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vendredi 6 décembre 2024

Histoires de la création des pôles de fabrication d’instruments de musique.

                                                            par José-Daniel Touroude.

Notre objectif est d’essayer de répondre à la question posée aussi bien dans les sciences sociales que par les collectionneurs et les musiciens.

 Pourquoi a-t-on vu la création de pôles importants de fabrication d’instruments de musique émerger à tel endroit, parfois dans des villages et petites villes excentrés, et pas ailleurs ? 



La récente soutenance de thèse à la Sorbonne d’Emanuele Marconi consacrée à la Couture Boussey a permis d’en éclairer et d’en illustrer certains aspects. Nous allons retracer le passage progressif, durant 3 siècles, de l’origine d’un artisanat rural primaire et ponctuel et de son évolution (d’où le concept de proto-industrialisation) pour s’orienter vers les manufactures d’instruments sophistiqués (pré-industrialisation) avec la mobilisation de la population locale puis vers la révolution industrielle (industrialisation).















Mais l’histoire commence toujours par l’interrogation sur les origines et celle-ci n’est pas toujours scientifique ! Les hommes veulent souvent créer des récits distrayants voire merveilleux qui élucident des faits passés, des ressentis plus ou moins réels en les amplifiant, voire en les détournant. Ainsi pour commencer, démystifions les merveilleuses légendes racontées, et même publiées, sur des origines de la spécificité de la facture d’instruments et qui à force d’être répétées arrivent à se figer comme vérités historiques : Mirecourt, Crémone, Markneukirchen, la Couture Boussey, Mittenwald… ont leurs contes parfois assez loin de la vérité mais tellement attirants !

Forêt de buis














Prenons par exemple le pôle de la Couture Boussey et de sa région avec une histoire connue et répétée. La première explication, qui est crédible, part d’un avantage comparatif majeur, à savoir des forêts de buis qui entouraient le village de la Couture Boussey et qui avaient donné son nom au village (Boussey voulant dire buis). Ce bois abondant suscitait naturellement une spécialité traditionnelle et ancienne de tourneurs sur bois qui s’appliqua plus tard pour les instruments à vent. Si au début cela semble plausible voire probable, c’est exagéré vu la croissance lente des buis, il a bien fallu en trouver ailleurs.

Nous avons des exemples analogues avec les bois de Füssen en Allemagne, haut lieu de la facture des luths, ou bien des épicéas et érables autour de Crémone en Italie qui ont permis un essor de la lutherie des instruments à cordes avec les géniaux Amati, Stradivarius, Guarnerius etc… Au début cet avantage comparatif local avait sans doute permis et généré une activité spécifique de fabrication d’instruments de musique en bois dans certains lieux. 

Nous avons aussi souvent un narratif, plus ou moins véridique, dans les apparitions artisanales locales grâce à une personne illustre à l’origine des activités. (Exemple le luthier Caspar Hopf à Graslitz puis à Markt Neukirchen …). Ainsi on enjolive un récit qui se raccroche à des célébrités qui ont eu un impact décisif et à qui on doit rendre hommage (un ancêtre de la communauté)

Photo de Stradivarius à Crémone


On explique aussi l’origine des activités par la proximité d’un fait historique, ou d’une personnalité connue qui ont permis même indirectement, une certaine prospérité et notoriété de la ville.

Ainsi les fêtes au château d’Anet, proche de la Couture Boussey, où Diane de Poitiers aurait eu besoin de flûtes et flageolets pour ses orchestres et ainsi susciter une demande locale pour des tourneurs sur bois. Il n’y a pas de facteurs d’instruments sans musiciens civils et militaires et sans concerts et fêtes qui sont indispensables pour créer une demande. Cette histoire est sans doute une extension d’un fait ponctuel car à part des chansons et poèmes connus célébrant la maitresse du roi Henri II à Anet et à quelques concerts, rien n’indique qu’il y avait un orchestre permanent, ni que cela ait généré un début de facture d’instruments à vent autour du château.  

 

Henry IV à la bataille d'Ivry
"Ralliez-vous à mon panache blanc"

 

Et puis il y a aussi la fameuse bataille d’Ivry d’Henri IV, proche de la Couture Boussey, où les paysans des alentours auraient ramassé des flûtes et fifres des mercenaires allemands et suisses décédés. Habituellement et c’est un fait connu, qu’après une bataille, les armées victorieuses et les populations locales incinéraient les morts et dépouillaient les soldats. Que la facture d’instruments à vent commence par cet évènement est plausible car pour un tourneur sur bois, habitué par exemple à faire des robinets en bois pour les tonneaux de vin, il est possible de reproduire des instruments simples si on a des exemplaires comme modèles, ou tourner des bagues en os ou en corne. Sur ce fait historique, est-ce qu’on n’a pas greffé une explication plus romanesque sur l’origine de la facture à la Couture Boussey et de ses environs ?

Ces exemples nous montrent que tous les pôles ont des histoires qui embellissent et donnent une explication possible et qui répondent à l’interrogation sur les origines.

Après les origines, étudions l’évolution au début modeste mais qui va déboucher sur des pôles qui vont inonder le monde entier de ses instruments. On peut distinguer trois étapes qui parfois se sont enchevêtrées selon la rapidité de cette évolution linéaire.

1ère étape : Quels furent réellement les déclencheurs de cette première étape vers l’activité artisanale instrumentale qui ont permis de passer des champs à un atelier sommaire d’abord ponctuel puis installé ? Cette première matrice d’une facture, était certes élémentaire et sous-traitante, mais elle a généré la première proto-industrialisation. 

D’abord les avantages naturels évidents comme, par exemple, la présence pour l’énergie des moulins à eau ou à vent, les matières premières locales (transformation des terres comme la porcelaine ou la poterie, des minéraux comme le fer créant la métallurgie, des produits agricoles à transformer notamment le lin et la laine engendrant les tissages, des arbres et du bois adéquats pour les instruments de musique etc…) 

Thibouville à Ivry (Coll RP)








Souvent il y avait aussi des traditions artisanales ou un savoir-faire spécifique antérieur (ainsi les luths, violes de gambe, rebecs en Italie notamment à Crémone qui vont évoluer vers le violon), ou les chalumeaux, hautbois, flageolets et flûtes baroques vers des instruments à vent plus sophistiqués. En fait, le progrès technique n’était pas si lent à se diffuser grâce à la mobilité des musiciens et des compositeurs exigeants, des facteurs compagnons mobiles (tour de France) et le brassage des populations dû aux guerres et aux immigrations permanentes.

Fabricant de boites à musique à Mirecourt. (Coll. RP)









L’organisation du travail était flexible, saisonnière selon le tempo des agriculteurs basé sur le rythme de la nature. Les moyens de production et les outils étaient simples et appartenaient aux producteurs. Fiscalement, ils restaient paysans et non pas artisans (avec leurs taxes spécifiques). Les activités artisanales domestiques (de domus = maison) étaient faites avec toute la famille dans la ferme (avec les femmes et les enfants, les ouvriers agricoles et domestiques), et ce travail complémentaire et discontinu pendant les temps libres des travaux agricoles, permettait un appoint de revenus additionnels. Mais l’autonomie, la mobilisation et la motivation dépendaient de chacun. 

Atelier d'un canut à Lyon, lieu d'une multi-activités
Parfois fabrication d'instruments de musique.










La pluriactivité existe encore dans certaines régions (montagne, bord de mer…) où certains ont plusieurs métiers, selon les besoins et les saisons, et l’activité principale ou la plus lucrative sont parfois difficiles à distinguer.

La position avantageuse sur des axes routiers ou des voies navigables, reliant des grandes villes proches et des marchés, permettait de se lier à des marchands - facteurs qui écoulaient la production. Ceci a été démontré pour la plupart des biens (tissage notamment). Le succès venant, les demandes augmentaient et créaient des liens solides entre donneurs d’ordres de la ville et producteurs ruraux sous-traitants. Ainsi Brescia et Crémone en Italie sont proches de Milan, Mittenwald est situé sur la vieille route commerciale entre Venise et Augsbourg, Markt Neukirchhen en Saxe pas trop loin de Dresden sa capitale, la Couture Boussey de Paris etc… Mais le fait qu’une partie d’un village ou d’une petite ville ait pu se mobiliser et se spécialiser pour un type d’activité spécifique, à savoir la facture d’instruments de musique, avec ses leaders entrepreneurs et une main d’œuvre disponible à faible coût, est quand même rare.
Le colporteur (Coll. Musée du Louvre)

L’impulsion pouvait venir aussi de personnalités entreprenantes parfois endogènes (un menuisier, tourneur talentueux et motivé par la musique, qui décidait de se spécialiser sur ces objets, se formant à l’extérieur (apprentissage, tour de France) et qui venait s’installer, créant une dynamique villageoise et des emplois voire une notoriété internationale. (Exemple le luthier Vuillaume à Mirecourt)

Jean Baptiste Vuillaume de Mirecourt.

Parfois ce sont des personnes extérieures (par exemple les immigrés tourneurs - facteurs allemands amenant un savoir- faire (Amlingue, Geist, Keller etc…) ou d’autres provenant d’autres régions de France (l’alsacien Proff qui se fixe à Tours, Kreitszchmann de Markneukirchen qui se fixe à Strasbourg etc... ou les 12 luthiers de Graslitz en Bohème autrichienne émigrant en Saxe qui créent le principal pôle d’instruments de musique du monde à Markt Neukirchen.)

Ces premiers artisans professionnels s’installaient comme facteurs à temps complet, souvent liés entre eux (par exemple les familles entrecroisées de facteurs à Lyon ou à la Couture Boussey) et se différenciaient du monde agricole mais restaient liés au monde rural pour des travaux simples de sous-traitance. C’est cette symbiose entre artisans professionnels (luthiers, facteurs) et la mobilisation d’agriculteurs- artisans ponctuels qui va permettre de créer et développer ces pôles de fabrication.

Certains au départ sous-traitants vont devenir de plus en plus professionnels et ces nombreux artisans spécialisés, qui auparavant ne faisaient qu’une partie de l’instrument et qui donnaient la finition donc l’estampille et la vente (et les profits !) à d’autres, vont s’établir à leur compte réalisant entièrement les instruments avec une diversification des produits de plus en plus qualitatifs qui garantissaient la crédibilité, l’expansion et l’évolution des pôles instrumentaux.

Nous connaitrons ainsi une multitude d’artisans facteurs locaux liés entre eux souvent par mariages (les collectionneurs raffolent de ces estampilles différentes entrecroisées). Ces activités artisanales de qualité vont créer de la richesse et les conditions pour une évolution.


2ème étape : De l’atelier artisanal à la manufacture : une pré-industrialisation



Cette évolution s’est intensifiée et a été possible grâce à une demande civile et militaire qui évoluait quantitativement (par exemple avec l’expansion des clarinettes) et qualitativement (nombre de clés…). Certains facteurs et marchands des grandes villes intervenaient pour accélérer la production des parties basiques des instruments, grâce à un financement (par des avances et des crédits), par l’achat de matériels (forges plus modernes, tours à bois…) et d’outils (célèbres pour les métiers à tisser dans d’autres régions), fournissant des machines de plus en plus efficaces, mais aussi des matières premières (des produits importés comme des soieries et cotonnades, ou de l’ébène et laiton. (Ainsi pour les clétiers, on leur apportait des plaques de laiton pour les clarinettes ou d’argent pour les flûtes et les modèles à reproduire pour fabriquer les clefs) pour faire à façon, avec un paiement à la pièce du travail fini après un contrôle qualité.



Cette collaboration se formalise de plus en plus avec des contrats précis (cahiers de charges sur la production) et les luthiers et facteurs se réservaient certaines tâches techniques spécialisées complexes (finisseurs et régleurs, essayeurs des instruments par des musiciens confirmés) pour satisfaire la qualité demandée.

Cette activité a permis une véritable transformation de la vie locale. Les habitants commencèrent à traquer le temps libre pour travailler plus, pour épargner afin d’améliorer leurs conditions de vie, pour pouvoir se marier et élever leurs enfants correctement (ascenseur social) et surtout pour consommer (il y avait beaucoup de nouveaux produits importés (tabac, thé, sucre, café créant des besoins addictifs dans les campagnes, des dépenses aussi afin d’améliorer son statut social avec des vêtements plus pratiques ou pour affirmer son identité, un confort domestique amélioré avec de nombreux objets etc…). En effet il fallait se distinguer des autres, se positionner dans le village pour se différencier du prolétariat rural et des domestiques mais pour avoir tout cela, il fallait avoir soit des activités lucratives artisanales et/ou commerciales, soit une belle exploitation agricole soit d’autres métiers lucratifs…

Usine Couesnon en 1891. (Coll. RP)


Bien sûr les caractéristiques de la 1ère étape antérieure de la proto-industrialisation vont encore parfois subsister (organisation rurale afin de générer des revenus complémentaires et d’utiliser les temps morts des saisons non agricoles à domicile avec paiement à la pièce) mais cela va vite évoluer et se complexifier.

La proto-industrialisation était très flexible, suivant les marchés, donnant du travail et des revenus ou non aux sous-traitants qui faisaient l’essentiel du travail selon les commandes, les paiements étant fixés à la pièce. Grace à cette flexibilité, les artisans et leurs sous-traitants constituaient les amortisseurs de ce système et subissaient les aléas de la conjoncture à savoir pics d’expansion et de commandes et crises cycliques (par exemple dues aux guerres en Europe)

Avec le succès et la demande accrue, l’extension des activités artisanales diversifiées à la communauté villageoise était logique et a mobilisé une partie de plus en plus grandissante de la population sur ces activités. Cela demandait une organisation et une division du travail qui allait s’opérer en fonction des aptitudes et formations des ouvriers spécialisés. Les lieux de fabrication éclatés des sous-traitants artisanaux sont d’abord regroupés dans le même village puis dans un même lieu à savoir la manufacture (de manu = main montrant la part importante encore du travail manuel). 

Usine Julliot à La Couture-Boussey. (Source RP)








Car fabriquer un instrument devient de plus en plus complexe et demande des savoir-faire différents (par exemple la fabrication d’une clarinette à 13 clés puis la clarinette moderne système Boehm en ébène faite en série n’a plus rien à voir avec la fabrication artisanale d’une clarinette en buis à 5 clés).

Cette organisation du travail, avec des outillages, des machines et des matériaux différents, engendrait plus d’efficacité et devenait moins aléatoire car elle intégrait peu à peu des sous-traitants mieux formés, plus spécialisés et professionnels grâce à l’amélioration générale des savoir-faire par la pratique et les apprentissages.

D’autres moins formés seront cantonnés à des tâches plus simples et resteront ouvriers, tâcherons, sous-traitants pour les facteurs. 




Mais les bénéficiaires de ces activités étaient surtout les facteurs finisseurs qui connaissaient l’emplacement des trous et des clés, connaissant l’acoustique, et bien sûr aussi où se situaient les débouchés, les clients et devenaient ainsi plus ou moins marchands ou facteurs reconnus avec pignons sur rue. Ces bénéfices allaient permettre soit de vivre mieux comme un bourgeois pour certains facteurs, soit se diversifier dans d’autres branches (certains facteurs abandonnant la facture pour d’autres activités), soit de générer du capital et des investissements plus importants et réaliser une évolution du modèle artisanal vers la manufacture pré-industrielle.

Exemple : la manufacture d'Adolphe Sax. (Source RP)

En fait, ils constituaient souvent un groupe plus riche et dominant économiquement, socialement et même politiquement (notables, créateurs d’emplois, apprentissage des jeunes vers un avenir artisanal puis industriel limitant l’exode rural, en liaisons commerciales avec les grandes villes et les marchands puis surtout l’export…).

Ainsi les facteurs d’instruments à vent de la Couture Boussey étaient liés souvent à un magasin de vente à Paris (estampilles de presque tous mettant A Paris, d’autres Wien (Vienne), Dresden, Prague…). Certains facteurs locaux ont aussi fait connaitre leur ville avec une notoriété internationale de leur lieu de production (Mirecourt, Crémone, Markneukirchen, Graslitz, la Couture Boussey…)  

 

Atelier Couesnon à Garenne en 1890. (Source RP)










Ces activités allaient avoir des répercussions importantes dans les sociétés rurales, car l’autarcie reculait et ces activités non agricoles permettaient de se procurer plus de ressources et de consommation. Ceci va favoriser la croissance démographique et paradoxalement freiner l’exode rural car il y avait des emplois sur place. Certains pouvaient s’enrichir un peu et élaborer une accumulation primitive de capital qui allait engendrer des investissements et la création d’ateliers plus conséquents voire à terme des manufactures.

Certains marchands et facteurs plus riches s’installèrent dans la région au plus près de leurs sous-traitants et investirent pour devenir chef d’entreprise. Le rôle des marchands était crucial créant au départ un troc avec des produits, organisant des prêts et l’endettement de certains pour les inciter à consommer plus afin qu’ils produisent plus encore…

Le salariat au départ modeste va se développer. La manufacture était donc un mode mixte de production à mi-chemin entre la proto-industrialisation de la période précédente et la production industrielle à grande échelle de la 3ème étape du XX° siècle.

Atelier Buffet-Crampon en 1890. (Source RP)





3ème étape : De la manufacture à l’usine : l’industrialisation

Lors de la première étape, nous avons vu que les paysans contrôlaient leur travail ponctuel artisanal avec leurs outils, les facteurs-marchands commandaient des parties d’instruments, parfois fournissaient des matières premières et achetaient la production, ce qui constituait un appoint de revenus mais les paysans -producteurs restaient maitres de leur organisation et de leur temps productif artisanal.

Puis dans une deuxième étape, les facteurs-marchands demandaient d’accélérer et de fournir plus de production. Pour cela, ils vont intensifier des prêts, faire acheter des moyens de production plus performants, procurer des matières premières, fournir des investissements importants. Ainsi ils organisaient et contrôlaient mieux la spécialisation du travail. Les ateliers s’agrandirent et on regroupait différents métiers dans un même endroit. Le chef d’entreprise fixait alors l’organisation et le temps de travail.

Nous arrivons aussi à la 3ème étape plus capitaliste où certains vont regrouper des ouvriers spécialisés en quelques tâches, des sous- traitants et artisans déclassés dans un même lieu de travail appelé usine, en divisant le travail en tâches plus simples et répétitives, en fixant le temps de travail, augmentant les cadences et subissant une hiérarchie avec un salaire.

La facture artisanale devenait industrielle, avec des outils et des machines plus modernes et performantes, une formation et un savoir-faire plus spécialisé à certaines parties de l’instrument… Le taylorisme envahissait tous les secteurs de la production de masse industrielle (des automobiles Ford à la cuisine élaborée d’Escoffier dans les palaces…) Ceci entrainait une plus grande efficacité, une économie d’échelle et une production plus régulière et normative dans les instruments permettant d’améliorer la qualité, la rapidité d’honorer certains marchés notamment l’export en pleine expansion mais constituait un prolétariat ouvrier détaché du monde agricole et domestique de la proto-industrialisation et même de l’artisanat de la période précédente. Ces usines se mécanisaient de plus en plus et captaient la valeur produite (la plus-value) ce qui permettait des investissements pour une production de masse demandées pour les harmonies civiles et militaires et l’export.



Puis la facture instrumentale va connaitre, après sa période d’évolution et d’expansion, une série de crises liées à la conjoncture (la guerre civile de sécession aux USA) puis un déclin voire pour certains un arrêt pratiquement complet. La première guerre mondiale et ses millions de morts, puis la crise économique des années trente, les conflits sociaux. Ainsi les exportations massives à l’étranger (par exemples un pic de 80% de sa production pour la Couture Boussey notamment aux USA, le même phénomène à Markneukirchen) vont se tarir, d’autant plus qu’il y avait de nouveaux concurrents d’autres pays produisant aussi... (exemple la facture américaine)

Pour contrer la baisse des profits et la concurrence industrielle, comme dans les autres secteurs d’activités, une des solutions avec l’augmentation de la productivité est la concentration d’entreprises par des fusions-acquisitions. Ainsi la plupart des manufactures ayant eu leur période de gloire se sont fait racheter pour s’intégrer à des groupes productifs plus performants. Seuls les collectionneurs connaissent leurs aventures, les successions, les fusions etc….

Avec la 2ème guerre mondiale et la difficile reconstruction, quelques entreprises vont surnager et profiter du boom vers l’exportation des trente glorieuses et le marché mondialisé, certains vont continuer (exemple : Leblanc à la Couture Boussey …) avant de disparaitre à leur tour. Nous connaitrons le même phénomène dans les autres pôles étrangers.

Mais à Mantes, deux groupes financiers français d’importance (Selmer et Buffet Crampon) vont peu à peu se diversifier en rachetant d’autres entreprises en France et à l’étranger et prendre la quasi-totalité des marchés intérieurs des harmonies civiles et militaires, les orchestres prestigieux, les conservatoires et se positionner comme leaders d’un marché mondialisé pour les instruments à vent.

Beaucoup d’anciens pôles de fabrication autrefois renommés et fondamentaux n’ont pas pu suivre les évolutions modernes. Pourtant il existe encore des entreprises qui s’accrochent avec des niches comme les fameux hautbois de Marigaux à la Couture Boussey ou certains luthiers toujours en activité par exemple à Markneukirchen…

Mais ces anciens pôles de production appartiennent au passé et rappellent leurs apogées et les péripéties de leurs histoires dans des musées (exemples : les Musées de Markneukirchen, de la Couture Boussey, de Mirecourt etc…), pour que le patrimoine soit montré avec des instruments témoins, et devenir un lieu privilégié et nostalgique pour les musiciens, mélomanes et collectionneurs curieux du patrimoine. 



jeudi 20 décembre 2018

BUFFET CRAMPON : Jean Louis BUFFET (1813-1865). Créateur de la Marque Buffet Crampon.


(Article paru en 2009 et mis à jour en décembre 2018)
Préambule : Je n'ai pas l'intention de traiter dans cet article l'histoire de la famille BUFFET, mais simplement d'essayer de faire "un peu de clarté" dans la période complexe de 1830 à 1859, avant "l'installation de la Maison Buffet Crampon et Cie". C'est également l'arrivée de la nouvelle flûte Boehm et de toutes les conséquences qui en découlent. A l'origine je souhaitais faire un petit article sur une flûte de ma collection, de Buffet Crampon, avec un système 32 hybride amusant, et j'avais beaucoup de mal à m'y retrouver dans les nombreux articles qu'y existent, entre les "Louis, Jean Louis, Auguste, les jeunes, fils, aîné etc....".
Donc si vous trouvez des erreurs, des oublis et que vous voulez corriger, modifier, illustrer, ajouter, compléter......ou que que vous avez des marques complémentaires...Vous êtes bienvenue.
Donc à l'origine "était le père": Denis BUFFET (Buffet Auger) né le 28 juillet 1783 à La Couture, dans une famille de tourneurs. Son père Claude BUFFET était en 1789, journalier et sa mère Marie Louise DELERABLEE. Plusieurs de ses frères seront également luthiers.
Denis BUFFET épouse le 18 juillet 1808 à La Couture, Marie Anne AUGER fille de facteur d'instruments de musique à La Couture. (Voir l'article de Denis Watel : Larigot N° 44 de septembre 2009). Il se serait installé vers 1825 à Paris au 18 passage du Grand Cerf. D'autres auteurs (New Grove Dictionary) situent son arrivée à Paris vers 1830. Nous penchons plutôt pour la seconde hypothèse, car il ne figure pas en 1830 dans le "Bottin de Paris", mais apparaît en 1832 (1831?) à cette adresse mais sous le nom de Buffet et non Buffet Auger. La marque situé en tête de l'article : Étoile/Buffet A Paris/Étoile. correspond à cette période. Le Langwill signale deux marques qui pourraient être également de cette période:
Lyre/D. Buffet A Paris et Étoile/ Buffet Aîné.
Denis BUFFET (Denis Auger)
(Le Livre d'or de la clarinette Française)














Sans doute la marque de l'association de certains
frères BUFFET à la Couture avant l'installation
à Paris


Son fils Jean Louis BUFFET (Buffet Crampon) est né à La Couture le 18 juillet 1813. Il épouse le 5 janvier 1836 Zoë CRAMPON (1815-1873). En 1838, le "Bottin parisien", signale deux adresses pour ces facteurs : "BUFFET Fils, flûtes, clarinettes, flageolets ; magasin de tous instruments, passage du Grand Cerf 18 et BUFFET AUGER, flûtes, clarinettes, flageolets, raccommodages à des prix modérés, commission en province et à l'étranger, rue Montmartre, 70".
En 1840 (1841?) toujours deux adresses, mais celle de "BUFFET AUGER a changée : flûtes,clarinettes, flageolets, rue Boucher 12".


Que c'est il passé entre le père et le fils ? Extension d'activité ? (mais le père (55 ans) : laissant la place au fils ce n'était pas courant à l'époque). Remariage ?, Rupture.....En tout cas ils voulaient faire une différence au niveau des marques : Buffet Fils A Paris et "Visage en gloriole/ BUFFET AUGER/ A PARIS/ Etoile" 

Première marque BUFFET-CRAMPON  (1841-1852)

Le 24 septembre septembre 
1841 Denis BUFFET (Buffet Auger)  décède à Paris à l'âge de 58 ans. En 1842 le Bottin signale toujours deux adresses mais pour la première fois apparaît : " BUFFET CRAMPON, flûtes, clarinettes, flageolets, hautbois, bassons et magasin de tous les instruments de musique, fait la commission, passage du Grand Cerf N°22".
Donc la première marque : Lyre/Buffet Crampon A Paris dans un ovale/BC entrelacés est apparue fin 1841, début 1842, pour faire la différence avec Buffet Auger ? Car en 1842 figure toujours : " BUFFET AUGER, flûtes, clarinettes, flageolets, rue Montorgueuil 55". Sans doute un problème de succession, parce que Buffet Auger n'apparaît plus dans le Bottin de/et après 1844. Notons que le magasin du passage du Grand Cerf, passe du 18 au 22.
De 1844 à 1852 : l'adresse Buffet Crampon reste la même. A signaler la participation aux expositions de Paris en 1844 : (piccolo de Boehm, flûte, flageolet, clarinette) et 1849 (flageolet, flûte mixte, hautbois), la prise d'un brevet en 1845 pour une "amélioration de la clarinette", très proche de celui obtenu par son oncle Auguste BUFFET (Buffet Jeune).
Pour les brevets Buffet de cette période concernant la clarinette : Voir le Blog de Denis WATEL
Pour la flûte, nous reviendrons sur ce point dans un prochain article, pour présenter notre flûte système 32 (peut être un modèle voisin de la "flûte mixte" présentée en 1849).

Flûte système 32 mixte de Buffet Crampon. (Coll. RP)
En 1850 il s'associe avec son frère Louis BUFFET (né à Anet le 10 mars 1823) et Ferdinand TOURNIER   Ils ouvrent la même année un atelier à Mantes la ville. En 1851, Louis Buffet quitte l'association pour créer sa société Louis BUFFET et Cie. Il est remplacé par Jean Pierre Gabriel GOUMAS né le 2 janvier 1827 et qui était le mari d'une nièce de Buffet Crampon.













P. Goumas devient associé de Buffet Crampon et de Tournier en 1855. A la suite du départ de Tournier en 1859, ils forment une nouvelle société avec un nouveau membre, Marthe Adolphe LEROY : 
BUFFET CRAMPON et Cie.
Jean Louis BUFFET (Buffet Crampon) décède le 17 avril 1865 à Mantes la Ville, à l'âge de 52 ans.























La suite est une autre aventure : L'Histoire de BUFFET CRAMPON

PS : Différentes adresses du frère de Jean Louis Buffet (Buffet Crampon):
Louis BUFFET et Cie : 1852 : Buffet, 1 quai Saint Michel. 1855 à 1861 : Louis Buffet 55 rue de Ponceau. 1861 à 1863, 110 rue Vieille du Temple. 1863 à 1865 : Louis Buffet et Cie, 21 rue Volta.

jeudi 19 octobre 2017

ACIMV : Association des collectionneurs d'instruments de musique à vent. Séminaire résidentiel des membres du 13 au 15 octobre 2017.

par José-Daniel Touroude.

Comment résumer en quelques lignes une rencontre de 3 jours aussi foisonnante pour les 30 ans de notre association ? Je ne peux que livrer mes impressions subjectives, (car les discussions et manipulations d’instruments en petit comité étaient nombreuses).

Chaque exposé mérite une retranscription de plusieurs pages et les échanges permanents et informels entre membres, les essayages d’instruments, les confrontations passionnées sur un détail d’instruments ou sur un facteur et bien sûr les prestations musicales auraient nécessité un film !
Jérome Wiss explique le fonctionnement d'une clé d'un ophicléide à notre
Président Bruno Kampmann.
(De gauche à droite : François Camboulive, Jérome Wiss,
Bruno Kampmann, José Daniel Touroude,  David Gondcaille). 
Un constat partagé par tous :

* Ce fut convivial, sympathique, détendu, amical dans un cadre original dans les anciennes usines Thibouville et dans la maison de Jérome Thibouville Lamy (transformé en gîte) avec une météo ensoleillée, ce qui nous a permis de visiter, avec une guide compétente, les lieux chargés d’histoire qui ont du sens pour nous tous, à savoir les ateliers des principaux facteurs de la Couture Boussey et même les maisons de certains travailleurs à domicile puis avec l’animatrice culturelle du musée la visite de l’exposition permanente d’instruments de ces facteurs bien sûr mais aussi de  l’exposition temporaire (notamment sur SML et Gouget) 
La maison de Jérôme Thibouville, lieu du séminaire où
François Camboulive et son épouse nous ont accueillis.

* Ce fut dense, instructif, d’excellent niveau car les conférences alternaient avec des illustrations musicales, voire des petits concerts qui entraînaient des échanges et des  discussions passionnantes et informelles (trop anarchiques pour nos amis suisses !), des rencontres entre personnes et cela du matin jusqu’à minuit !
Elodie Biteau nous présente la Maison Martin Frères
à La Couture Boussey.
* Ce fut original notamment avec un collègue suisse nous parlant de son dernier livre sur l’aérophor, ou une jeune compositrice catalane qui nous a présenté ses recherches sur deux instruments rares : la Ténora et le Tible (dont beaucoup ont été fabriqués chez Thibouville mais que n’ont-ils pas fait !)… et qui compose actuellement un duo pour clarinette et mouettes (elle m’a promis de me l’envoyer mais si elle attend trop je ne pourrais plus jouer la partie de clarinette,  je ferai alors la mouette !).
Ce livre vient de sortir.
Nous en reparlerons.
Alain Girard.














Nous avons eu aussi un exposé passionnant sur les cromornes et un autre sur les poinçons des clés en argent principalement des flûtes, un thème de recherche actuel qui précise la datation des instruments.
Ce qui est passionnant c’est qu’une collection ouvre plusieurs entrées et tout collectionneur est obligé d’avoir une vision pluridisciplinaire (passant de la généalogie qui redonne vie à des facteurs (comme le bel exposé sur Saget), à la connaissance du contexte historique et musicologique, de la compréhension des techniques de fabrication (une visite dans l’usine de Buffet Crampon s’imposait pour commencer ces journées de rencontres) à la nécessité de nettoyer voire restaurer afin de faire sonner ses instruments, à la recherche de trésors en chinant et hantant les enchères (un collectionneur est un chercheur de trésors) et l’as du marteau de Vichy présent à ce séminaire nous raconta quelques pratiques douteuses passées (ouf !) et l’évolution de son métier avec internet au cours d’un repas….  il n’y avait aucun temps mort !
(Gauche à droite : Bruno Kampmann, François Camboulive,
Guy Laurent, Paul Carré)

Beaucoup de questions annexes ont été abordées : ainsi personnellement j’ai été  questionné en tant « qu’ex technocrate et néanmoins clarinettiste » (sic) sur le projet ISF concocté à Bercy qui ne prévoit pas de taxer les collections, alors tous à Vichy !
Autre aparté (et chacun peut en rapporter des dizaines différents) sur la musique spécifique de la Corée du nord  qui s’élabore et qui ne veut pas ressembler à la musique traditionnelle de Corée (partagée par la Corée du Sud), ni la chinoise du voisin puissant, ni de l’occident honni….
* Ce fut aussi musical car montrer et commenter des instruments ne suffit pas et ce fut intéressant d’entendre des spécialistes comparer des instruments anciens différents quant à leurs sonorités, leurs spécificités…  ainsi nous avons eu le plaisir d’apprendre beaucoup de choses concernant les hautbois anciens de la part d’un spécialiste suisse, mais aussi une prestation sur divers saxophones par un professionnel talentueux…
Nous avons eu la chance avec des prestations : duo flûte et basson avec instruments du XVIIIème siècle de Prudent. Paul Carré  jouait sur une flûte Prudent du 18ème siècle et une copie d'une flûte Palanca et Denis Bèlières lui sur un basson copie de Prudent, le fameux duo clarinette basse et clarinette contrebasse (que le monde entier nous envie !) et la venue de pointures professionnelles qui ont joué des pièces pour trompettes diverses, cors, ophicléide en trios et pu ainsi clôturer en beauté nos journées.  

Duo de clarinette basse, Denis Watel et contrebasse
Frédéric Courquin.
Des souvenirs personnels aussi partagés par certains : Samedi matin au lever, encore embrumé par des ronflements de René avec qui je partageais la chambre historique de Jérome Thibouville Lamy (mais René a voulu dormir sur un matelas par terre.)
En conséquence il était logique que ses ronflements soient un Mi2 au diapason 440 (il travaille sa colonne d’air en ce moment) et logique pour un saxophoniste qui joue du ténor en sib (ce Mi2 soit un Fa# pour saxo), Fa# qui comme tout le monde le sait est près du sol ! après cette blague douteuse au lever, notre hôte m’a apporté sa clarinette neuve Tosca de Buffet Crampon n° 700 000 à essayer. Le dernier adhérent de l’ACIMV jeune agrégé de musique arrivant un peu au radar s’est mis au piano spontanément (ce n’était pas un bizutage) et à 8h pour réveiller tout le monde on a joué un tico tico endiablé !  



Un des musiciens présents à la fin du séminaire sortira lui un orgue de barbarie et jouera quelques pièces en duo avec un excellent musicien maîtrisant l’ophicléide … et le calvados aidant, il  se lança avec son orgue dans une chanson paillarde bien connue de notre président qui chanta avec lui… (même dans la voiture en revenant à Paris, cet air lui rappelait apparemment des souvenirs émouvants…)
 
La Polka Thibouville jouée à l'orgue de barbarie Thibouville par
Frédéric Gondot, accompagné par Laurent Madeuf à l'ophicléide, pour la première
fois depuis  sa restauration, la maison de Jérome Thibouville résonnait
d'une musique du Maître des lieux.
* Ce fut transversal : et c’est assez rare pour être noté. Habituellement les expertises et les discussions de chacun sont souvent cantonnées à un instrument et chacun s’exprime pour montrer ses recherches, ses savoirs et savoir-faire devant ses pairs . Ce qui est plus rare, c’est d’écouter, de s’intéresser et d’échanger avec les autres spécialistes et musiciens d’autres instruments à vent. Les collectionneurs des bois s’intéressaient aux cuivres et inversement… alléluia !
Ainsi nous avons eu des exposés sur les flûtes, clarinettes, hautbois, saxophones, trompettes, ophicléides, cors, bassons, le Basson solo de l’Opéra nous a expliqué comment le basson français avait stagné voire « régressé » (question existentielle pour certains) alors que les autres instruments continuaient à évoluer et qui nous a fait part de ses recherches. Un de nos membres facteur d’ophicléides qui continue ses recherches nous a montré un piston innovant devant une assemblée admirative de sa créativité…. 
Et puis un des invités d’honneur, le président d’une association suisse proche de l’ACIMV, nous a subjugué par la méthodologie de classement de sa collection de flûtes anciennes avec fiches rationnelles et précises (il est suisse !) de son catalogue avec illustrations musicales de pièces d’époque et du pays pour chaque instrument…  Son travail exemplaire a interpellé beaucoup de collectionneurs !
 
Ulrich Halder, flûtiste collectionneur passionné
et passionnant.

* Ce fut une ambiance passionnée : la concentration de passionnés individuels, mutualisant leurs connaissances dans une joyeuse ambiance…. aurait semblé à une personne extérieure non initiée et avertie comme un groupe de personnes un peu bizarres parfois un peu obsessionnels… avec des souvenirs et anecdotes sur des collectionneurs, des musiciens et des instruments rencontrés, des expériences de collectionneurs montrant l’acquisition de quelques trésors, chacun soufflant et commentant…
On a même frisé les crises cardiaques : il fallait voir la tête de François, lui qui connaît pratiquement tout de la dynastie Thibouville , vivant dans leurs maisons, découvrant « la polka des Thibouville » inconnue de tous pour orgue de barbarie, quant à mon ami René, il était en extase devant une flûte Bühner et Keller avec poinçons d’argent sur les clés venant de Suisse et qui manque à sa collection et qu’un bon flûtiste fit sonner…. moi même je bavais devant une clarinette Raver de Bordeaux que Denis arrivera bien un jour à me vendre, pendant que la sérieuse Nuria dessinait sur son cahier les mesures d’une Ténora Thibouville pour ses recherches universitaires etc…

* Ce fut aussi parfois administratif et formel avec l’assemblée générale de l’ACIMV ou René a pu enfin après 20 ans de bons et loyaux services et de cotisations payées accéder au pouvoir en intégrant le bureau prestigieux de l’ACIMV.

* Ce fut aussi la confrontation d’approches et pas seulement d’idées et de connaissances  notamment celles des collectionneurs-musiciens (plus attirés par les aspects esthétiques et historiques des facteurs) et celle des musiciens-collectionneurs (attirés par la réparation voire la restauration pour jouer avec leurs merveilles). Au hasard, d’autres questions comme doit-on démolir la cohérence d’une collection qui a demandé toute une vie et la refaire tourner par le biais des enchères ou la léguer à une institution intéressée ou à un autre collectionneur ami ? etc…. Ce qui m’amusait personnellement, c’était d’entendre des apartés, des débats sur les questions récurrentes et fondamentales soulevées dans la psychologie des collectionneurs que j’avais analysée il y a quelques années. 
En résumé une rencontre réussie en tous points et qui restera dans les mémoires de ceux qui ont participé.  Vivement la prochaine fois en espérant qu’on n’attende pas 10 ans !  
Assemblée générale de l'ACIMV.
La question suisse posée lors d’un repas : (mais dans le brouhaha de multiples discussions simultanées où les décibels étaient proportionnels à l’alcool ingurgité, peu ont entendu la question)
Quelle est  l’origine du mot cor anglais ?  Quizz

1°) cor anglais car juxtaposition des mots cor et anglais, son pays d’origine l’Angleterre.
2°) cor anglais car juxtaposition des mots cor et angle (en français) et il y a eu  déformation du mot.    
3°) cor anglais car juxtaposition des mots cor et ange (Engelich en allemand déformé en English ), autre déformation du mot par ces français incorrigibles.
Après tirage au sort, le gagnant (car vous aurez tous trouvé) aura un numéro spécial de la revue en allemand de l’association suisse GEFAM (facile en plus il y a un indice dans la question).

PS : Compte rendu écrit en écoutant la musique de JM Hotteterre (figure emblématique du lieu de notre séminaire) joué par le flûtiste baroque Philippe Allain-Dupré présent à ce séminaire.



Pour plus de précisions ci joint la liste des noms et qualités des intervenants et des interventions et prestations :

François Camboulive : notre hôte, collectionneur notamment des instruments de la Couture /Ivry
Exposé : présentation de quelques pièces de sa collection et de sa démarche de collectionneur

Maurice Vallet : infatigable guide des usines Buffet Crampon à Mantes
Exposé : la visite de l’usine

Alain Girard : collectionneur et spécialiste suisse du hautbois ancien
Exposé : présentation de son livre sur l’Aérophor, et sur les hautbois notamment Boehm

Jérome Wiss : collectionneur de cuivres et facteur
Exposé : présentation de ses recherches sur un ophicléide et analyse de pistons spéciaux

Frédéric Courquin et Denis Watel clarinettistes professionnels et collectionneurs surtout de clarinettes
Prestation : duo de clarinettes basses et contrebasses

Guy Laurent commissaire priseur à Vichy et René Pierre collectionneur et saxophoniste de jazz
Exposé sur la création d’une base de données des poinçons français de clés en argent

Nuria Bonet compositrice de musique contemporaine et universitaire :
Exposé sur la Ténora et le Tible catalan

Denis Watel : clarinettiste basse, professeur et collectionneur
Exposé : ses recherches actuelles sur Saget, un facteur bordelais de clarinettes et créateur de bien d’autres choses

Jean François Picard : collectionneur et facteur de cuivres
Exposé : présentation d’instruments (serpents , ophicléides, tubas…)

Denis Belières et Paul Carré : collectionneurs de bois
Prestation : mini concert flûte du 18ème siècle de Prudent et basson.

Fred Couderc : saxophoniste professionnel et collectionneur
Exposé comparatif avec illustrations musicales de différents saxophones anciens

Elodie Biteau : du département de l’ Eure missionnée pour des recherches sur les documents liés aux facteurs
Exposé : visite de la Couture-Boussey des lieux où ont travaillé et vécu les facteurs  locaux

Laurine Millet : Médiatrice culturelle du musée
Exposé :présentation des expositions temporaire et permanente du musée de la Couture.

Pascal Gresset : flûtiste professionnel.
Exposé : sur les flûtes anciennes et présentation de la revue "Tempo flûte" et qui réalise actuellement un travail sur les concerts Lamoureux et Roger Bourdin cher à notre cœur.

Nicolas Pinard : bassoniste professionnel soliste de l’Opéra de Paris
Exposé sur le basson français et la problématique du musicien-collectionneur

Philippe Allain-Dupré : flûtiste baroque professionnel et facteur
Exposé sur les Cromornes et réalisant de nombreux essayages de flûtes au cours de ces journées

Ulrich Halder : Président de la GEFAM, association sœur suisse, flûtiste et collectionneur
Exposé : méthodologie exemplaire d’un collectionneur rigoureux et passionné

Jean–Daniel Souchon : trompettiste (militaire à la musique des troupes de marine et professeur) et collectionneur de trompettes
Exposé : sur quelques trompettes anciennes

Laurent Madeuf trombone solo à l’ODIF, Pierre Turpin corniste à l’Opéra de Paris, et Pierre Yves Madeuf corniste à la musique des gardiens de la paix tous musiciens professionnels nous ont ébloui avec un concert de cuivres pour clôturer nos rencontres avec la participation ponctuelle de JD Souchon trompette.


Frédéric Gondot altiste à l’orchestre national de l’ile de France  (orgue de barbarie et un instrument bizarre le Stroviole + chant (paillard) nous démontrera que la virtuosité des musiciens classiques de haut niveau peut s’allier à l’humour…. 

Si vous voulez vous joindre à nous, il suffit d'adhérer à l'ACIMV.....pour une somme dérisoire!!!!