BRUNI (Antonio-Bartolomeo), élève de Pugnani, violoniste à la Comédie italienne et au théâtre de Monsieur (1789))"

On trouve trois instruments de ce facteur " Une Flûte à bec et deux piccolo".

Très actif pendant la révolution français, il est «  retenu comme disciple de Gracchus Babeuf (Précurseur du communisme) et selon l’interrogatoire de Joigneaux en nivôse an IX (décembre 1800) il fréquentait avec d’autres disciples une tabagie rue de la Joaillerie ».



Flûte de Pierre François CAMUS. (Collection William Petit)

D’ailleurs un hautbois est signalé par Denis Watel portant la marque « (bonnet phrygien)/Camus/A Paris »
Hautbois de P.F. CAMUS. (Collection Met Museum de New York)

Adresses :
1799 à 1800 : Luthier au 27 quai Pelletier à Paris.
1808 à 1810 : Camus facteur d’instrument à vent, 6 rue du rempart.
1811 : Camus, luthier 9 rue Marceau.
1812 1817 : Camus, Luthier fabricant de clarinettes, flûtes, bassons, hautbois et autres instruments à vent  9 rue Marivaux.
1817 : Camus, luthier 9 rue Montmartre.
Tête de flûte à Bec du Musée de La Villette à Paris. 

J’ai trouvé le décès d’un Pierre François Camus dans le 3 ° arrondissement le 27 février 1826.

Quant au lien avec le flûtiste Paul Hippolyte CAMUS (1796-1869), il me semble bien peu probable.
D'ailleurs il existait un autre facteur (de harpes) qui avait pour nom Camus et qui habitait 240 rue du Faubourg Saint Antoine à Paris.

Harpe de Camus.
Musée de Paris.
"Paul Hippolyte CAMUS était première flûte du théâtre Italien de Paris, né dans cette ville le 6 pluviôse An IV de la république (26 janvier 1796), fut admis au conservatoire de musique, comme élève de Wunderlich au mois de juillet 1806 et se distingue dans ses études. Après les avoir terminées, il entre au théâtre de la porte Saint Martin en qualité de première flûte en 1819, puis il passa au gymnase Dramatique. En 1824 lorsque le théâtre de l'Odéon fut destiné à la représentation des opéras italiens et allemands, Mr. Camus a été appelé à faire partie de son orchestre que dirigeait Mr. Crémont enfin après avoir voyagé, il est entré à l'opéra Italien, où il est encore". (Biographie universelle des musiciens de la musique par F.J. Fétis.
Mais il est surtout connut pour avoir adopté la flûte système Boehm dés 1837 et également en ayant  écrit une méthode pour cette flûte. 
Clarinette en Ut de Pierre François CAMUS. (Collection W. Rousselet)