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mardi 13 mai 2025

Pierre Florentin BARBIER (1828-1909) facteur de flûtes, inventeur et innovateur.

En revenant de la derniére vente de mai à Vichy où une flûte de Florentin Barbier a fait l'objet d'une belle bataille d'enchères entre plusieurs flutistes, j'ai souhaité me documenter sur ce facteur original et créatif ! Et bien je n'ai rien trouvé de bien complet sur le sujet.....Alors comme d'habitude je m'y suis collé.

Biographie :

Pierre Florentin Barbier est né à Paris 11ème le 13 novembre 1828 et a été baptisé à Saint- Sulpice deux jours plus tard.  Son père Pierre François Barbier (1780-1854) né à Sauvillers-Mongival dans la Somme était artisan à Paris et sa mère Marie Victoire Demasy (1798-1852) était belge. Il avait un frère Victor Emile Barbier (1833-1864) né à Paris (10é) le 10 mars 1833 qui sera militaire (fusillier au 62 éme  régiment d'infanterie) qui mourra du typhus le 21 décembre 1863, au Mexique à Pachuca au cours de l'expédition de la France dans ce pays.
Il avait également une soeur Pauline Célina Barbier né le 24 mars 1831 au 7 rue de Sévres à Paris.
Il avait  épousé, à 24 ans le 10 février 1853 à Saint Sulpice Louise Souveraine Sicard âgée de 17 ans. A cette époque il habitait à la Villette et excerçait le métier de clétier. Avait-il suivi une formation de mécanicien ou de bijoutier? Nous ne pouvons le dire.

Etabli de finisseur d'instruments de musique
(Musée de le Couture-Boussey)

Ce couple a eu au moins deux enfants dont Louise Eugénie Barbier née le 1 novembre 1855, qui épousera en 1874 un monteur en bronze parisien. L'épouse de Florentin Barbier exerçait le métier de sage-femme ; elle décéda en 1877 à l'âge de 37 ans.  
Il se re-marria le 2 décembre 1879 à Paris avec Léonie Amélie Gillet (1848-  ). Tous les deux habitaient 19 rue Lepic. Sont témoins à ce mariage : Le fils de Buffet Jeune (1789-1864), Louis Auguste Buffet (1816-1884) facteur d'instruments de musique 18 rue d'Orcel dans le 18éme, (pour en savoir plus cliquez sur le lien suivant)


Ernest Henri Chambille (1858-1922), facteur d'instruments de musique (futur contremaître et propriétaire de Louis Lot et qui à cette époque travaillait dans l'atelier Nonon que dirigeait son père Auguste François Chambille (1827-1881) jusqu'au décés de Jacques NONON en 1877. On peut donc supposé que l'atelier Nonon-Chambille arrétant son activité vers 1877-1878, Ernest Henri Chambille travaillait pour Barbier en attendant de rejoindre l'atelier Louis Lot vers 1882, période de reprise de l'atelier  Lot, par Louis Ernest Debonneetbeau (1836-1891), ami et ancien ouvrier de l'atelier Nonon-Chambille.



Deux autres témoins sont présents : Félix Lenoir 25 ans mécanicien au 79 bd de Grenelle et Henri Varenne 33 ans sous chef de musique au 36éme ligne de Saint Cloud.

Florentin Barbier est décédé le 19 mars 1909 à Paris, 39 rue Saint Honoré ; il avait 80 ans et était rentier.

Sa vie professionnelle :

Annonce publicitaire vers 1900
Au cours des mouvements ouvriers de 1867, il est nommé membre du bureau électoral de la " corporation" des instruments de musique en bois, pour représenter,  avec Rive et Auduard,  les clétiers.
L' exposition de Paris de 1867 range les exposants en différentes classes selon la nature des produits qu'ils fabriquent et prévoit une classe spéciale pour " les travaux manuels qui ont le mieux résisté à la cocurrence  de la machine " et récompense les métiers d'art et les petits artisans qui ont fait preuve "d'intelligence, de dextérité, de goût et d'excellence". Cinq artisants de la facture instrumentale en font partie, dont F. Barbier (ouvrier en flûtes, Chaussée du Maine, Montrouge) qui reçoit une médaille d'honneur pour des flûtes à clés.

Il obtient son premier brevet de 15 ans le 2 novembre 1869 pour " une flûte cylindro-plane, à perce ou colonne d'air unie et pour des dispositions dans le mécanisme des instruments à clés en général".
 " Cette nouvelle flûte comme son nom l'indique a l'avantage d'offrir une perce de colonne  d'air parfaitement homogéne dans toute son étendue, sans saillies et sans cavités aucunes".
Brevet N°87659, Florentin Barbier 100 Chaussée du Maine.

Flûte cylindro plane du National Museum of Américan History






Flûte Barbier vers 1875. Source EBay.

Il déposa et obtint un brevet de 15 ans pour "perfectionnement de la petite flûte Boehm par un nouveau système de clés sous le titre de petite flûte cylindrique F. Barbier". Brevet N°103 109 Pierre Joseph Barbier 100 Chaussée du Maine.

Shéma Brevet 103109. Source Inpi

"Frappé des observations que des flûtistes me faisaient souvent au sujet du peu de sonorité relatif de la petite flûte conique, surtout dans les graves, je résolus d'appliquer à cet instrument l'amélioration que Boehm avait en 1847 apporté à la grande flûte, c'est à dire de remplacer la forme conique du corps de la petite flûte par une forme cylindrique, la tête au contraire ayant la forme d'un cône tracé par une ligne courbe décrite par un segment de parabole".









Piccolo Barbier











Il continue et obtient un nouveau brevet de 15 ans le 18 janvier 1875 pour " Des perfectionnements dans le mécanisme de bouchage des trous de notes des instruments à vent et à clés ". N°106461 Florentin Barbier 100 Chaussée du Maine.
" Dans les instruments à clés pour obtenir certains effets un seul ou plusieurs doigts doit pouvoir ou doivent pouvoir fermer un plus ou moins grand nombre de trous. Il en résulte de grandes difficultés pour obtenir une concordance parfaite de bouchage. Je prends le cas le plus simple comme exemple, celui où par le moyen de la même clé, le même doigt doit boucher à la fois le trou qui correspond à cette clé et un trou correspondant  à une seconde clé plus ou moins éloignée.
Pour que le bouchage des deux trous soit hermétique, il faut nécéssairement une très grande précision dans le montage des pièces, une même élasticité dans les deux tampons, aucune flexion dans les organes. Les difficultés augmentent en quelques sortes en progression géométrique lorsqu'il s'agit de faire concorder le bouchage d'un plus grands nombre de trous.
J'ai eu l'idée d'obvier à cet inconvénient en utilisant l'élasticité des doigts de l'éxecutant comme compensateur immédiat entre les clés, les communications de mouvements et des trous".

Schéma du brevet  N°106461. (INPI)





















Il travaille pour la société Couesnon et Cie de 1885 à 1898 et obtient avec eux deux brevets.

N°233531 du 19 octobre 1893 pour " une flûte perfectionnée avec clès additionnelles de résonnance et d'UT # ".





" l'addition de ces deux clés de résonnance et d'UT # peut être faite à toutes les flûtes du système Boehm proprement dit , c'est à dire à toutes les flûtes coniques en bois et à toutes les petites flûtes en bois et en métal. Elles ne changent en rien  le doigté de la flûte système Boehm.
La clè de résonnance A correspond à la spatule ou touche A1 qui se prend avec le pouce de la main gauche. La clé d' UT # B correspond à la spatule ou touche B1 qui se prend avec l'index de la main droite".

N° 250955 DU 14 octobre 1895 : " Système de flûte et autres instruments à vent à perce carrée".

Brevet source Inpi































" La flûte cylindrique, telle qu'elle a été fabriquée jusqu'à ce jour, n'est pas absolument conforme aux données mathématiques des principes d'accoustique. En effet le corps sonore, c'est à dire le volume d'air du tube cylindtique est plus grand qu'il ne devrait être en raison des cheminées ou bagues sur lesquelles viennent tomber les tampons et que les fabricants ont été jusqu'ici obligés d'employer pour obtenir le bouchage régulier. En outre les cavités formées par chacune de ces bagues sont autant d'arréts sur lesquels l'air vient buter et empécher par cela même l'émission facile du son.
C'est pour remédier à cet inconvénient que nous avons imaginé de fabriquer les flûtes avec une perce carrée".


Détails d'une flûte à perce carrée (Collection particulière)



Florentin Barbier fait partie des grands facteurs de flûtes français de la fin du XIXéme siécle au même titre que Lot, Rive, Bonneville, Lebret, Godfroy. Il laisse de très beaux instruments qui font plaisir aux flûtistes actuels.

Flûte à anneaux pleins et patte de Si b main gauche. DCM 1212




Merci à Michael Lynn ne nous faire entendre les deux belles flûtes Barbier de sa collection.


Flûte Barbier vers 1875. Collection M. Lynn (jouée au dessus)


































Flûte cylindrique Boehm en palissandre de Barbier
Collection M. Lynn












lundi 30 décembre 2024

Jacques NONON facteur de flûtes et de hautbois dans l'ombre du grand TULOU.

René PIERRE

Article parut dans le Larigot N°58 en octobre 2016.

Nous avions publié également un pré-article sur un de nos Blog

Nonon et Tulou

Introduction.

La vie et l'œuvre de Jean Louis TULOU (1786-1865), flûtiste virtuose, professeur au conservatoire de Paris de 1829 à 1856 et ardent opposant à la nouvelle flûte BOEHM, sont particulièrement bien documentées, notamment grâce à la thèse de Michelle TELLIER : "Jean Louis TULOU : flûtiste, professeur, facteur". Paris 1981 en deux volumes. (1) Thèse passionnante, très riche et qui se lit comme un roman...mais  «cachée» dans les réserves de la Médiathèque de la Cité de la musique à Paris. Cet ouvrage très documenté sur Tulou ne dit pas grand-chose de Jacques NONON et n'évoque que partiellement les instruments de ces deux personnages. Dans cet article nous souhaiterions aborder ces deux points.







Jean Louis Tulou par Henri Grévedon, entre 1830 et 1839. (Source BNF)






Qui était Jacques NONON ?

On ne savait pratiquement rien de Jacques NONON sinon qu'il était né à Metz en Moselle. En effet  il est né dans cette ville le premier mai 1802 et appartenait à une famille de tourneurs mosellans. Son père Gaspard NONON (1770-1836), son grand père Jean Louis NONON (1727-1813) étaient tourneurs à Metz.....Le premier tourneur connu de la famille était un arrière grand oncle, Jean Nicolas NONON (1687- ?) tourneur à Ranguevaux, berceau de la famille, petite commune de la vallée de la Fensch près de Joeuf (patrie de Platini.....le footballeur). 

Village de Ranguevaux en Moselle.






Jacques NONON avait deux frères et deux sœurs ; sa sœur aînée Marie Anne NONON né en 1797 à Metz avait épousée  Louis CHAMBILLE (1797-1845) mécanicien à Metz  et  fils d’un tourneur messin, Nicolas CHAMBILLE (1773-1849). Ce couple a eu trois enfants, dont Auguste François CHAMBILLE (1827-1881) né à Paris ; il sera facteur d’instruments de musique dans l’atelier de Jacques NONON, qu’il rachètera  le 11 juin 1856 à son oncle. Il collaborera à la fin de sa vie avec son ami Louis Ernest DEBONNEETBEAU de COUTELIER (1836- ?) avant que ce dernier ne rachète la Maison Lot dont il assurera la direction de 1882 à 1889. Le fils d’Auguste CHAMBILLE, Ernest Henri CHAMBILLE (1858-1922) sera contremaître chez Lot de 1882 à 1904, date à laquelle il succéda à E.BARAT et deviendra directeur de la Maison Lot.

En tête de la Maison Lot en 1906. (2)

Quel paradoxe de trouver à la tête de la prestigieuse Maison Lot, spécialisée dans la flûte Boehm, le petit neveu de Jacques NONON, contremaître de la Maison TULOU, ardant opposant à cette flûte Boehm. A la suite du décès d’Ernest CHAMBILLE en 1922, c’est sa fille Pauline Gabrielle CHAMBILLE (1887-1951) qui reprendra la direction de la société jusqu’à sa mort en 1951. (3)(4)

Voir remarque 1














Jacques NONON malgré l’éloignement entre Paris et Metz sera toujours, au cours de sa vie, très proche de sa famille et en particulier de ses trois neveux.

Première rencontre en 1828 entre Jacques NONON et Jean Louis TULOU.

Jacques NONON a été formé au métier de tourneur par son père et/ou par un membre de sa famille mais ce n'est pas en Moselle qu'il a pu être formé au métier de facteur d'instruments de musique. A-t-il fait un tour de France comme on le faisait à cette époque et comme Jean Daniel HOLTZAPFFEL, facteur natif de Strasbourg, exerçant à Paris nous le raconte dans ses mémoires ? (5)  Ou est-il "monté" directement à Paris ? Actuellement on ne sait rien de cette période. C'est en 1828 que l'on entend parler  pour la première fois de lui à Paris et de sa rencontre avec TULOU. Il lui présente une flûte à six clés en argent qui est conservée au musée de la musique à Paris.

Flûte à 6 clés en argent de Jacques Nonon de 1828.
Musée de la musique de Paris






Cette flûte serait donc à l'origine du partenariat créé en 1831. Il n'y a pas de doute sur l'origine de cet instrument, puisque c'est NONON lui-même qui en a fait don au musée du conservatoire en 1872, en précisant sa qualité. Lors de sa rencontre avec Tulou, Nonon avait 26 ans et la flûte qu'il lui présente est caractéristique des flûtes de cette époque, dans sa facture, sa conception, sa réalisation......Elle pourrait provenir des ateliers de Bellissent, Godfroy, Triébert....mais elle montre surtout que Jacques NONON maîtrisait  la fabrication de flûtes et qu'il avait sans doute travaillé pour ou chez les grands facteurs de cette période ; il faudrait la jouer pour en apprécier les qualités musicales            .

Le nouveau catalogue du Conservatoire. Gustave Chouquet.


















Cette marque suggère que J. NONON avait un atelier en 1828 et a continué d'exercer seul jusqu'en 1831. Il ne figure, à notre connaissance sur aucun annuaire de cette époque et on ne connaît pas son adresse. Aucun autre instrument, portant cette marque n'est connu.














L’anecdote du rossignol adoptée par Tulou dans sa marque, en 1831 est bien connue. Notre flûtiste avait remporté un énorme succès de prestige lors de la première,   du « Rossignol », opéra de Lebrun en 1816. Son interprétation du solo de flûte avait fait l’unanimité du tout Paris et avait confirmé sa prééminence sur tous les autres flûtistes de cette époque.   

Quand TULOU  a-t-il commencé la fabrication de flûtes et pourquoi ?

"Comment J.L. TULOU, virtuose célèbre, s'improvisa-t-il facteur ? On ne sait, mais ce n'est pas à coup sûr, pour combattre la flûte Boehm, puisqu'elle ne parut qu'après 1832 et que nous le trouvons fabricant dès 1818....." (Constant PIERRE : Les facteurs d'instruments de musique). Affirmation discutable de Constant Pierre surtout pour les débuts de J.L. Tulou comme "facteur" dès 1818, cela est peu probable. Bien sûr il a du "collaborer" avec BELLISSENT pour l'amélioration de ses flûtes, puisque ce dernier dès 1820 annonçait dans l'annuaire Bottin : "Bellissent, facteur de flûte de l'école royale de musique et de Mr TULOU première flûte de l'opéra"....et  en 1830 ils étaient trois facteurs à s'annoncer comme "LE fournisseur" de TULOU dans le même annuaire. "BELLISSENT, flûtes, fournisseur de Tulou et de l'académie royale de musique". " GODFROY aîné (Clair), fabricant de flûtes, clarinettes, flageolets, facteur de l'académie royale de musique, de l'école royale et des principaux professeurs de la capitale....." " GODFROY jeune, facteur en tout genre, connu particulièrement pour la flûte, fournisseur de M. TULOU et autres artistes distingués....."

Marques de Christophe Delusse (a1781-p1789), 

Vinnen Cadet (c.1820-1837), 

Un article intéressant, paru dans « La France Musicale » le 18 novembre 1855, donne une explication sur cette création d'atelier en 1831: " WUNDERLICH, maître de Tulou et de tous les flûtistes célèbres en France dans la première moitié de notre siècle, fut le premier à se servir chez nous de la flûte à plus d'une clef. Le premier nom français qu'il y ait à citer dans cette industrie est celui de DELUSSE, fabricant établi à Paris à l'époque de la première révolution. Ses instruments étaient appréciés ; ils avaient autant de justesse qu'il était possible de leur en donner à cette époque, et possédaient surtout une belle qualité de son.....Au fabricant Delusse succédèrent les frères WINNEN(Père et Fils selon Langwill) également établis à Paris. Le premier se servait d'une perce très large qui donnait de la puissance aux notes graves, mais qui empêchait les notes élevées de sortir avec facilité ; le second avait fait l'acquisition des perces de Delusse, et obtenait quelquefois, grâce à cette circonstance, d'assez bons résultats. Ce fut chez lui que Tulou acheta la flûte avec laquelle il fit sa réputation de virtuose. Un peu plus tard, ayant découvert un ouvrier intelligent, nommé GODEFROY, il lui donna sa flûte pour modèle, essaya ses instruments, et lui prodigua les plus sages conseils. Tous deux parvinrent à corriger les défauts de justesse qu'on rencontrait trop souvent sur les flûtes de cette époque. Il suffisait à Tulou de patronner un facteur pour lui assurer une clientèle. La maison GODEFROY aîné acquit bientôt une grande vogue ; mais à mesure qu'elle multipliait ses produits et leur trouvait de nouveaux débouchés, on se montrait moins disposé à faire des essais. C'est alors que Tulou conçut l'idée de monter lui-même un atelier. La première flûte qu'il construisit fut trouvée parfaite de tous points ; chacun voulut en avoir une semblable. Et c'est ainsi que, de succès en succès, de commandes en commandes, l'éminent artiste devint fabricant. L'exposition universelle nous fournit naturellement l'occasion d'apprécier ses travaux, leurs résultats et leur porté".

Cette article publicitaire, écrit à la suite de l’exposition de Paris en 1855, nous donne des informations intéressantes sur les flûtes jouées par TULOU, mais  essaie, également de faire de TULOU le conseiller des facteurs qui les a propulsés vers la réussite....Et NONON ? Oublié ? Mais l'on était en 1855 c’est-à-dire après la rupture entre les deux partenaires.

Pierre Godfroy (1779-1845), 

Clair Godfroy aîné (1774-1841),

Jacques Eléonore Bellissent (1783-1841).

Le premier document mentionnant la fabrication de flûtes par TULOU date du 19 mars 1831. C'est un article de la revue musicale qui commence par analyser les faiblesses de la flûte : justesse, égalité des sons graves et de l'aiguë..."Il appartenait à un professeur dont la longue expérience et le talent fini avaient su apprécier toutes ces imperfections, de faire les recherches nécessaires sur les  moyens propres à obvier à d'aussi graves inconvénients. M. Tulou a donc entrepris cette tâche dans l'espoir qu'il pourrait faciliter les progrès des amateurs en leur offrant des instruments dont ils n'auraient pas à combattre sans cesse les défauts, et qui, par leur état perfectionné, seconderaient leur habileté dans l'exécution au lieu d'y mettre obstacle".

"Mr Tulou a cherché à faire disparaître l'inconvénient des corps de rechange, et surtout celui de la pompe". A cette époque la plupart des facteurs utilisaient un barillet comme pompe d'accord qui présentait un inconvénient majeur selon lui, c'est pour cette raison que toutes les flûtes Tulou n'ont pas de pompe d'accord.

Il préconise le système des anneaux pour ajustés la tonalité, système qui aurait été imaginé par NONON, qui placés "aux emboîtures et allongeaient l'instrument d'un demi ton ou d'un quart de ton, suivant leur grosseur". (C. PIERRE)

"M. Tulou s'est aussi attaché à trouver des formes simples et élégantes dans les clés, et en a surtout diminué le volume, qui donnait à l'instrument de la lourdeur sans utilité. Ces avantages seront appréciés par les amateurs et les artistes et ne peuvent manquer d'influer sur les progrès de la flûte. Le nom de Mr Tulou les recommande suffisamment. Aucun instrument ne sort des ateliers de ce professeur célèbre sans avoir été essayé et reconnu bon par lui. On peut s'adresser directement à M. Tulou, à Paris, N°18 rue Bleue".



Tous ces éléments nous permettent de dire que J.L. TULOU a commencé  à fabriquer des flûtes en 1831 au début de sa collaboration avec Jacques NONON, même s’il avait collaboré auparavant avec d’autres facteurs comme Pierre GODFROY (Jeune) et son  frère aîné Clair GODFROY. Il est fréquent d’entendre que ce même Pierre GODFROY aurait fabriqué des flûtes portant la marque de Tulou, parce que certaines clés en argent sont poinçonnées avec une marque d’orfèvre avec des initiales « P.G.». Grace à Peter SPOHR nous avons résolu cette énigme mais nous en reparlerons lorsque nous évoquerons la flûte perfectionnée de TULOU. 

Alors pourquoi avoir créé cet atelier ?

Pour comprendre les motivations de Monsieur Tulou dans la fondation de cet atelier, il faut lire la thèse de Michelle TELLIER qui cerne parfaitement le caractère de cet artiste. Pour notre part nous voudrions mettre l'accent sur une des motivations, à notre sens essentielle : c'est le besoin de s'assurer des revenus complémentaires. Il faut comprendre qu'après sa disgrâce politique de 1821 quand Joseph GUILLOU (1787-1853) lui avait été préféré pour le poste de professeur au conservatoire de Paris et  après sa démission de l'opéra de Paris, le "grand" TULOU avait dû connaître une période délicate dans tous les domaines.

Christophe ROSTANG dans le n° spécial du Larigot concerné  à F.G.A. DAUVERNE, explique bien la nécessité pour ces artistes musiciens, dont les appointements de l'opéra et du Conservatoire n'étaient pas suffisants pour leurs assurer un train de vie de grand bourgeois digne de leur renommée, étaient contraints de trouver des ressources complémentaires. TULOU avait trouvé dans son association avec NONON une opportunité pour s'assurer des moyens confortables. Ce n'était pas, bien sur sa seule motivation mais ..... 

G. HEQUET flûtiste écrivant un article nécrologique sur TULOU, mentionne :" .....Il (Tulou) réussit mieux dans la fabrication des flûtes (que dans la peinture, une de ses passions), dont il s'occupa longtemps, et à laquelle il a dû probablement une grande partie de l'aisance dont il a joui...."

A. LAVIGNAC, dans son Encyclopédie de la musique et dictionnaire du Conservatoire, est encore plus dur et sans doute très injuste dans son jugement : ....Il (Tulou) garda longtemps son poste au conservatoire, s'associa entre temps avec NONON pour la fabrication des flûtes, n'apportant guère à l'association que l'immense prestige de son nom. Cette exploitation lui laissa de fort beaux bénéfices...."

Essai de classement chronologique des flûtes signées TULOU. (Remarque 2)

La marque « TULOU au rossignol » a été utilisée depuis la création de l’atelier en 1831 jusque vers les années 1930 par la Maison COUESNON. Aussi  peut-on rencontrer une grande variété de flûtes et de hautbois portant cette marque. Nous allons essayer de définir  les éléments qui permettront de classer chronologiquement les flûtes de la période de l’atelier TULOU-NONON. Vous avez été nombreux à nous faire parvenir des photos et des renseignements, il reste encore de nombreux points à étudie notamment sur la perce des instruments, sur les embouchures….Nous reviendrons donc régulièrement sur cet article pour faire des mises au point. N’hésitez pas à nous consulter pour nous donner votre avis sur ce sujet. Nous avons répertorié plus d'une centaine de flûtes de cette période. Tulou et Nonon ont produit de 1831 à 1850 des flûtes plutôt  à 5 clés ou 6 clés de très belle qualité qui furent régulièrement récompensées aux expositions de 1834, 1839, 1844, 1849.

Flûtes de la première période (1831-1838).

Il existe quelques flûtes baguées ivoire, parfois en buis sans doute du début de l’atelier. 

Tête de flûte Tulou en buis et bague ivoire. (Vente Vichy)


Flûte Tulou à 4 clés argent baguée large. (Collection Sigal)

Flûte Tulou en buis à 4 clés. (Collection R. Charbit)

Flûte Tulou à 5 clés à bagues larges et anneaux d'accord. (Vente Vichy)

Flûte Tulou à 5 clés laiton en buis (Vente Vichy)

Mais  elles sont généralement baguées en métal  (argent principalement), avec des bagues  larges, jamais de pompe d'accord et les clés sont fines, fixées à des tourillons soudés à des plaques vissées dans le bois. Lorsqu’elles sont en argent, ces clés comportent le poinçon « tête de lièvre » de petite garantie de Paris (1819-1838) et le poinçon « P # B » de Paul Nicolas BELORGEY mécanicien: " Belorgey Aîné, facteur de clefs d'instruments de musique, fabrique tout ce qui a rapport aux garnitures intérieures et extérieures des instruments ; tire toute espèce de tubes à l'usage des facteurs, 32 rue du Petit Carreau". (Bottin 1840)(Remarque 3)




















dimanche 1 mai 2016

"Les poinçons d'argent français des instruments de musique". "French silver Hallmarks of musical instruments".

Les articles concernant les poinçons d'argent français des instruments de musique sont très peu nombreux voir quasi inexistants. Le seul que nous connaissons est celui de Guy LAURENT, célèbre commissaire priseur de Vichy, publié dans le LARIGOT N°7 de mars 1990. Pourtant ces poinçons même s'ils sont peu fréquents  et surtout rencontrés sur les clés de flûtes, sont d'un grand intérêt. Nous venons d'en faire l'expérience lors de notre travail sur les flûtes de NONON et TULOU ; ces poinçons nous ont permis de mieux dater les instruments portant la marque TULOU au célèbre rossignol, marque utilisée de 1831 au environ de 1930, c'est à dire pendant plus d'un siècle.
Marque d'une flûte de Tulou.
Pour en savoir plus sur TULOU et NONON cliquez sur ce lien : Article TULOU-NONON
D'ailleurs depuis la publication de cet article nous avons progressé dans nos découvertes, et nous allons publié dans un prochain Larigot un article beaucoup plus complet.
Rare sont les descriptions d'instruments dans les musées, les collections, les ventes spécialisées qui précisent ces poinçons. Il est vrai qu'ils sont parfois difficile à lire, à photographier car bien souvent cachés par la saleté des ans, ou écrasés lors de leur application. Néanmoins aujourd'hui avec les progrès de la photographie et une certaine habitude il est tout à fait possible de les décrire.
A la suite de cette expérience nous avons décidé avec Guy LAURENT de réaliser un document qui aura pour but de recenser les poinçons d'argent rencontrés sur les instruments de musique. Pour cela nous avons besoin de votre aide. Comment pouvez vous nous aider ? Tout simplement en nous envoyant les photos des poinçons d'argent que vous avez trouvé sur vos instruments. D'avance nous vous remercions de votre aide.

Guy LAURENT nous a autorisé à reproduire son article de mars 1990.

"L'argent depuis toujours est considéré comme un métal précieux, noble. Bien qu'il soit relativement répandu sur la surface du globe, il a toujours été le signe de richesse et puissance à l'instar de l'or. Louis XIV possédait un mobilier avec des consoles, des pots à orangers en argent massif ; le but était décoratif mais il cherchait aussi à montrer sa puissance, sa magnificence auprès de toutes les cours européennes.
Page de couverture du catalogue de l'exposition de Versailles de 2007.
Dans le domaine qui nous intéresse on connaît en fait que peu d'instruments de musique à vent en argent massif ; des cors, des flûtes ont été fabriquées en argent massif mais cela reste l'exception. Ce que l'on rencontre plus fréquemment ce sont des parties d'instruments qui sont en argent, soit des clés, soit des têtes de flûtes, soit des bagues, soit des pavillons.

Flûte de Louis Lot en argent massif. (David Shorey)
Toutefois, l'argent trop malléable ne peut être employé complètement pur. Sa dureté de 2,7 dans l'échelle de Mohr peut être augmentée par l'adjonction de métal accessoire, le cuivre pour la plupart du temps. Dès lors le problème est de  savoir quand est-on en présence d'argent ou de métal argenté ou d'alliage. Dans pratiquement tous les pays, la limite de 800/1000 a été adopté pour faire admettre l'appellation argent massif.
Dans certain pays comme la France, il a été fait une distinction plus fine, c'est à dire que l'on reconnaît deux titres d'argent. Le premier titre avec 950/1000 d'argent et le deuxième titre avec 800/1000 d'argent.

Pour garantir ce titre on insculpe un poinçon rendu obligatoire par le législateur.

Poinçons de titre d'argent au "premier coq" utilisés en France de 1798 à 1809
et au "second coq" utilisés de 1809 à 1819.
Poinçons de titre d'argent "au vieillard" utilisés de 1819 à 1838.
Poinçons à la minerve utilisés de 1838 à nos jours.
L'origine du poinçon de garantie remonte à une ordonnance royale de 1275, mais dans notre espèce le poinçonnage avant le XVIII ème n'a pas d'intérêt puisqu'il n'existe pratiquement pas d'instruments à vent en argent. Au XVIII ème siècle existe en France un système de poinçonnage extrêmement précis composé de 4 poinçons qui permettent de dater à 1 an près la pièce concernée, toutefois ce sont de gros poinçons et ils ne pouvaient être insculpés sur des pièces d'instruments comme par exemple des clés de flûtes sans les détériorer. On ne peut donc trouver en pratique, lorsque ces pièces sont poinçonnées que le quatrième poinçon dit de "recense" qui varie selon la région et l'époque. Il figure soit un animal soit un objet, mais trop nombreux ils ne peuvent tous figurés ici.
Quelques exemples de poinçons de "recense" pour la ville de Paris.
A partir du début du XIX ème siècle avec la révolution, le système change et les poinçons aussi. Cette période est certainement la plus intéressante pour les collectionneurs car elle permet une datation précise. On trouve souvent sur les clés un petit poinçon relativement facilement datable. Par exemple sur une flûte de Claude LAURENT (Flûte en cristal) datée 1819 on retrouve le poinçon du faisceau avec hache au milieu ce qui aurait permis si nécessaire de dater l'instrument entre 1809 et 1819.

XIX ème et XX siècle : poinçons fréquemment rencontrés, particulièrement sur les flûtes en argent et sur les parties d'instruments, comme les clés de flûtes.

Deux poinçons généralement marquent ces objets : le poinçon dit de "Petite garantie" et celui losangique de l'orfèvre ou du fabricant. Ces poinçons seront appliqués pour "les clés d'instruments de musique : au gré du fabricant et de manière à ne pas les fausser". (Points d'application des poinçons français d'après le catalogue de 1838) 

Poinçons de "petite garantie".


En usage de 1798 à 1809 : Un faisceau avec listel




En usage de 1809 à 1819 :
Un faisceau avec hache au milieu à gauche, avec listel : Pour Paris.





Un faisceau avec hache en haut à droite, avec listel : Pour les Départements.





En usage de 1819 à 1838 :
Tête de lièvre pour Paris.






Pour les régions : 9 poinçons différents.









La date de 1838 est très importante pour les poinçons puisque ce sont ceux qui sont encore utilisés actuellement.
De 1838 à aujourd'hui :
La tête de sanglier en usage pour Paris de 1838 jusque vers les années 1980 :







Le crabe en usage depuis 1838 et toujours en vigueur.







Le charançon dans un rectangle en usage depuis 1893 indiquant une provenance étrangère.






Le cygne en usage depuis le 1er juillet 1893 sur tous les objets en argent dont on ne connaît pas l'origine en particulier lorsque l'objet est vendu aux enchères publiques et revendu.





Les poinçons losangiques d'orfèvres et de fabricants.

C'est principalement ces poinçons que nous souhaitons répertorier, puisque vous l'avez compris les poinçons de petite garantie sont identiques quelque soit le fabricant.
Si le poinçon de petite garantie va nous aider pour la datation des instruments, le poinçon d'orfèvre va permettre de mieux comprendre le travail du facteur, car dans la plupart des cas celui-ci ne fabriquait pas lui même les parties métalliques principalement les clés, particulièrement dans la première partie du XIX ème. Il avait recours à un orfèvre, un serrurier, un mécanicien....à un clétier :
 Par exemple Claude LAURENT en 1822 pour la réalisation d'une flûte :
Bouchon en argent d'une flûte datée de 1822 par Claude Laurent.
(David Shorey)
On reconnaît sur la photo ci-dessus le poinçon de "petite garantie" tête de lièvre (1819-1838) et le poinçon de Jean DUPIN et fils serrurier qui était situé prés du Palais Royal à coté de Laurent au 7 rue des Orties.

Pour tout connaître sur ces merveilleuses flûtes en cristal de Claude Laurent : lire la thése de Montserrat Gascon : "Une flûte en cristal". Els instruments de vidre de Claude Laurent (1774-1849). Tesi doctoral. Universitat Autònoma de Barcelona, 2017.
Cliquez pour découvrir le site de Montserrat Gascon

Pour les flûtes portant la marque "TULOU", les poinçons nous ont donné du fil à retordre. 
Poinçons d'une flûte à 5 clés de Tulou. (Musée de Bruxelles)

On reconnaît bien la tête de lièvre situant la flûte avant 1838 et le poinçon "d'orfèvre ?
Poinçon "P#B" vertical.
Ce poinçon est identique à celui d'une de mes flûtes Tulou datée de 1844, mais le poinçon d'orfèvre est dans le sens horizontal et celui de petite garantie est la tête de sanglier donc après 1838.
Poinçons d'une flûte Tulou à 5 clés datée de 1844. (René PIERRE)
Avec l'aide de Peter SPOHR et d'Anne PUSTLAUK (Merci à eux pour leur collaboration et leur travail), nous avons trouvé que ces poinçons appartenaient à Paul Nicolas BELORGEY mécanicien: Belorgey Aîné, facteur de clefs d'instruments de musique, fabrique tout ce qui a rapport aux garnitures intérieures et extérieures des instruments ; tire toute espèce de tubes à l'usage des facteurs, 32 rue du Petit Carreau". (Bottin 1840)
Dictionnaire des poinçons de fabricants d'ouvrage d'or et d'argent.  Paris 1798-1838. (1)
BELORGEY Aîné était aussi "pistonnier", il collabora avec Antoine Halary et obtiendra deux brevets. Il fera faillite en 1862. Son fils Jules Alexis BELORGEY Fils " fabricant de mécanismes pour instruments de musique en bois et en cuivre" sera "spécialiste pour le genre Boehm 16 Faubourg Saint Denis, maison du cheval blanc prés le boulevard". (Almanach Cambon 1864)
Ce point met en évidence le rôle essentiel tenu par ces mécaniciens, complètement inconnus actuellement qui ont été très actifs dans l'évolution des instruments à vent comme nous avons pu le voir dans notre article sur C.H. FELIX (cliquez sur ce lien pour lire l'article : C.H Félix.)
Outre Belorgey et Félix, il y en avait bien d'autres à Paris : BAGNE Aîné, clefs et garnitures d'instruments en cuivre ou en bois, passage du Grand Cerf. DROUELLE, fabricant de clefs en tout genre et pistons, 58 Faubourg Saint Martin. CHAUDIER, clés pour instruments 18 place Dauphine. CHAUMET, 5 rue Mauconseil. SASSAIGNE, f. Clefs en tout genre et pistons, Fg-St-Martin, 60. BODOUL, clés pour instruments, 20 rue de la Petite Friperie.
(1) 1838-1875
Joseph Dominique BRETON successeur de Claude LAURENT s'était aussi spécialisé dans la fabrication de clés: "Breton, clefs nouveau et anciens système et instruments à vent. 28 rue J.J. Rousseau.
(1) 1838-1875.
L'on comprend mieux pourquoi certaines flûtes portant des marques différentes pouvaient avoir "un air de famille" malgré des facteurs différents ; dans cette première partie du XIX ème les facteurs ce fournissaient en "garnitures" chez des clétiers communs. C'est donc le cas pour NONON qui pendant toute la période où il était contremaître chez TULOU se fournissait en clefs , en garnitures et en tube pour ses flûtes chez BELORGEY. (à confirmer)

Nous n'avons pas encore abordé la Province, particulièrement La Couture Boussey, haut lieu de fabrication d'instruments à vent. Le principe était sans doute le même mais il va être plus compliqué de déterminer les clétiers car nous ne savons pas s'ils ont été répertorié. Comme par exemple, avec cette flûte à 5 clés de Nicolas THIBOUVILLE.
Flûte de Nicolas Thibouville

Le poinçon de petite garantie au papillon  situe la fabrication des clefs dans la région nord (sans doute la région de La Couture ) et donne la période 1819 à 1838. Le poinçon d'orfèvre est inconnu "N.L", est il de La Couture ?
Pour d'autres régions de province, pour l'Alsace que nous connaissons bien nous n'avons jamais vu d'instruments ou partie d'instruments poinçonnée, pour Lyon ? A vous de nous dire ? Mais tous ces points sont à éclaircir.
Juste une petite énigme pour terminer sur la province. Une flûte de notre collection de SECRETAN à Besançon est munie d'une clé en argent ; voici son poinçon. Qu'en pensez vous?

Poinçons d'orfèvre ou de fabricant dans la deuxième partie du XIX ème.

Si nous reprenons les flûtes de TULOU, à partir de 1853 NONON quitte TULOU pour s'installer au 8 rue Rochechouart. Dès 1854 il possède son propre poinçon.
Dés le départ de NONON (1853), TULOU passe un accord avec Pierre Louis GAUTROT dit GAUTROT Aîné pour la fabrication de ses instruments. Dés 1853 Gautrot Aîné possède son poinçon personnel qui sera apposé sur les clés en argent des flûtes portant la marque TULOU, en particulier sur les flûtes perfectionnées à clétage argent. Tous les instruments de cette période porterons en plus de la marque un numéro. Nous pensons que ces instruments ont  été fabriqués par l'atelier Gautrot Aîné et vendus sous la marque Tulou. Une autre hypothèse serait que Gautrot était fournisseur de clés pour un pseudo atelier de Tulou, cette hypothèse est très peu probable car dès 1854 la maison TULOU apparaît dans le Bottin, uniquement dans l’annonce GAUTROT Aîné. 
Il semble qu'à partir de la deuxième partie du XIX ème siècle, les facteurs avaient leurs propres poinçons peut être avaient ils dans leurs ateliers un mécanicien ? C'était le cas pour Jacques LABBAYE,
MARTIN Frères :


Paul BIE :

Simon LEFEVRE :
Auguste BUFFET :
TOURNIER et GOUMAS :
Ce principe a continué après 1875, c'est ainsi que les flûtes LOT de 1876 vers 1904 portent le poinçon de H.D VILLETTE, puis après celui de E. CHAMBILLE;

Auguste BONNEVILLE avait son poinçon etc........

Vous voyez il y a encore du travail à faire dans ce domaine, Donc merci pour vos envois de photos de poinçons et merci pour votre aide.