Ce Blog est destiné à favoriser la réalisation d'articles sur les facteurs, marchands de musique, luthiers, en mettant à disposition une collection de documents sur ces sujets.
This Blog is intended to facilitate the realization of articles on music instruments makers, music goods sellers, stringed-instrument makers, by giving a collection of documents on these subjects.
Parfois une flûte, une clarinette apparaissent dans une vente de Vichy, mais les instruments de ce facteur sont plûtot rares.
Pierre Jouve est né à Lyon vers 1767. Son père Didier Jouve était fabricant de bas dans cette ville.
Sans doute a-t-il reçu une formation de tourneur à Lyon, avant de faire un tour de France et de s'initier à la fabrication d'instruments de musique. On le retrouve à Paris où il épouse le 25 juin 1792 Françoise Laurentin.
En 1805, une anecdote nous permet de mieux le connaître : le 12 décembre 1805, il déclare avoir perdu sa carte de sécurité. Il habite alors 92 Palais du Tribunal et exerce le métier de luthier. Suit sa description physique : " Luthier âgé de 38 ans, taille 1 m 68,
cheveux et sourcils blonds, visage ovale, front élevé, yeux gris bleu, nez long
chétif, bouche moyenne, menton fourchu et potelé. "
" Déclare
avoir perdu il y a 12 jours environ, la carte de sécurité qu'il avait obtenue
il y a 4 ans à la préfecture de police qui désirant une nouvelle, a cru devoir
nous faire la présente déclaration que nous approuvons. Assisté de Pierre
Poupart chapelier 59 ans 32 palais du tribunal et Jean Baptiste Manielle
restaurateur 40 ans 98 Palais du Tribunal ". Source Généanet
Flûte en buis à 1 clé de Pierre Jouve. ( vers 1805) vente Vichy 2025
Les instruments de ce facteur sont assez simple et bien fait .
Clarinette à 5 clés en Do. (Vente Vichy 2024)
En 1808 il se déclare marchand luthier et son atelier est situé au 96 rue du Palais Royal, à proximité des ateliers de Claude Laurent et Jean Daniel Holtzapffel.
Au décés de Jean Baptiste Roche, facteur d'instruments de musique, en 1812 c'est lui que le commissaire priseur sollicite pour réaliser l'inventaire de l'atelier.
Flûte à 4 clés de Pierre Jouve, vers 1825. Collection M. Lynn.
C'est à partir de 1814 qu'apparaît Agathe Jouve qui avait épousé Victor Jean François Hentz (1790-1844) qui se déclarait Marchand de musique en 1816.
On ne connait pas le lien de parenté entre Agathe et Pierre Jouve, sans doute la nièce du facteur. A partir de 1816 le couple Hentz-Jouve devient Marchand de musique à la même adresse. Sans doute exerceront-ils ensemble jusque 1822, si on se fie au Bottin.
A cette date Pierre Jouve se retira à Conflans-Sainte Honorine où il décéda le 14 avril 1837 à l'age de 70 ans.
Quant au couple Hentz-Jouve il exerça jusque vers 1830 puis après, lui devint journalier rue des 3 bornes à Paris. Victor Hentz décéda le 1 novembre 1844, à Paris à l'âge de 54 ans. Ils avaient eu 4 enfants.
Pour l'anecdote, Victor Hentz était le fils de Nicolas Hentz (1753-1830) député de la Moselle à la Convention
Nationale, partie de la Montagne du 21 09 1792 au 26 10 1795 et qui avait voté la mort du Roi.
Impliqué dans de nombreux massacres, dont la fusillades d'Avrillé, l'incendie de la ville de Kusel et favorable à Carrier, le guillotineur de Rochefort, il fut arrêté en 1795 mais s'échappa pour fuir aux Etats-Unis où il ouvrit une exploitation de tabac en Pennsylvanie.
Vitrail de la chapelle du champs des martyrs d'Avrillé
Si notre premier article concernait les facteurs liés à
Simiot, notre deuxième article sur les facteurs lyonnais concerne
ceux qui sont liés à deux autres grands facteurs du XIXème siècle :
Sautermeister et Rust.
Sautermeister
et son entourage : autre pôle d’importance de la facture lyonnaise.
Flèches
noires : liens familiaux. Flèches orange :
liens professionnels (collaboration, succession…).
Entourage germanophone (Sautermeister,
Müller, Treumann, Eppel alsacien, Jung..) proche aussi sans doute de Rust.
François
Antoine Sautermeister est né le 2 décembre
1782 à Rottembourg dans le Wurtemberg. Talentueux,il s’installe comme
ouvrier luthier à façon et habite avec son épouse place de l’Herberie à Lyon de 1809 à 1815. Il est le
contemporain et le voisin (15 rue du plâtre) et sans doute ouvrier à façon de J.F.Simiot. En
1812 il obtient un brevet pour un instrument qu’il nomme « Basse
orgue » ayant la forme d’un basson mais avec un pavillon en métal et qui
se joue avec un bec de clarinette. Puis il s’installe à son compte, s’agrandit
progressivement et produit tous les instruments en bois et en cuivre
surtout pour les armées. Il reprendra plusieurs innovations de Simiot (comme la 6ème clé de clarinette
dans le corps du bas) ce qui laisse sous entendre leurs bonnes relations. Sa première épouse étant décédée en 1820, il se remarie
en 1822 avec Marie Josèphe Poncet âgée de 25 ans, fille d’un chirurgien
de cette ville et quitte la rue du Plâtre. Le
22 juin 1827 il obtient un brevet de 5 ans pour un « nouvel ophicléide »
ou «Basse d’harmonie» à 11 clés dont six ouvertes qui représente un réel
progrès au niveau du son. Son atelier 4 place Célestin, à cette époque avait 8
ouvriers externes. Il décède le 17 février
1830 à 46 ans. Les témoins sont deux facteurs d’instruments (sans doute ouvriers
externes), Michel Rivoireet Jean BaptisteGonnard.
Basson russe de Sautermeister. (Musée de Bruxelles).
Sa jeune
veuve (1797-1866) et son neveu Louis Müller (ils n’avaient que 4 ans de différence) continuent
l’atelier situé au 10 rue Saint Dominique avec 9 ouvriers
journaliers. A partir de 1832 son neveu Louis Müller est signalé comme
chef de l'atelier alors qu’a partir de 1833, il semblerait que "la veuve
Sautermeister" ait abandonnée l'atelier et ce soit limitée à un magasin
d'instruments de musique et ce jusqu'en 1835. Ils vivent ensemble passage
Couderc, rue Saint Dominique ( d’où estampille : «Vve Sautermeister & Müller») puis (estampille
«Müller A Lyon») quand il épousera sa tante en 1840
Tête de basson russe de Sautermeister.
(Musée Rollin Autun)
Louis Müller
est né le 23 août 1801 à Ehingen-Rotemburg dans le royaume du Wurtemberg. Sa
mère Catherine
Sautermeister était la sœur de François Antoine. Il épouse donc la
Vve Sautermeister. Contrairement à ce qu'affirme Constant Pierre et donc le
Langwill, ce n'est pas à la mort de la veuve Sautermeister (1866) que Müller
s'établit à son compte (Il décède 2 ans après elle). Les témoins des évènements
familiaux sont Balthazar Verrier et Louis César Ricanet tous deux
facteurs d'instruments (ouvriers journaliers chez Müller sans doute). Louis Müller
décédera le 21 avril 1868, à l'âge de 66 ans. Les témoins sont de nouveau B.
Verrier et Guillaume Curet, fabricants d'instruments. (on voit bien que
la facture d’instruments est un milieu assez fermé). Müller
est aussi un grand innovateur : le 10 juillet 1835, il obtient un brevet
de 5 ans pour un cornet à 3 pistons. Le
5 octobre 1838 il obtient un brevet de 5 ans pour un "cor à deux
pistons percés de trois trous au lieu de quatre et actionnés par des touches ou
boutons, à volonté". De 1843 à 1847, son atelier, toujours
à la même adresse, emploie 8 ouvriers journaliers. Le 12 juin 1846 il
obtient un brevet de 15 ans pour " une clarinette basse à deux
corps parallèles en forme de basson, descendant à l'ut, qu'il proposa pour
remplacer le basson". Le 20 mai 1855 il obtient un brevet de 15
ans pour "un instrument de musique dit Müllerophone ou contrebasse
à anche, "à corps parallèles, également en forme de basson, descendant une
octave au-dessous" de sa clarinette basse, "à perce cylindro-conique,
pavillon en cuivre et disposition nouvelle des clés". (Constant Pierre).
Les Treumann père et fils : Frédéric Treumann père, de son vrai nom Chrétien Frédéric Meyer dit Treumann est né
à Döeblen en Allemagne. Il est ébéniste quand il arrive à Lyon vers 1810 et
travaille comme luthier à partir de 1818 sans doute pour Sautermeister qui est
témoin lors de son mariage en 1822. Il reconnaît deux enfants et en aura un
troisième cette même année qui sera aussi facteur. En 1841 il s’installe comme
marchand et facteur galerie de l’Argue. Il décède le 3 décembre 1849 à
60ans ; c’est son fils Charles
AnthelmeTreumann né en 1824 à Lyon qui lui succède comme marchand et
facteur d’instruments et que l’on retrouve aussi comme marchand de pianos en
1868 au N°6 place de l’impératrice et en 1875 au N°6 place de l’Hôtel de ville.
Les Eppel père et
fils : Pierre Joseph Eppel
est né à Ambronay dans l’Ain en 1772 et issu d’une famille alsacienne
d’organistes. P.J..Eppel arrive à Lyon en 1806, comme ouvrier
facteur d’instruments de musique sans doute pour Sautermeister puisque celui-ci
est témoin en 1808 lors de la naissance de son fils Gaspard Balthazar Eppel.En
1815 il se déclare aussi menuisier au N°26 Port Saint Clair. De 1828 à 1837
installé rue du Palais Grillet, il est facteur de clefs d’instruments de
musique où il travaille avec son beau-frère Urbain Gentelet, mécanicien (cleftier)
et son fils Gaspard. A la suite du mariage de son fils et des nombreuses
naissances, ils déménagent régulièrement (3 place du Confort de 1839 à 1843,
puis 38 rue Dubois de 1844 à 1848.) En 1846 Gaspard Eppel (le fils) installé comme
facteur d’instruments de musique obtient un brevet de 5 ans pour
"L'application d'un principe de physique à des bénitiers sans évaporation".Où va se nicher l’ingéniosité des facteurs
d’instruments. Le
dixième enfant de Gaspard naît en 1852 au N°22 rue des Prêtres, et il est
toujours facteur d’instruments. Le père PJ Eppel est sans doute décédé. Il
existe très peu d’instruments de ces deux facteurs, sans doute parce qu’ils
étaient plus cleftiers que facteurs ?
les Cousin père et fils : Jean Léon Cousin
est né le 20 janvier 1843 à Pau, clarinettiste au 2e génie (basé à Metz :
chère à notre lorrain René Pierre) et qui
avait obtenu un 3e accessit de clarinette au concours de 1863. Il enseignait
cet instrument à l’école de musique de Lyon, déjà réputée. Il achète la Maison
Müller en 1868. Comme facteur il remporte deux médailles d’argent (1878-89) et imagine
un système d’instruments à 5 pistons. Il est l’auteur d’un entre-deux articulé,
servant à monter et à démonter instantanément les instruments à pistons, faits
avec un tube sans soudure. Il transforme la Maison Müller en un établissement
industriel qui produit tous les instruments, bois et cuivres. Il meurt en 1925
à Lyon. Son fils Henri Charles Cousin né en 1869 à Lyon lui succède et
développe l’usine.
Vue de la Maison et usines Cousin en 1910.
Source ACIMV.
Henri
Pihan est né le 22 mars 1869 à Paris et se déclare facteur
d’instruments de musique lorsqu’il se marie en 1891 ainsi qu’à la naissance de
son fils Marcel Henri Pihan. En 1900 il reçoit la médaille d'argent en tant
qu'ouvrier de la maison H. Schoenaers (anciennement Millereau au 66 rue d'Angoulême
Paris). Il reprend vers 1929 les établissements Cousin, « 30 quai Saint
Vincent- Fabricant d'instruments à vent, bois et cuivre et pièces détachées »..
Henri Pihan est décédé à Dormans en
février 1946. Son fils a dû prendre la suite mais on ne connaît pas la
date d’arrêt de cette société.
L’entourage de E. Dubois : autre pôle de la facture
lyonnaise.(à part son maitre et beau père Rust)
Flèches
noires : liens familiaux. Flèches
orange : liens professionnels (collaboration, succession…).
Charles Rustest né en 1775 à Essel dans la principauté d’Hanovre. En 1815 il est installé au N°2 de la rue du Palais Grillet et devient vite un facteur reconnu d’instruments de musique où il emploie 2 à 3 ouvriers internes et 7 à 8 ouvriers journaliers. E. Dubois y travaille et épouse sa fille. Rust décède à 47 ans en 1822 et sa veuve Marie Cognet continue l’atelier avec son gendre Emmanuel Dubois jusqu’en 1828 avec sans doute l’ouvrier Kimpflin. (Clarinettes, flûtes, bassons, bassons russes etc…).
Dominique Kimpflin
est né en Alsace en 1778 à Guebwiller. Il devait faire partie d’une musique
militaire car on le retrouve en 1805, musicien à Lyon au 41 rue de la Limace.
En 1815 il exerce le métier de tourneur à façon au N°29 de la rue
Ferrandière, sur la rue du Palais Grillet juste à côté de l’atelier de Charles
Rust, il y restera au moins jusqu’en 1821. Il travaillera certainement pour
Rust puis Dubois. De 1836 à 1843 au 10 rue d’Amboise il est tourneur puis en
1846 il ajoute « ouvrier tourneur pour instrument» mais aussi de fabricant
de cannes de parapluies. Dominique Kimpflin décède en 1858.
Alexis Michel Bernard :
(actif vers 1789 à 1827) facteur de clarinettes avant 1800, est lié lui aussi à
l’entourage de Rust. Charles Rust (1775-1822) est son ami et témoin au mariage
de sa fille Constance Bernard en 1815. Nous
connaissons deux instruments monoxyles (corps du bas et pavillon d’une seule
pièce typique de la fin du XVIIIème) de ce facteur luthier rue Mercière en
1808-1809. Il semble avoir rencontré quelques difficultés pour vivre de son
métier car en 1811 il donne des leçons de clarinette «en plus de son ouvrage»
mais dès 1812 il change de métier (manufacture des tabacs) tout en continuant à
se déclarer encore facteur d’instruments en 1827 au mariage de son fils Pierre
Bernard, doreur sur bois.
Clarinette en Ut à 5 clés de Bernard.
Musée d'Edimbourg.
Antoine Claude Emmanuel
Dubois : Né
en 1805 à Condrieu, fils d’un horloger, se forme à la facture d’instrument
et travaille chez Rust. Il épouse en 1821 sa fille Marie Rust. A la mort de
Rust, il s’associe avec sa belle-mère «Vve Rust et Dubois» jusqu’en 1828. Cette
même année, il s’associe avec Etienne Couturier pour créer la maison «Dubois
& Couturier» pour 15 ans, située à l’angle place d’Albion N°1 et du quai
Valleroy. Ils font travailler de 10 à 12 ouvriers journaliers dont sans doute
le frère d’Emmanuel Dubois, Pierre Napoléon Dubois ouvrier facteur
d’instruments en 1830. L’entreprise déménage au N°8 rue Célestins en 1833.
L’association dure jusque vers 1841. Les instruments fabriqués sont des bois et
des cuivres surtout pour les musiques militaires. De 1841 à 1845 Dubois,
séparé de Couturier, exerce toujours à la même adresse, la raison sociale de la
société devenant «Dubois & Cie» . Puis en 1846 il s’associe avec Claude
Projean, son compagnon et ami facteur d’instruments et crée la société «Dubois
et Projean» qui durera jusqu’en 1851. Installé Grand rue Mercière, il se retire
des affaires, un de ses fils essaiera de continuer l’activité sans succès.
Buccin de Dubois et Couturier.
Musée de la musique à Paris.
Etienne Couturier : Né
à Lyon en 1792, fils d’un marchand de faïence, il est déjà facteur
d’instruments lorsqu’il se marie en 1823. En 1824 il s’installe à coté de
Dubois au 1 quai Villeroy et travaille avec deux ouvriers. En 1828 il s’associe
avec Emmanuel Dubois pour fonder la Maison «Dubois et Couturier». Leur
association s’arrête en 1841. Il continue d’exercer et en 1847, il s’installe au N°7 rue de la Limace où il
travaille avec son fils Jacques Couturier né en 1825 ouvrier facteur de
musique. La société prend le nom de «Couturier père et fils». Ils déménagent en
1851 pour le 1 place Saint Nizier et Etienne, le père laisse son entreprise à
son fils Jacques Couturieren 1853.
La société «Jacques Couturier» se développera notamment grâce à ses Brevets et
en se modernisant jusqu’en 1872.
Marque de Jacques Couturier.
Claude Projean: Né à Lyon en 1801. Il est ouvrier facteur
d’instruments et travaillera pour Dubois successivement pour «Dubois &
Couturier», «Dubois & Cie» avant de s’associer avec E. Dubois de 1846 à
1851 pour créer la Maison «Dubois & Projean». Plus
tard les frères Pelisson prendront le relais pour industrialiser la
fabrication de Couturier : « Maison
Couturier, Pelisson Frères successeurs » puis « A. Pelisson, Guimet et Compagnie ». Vers 1900 « Pelisson, Guinot &
Blanchon » puis « Couturier,
A. Pelisson, Guinot et Cie successeur ». Vers 1920 « Blanchon et Cie », vers 1931
« Gaillard, Martel et
Loiselet » et pour finir
« Gaillard et Loiselet » en
1935.
Les autres facteurs indépendants satellites de la facture lyonnaise mais
néanmoins importants.
La demande est importante à Lyon, et nombre de facteurs
talentueux essaient de s’implanter ( un exemple : Pierre
Hérouard de la Couture Boussey s’installe
à Lyon de 1808 à 1825. D’autres ateliers existent à Lyon plus modestes
mais reconnus comme :
François Jeantet
est né en 1768 à Moirans la Montagne dans le Jura. Il est armurier dans le 3ème
bataillon du Jura lorsqu’il se marie en 1794
avec Anne Marie Stadler la fille d’un musicien. Était-elle parente avec le célèbre Stadler...de Mozart ? Nous n'en savons rien. En
1808 il est installé comme luthier au N°25 rue de la Cage à Lyon Il semble
qu’il a d’abord été cleftier avant de fabriquer tous les instruments à vent
mais plus particulièrement les bois dans un style très caractéristique avec des
clés plates et rondes montées sur des blocs arrondis. De 1817 à 1820 il est
installé comme marchand luthier au N°1 place Saint Pierre puis en 1827 au N°22
rue Lafond. Ami de Jung et aussi revendeur d’instruments , il était sans doute
lié avec nombre de facteurs lyonnais .
Différents éléments d'une clarinette
en Ut de Jeantet.
Collection RP.
Jean Guillaume Jung
est né en 1789 à Neustadt en Allemagne et arrive à Lyon vers 1810, habite souvent
chez ses parents près de Fribourg dans le Wurtemberg mais se marie à Lyon en
1813. Il se déclare facteur d’instruments de musique et travaille sans doute pour son ami François
Jeantet car celui-ci est témoin à son mariage, à la naissance de la première
fille en 1814 et de sa 2ème fille en 1820. A cette époque J.G. Jung habite au N°1 quai
des Célestins. Il
existe des clarinettes à 5 et 6 clés carrées caractéristiques de la période de
1810-1815, portant marque " Jung A Lyon " Puis J.G. Jung travaille à
Marseille mais son épouse accouche à Lyon ! C’est vers 1815 que J.G. Jung installe
son atelier Cours Saint Louis à Marseille, où il fabrique principalement des
clarinettes et des bassons (estampille JungMarseille». Plus tard il sera aidé par son futur gendre (mariage en
1833) Frédéric Edouard Widemann avant que celui ci s’installe à Paris vers
1836. On
trouve des clarinettes portant la marque de « Jung à Lyon » à 13 clés
rondes, bombées caractéristiques de la période 1840-1850. Mais on ne trouve pas trace de Jung en 1850 à
Lyon, ? arrêt de son atelier à
Marseille ? Deux
hypothèses : Jung qui a sa réputation à Lyon fabrique dans un
atelier ou chez Jeantet des instruments estampillés A Lyon pour sa clientèle
locale à partir de 1850 ou il fabrique ses instruments dans son atelier à
Marseille reprenant ponctuellement son
estampille A Lyon ceux ci étant revendus à Lyon par Jeantet et autres.
Langé (ou
Lancé): Peu d’informations sur
ce facteur sinon qu’il exerce à Lyon vers 1795. C’est sans doute lui que l’on
retrouve à Turin où il réalise la flûte de la collection de R. Pierre vers
1810. Sans doute un musicien et facteur qui suit les armées napoléoniennes.
Jean
Daniel Holtzapffel, tourneur de Strasbourg réalisant son tour de France arrive à Lyon en 1792, et va fabriquer et
tourner surtout pendant plusieurs années des mécaniques pour la filature de
coton en plein essor. Il témoigne dans ses mémoires : « C’est à cette
époque que j’ai commencé à fabriquer des instruments de musique. Dans cet état,
je pouvais espérer m’établir à mon compte avec peu d’argent. Je renonçai à
recueillir les fruits de quatre années de travail et j’entrai chez un nommé Langé,luthier de son état. C’était un homme fort adroit mais sans
conduite….. » (alcoolique ?). Holtzapffel s’installera après à Paris
comme facteur notamment de flutes.
Marque
d’une flûte à une clé
Collection
R. Pierre.
La
guerre et la défaite de 1870 entrainent la chute brutale des musiques militaires
et en conséquence la démobilisation de plusieurs centaines de musiciens ce qui entraine
une crise dans la facture artisanale notamment lyonnaise. D’autre part à partir
à la fin du XIXème siècle, les petits ateliers artisanaux, ainsi que les
ouvriers à façon sont regroupés dans des usines avec des méthodes d’organisation
du travail taylorienne et industrielle faisant d’autres instruments (exemple les
clarinettes modernes système Boehm en ébène et maillechort). Les capitales
régionales (Strasbourg, Bordeaux, Marseille…) n’ont plus alors que quelques artisans,
réparateurs, revendeurs. Néanmoins Lyon garde un rôle important représenté par les
usines Cousin, Pelisson voire Pihan… mais c’est surtout les grandes maisons de
la région parisienne et de la Couture-Boussey qui vont industrialiser la
facture : Thibouville, Gautrot, Millereau, Buffet Crampon, Noblet puis
Leblanc, Selmer…Ces usines vont fabriquer en masse et inonder
le marché national et mondial avec des instruments plus modernes… c’est l’heure des industriels mais ceci est
une autre histoire.
Notre
objectif est de faire un article synthétique et partager nos connaissances sur
les liaisons entre grands facteurs lyonnais. Après nos recherches, grâce à la
numérisation des archives, nombre d’erreurs répétées sont corrigées et des
hypothèses logiques sont mentionnées essayant de combler certaines lacunes.
Évidemment nous attendons les réactions des spécialistes lyonnais pour
améliorer notre article. Cet
article sera divisé en 2 parties : l’un qui sera consacré à Simiot et à
ceux qui lui sont liés de près ou de loin aussi bien par des liens familiaux,
professionnels et amicaux, l’autre à l’entourage des deux autres pôles de la
facture lyonnaise à savoir les germanophones autour de Sautermeister et les
diverses associations de Dubois . Mais il faut bien avoir à l’esprit que ces 3
pôles sont uniquement pédagogiques, tous étant liés les uns aux autres par
différents liens (voisinage, amitiés, professionnels…).
Ce
qui surprend c’est que Lyon, grande capitale a connu une des meilleures
factures d'instruments de musique en Europe, donc du monde à l’époque, et qu'aucune analyse globale l’étudie. On trouve par contre des éléments parcellaires sur l’un ou sur
l’autre facteur. En fait les facteurs lyonnais sont très liés. En effet ils vivent dans la même ville et à la même époque,
font les mêmes métiers, ont les mêmes fournisseurs et clients, voire des
ouvriers à façon communs notamment des clétiers, se connaissent tous, et ils sont
étroitement liés et pas uniquement professionnellement. Quand on étudie la facture d’instruments (la Couture
Boussey, Strasbourg…), on peut analyser les liens étroits entre les membres de
la même profession. (mariages, apprentissages, voisinage , concurrence,
relations conflictuelles et rivalités mais aussi et surtout solidarités,
commandesgroupées, co-traitance et
sous-traitance, ouvriers à façon passant de l’un à l’autre, groupes
professionnels, relations diverses amicales parfois intimes dans le milieu assez fermé de la facture. Ainsi les 3 pôles que nous avons distingués sont liés
dans un même ensemble : par exemple Simiot a sans doute fait travailler Sautermeister à son arrivée à Lyon et celui ci avait des contacts également avec son compatriote Rust.
Enseigne de Luthier. (Musée de la musique de Paris)
Pourquoi
la facture lyonnaise se développe t-elle entre 1800 et 1870 ?
Replaçons
le contexte :Avant la révolution française, la facture lyonnaise est classique,
modeste et comparable aux autres grandes villes de France. Plusieurs
composantes contribuent à l’expansion d’une facture d’instruments à vent importante et de qualité. En effet la demande en instruments à vent explose car
Lyon dans la première moitié du XIXème siècle est à la fois une capitale
régionale et stratégique par sa localisation près des frontières mais aussi par
sa résistance à la révolution, une ville que la République naissante doit
quadriller. Ce sont pour ces raisons que Lyon devient au début du XIXème siècle
une ville de garnisons importantes (notamment 99ème Régiment
Infanterie et le 24ème d’infanterie légère, 63ème RI, 33ème
RI, 9ème RC cuirassiers (cavalerie) etc…). Et il n’y a pas d’armées
sans musiques militaires (fanfares et harmonies) surtout depuis les armées napoléoniennes.
(Nous
n’avons pas trouvé le clarinettiste du 33ème RI
qui a joué avec la Tabard de JDT mais le
tambour major !)
Lyon
est aussi une ville où la musique «civile» est omniprésente (orchestres de
l’opéra, du grand théâtre, orchestres divers, académie des beaux arts, écoles
de musique formant de nombreux amateurs et professionnels et qui dit musiciens
dit réparateurs, facteurs d’instruments et marchands de musique. Entre
1810 à 1870 c’est aussi la grande époque d’évolution des instruments à vent qui
se dotent de trous et clefs supplémentaires afin de jouer la musique romantique
plus virtuose. Les harmonies sont nombreuses. De
plus la loi révolutionnaire « Le Chapelier » supprime les corporations,
permettant aux facteurs de s’installer et de créer leurs estampilles plus
librement et facilement.
D’autre
part l’immigration, notamment allemande, (habituelle dans la facture
d’instruments), pendant cette période napoléonienne mouvementée qui
modifie les frontières, arrive à Lyon et renforce la facture locale
(allemands : Sautermeister, Treumann, Müller, Jung, Rust, suisse : Piatet…..) Ainsi Lyon connaît son âge d’or avec de grands facteurs talentueux et réparateurs
d’instruments de musique, entre 1800 et 1870 mais aussi créateurs et inventeurs produisant ses instruments devenus incontournables pour les
collectionneurs.
Place
des Terreaux avec l’hôtel de ville de Lyon vers 1830.
Qui étaient les grands
facteurs lyonnais ?
Entre
1800-1870, existe à Lyon, plusieurs centaines d’ouvriers anonymes qui fabriquent des
instruments de musique et gravitent dans l’entourage d’une vingtaine de facteurs
encore connus, véritables pôles d’excellence. Au niveau des instruments à vent, nous
pouvons cerner 3 pôles (qui sont aussi en interdépendance) :
Un premier sous ensemble autour de J.F. Simiot, dont
les principaux facteurs sont : Favre, Tabard, Piatet, Brelet et d’autres
plus ou moins connus.
Un second sous ensemble autour de Sautermeister, Müller, Treumann , Eppel etc…puis plus tard Cousin.
Un troisiéme sous ensemble autour de Rust, Dubois,
Bernard, Couturier, Projean, Kimpflin, puis plus tard Pélisson
Et quelques électrons libres : Jeantet et
Jung , mais aussi l’énigmatique Langé et d’autres moins connus.
1) Entourage de JF Simiot :
centre de gravité de la facture lyonnaise.
ENTOURAGE DE SIMIOT. Cliquez pour agrandir.
Flèches
noires : liens familiaux, Flèches
orange : liens uniquement professionnels (collaboration, succession…). L’entourage de
Simiot est français (Piatet suisse francophone).
Michel Favre (a1787-1816)
Luthier
et facteur d’instruments, il est actif
entre 1787 et 1816. Facteur de la fin XVIIIéme ses instruments connus sont peu
nombreux, de qualité et classiques, marqués d' une fleur de lys royale mais il est aussi marchand d’instruments, rue Saint Pierre sous l’Empire.Favre
est intégré dans l’entourage de JF Simiot car celui ci épouse sa fille Marie
Julie Favre en 1814 à Lyon.
Marque
d’une clarinette à 5 clés vers 1787-1788.
Vendue à Vichy en 2015.
Jacques François Simiot (1769-1844).
Né
à Dôle en 1769, il apprend le métier de tourneur, puis part faire son tour de
France vers 1790. On le retrouve vers 1793 chez Keller et Bühner à Strasbourg
où il passe un an, puis à Dijon où il est facteur. Là il fait des clarinettes
et une fille illégitime ! Il reconnaîtra sa fille Emilie en 1794 (que nous
retrouverons) née d’une relation adultère avec Marie Blanot (1766-1822) . Celle
ci est aussi l’épouse Brelet, également mère de Jean François Brelet (né à
Dijon en 1799). (d’où les relations étroites à venir avec le jeune JF Brelet ! fils
de son ancienne maîtresse ou son fils adultérin reconnu par Brelet ?
qu’importe). Il ne se mariera qu’en 1814 avec Mlle Favre (1788-1872) et
a un fils
légitime André–Reine Simiot né en 1815 compositeur de musique et musicien mais
pas facteur. Jean-François
Simiot s’installe à Lyon en 1808 (sans doute libéré des obligations militaires ?) ; reconnu comme facteur et innovateur de talent, il va attirer et influencer nombre
de facteurs. En effet JF Simiot est reconnu comme un spécialiste de la
clarinette à laquelle il apporte de nombreuses innovations (en 1803 il
élabore une clarinette révolutionnaire à 12 clés, en 1808, il publie le «Tableau explicatif des innovations et
changements faits à la clarinette», en 1823, il participe à l’exposition
nationale, en 1828 il fait une clarinette à 19 clés, reprend le chemisage du
trou de douzième de l’anglais Wood, dispose le trou de douzième en face de
l’instrument et non au dos, ce qui sera repris par Albert et les clarinettes
allemandes, en fait il innove sans cesse également pour le basson et la
clarinette alto. Installé
rue du Plâtre il fait travailler d’autres facteurs importants comme Tabard, Piatet puis Brelet…D’autres
sont moins connus comme Jean Févrot ou Jean Fiérot ? témoin à son mariage.
JF
Simiot décède en 1844.
Marques relevées sur des
clarinettes de Simiot
Clarinerre Simiot en Sib
Musée du Palais Lascaris
à Nice.
Jean Baptiste
Tabard(1779-1845).
Né
en 1779 d’un père fabricant soyeux et issu d’une vieille famille lyonnaise, JB
Tabard quitte l’environnement de la soie alors en plein essor
(introduction du métier Jacquard, Lyon devenant une capitale mondiale de la
soie et des filatures de coton) pour faire son apprentissage de tourneur, facteur d’instruments à vent. (Chez qui ? Michel Favre à Lyon ?). Puis
JB. Tabard fait sans doute un passage dans l'armée (conscription
obligatoire à partir de 19 ans, guerre pratiquement sans interruption de 1793 à
1815, 2 500 000 hommes mobilisés sous l’empire, service militaire de 5
ans minimum, mobilisation supplémentaire pour remplacer les morts à chaque
bataille), hypothèse possible. Comme facteur, il a du réparer nombre d’instruments de fanfares militaires, peut être même a t-il été musicien ? (le
niveau est faible et chaque facteur qui essaie ses instruments en joue
suffisamment pour la musique militaire basique). Aussi, a-t-il dû progresser dans son métier et reprendre aisément son activité. En 1809, Jean Baptiste Tabard est ouvrier luthier et
habite au 3 rue Saint Jean dans le même immeuble que sa sœur Marie Madeleine
épouse Rivet (Son mari est ouvrier en soie à domicile
avec deux métiers à tisser de veloutier dans l'appartement lui permettant de faire du velours de luxe tissé
à partir des fils de soie, de laine ou de coton) et qui avaient deux enfants
(dont Michel le futur facteur que nous retrouverons). En 1811 J.B. Tabard
déménage pour aller s’installer, seul, place Neuve Saint Jean comme tourneur en
métaux, mécanicien c’est à dire clétier et spécialiste des cuivres. Il employait un ouvrier extérieur. Il épouse en 1812 Emilie Reyne Simiot (1794-1875) la fille mineure (illégitime mais reconnue) née à Dijon de Jean François Simiot et habite jusqu’en 1815 au 13 rue du Plâtre chez Simiot, où ils ont leur premier fils
Jacques Charles (1813-1836). Simiot et Tabard collaborent pendant trois ans (1812-1815), (Tabard n’était donc pas fâché avec son beau-père
après ce mariage et il ne s’installe pas à son compte en 1812 comme il est souvent écrit), cette période correspondant à la marque "Simiot et Tabard". Mais Simiot est spécialisé dans la clarinette et Tabard est tourneur en métaux, mécanicien donc plutôt orienté dans la fabricationdes
cuivres pour les fanfares militaires.
Marque Simiot et Tabard. (1812-1815)
Puis
J.B Tabard s’installe en 1815 jusqu’en 1826 au 30 Grand rue Mercière, comme facteur
d’instruments à vent, puis en 1827 au 31 quai Saint Antoine où il développe
son atelier (jusqu’à 10 ouvriers). Son
premier fils Jacques Charles (1813-1836) est ouvrier luthier avec son père mais décède à 22 ans, l’avenir repose alors sur le deuxiéme fils, Jean BaptisteTabard (III) né en 1826 et qui n’a que
dix ans à la mort de son frère.Fin 1845, Jean Baptiste Tabard père décède à 66 ans (juste après Simiot). Il laisse une Maison prospère et reconnue
fournissant les armées en instruments de musique à vent, aussi bien bois que
cuivres que l’on trouve désormais dans la plupart les musées et collections.
Jean
Baptiste Tabard fils (1826-1870).
L’atelier Tabard en plein essor en 1845 va
alors péricliter rapidement car le fils de 19 ans modeste ouvrier facteur ne
peut assurer cette succession ; il vit avec sa mère Emilie (ex-fille Simiot) au 22 rue
Vaubécour puis au 27 rue de Saxe. En
1851, facteur d'instruments, il se marie avec Marie Rose Bernard la fille d’un menuisier. Dans
l’article du Larigot écrit par Vincent Pussiau sur la famille Tabard, J.B.
Tabard fils est présenté comme le repreneur de l’activité de son père…..
d’autres (Hoeprich…) ne mentionne que le père. En
fait JB. Tabard fils, apprenti puis ouvrier chez son père continuera à vendre et
à finir le stock de l’atelier familial qui fabrique aussi bien des bois que des
cuivres à la mort de son père avec la même estampille. Vu nos informations,
nous ne pensons pas que l’atelier Tabard continue après la mort du père en
1845, même si le fils a bien exercé le métier de facteur d’instruments, il ne
l’a pas fait dans le cadre d’une boutique et d’un atelier à son nom comme son
père. En effet en 1846 il habite seulement une pièce et se déclare
« ouvrier facteur de musique ». Sa mère Emilie Simiot-Tabard veuve à 52 ans est obligé de
reprendre l’activité de couturière et gantière. De plus l’activité de cet
atelier s’il avait existé, aurait dû être inscrit dans le Bottin. Le nom de
Tabard n’apparait plus, alors que les autres facteurs apparaissent. D’autre
part l’analyse technique de la majorité des instruments portant la marque
Tabard, cuivres comme bois sont des instruments typiques d’avant 1850, plutôt
de type militaire (Buccin, Serpent, Basson Russe, Basson à 10 clés, hautbois à
10 clés, Clavicor, clarinette et flûte ancien système). Jean Baptiste Tabard
fils mourra à 44 ans en 1870 en laissant un fils nommé Marie Fréderic qui
deviendra bijoutier.
Clavicor de Tabard père.
Musée de la Musique
Paris
Basson russe de Tabard père.
Musée de la Musique
Paris
Dans
l’entourage de Simiot et des Tabard apparaissent d’autres facteurs qui sont
témoins des mariages, naissances : Jean Fiérot ou Jean Févrot ?,
facteur et témoin de Simiot et Tabard père, Claude Gentellet facteur et
témoin de Tabard fils, Jean Guérin, Alphonse Blodelclétier … Ils devaient collaborer avec ces grands facteurs. Pour continuer
la saga familiale, Emilie vivra plus longtemps enterrant son père, son mari,
ses fils et son petit-fils. Son neveu Michel Rivet, sera un autre facteur connu
à Lyon. Emilie mourra en 1875 et achèvera l’histoire de la famille Tabard.
Marque d'un ophicléide vendu à Vichy (2016).
Clar. Sib à 6 clés.
Datée 1835 de Tabard
33 ° RI
Collection JD Touroude
Hautbois à 15 clés en argent de Tabard. (Musée de la musique de La Couture)
Michel Rivet (1804- vers 1871) :
Il est le neveu de Jean
Baptiste Tabard père. Né à Lyon en 1804, formé par son oncle JB Tabard, il s’installe au n°6 de la rue du
Palais Grillet dès 1837. En 1840 il fera travailler deux ouvriers internes et 6
ouvriers journaliers. Il s’installe en 1842 galerie de l’Argue où il exercera
le métier de facteur actif entre 1838-1865 avec sa propre estampille (« Rivet
A Lyon étoile 5 branches) puis sera revendeur d’instruments de musique à Lyon
jusqu’en 1871. Il a été impliqué dans plusieurs procès contre Adolphe Sax.
Marque d'un cornet à pistons de Michel Rivet.
Jean François Brelet (1799-v1870).
Né
en 1799 à Dijon, formé par Simiot avec lequel il travaille dans son atelier jusqu’en
1824. Puis il s’installe rue de la Monnaie à Paris comme fabricant de
clarinettes où il restera jusqu’en 1826. De retour à Lyon il retravaille avec
J.F. Simiot en 1829 et 1830 rue de l’Herberie en 1829 et 1830. reprend
l’affaire rue de Côme qui devient la maison « Simiot et Brelet ». Il
innove également dans le domaine de la clarinette et exerce jusque vers 1850
avant de s’orienter de plus en plus vers le métier de négociant. Il est décédé vers 1870.
Marque d'une clarinette
en Ut (Collection JDT)
Marques Simiot Brelet d 'un bec de clarinette.
(Musée d’Edimbourg)
Clarinette à 13 clès de Simiot et Brelet "innovée par simiot et brelet" (clé pouce droit originale)
(Collection JDT)
Pierre Piatet (v1795-a1869)
Est né à Carouge en Suisse à côté de Genève et arrive à Lyon vers 1820. Il travaille pour Simiot et deviendra son
disciple puis après 1830 pour Brelet. Il s’installe en 1833 seul comme facteur
d’instruments à façon au 12 rue de Grenette, avant de s’associer avec Frédéric
Benoit né à Saint Claude pour créer la Maison « Piatet et Benoit »
toujours à la même adresse. Ils obtiennent en octobre 1836 un brevet de 5 ans pour un « Mécanisme quisupprime et remplace les clefs et les
pistons adaptés jusqu’à présent aux instruments en cuivre de toute
espèce ». En 1838 ils déclarent une dizaine d’ouvriers. L’association
avec Frédéric Benoit s’arrête en 1840. P. Piatet continue avec ses ouvriers à
la même adresse jusqu’en 1869.
Clarinette Alto en Fa
de Piatet et Benoit.
Musée d'Edimbourg.
Jean Baptiste Magdeleine Mangean (t) (1820-p1883) est né le 2 janvier 1820 à Lyon. A son mariage en 1844, il est
déjà facteur d'instruments de musique à vent et s'installe au 8 passage
de l’Hôtel Dieu. Sa formation est lyonnaise (mais chez qui ?). Il utilise
pour la flûte l'érable, bois rarement utilisé pour les instruments à vent, à
cette époque sauf pour le basson voire le hautbois). Pendant sa période
d'activité lyonnaise de 1844 à 1856, il fabriquait des flûtes "à la pointe
du progrès" comme des systèmes Boehm système 1832, des flûtes système
Tulou à 12 clés. En 1855 il déménage pour la galerie de l'Argue à coté de
Michel Rivet et des Treumann père et fils et participe à l'exposition de Paris.
(on voit bien les relations de voisinage et professionnels entre facteurs). Il
quitte sa femme vers 1859 et s’installe au 1 place de la Préfecture. En 1860 il
obtient un brevet de 15 ans pour « Des perfectionnements apportés aux
instruments de musique en bois, en cuivre ou de toutes autres matières ». A
partir de 1861 il s’installe au 6 passage Ponceau à Paris. Sa carrière de
facteur s’arrête en 1865 car après la mort de sa première épouse, il se remarie
en 1866 et change de métier.
Flûte 12 clès de Mangean à Lyon vers 1855, système très particulier dérivant du systéme perfectionné de Tulou avec des correspondances. (Collection RP)
Joseph Molleron (1816-1894) né en 1816 à Lyon. Après un séjour à Paris où il se marie en 1840, il revient à
Lyon comme facteur d’instruments. Veuf, il se remarie et son ami Pierre Piatet
est témoin à son mariage ; il aura quatre enfants et est installé au N° 7
rue du Buisson puis au N°23 rue Bonneveaux. De
nouveau veuf en 1850, il se remarie en 1851, s’installe au N° 29 rue
Longue et s’associe quelques temps avec Mangean(t) avant que celui-ci quitte
Lyon pour Paris. En 1852 il obtient deux brevets de 15 ans pour « un
bouchon mécanique servant aux liquides gazeux ». En 1859 il crée la
société Molleron qui fabriquera principalement des cuivres. Il vend son
entreprise vers 1888 à Jean Marie Respaud et décède à Lyon en 1894.
Jean Marie Respaud (1836- 1902) est né en 1836 à Saint
Quirc en Ariège. Comment est-il arrivé à diriger la Maison Molleron et
Respaud ? Nous n’en savons rien. Il était en 1888 encore tailleur d’habits
et se déclarait peu après négociant. Il avait 52 ans lorsqu’il reprit la Maison
Molleron. Il décède en 1902 à 65 ans à Bron et est déclaré luthier. Sa fille
unique Marie Cécile Respaud né en 1883 avait épousé en 1902 Marius Chapuis,
employé né à Lyon en 1876 ; c’est lui qui prit la suite et sera marchand
de musique jusqu’à sa mort en 1927.
En-tête d'une facture.
Curieusement l’entourage de Simiot qui fut si important
dans la fabrication artisanale d’instruments de musique à vent à Lyon ne va pas
évoluer vers les fabriques industrielles
d’instruments de musique comme le feront les deux autres entourages de facteurs
lyonnais que nous allons étudier.
Si vous vous intéressez aux instruments de musique anciens, donc aux facteurs d'instruments à vent, de pianos, d'orgues ou aux luthiers, aux marchands de musique....vous voulez mieux les connaître. Ce blog met à votre disposition des données qui vous permettront d'illustrer vos articles, dossiers, documentation. L'idée est d'échanger, de partager...les connaissances. Si vous avez des infos, des documents....faites des blogs, des sites, des articles.....ou communiquez les nous pour les publier sur ce blog.