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lundi 8 avril 2019

Jean François SALOMON (1781-1831) inventeur de l' Harpolyre, à Besançon. Jean François SALOMON (1781-1831) inventor of the Harpolyre, in Besançon.

Le XIX° siècle, avec l'avènement de la musique romantique voit se développer l'intérêt pour la guitare. De nouveaux virtuoses de l'instrument, comme Fernando SOR se produisent dans toute l'Europe. Certains inventeurs cherchent à développer la guitare classique, c'est le cas de J.F. SALOMON et de l' Harpolyre qui malheureusement ne rencontra pas le succès qu'il escomptait.
Harpolyre de J.F. SALOMON. (Collection J.M. Renard)

Jean François SALOMON est né le 22 mars 1781 à Besançon. Son père Louis SALOMON était maître boulanger et sa mère était Louise GRESSET. Il devint orphelin assez rapidement, puisqu'il perdit son père, veuf de son épouse en 1786.
Signature de J.F. SALOMON.
On ne sait pas comment il se forma à la musique, mais il était déjà professeur de musique à son mariage avec Jeanne Bégnine CHALON, la fille d'un serrurier de Besançon le 12 avril 1809.
Marque de l' Harpolyre de la collection J.M. Renard.
Ils eurent plusieurs enfants : Françoise Catherine SALOMON (1810), Claude Etienne SALOMON (1811), Charles Henry SALOMON (1812), Sophie Antoinette SALOMON (1817), Christine Marie SALOMON (1822), Augustine Sophie SALOMON (1825).
Marque au fer d'une Harpolyre du Musée de La Villette.
En 1825, il est professeur de musique, Maître de chapelle à l'église métropolitaine de Besançon, Professeur de guitare et de chant à l'école polytechnique. Le 22 août il demande un brevet d'invention pour une guitare à 3 manches et 21 cordes qu'il dénomme Harpolyre (Arpolyre).

Fixation des 21 cordes sur l'Harpolyre de la collection J.M. Renard.
Cette guitare comportait 6 cordes sur le manche du milieu, qui étaient accordées comme une guitare ordinaire. Le manche de gauche était destiné aux basses et comportait 7 cordes accordées par demi-tons depuis le mi du bas jusqu'au la grave de la contrebasse. Le manche de droite était le manche diatonique et comportait 8 cordes (ut, ré, mi, fa, sol, la, si, ut).
Harpolyre d'André Augustin CHEVRIER.
 (Métropolitain Muséum de New York)
Mais visiblement sa description de l'instrument et ses explications ne suffirent pas au jury, qui demanda des dessins et explications supplémentaires. Puis des erreurs d'envois de courriers retardèrent la décision, ce qui désolait le pauvre SALOMON qui avait engagé ses économies dans la fabrication d'instruments.
Lettre du 10 février 1829.
" Jean François Salomon, Maître de Chapelle de l'église métropolitaine de Besançon, inventeur d'un instrument nommé Harpolyre, sollicite de votre excellence un brevet d'invention depuis le 22 août 1828. Il a rempli toutes les formalités qu'exige cette demande. Il a eu déjà eu deux fois l'honneur de vous supplier de vouloir bien lui faire expédier ce dit brevet et pourtant il gémit toujours dans l'attente ; il est privé après avoir épuisé toutes ses ressources pécuniaires à faire fabriquer de ces instruments, d'en continuer la fabrication et il a tout à craindre que les ouvriers qu'il a employé ne deviennent contrefacteurs si ce brevet qu'il attend depuis prés de six mois ne vient pas lui donner le droit de les poursuivre". (Dossier de l'INPI)
Dessin complémentaire fournit lors de sa demande de brevet, 
montrant les différentes utilisations des trois manches 
et le branchement avec le piédestal résonateur. (INPI)
Finalement il obtiendra son brevet le 19 mars 1829. Ses instruments étaient réalisés par un luthier né à Mirecourt : André Augustin CHEVRIER qui s'installa ensuite à Bruxelles.
Pour faire connaître et développer son invention, il s'installa à Paris chez le "Sieur DUCOUDRAY rue Saint Thomas d'Aquin à Paris". Il commercialisa une méthode pour Harpolyre et demanda à Fernando SOR (1778-1839), le guitariste, né à Barcelone, le plus célèbre du moment d'écrire de la musique pour Harpolyre.
Fernando SOR.

Le 19 septembre 1829 il demande un nouveau brevet pour un "Instrument propice à accorder les instruments à cordes" qu'il nomme accordeur. Il s'agit d'un système à lames métalliques sonores, accordées sur l'échelle chromatique, associé à un mouvement d'horlogerie à ressort qui permet de faire vibrer la note choisie aussi longtemps que souhaitez. Mais là également il rencontre des difficultés et il n'obtiendra son brevet que le 18 mai 1830.
Dessin de l'accordeur. (INPI)
L'Harpolyre n'a pas eu de succès, car aucun artiste ne voulait se livrer à l'étude des difficultés liées à l'utilisation des trois manches. "Après avoir fait inutilement un long séjour à Paris pour y faire adopter ses inventions J.F. Salomon retourna à Besançon, où la fatigue de ses efforts et le chagrin d'avoir dissipé en essais le fruit de ses travaux et de ses économies, le conduisirent au tombeau à l'âge de 45 ans (49 ans)"
François Joseph FETIS
Harpolyre de J.F. Salomon (Musée de la Musique Paris)
Jean François SALOMON est décédé à Besançon à 49 ans le 19 février 1831.
Cette Marche funèbre pour Harpolyre écrite par Fernando SOR était prémonitoire.






vendredi 12 janvier 2018

Vichy : Lieu mondial, incontournable de ventes d'instruments de musique anciens. Vichy : inescapable world place of early musicinstruments' s sales.


La salle des ventes de Vichy est bien connue des amateurs d'instruments de musique anciens. Collectionneurs, musiciens, luthiers, experts, amateurs se donnent rendez-vous deux fois par an pour découvrir la perle rare en fonction de ses envies, de ses besoins car on y trouve tout depuis la mandoline à 10 euros pour décorer son salon au violon et archet pour virtuose dépassant allègrement les 500 000 euros.....et que de découvertes on peut y faire. C'est un lieu magique.













Guy et Étienne Laurent y règnent en maîtres entourés d'experts  
Cliquez sur ce lien si vous voulez en savoir plus sur Vichy enchères.

2017 a été l'année de tous les records pour les ventes de Vichy, tout d'abord avec la vente du 4 novembre 2017 consacrée aux instruments à vent, cordes pincées et guitare vintage.
Le record de la vente revient aux 10600 euros (13144 euros avec les frais), donnés pour cette guitare électrique Solidbody Fender en modèle Stratocaster datée de 1964.

Cette guitare mythique solidbody (sans caisse) de Fender  modèle Stratocaster (le modèle qui a suivi la Télécaster), série L45117 couleur Sunburst (Échappée de soleil...) datée du 2 septembre 1964 ....dont le son est parfaitement reconnaissable même pour un saxophoniste comme moi !
La vidéo concerne une stratocaster, de la même période que celle présentée à Vichy qui provenait d'un musicien amateur qui "transmettait " à un autre musicien son plaisir de jouer sur ce bel instrument.
Une autre très belle guitare archtop (construite comme une guitare acoustique avec une table bombée) Gibson (l'autre grande marque mythique) ES175 de 1968, elle aussi de couleur Sunburst vendue pour 5000 euros (6200 avec les frais).
Là je connais encore mieux car c'est du "mythique" mais de jazz .....Presque tous les grands guitaristes de jazz ont joué sur cette guitare même s' ils ont évolué vers d'autres modèles. Pour le plaisir écoutons Joe Pass.


Autre période, autre époque, autre musique avec cette guitare battente (avec une caisse en forme de coque de bateau ou que l'on jouait en frappant les cordes) de Gaëtano Vinaccia ("dit "Gaetano I", fils et élève d'Antonius Vinaccia le célèbre facteur de mandolines, perpétua la tradition de la lutherie napolitaine populaire de qualité") faite à Naples en 1848 et qui a fait 3600 euros (4464 euros avec les frais).

Trois instruments différentes est déja nous avons fait un grand voyage....c'est cela Vichy.
Et en plus pour les chercheurs on trouve des tas de trucs par exemple ce beau hautbois  a 12 clés en argent et poinçonnées, anonyme c'est à dire qu'il n'y a pas de marque de fabricant....
Toutes les clés portent le poinçon de petite garantie pour Paris "Tête de sanglier" donc datable aprés 1838 (ce qui n'est pas étonnant quand on regarde sa facture), mais surtout du poinçon de fabricant de Jean Louis Buffet (neveu).....c'est à dire de Jean Louis Buffet, qui devient Crampon vers 1843 ....et tient ce poinçon en losange a été insculpé (enregistré au bureau de garantie de Paris) en juillet 1844 et "biffé" (c'est à dire supprimé le 15 février 1856). Donc ce hautbois qui au départ est un bel instrument "anonyme"...devient un instrument de Buffet-Crampon de la premiére période et peut être datée "vers" 1844 d'où l'intérêt qu'il a succité auprés des musiciens et des collectionneurs passant d'une estimation de 1000 euros à une adjudication de 2601 euros (3225 euros avec les frais). 
Buffet Crampon de 1844 à 1856
Paris aprés 1838. Tête de Sanglier

Vous avez des instruments de musique avec des parties en argent et poinçonnées n'hésitez pas à nous contacter.

Vous voulez en savoir plus sur La famille Buffet Crampon


Changeons de domaine avec ce superbe Sarrusophone contrebasse en Ut de Gautrot Marquet. Cet instrument " inventé par Pierre Louis Gautrot (1812-1882) en 1856, dont le nom vient de l'hommage rendu par Gautrot à Mr Sarrus, chef de musique au 13éme de ligne qui lui aurait soumis l'idée de remplacer les hautbois et les bassons des orchestres militaires par des instruments en métal au timbre plus puissant".
Pour en savoir plus sur cet instrument Cliquer sur ce lien.
Adjugé 5000 euros (6200 avec les frais), il portait la marque de Gautrot Marquet, nom de Gautrot associé avec celui de son épouse qui caractérisait les instruments de haut de gamme. On était galant à cette époque !


Passons aux flûtes avec celles de Laurent, d'abord une flûte en cristal à 4  clés. C. LAURENT A PARIS 1819. Breveté (Cursive) qui n'était pas dans un parfait état ce qui explique sans doute son prix "modeste" pour une flûte de ce célèbre horloger, 8000 euros (9920 avec les frais).


Une nouvelle flûte de C. Laurent répertoriée dans la formidable thèse de Montserrat Gascon sur ce facteur très inventif.
Et le soudain intérêt pour une flûte en bois (palissandre) de ce même facteur à 5 clés argent non poinçonnées qui a atteint les 2600 euros (3224 euros avec frais). Il y a de grandes chances que l'on retrouve ces deux flûtes dans une grande collection américaine.....
Vous voyez en regardant quelques instruments vendus à Vichy on peut vraiment découvrir plein de choses...et là je n'évoque que les vedettes de la vente, mais j'aurais pu en évoquer d'autres moins "bankables",mais très sympas comme cet orgue mécanique à cylindre de Jacques Ullmann vendu par la Maison V. Marchent avec huit cylindres de 8 morceaux chacun.
Vous voyez on est loin de l'Iphone, la musique cela se méritait....Dans un prochain article j'évoquerai la vente d'archets et de cordes de la collection Millant.
Et si vous voulez lire cet article en musique je vous mets laisse avec Emmanuel Pahud.

mercredi 14 décembre 2016

"1936 : Une année phare pour la Maison Selmer : Création du saxophone Balanced Action et succès de la Guitare Selmer Jazz Maccaferi". "1936: A flagship year for the Maison Selmer: Creation of the saxophone Balanced Action and success of the Selmer Jazz Maccaferi Guitar".

En fouillant dans mon tas de vieux documents j'ai retrouvé ce catalogue Selmer de 1936, particulièrement intéressant pour l'histoire du Jazz, du saxophone et de la guitare. 













Ce beau document de 48 pages, commence bien entendu par une belle photo du créateur de l'entreprise : Henri SELMER (1858-1941).
Il est vrai que nous avions évoqué dans un de nos premiers articles, les origines lorraine de cette famille : Les origines Lorraine de la famille Selmer.  Cliquez sur le lien pour voir cet article.

Un très joli film réalisée par la société Selmer pour fêter ses 130 années d'existence permet de nous replonger dans la formidable épopée de cette firme.

Dans ce catalogue on découvre les saxophones "Radio Improved" qui continuaient d'être vendus en 1936. Le Radio improved, spécialement mise au point pour les enregistrements de disques et à la radio, qui se développaient à cette époque  fabriqué de 1934 à 1935 (N° 18701 à 21750) fait partie  comme le "Cigar Cutter", fabriqué de 1931 à 1939 (N°14000 à 28000) de la série Super Saxe Selmer marquée "SSS".
Page du catalogue Selmer de 1936 consacré aux saxophones.
Modèles de la série SSS fabriqués avant 1936.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
Saxe ténor "Radio Improved" de 1934. On voit les différences avec les
Saxes qui vont lui succéder (Gardes des clés, lien entre pavillon et corps , bloc des
clés main gauche pour le petit doigt.....). (Source www.dcsax.com)
Le Balanced Action.

Sortie en 1936 ce modèle de Selmer est considéré comme le premier saxophone moderne ; complètement redessiné son clétage lui donne un équilibre parfait d'où son nom "Balanced Action". La perce plus grosse de l'instrument et le plus grand diamètre du pavillon lui donne un "son" reconnu par les plus grands jazzmen de l'époque. C'est en 1934 que le "pére" du saxophone de Jazz : Coleman Hawkins en tournée en Europe croise la route d'Henri Selmer et de ses saxophones. Il adopte tout de suite le  ténor balanced action qu'il jouera pratiquement pendant toute sa carrière.
Coleman Hawkins et Miles Davis.
Ce grand musicien est très connu pour  son fameux enregistrement de "Body and Soul"  réalisé le 11 octobre 1939. Sur de nombreux forums consacrés au jazz ou au saxophone, on pose régulièrement la question "Quel saxophone jouait le "Bean" (son surnom) dans cet enregistrement mythique?"......Avant de vous donner la réponse (évidente), je vous laisse regarder la photo ci-dessus d'Hawkins et d'essayer de trouver des caractéristiques de son ténor qui permettent de donner sa marque, son modèle....et cela en écoutant Body and Soul. (Cliquez sur la photo pour l'agrandir)
A la dernière vente d'instruments de musique de Vichy du 10 décembre dernier,  4 exemplaires de Balanced Action étaient proposés (3 ténors et un alto), ainsi qu'un ténor Super Balanced Action et des Mark VI....C'était une bonne occasion de  regarder de plus près ces Balanced Acion. 

1. Les clès de Sib et Si grave passent et basculent sur la partie droite de l'instrument. (voir photo de Hawkins). (caractéristiques retrouvés depuis sur tous les saxophones MVI, Super Balanced....)
Ténor BA de 1944. (Vichy)
2. Les gardes Si et Sib sont distinctes. A la fin de la production il y aura une garde unique pour les deux clés, caractéristique gardée pour les modèles suivant SBA, MVI ......

3. Groupe de spatules, redessiné main gauche pour le petit doigt. Ce point sera revu pratiquement lors de l'introduction de chaque nouveau modèle, Cigare Cutter, Super balanced, MVI, MVII....car c'est une difficulté à résoudre encore actuellement.

Groupe de spatules main gauche d'un ténor BA Selmer de 1944. (Vichy)
4. Fixation nouvelle entre le pavillon et le tube. Ce type de fixation équipera le SBA et le MVI, pour évoluer avec le MVII avec une fixation à 3 points.
Système de fixation entre pavillon et tube.
Ténor BA Selmer de 1947. (Vichy)
Le Balanced action était proposé dans deux versions : avec un pavillon long qui lui donnait plus de justesse mais plus difficile à maîtriser et avec un pavillon court plus facile dans l'émission mais qui avait des problèmes de justesse dans le grave. 

5. Le Fa dièse aigu est proposé pour la première fois en option et étend donc la tessiture de l'instrument.
Catalogue Selmer de 1936. (Collection RP)
6. Asymétrie du support de la clé de bocal, adaptée à la position du jeu de coté privilégié à l'époque.
Bocal d'un ténor BA Selmer de 1944. (Source Vichy)
7. Clés main droite pour le petit doigt, de forme nouvelle.

Clés main droite pour petit doigt d'un ténor BA Selmer de 1945.
(Source Vichy)
A noter que durant la seconde guerre mondiale, Selmer a rencontré des problèmes pour l'approvisionnement du laiton et de la nacre pour les boutons de spatules qui sera remplacée par de la bakélite noire. (Photo ci-dessus et dessous) Selon le site de Selmer (voir le site) certains instruments Balanced Action auraient des numéros différents sur le pavillon et le corps. Il faut privilégié le numéro du pavillon pour en savoir l'année.
Spatules main gauche avec touches en bakélite noire sur un ténor
BA de Selmer de 1945. (Vichy)
Catalogue Selmer de 1936, alto Balanced  Action.
8. Toutes les gardes des clés sont redessinées. Gardes dont le design sera conservé pour les modèles suivants. (Voir les différentes illustrations précédentes)

Catalogue Selmer de 1936. BA pour le ténor et le baryton.
Il y a quelques éléments qui seront conservés sur le Balanced Action, provenant des modèles antérieurs à 1936 et seront modifiés sur le Super Balanced Action et le Mark VI. Par exemple :
9. La plaque de pouce et la clé d'octave :  pas très pratique.

Plaque de pouce et clé d'octave d'un BA Selmer de 1945. (Vichy)
10. La clé de bocal qui évoluera vers une clé au logo Selmer plus visible.

11. Un repose pouce minuscule assez fatiguant pour la tenue de l'instrument remplacé dès l'apparition des modèles SBA et  Mark VI par un  repose pouce beaucoup plus large.
Repose pouce d'un ténor BA Selmer de 1944.
(Vichy)
12. Des systèmes d'entraînement des clés assez archaïques sur certaines clés, remplacés par des systèmes plus efficaces et élaborés pour les modèles SBA et MVI.


Ténor BA Selmer de 1945. (Vichy)
Ce saxophone connu un grand succès au niveau des saxophonistes de Jazz de l'époque ; la seconde guerre bloqua son expansion. Entre 1936 et 1947 environ 14000 saxophones furent fabriqués. Gérard Badini lors de son interview réalisé par José Daniel Touroude pour notre article sur "les saxophones de légendes" (Pour lire cet article cliquez sur ce lien
"...nous disait que lors des première années du modèle Mark VI vers 1954 beaucoup de musiciens ne voulaient pas abandonner leur bon vieux Balanced", pour le remplacer par un MVI". En revanche Coleman Hawkins joua de 1936 à 1954 sur BA avant de passer dès sa sortie sur MVI.
Numérotation des Saxophones BA Selmer. (source saxpics)
Guitare Selmer.

A notre grand étonnement ce catalogue Selmer de 1936 comporte un chapitre guitares. 
Quatre modèles de guitare Selmer.
(Catalogue Selmer 1936- col. RP)
Tout commence par la rencontre de Ben DAVIS qui dirige la succursale Selmer à Londres (12 Moor Street Cambridge Circus- London) et de Mario MACCAFERI (1900-1993) jeune guitariste classique  qui avait également étudié la lutherie en Italie son pays d'origine. Installé à Londres en 1929 et souhaitant construire une guitare plus sonore, il dépose en 1931 un brevet pour un résonateur original qui augmentait le son.
Ben DAVIS met immédiatement en contact le luthier italien et Henri Selmer qui donne carte blanche à M. Maccaferi pour créer un atelier de construction de guitares dans les usines de Mantes la Ville.
Mario Maccaferi (1900-1993)
Source François Charle.
Un modèle de guitare classique sort très rapidement de ces nouveaux ateliers. Ben Davis insiste rapidement pour obtenir du luthier créateur un modèle à cordes métalliques. Dès 1932 deux types de guitares étaient proposées : cordes en boyau et cordes métalliques. Trois modèles pour cordes en boyau étaient fabriqués : "Classique", "Espagnol", "Concert". M. Maccaferi avait particulièrement travaillé sur ce dernier modèle : "Caisse volumineuse qui renfermait le résonateur, un pan coupé très novateur pour l'époque et une "Grande bouche en D" qui permettait au son de sortir du résonateur  et de la caisse". (Voir la photo ci-dessus)
Les modèles pour cordes métalliques étaient plus nombreux, mais c'est le modèle "Orchestre" ou "Jazz" qui rencontra le plus grand succès, modèle adopté par Django REINHARDT.
Une pépite Coleman Hawkins avec son Balanced
Selmer, Django avec sa Guitare Selmer et Stéphane 
Grapelli au piano. Stardust enregistré en 1935

En 1933 la production est opérationnelle et M. Maccaferi souhaite reprendre sa vie de concertiste. Il quitte la maison Selmer en 1934 pour un problème rencontré au niveau de son contrat. La production continue mais le résonateur est rapidement abandonné. C'est en 1935 qu'apparaissent les premiers modèles avec une "petite bouche ovale". C'est ce modèle qui continuera d'être fabriqué jusqu'en 1952, date de fermeture de l'atelier guitare. Au total Selmer a produit 900 guitares.
Bien choisir sa guitare pour le jazz manouche.
Django par M. Sinier
Source François Charle.
Grande Bouche en D d'un modèle Hawaïen.
Guitare N° 503 à petite bouche ovale  ayant appartenue
à Django Reinhard. Source musée de la musique
de Paris.
Si vous vous intéressez à cette belle histoire nous vous recommandons le livre de François Charle. Le site de François Charle

Et si vous voulez en savoir plus sur Mario Maccaferi : Sur le site Ukulélé