jeudi 14 janvier 2021

Selmer sax " Balanced action " (1936-1947) et " Super Action ou Super Balanced " (1948-1953) : comparaison.

 Michel Pfefferlé.

Réparateur d'instruments de musique à vent et collectionneur


Depuis peu, j'ai remis le nez dans mes saxophones Selmer accumulés dans les années 1980-1990. A cette époque, beaucoup de fanfares de mon canton, suivant l'influence des Anglais, ont opté pour une formation brass band. Du coup les saxophones ont rempli les armoires des sociétés dans lesquelles j'ai largement puisé à ce moment-là. Je suis en train d'en remettre quelques-uns en état. Parmi eux figurent 4 altos Balanced Action et 1 alto SBA. Comme j'y trouve pas mal de différences, j'ai essayé d'établir un comparatif entre ces modèles. 
Il y a probablement des points laissés de côté et des manques dans mes explications et ce serait sympa que vous réagissiez en me donnant votre avis. D'autre part je n'ai rien trouvé, concernant la petite clef à l'arrière du bas du corps qui se ferme en même temps que le mi et ne me souvient pas exactement de quoi il s'agit. Il ne semble pas qu'il y ait de brevet déposé pour ça, en tout cas je n'arrive pas à trouver dans la liste établie par Gunter Dullat. Donc si vous avez des informations, elles sont les bienvenues.

Merci à tous pour votre aide.

En me référant à la datation émise par la maison Selmer, il s’agit des instruments suivants : 

                      - no 20897 de 1935                        - no 21934 de 1936 
                      - no 26495 de 1938                        - no 32736 de 1946 
                      - no 46754 de 1951 

La description se limite généralement aux parties présentant des différences et débute par le pavillon pour finir au bocal. On constate d’abord que tous ces saxophones ont les clefs de Si et Sib graves sur le côté droit du pavillon (même le 20897). 

Numéros de Série des saxophones Selmer

Les pavillons n’ont jamais le diamètre parfaitement régulier. 

Certains ont subit quelques dommages et ont été redressés. Ces dimensions sont : 

pour le 1935 : de 123,1 à 123,9 mm       pour le 1936 : de 123,1 à 123,6 mm 

pour le 1938 : de 123,1 à 123,4 mm     pour le 1946 : de 120 à 120,7 mm 

pour le 1951 : de 119,9 à 120,2 mm 

A noter que les 2 derniers modèles ont un diamètre plus petit que les précédents…

Les gardes de si-sib des modèles de 1935 et 1936 sont semblables. Elles se composent de 2 parties non séparables parce que rivetées par les branches du milieu sur un patin non fixé au pavillon. Les autres branches sont vissées dans un patin soudé. Les modèles de 1938, 1946 et 1951 n’ont qu’une garde.

1936

1938

Les modèles de 1935 et 1936 ont une garde de do # d’aspect différent. Les modèles suivants n’en n’ont pas.

1935                                           1936
La garde du do des instruments de 1935 et 1936 est à 3 branches. Celle des 1938, 1946 et 1951 en a deux. Les vis sont soudées dans les patins. Ces soudures semblent d’origine sur le 1951 mais sont plus récentes ou retouchées sur les 2 autres. Je me souviens, lors de réparations de ce type d’instruments pour des clients, avoir constaté que cette garde bougeait trop facilement malgré un bon serrage, d’où ces soudures. Pourquoi Selmer a-t-il attendu si longtemps avant de replacer une garde à 3 branches alors qu’elle existait déjà au moins à partir de 1935 ? 
1936                                          1938
La garde de fa # des modèles de 1935 et 1936 a le même aspect. A partir du 1938, elle change d’esthétique et reste pareille dans les modèles suivants.
1836                                           1838
La liaison avec le si, lorsqu’on abaisse le levier du sib, se trouve aux pattes de clefs sous le plateau du petit doigt de la main gauche. La forme est différente sur le 1951 que sur les autres. 
1936                                                      1951        
Sur le modèle de 1946 uniquement, la liaison se fait sur les plaques de clefs.
1946
Sur le modèle de 1935, il n’y a pas de liaison sur les plaques de clefs de si à do # pour empêcher l’ouverture du do # en cas de manipulation pas idéale du plateau du petit doigt de la main gauche. Sur les saxophones de 1936, 1938 et 1946, elle est présente (forme différente sur le 1946 ). Sur celui de 1951, elle se fait par une tige, comme actuellement.
1935                                     1936
1946                                       1951
Le support de la clef du do # est fixée sur le corps dans les versions 1935, 36 38 et 46 tandis qu’il est fixé sur le pavillon pour le 1951. Sur ce dernier modèle uniquement, la bague d’assemblage corps-culasse est dévissable.
1938                                               1951
L’entre-toise d’assemblage corps-pavillon est la même sur les modèles de 1935 et 1936. Sur les 1938 et 1946, du côté corps, la jonction se fait sur le long patin de fa-mi-ré. Le modèle de 1951 devient dévissable et la jonction côté corps se retrouve de nouveau sur une plaque comme sur les 1935 et 1936, mais elle est cette fois perpendiculaire.
1936                                                 1946  
1951
Le plateau de si b du petit doigt de la main gauche est plat sur les 1935, 1936 et 1938. Sa forme est bombée pour les 1946 et 1951.
       1936                                                     1951
L’organisation du plateau de la main droite est chaque fois différente sur les 3 plus anciens. Pour le modèle de 1935, le mi est doublé (clef de résonance ?). La liaison avec le fa# du mi et du fa se fait par un pont à l’arrière et du ré par un bouton à l’avant entraînant le mi. Bouton servant aussi de butée contre une barre au dessus. Même type de butée pour le fa.










Il manque la protection de la petite clef de mi. 1935







Le modèle de 1936 comprend le même aménagement, sauf la deuxième clef de mi. En plus, la hauteur des butées, fixées à des tourillons, est réglable ( système à vis ).











1936







Sur le modèle de 1938, le relais se fait entièrement par un pont arrière muni de vis pour le réglage des correspondances de clefs. Cette disposition ne nécessite pas de garde de protection, tout comme pour le modèle précédent. 
1938







A partir du modèle de 1946, le système se présente comme sur les instruments modernes, avec une garde de protection.
1946








Seul le saxophone de 1951 a les cheminées de la main droite décalée par rapport à la gauche. 
 
L’arrière de la patte du mi b grave n’est pas dans l’axe pour le 1935 et 1936.  
1936








Pour les modèles suivants, elle l’est.  

1946








La forme de la patte du fa# est de pareille facture sur les modèles de 1935 et 1936. Elle diffère à partir de 1938. La touche du 1946 et nettement plus petite que celle des autres qui est toujours identique. A noter également que le support de pouce est un peu plus long à partir du sax de 1946. 
1936                                                               1946 










La liaison de blocage de la clef du sol# et obtention du si b en fourche est soudée sur la plaque du fa# sur les modèles 1935, 1936 et 1938. Celle de 1946 aussi, mais d’une forme différente. Celle de 1951 présente comme sur les saxophones actuels, avec des vis réglables. 
1936










1946










1951










Le ressort du levier du sol # est fixé en arrière sur les 1935, 1936 et1938. Sur les suivants, il est fixé en avant. 
1936                                                           1951







La clef à bascule du fa du plateau de la main gauche est déjà présente sur le modèle de 1935, dans le même axe que la bascule du mi b (description plus loin). 

















Le saxophone de 1936 n’en possède pas. Le 1938 en a une (comme en 1935 mais simple). Celle de 1946 a changé d’esthétique et est pareille à celle de 1951. Esthétique différente de tous les autres pour la touche du si b.  
1946













Le mécanisme des clefs d’octave est le même sur les saxophones de 1935 et de 1936, avec la particularité d’une sorte de guidage de la partie coulissante, qui sert probablement avant tout de renforcement, car l’ensemble n’est, sinon, maintenu que par les 2 tourillons d’extrémité.  
1936





La seule différence du suivant de 1938 se situe au niveau de l’esthétique du centre de la partie mobile qui passe de ronde à carrée. La partie liée à la clef de bocal a été refaite (mal). 
1938





La forme du modèle de 1946 change et demeure, dans sa partie haute, d’actualité. Le levier est identique dans mes 5 instruments et changera par la suite. A noter que sur les quatre premiers, la partie qui relie le mécanisme à la clef du bocal est dotée d’une vis plutôt que d’un tube plein. On le voit bien sur la photo du 1946. 
1946





Sur les saxophones de 1935 et 1936, le serrage du bocal se fait à gauche et le porte-lyre se trouve à droite. Sur tous les suivants, c’est l’inverse. 
1936                                                 1946










La clef d’octave du bocal est placée dans l’axe sur le modèle de 1935 tandis que sur tous les autres elle penche à gauche. Quand les instruments sont montés, ils ont tous à peu près le même angle bocal-corps.
1935                                                1936


















Complément concernant l’alto de 1935. 
Il est le seul à ne pas porter d’inscription à l’arrière du bas du corps, mais ces inscriptions habituelles sur les modèles suivants figurent sous l’estampille du pavillon. Il porte un numéro sous la clef du ré : le 14259 Il possède une deuxième clef de sol # de refermeture, c'est-à-dire qu’elle ne s’utilise que pour refermer la clef lorsqu’elle est ouverte par le petit doigt de la main gauche. Elle s’utilise avec l’index de la main droite. Une longue clef à bascule - tringle, à utiliser avec l’index de la main droite, est placée comme alternative pour l’obtention du mi b aigu. L’instrument a souffert d’humidité surtout et sa finition argentée est attaquée, mais il pourrait très bien être restauré.


A noter qu'avec son numéro 20 897 de 1935 (20101 à 21750), ce saxophone appartient à la catégorie des " Radio Improved " même si il posséde de nombreuses caractéristiques du futur " Balanced Action " dont le premier numéro était 21751 de 1936. 
1935






















Complément concernant l’alto de 1936. 
Comme le 1935, il porte un numéro sous la clef du ré. L’instrument est en excellent état. L’argenture est quasiment parfaite. Il est entièrement restauré et est équipé de tampons Martin-Chanu bruns à rivet, privilégiant l’authenticité .










1936






















Complément concernant l’alto de 1938 
L’instrument est en bon état, même s’il a des manques d’argenture. Il n’est pas restauré.








1938























Complément concernant l’alto de 1946 
Suite à la difficulté d’approvisionnement en nacre, la plupart des touches sont en bakélite. Il est décoré d’une gravure. L’instrument est en excellent état avec une argenture quasi parfaite. Il est entièrement restauré et est muni de tampons Martin-Chanu bruns à rivets.









1946























Complément concernant l’alto de 1951
Il est décoré d’une gravure. Ce saxophone est presque neuf. Il a été acheté en 1952, joué moins d’une année et remisé nettoyé ! Il n’a plus joué depuis à part quelques essais ces dix dernières années. Tout est d’origine. Lorsqu’on ouvre le coffre, on sent encore le velours de garniture comme s’il n’avait jamais été ouvert. 










1951
























" N'hésitez pas à faire des commentaires ".

Aidez nous à améliorer nos connaissances sur ce type de saxophone, par exemple en répondant à cette question : A quel moment exact les fabricants sont passés du tampon plat au tampon percé avec rivet, tout comme le passage du tampon blanc à rouge et ensuite brun...pour ce qui est du tampon à résonateur, chez Selmer, probablement à partir du mark6 seulement. L' alto de 1951, quasi neuf, est monté avec des rivets.







jeudi 7 janvier 2021

 Bonne et Heureuse Année 2021

.....et nous espérons que vous avez pu faire la fête malgré ce satané Virus.
Et comme le hasard fait bien les choses, 
LE BLOG MUSICAL franchit la barre des 500000 contacts : Donc un record ! ! ! 


Il est temps de faire un bilan de ce Blog Musical que nous avons créé en 2009 , il y a déjà plus de 12 ans et qui continue, tranquillement sa vie et qui tourne à 5000 contacts de moyenne par mois et 170 par jour en fonction de notre production d'articles.

Courbe des contacts depuis le début du Blog en 2009.

Au départ c'était une gageure de pensez qu'un site consacré aux facteurs d'instruments de musique pouvait intéresser.... au delà d'une dizaine de personnes, surtout animé par des amateurs dont la compétence en cette matière était approximative, et surtout écrit en français. 
Cependant suivant l'exemple de Denis Watel et de son site : Le chtiot musée des clariboles
et fort de l'expérience que nous avons eue en créant deux autres blogs encore plus spécialisés : Facteurs et marchands de musique de l'est de la France
Un des thèmes de ma collection d'instruments de musique et : Dictionnaire des facteurs d'IM de Strasbourg

Le premier article écrit dans notre blog musical : était consacré à Azzolini fabricant d'accordéons à Angers    sujet "majeur" de la facture d'instruments de musique.

Suivrons 167 articles écrits en douze ans, avec le renfort de notre ami José Daniel Touroude qui depuis novembre 2011 nous a rejoint et écrit prêt de la moitié de ces articles. 

José Daniel au musée de la musique de Paris, avec dans sa main droite
 (c'était prédestiné) la clarinette Geist à 4 clés  et dans la gauche  celle de Scherer. 

Qu'il soit ici remercié pour tous ces beaux articles qui montrent l'étendue de sa compétence dans le domaine de la musique, mais surtout pour son ouverture d'esprit, sa fantaisie et son humour. Merci pour tous ces bons moments passés ensemble.

Le Blog musical est généralement apprécié et regardé avec bienveillance même si quelques grincheux y trouvent quelques fautes d'orthographe.....où que l'on y trouve " pas d'article sur le cor de chasse (dixit)". Malgré les textes en français il est regardé dans le monde entier et la fonction traduction semble être suffisante. Il est vrai que nous tenons à intégrer aux articles un nombre d'illustrations important qui sont souvent la porte d'entrée des consultations.

Il est lu  au Japon et en Asie, nous avons pu le vérifier à travers des contacts que nous avons eus par mails et même des demandes d'utilisation de certains articles.

Au départ, l'idée était assez simple, amateur d'instruments anciens nous recherchions sur internet et dans les librairies et bibliothèques de la documentation sur les facteurs d'instruments de musique à vent et nous étions toujours déçus. A l'exception du Langwill, Constant Pierre et quelques articles du Larigot qui nous donnaient quelques pistes, l'information était très pauvre, imprécise et les maigres articles trouvés utilisaient les mêmes informations qui tournaient en boucle de document en document et de siècle en siècle.
Il y avait bien quelques articles d'érudits, de musicologues qui paraissaient de temps en temps mais ils concernaient les " instruments nobles " donc pas les vents. 
A cette époque je faisais " comme on dit pour les retraités : pour m'occuper (Aih !)", la généalogie de ma famille et en même temps je travaillais sur les facteurs de Strasbourg, domaine extrêmement compliqué puisque les archives alsaciennes du XVIIIème sont en allemand gothique et écrit à la main....illisible pour moi et mes quelques années d'études germaniques. Heureusement le monde associatif de la généalogie alsacienne est venu à mon secours avec une générosité sans borne, m'orientant, traduisant, m' expliquant......(Mille merci à eux). Je suis donc venu à bout de l'histoire des Keller, Bühner, Roth, Finck, Lindemann....Mais j'ai pu vérifier encore une fois le grand principe " pour recevoir de l'information, il faut en donner " qui s'applique en généalogie notamment.
C'est la raison pour laquelle nous rassemblons  la totalité de nos données généalogiques concernant les facteurs, marchands, luthiers....dans un fichier du site généanet : sabineves
qui comporte aujourd'hui plus de 10000 noms ainsi que de nombreux documents.
J'encourage les Musées ou autres associations à faire de même.
Autre grand principe : nous publions sur le Blog, pratiquement la totalité de nos recherches même si elles ne sont pas terminées (la technique du Blog permet les modifications et des ajouts permanents) , car l'objectif est de transmettre ces informations.

Même si un contact ne correspond pas toujours à une lecture, les articles les plus consultés sont ceux concernant les saxophones vintages, comme le confirme  l'article vedette du Blog : Mark VI, Mark VII et Super Action 80 de Selmer.
Consulté 26 000 Fois et largement en tête, cet interview de Gérard Badini célèbre saxophoniste de Jazz et essayeur chez Selmer est relayé régulièrement dans les sites et forums consacrés au saxophone de Jazz, particulièrement aux USA.
Gérard Badini.
Quatre autres articles consacrés aux saxophones sont dans les dix premiers : 

Troisiéme avec 9280 contacts : Saxophones Pierret 1906-1971



Dixième avec 4120 : Dolnet et le saxophone jazz

Le deuxième article le plus lu, avec 12100 contacts, est étonnamment : celui concernant :

Les classiques trouvent leurs places avec quatrième et 8330 contacts : 1847 : Jean Louis Buffet obtient un brevet pour l'amélioration du flegeolet.




Et comme de nombreux lecteurs nous ont fait part de la difficulté à retrouver un article dans le blog......nous prérarons un abstract " dynamique " que nous vous enverrons prochainement.

Bonne année à tous et merci pour votre soutien.