Ce Blog est destiné à favoriser la réalisation d'articles sur les facteurs, marchands de musique, luthiers, en mettant à disposition une collection de documents sur ces sujets.
This Blog is intended to facilitate the realization of articles on music instruments makers, music goods sellers, stringed-instrument makers, by giving a collection of documents on these subjects.
En revenant de la derniére vente de mai à Vichy où une flûte de Florentin Barbier a fait l'objet d'une belle bataille d'enchères entre plusieurs flutistes, j'ai souhaité me documenter sur ce facteur original et créatif ! Et bien je n'ai rien trouvé de bien complet sur le sujet.....Alors comme d'habitude je m'y suis collé.
Biographie :
Pierre Florentin Barbier est né à Paris 11ème le 13 novembre 1828 et a été baptisé à Saint- Sulpice deux jours plus tard. Son père Pierre François Barbier (1780-1854) né à Sauvillers-Mongival dans la Somme était artisan à Paris et sa mère Marie Victoire Demasy (1798-1852) était belge. Il avait un frère Victor Emile Barbier (1833-1864) né à Paris (10é) le 10 mars 1833 qui sera militaire (fusillier au 62 éme régiment d'infanterie) qui mourra du typhus le 21 décembre 1863, au Mexique à Pachuca au cours de l'expédition de la France dans ce pays.
Il avait également une soeur Pauline Célina Barbier né le 24 mars 1831 au 7 rue de Sévres à Paris.
Il avait épousé, à 24 ans le 10 février 1853 à Saint Sulpice Louise Souveraine Sicard âgée de 17 ans. A cette époque il habitait à la Villette et excerçait le métier de clétier. Avait-il suivi une formation de mécanicien ou de bijoutier? Nous ne pouvons le dire.
Etabli de finisseur d'instruments de musique (Musée de le Couture-Boussey)
Ce couple a eu au moins deux enfants dont Louise Eugénie Barbier née le 1 novembre 1855, qui épousera en 1874 un monteur en bronze parisien. L'épouse de Florentin Barbier exerçait le métier de sage-femme ; elle décéda en 1877 à l'âge de 37 ans.
Il se re-marria le 2 décembre 1879 à Paris avec Léonie Amélie Gillet (1848- ). Tous les deux habitaient 19 rue Lepic. Sont témoins à ce mariage : Le fils de Buffet Jeune (1789-1864), Louis Auguste Buffet (1816-1884) facteur d'instruments de musique 18 rue d'Orcel dans le 18éme, (pour en savoir plus cliquez sur le lien suivant)
Ernest Henri Chambille (1858-1922), facteur d'instruments de musique (futur contremaître et propriétaire de Louis Lot et qui à cette époque travaillait dans l'atelier Nonon que dirigeait son père Auguste François Chambille (1827-1881) jusqu'au décés de Jacques NONON en 1877. On peut donc supposé que l'atelier Nonon-Chambille arrétant son activité vers 1877-1878, Ernest Henri Chambille travaillait pour Barbier en attendant de rejoindre l'atelier Louis Lot vers 1882, période de reprise de l'atelier Lot, par Louis Ernest Debonneetbeau (1836-1891), ami et ancien ouvrier de l'atelier Nonon-Chambille.
Deux autres témoins sont présents : Félix Lenoir 25 ans mécanicien au 79 bd de Grenelle et Henri Varenne 33 ans sous chef de musique au 36éme ligne de Saint Cloud.
Florentin Barbier est décédé le 19 mars 1909 à Paris, 39 rue Saint Honoré ; il avait 80 ans et était rentier.
Sa vie professionnelle :
Annonce publicitaire vers 1900
Au cours des mouvements ouvriers de 1867, il est nommé membre du bureau électoral de la " corporation" des instruments de musique en bois, pour représenter, avec Rive et Auduard, les clétiers.
L' exposition de Paris de 1867 range les exposants en différentes classes selon la nature des produits qu'ils fabriquent et prévoit une classe spéciale pour " les travaux manuels qui ont le mieux résisté à la cocurrence de la machine " et récompense les métiers d'art et les petits artisans qui ont fait preuve "d'intelligence, de dextérité, de goût et d'excellence". Cinq artisants de la facture instrumentale en font partie, dont F. Barbier (ouvrier en flûtes, Chaussée du Maine, Montrouge) qui reçoit une médaille d'honneur pour des flûtes à clés.
Il obtient son premier brevet de 15 ans le 2 novembre 1869 pour " une flûte cylindro-plane, à perce ou colonne d'air unie et pour des dispositions dans le mécanisme des instruments à clés en général".
" Cette nouvelle flûte comme son nom l'indique a l'avantage d'offrir une perce de colonne d'air parfaitement homogéne dans toute son étendue, sans saillies et sans cavités aucunes".
Brevet N°87659, Florentin Barbier 100 Chaussée du Maine.
Flûte cylindro plane du National Museum of Américan History
Flûte Barbier vers 1875. Source EBay.
Il déposa et obtint un brevet de 15 ans pour "perfectionnement de la petite flûte Boehm par un nouveau système de clés sous le titre de petite flûte cylindrique F. Barbier". Brevet N°103 109 Pierre Joseph Barbier 100 Chaussée du Maine.
Shéma Brevet 103109. Source Inpi
"Frappé des observations que des flûtistes me faisaient souvent au sujet du peu de sonorité relatif de la petite flûte conique, surtout dans les graves, je résolus d'appliquer à cet instrument l'amélioration que Boehm avait en 1847 apporté à la grande flûte, c'est à dire de remplacer la forme conique du corps de la petite flûte par une forme cylindrique, la tête au contraire ayant la forme d'un cône tracé par une ligne courbe décrite par un segment de parabole".
Piccolo Barbier
Il continue et obtient un nouveau brevet de 15 ans le 18 janvier 1875 pour " Des perfectionnements dans le mécanisme de bouchage des trous de notes des instruments àvent et à clés ". N°106461 Florentin Barbier 100 Chaussée du Maine.
" Dans les instruments à clés pour obtenir certains effets un seul ou plusieurs doigts doit pouvoir ou doivent pouvoir fermer un plus ou moins grand nombre de trous. Il en résulte de grandes difficultés pour obtenir une concordance parfaite de bouchage. Je prends le cas le plus simple comme exemple, celui où par le moyen de la même clé, le même doigt doit boucher à la fois le trou qui correspond à cette clé et un trou correspondant à une seconde clé plus ou moins éloignée.
Pour que le bouchage des deux trous soit hermétique, il faut nécéssairement une très grande précision dans le montage des pièces, une même élasticité dans les deux tampons, aucune flexion dans les organes. Les difficultés augmentent en quelques sortes en progression géométrique lorsqu'il s'agit de faire concorder le bouchage d'un plus grands nombre de trous.
J'ai eu l'idée d'obvier à cet inconvénient en utilisant l'élasticité des doigts de l'éxecutant comme compensateur immédiat entre les clés, les communications de mouvements et des trous".
Schéma du brevet N°106461. (INPI)
Il travaille pour la société Couesnon et Cie de 1885 à 1898 et obtient avec eux deux brevets.
N°233531 du 19 octobre 1893 pour " une flûte perfectionnée avec clès additionnelles de résonnance et d'UT # ".
" l'addition de ces deux clés de résonnance et d'UT # peut être faite à toutes les flûtes du système Boehm proprement dit , c'est à dire à toutes les flûtes coniques en bois et à toutes les petites flûtes en bois et en métal. Elles ne changent en rien le doigté de la flûte système Boehm.
La clè de résonnance A correspond à la spatule ou touche A1 qui se prend avec le pouce de la main gauche. La clé d' UT # B correspond à la spatule ou touche B1 qui se prend avec l'index de la main droite".
N° 250955 DU 14 octobre 1895 : " Système de flûte et autres instruments à vent à perce carrée".
Brevet source Inpi
" La flûte cylindrique, telle qu'elle a été fabriquée jusqu'à ce jour, n'est pas absolument conforme aux données mathématiques des principes d'accoustique. En effet le corps sonore, c'est à dire le volume d'air du tube cylindtique est plus grand qu'il ne devrait être en raison des cheminées ou bagues sur lesquelles viennent tomber les tampons et que les fabricants ont été jusqu'ici obligés d'employer pour obtenir le bouchage régulier. En outre les cavités formées par chacune de ces bagues sont autant d'arréts sur lesquels l'air vient buter et empécher par cela même l'émission facile du son.
C'est pour remédier à cet inconvénient que nous avons imaginé de fabriquer les flûtes avec une perce carrée".
Détails d'une flûte à perce carrée (Collection particulière)
Florentin Barbier fait partie des grands facteurs de flûtes français de la fin du XIXéme siécle au même titre que Lot, Rive, Bonneville, Lebret, Godfroy. Il laisse de très beaux instruments qui font plaisir aux flûtistes actuels.
Flûte à anneaux pleins et patte de Si b main gauche. DCM 1212
Merci à Michael Lynn ne nous faire entendre les deux belles flûtes Barbier de sa collection.
Flûte Barbier vers 1875. Collection M. Lynn (jouée au dessus)
Flûte cylindrique Boehm en palissandre de Barbier Collection M. Lynn
La vie et l'œuvre
de Jean Louis TULOU (1786-1865),
flûtiste virtuose, professeur au conservatoire de Paris de 1829 à 1856 et
ardent opposant à la nouvelle flûte BOEHM,
sont particulièrement bien documentées, notamment grâce à la thèse de Michelle TELLIER : "Jean
Louis TULOU : flûtiste, professeur, facteur". Paris 1981 en deux volumes. (1)Thèse passionnante, très riche et
qui se lit comme un roman...mais «cachée»
dans les réserves de la Médiathèque de la Cité de la musique à Paris. Cet
ouvrage très documenté sur Tulou ne dit pas grand-chose de Jacques NONONet n'évoque
que partiellement les instruments de ces deux personnages. Dans cet article
nous souhaiterions aborder ces deux points.
Jean Louis Tulou par Henri Grévedon, entre 1830 et
1839. (Source BNF)
Qui était Jacques NONON ?
On ne savait pratiquement rien de Jacques NONON
sinon qu'il était né à Metz en Moselle. En effet il est né dans cette ville le premier mai 1802
et appartenait à une famille de tourneurs mosellans. Son père Gaspard NONON (1770-1836), son
grand père Jean Louis NONON (1727-1813)
étaient tourneurs à Metz.....Le premier tourneur connu de la famille était un
arrière grand oncle, Jean Nicolas
NONON (1687- ?) tourneur à Ranguevaux, berceau de la famille,
petite commune de la vallée de la Fensch près de Joeuf (patrie de
Platini.....le footballeur).
Village de Ranguevaux en Moselle.
Jacques NONON avait deux frères et deux
sœurs ; sa sœur aînée Marie Anne NONON né en 1797 à Metz avait
épousée Louis CHAMBILLE (1797-1845)
mécanicien à Metz et fils d’un tourneur messin, Nicolas CHAMBILLE
(1773-1849). Ce couple a eu trois enfants, dont Auguste François CHAMBILLE
(1827-1881) né à Paris ; il sera facteur d’instruments de musique dans
l’atelier de Jacques NONON, qu’il rachètera
le 11 juin 1856 à son oncle. Il collaborera à la fin de sa vie avec son
ami Louis Ernest DEBONNEETBEAU de COUTELIER (1836- ?) avant que ce dernier
ne rachète la Maison Lot dont il assurera la direction de 1882 à 1889. Le fils
d’Auguste CHAMBILLE, Ernest Henri CHAMBILLE (1858-1922) sera contremaître chez
Lot de 1882 à 1904, date à laquelle il succéda à E.BARAT et deviendra directeur
de la Maison Lot.
En tête de la Maison Lot en 1906. (2)
Quel paradoxe de
trouver à la tête de la prestigieuse Maison Lot, spécialisée dans la flûte
Boehm, le petit neveu de Jacques NONON, contremaître de la Maison TULOU, ardant
opposant à cette flûte Boehm. A la suite du décès d’Ernest CHAMBILLE en 1922,
c’est sa fille Pauline Gabrielle CHAMBILLE (1887-1951) qui reprendra la
direction de la société jusqu’à sa mort en 1951. (3)(4)
Voir remarque 1
Jacques NONON malgré
l’éloignement entre Paris et Metz sera toujours, au cours de sa vie, très
proche de sa famille et en particulier de ses trois neveux.
Première rencontre en 1828 entre Jacques NONON et Jean Louis
TULOU.
Jacques NONON a
été formé au métier de tourneur par son père et/ou par un membre de sa famille
mais ce n'est pas en Moselle qu'il a pu être formé au métier de facteur
d'instruments de musique. A-t-il fait un tour de France comme on le faisait à
cette époque et comme Jean Daniel HOLTZAPFFEL,
facteur natif de Strasbourg, exerçant à Paris nous le
raconte dans ses mémoires ? (5)
Ou est-il "monté" directement à Paris ? Actuellement
on ne sait rien de cette période. C'est en 1828 que l'on entend parler pour la première fois de lui à Paris et de sa
rencontre avec TULOU. Il lui présente une flûte à six clés en argent qui est
conservée au musée de la musique à Paris.
Flûte à 6 clés en argent de Jacques Nonon de 1828. Musée de la musique de Paris
Cette flûte serait
donc à l'origine du partenariat créé en 1831. Il n'y a pas de doute sur
l'origine de cet instrument, puisque c'est NONON lui-même qui en a fait don au
musée du conservatoire en 1872, en précisant sa qualité. Lors de sa rencontre
avec Tulou, Nonon avait 26 ans et la flûte qu'il lui présente est
caractéristique des flûtes de cette époque, dans sa facture, sa conception, sa
réalisation......Elle pourrait provenir des ateliers de Bellissent, Godfroy,
Triébert....mais elle montre surtout que Jacques NONON maîtrisait la
fabrication de flûtes et qu'il avait sans doute travaillé pour ou chez les
grands facteurs de cette période ; il faudrait la jouer pour en apprécier les
qualités musicales .
Le nouveau catalogue du Conservatoire. Gustave Chouquet.
Cette marque
suggère que J. NONON avait un atelier en 1828 et a continué d'exercer seul
jusqu'en 1831. Il ne figure, à notre connaissance sur aucun annuaire de cette
époque et on ne connaît pas son adresse.Aucun autre instrument, portant cette marque n'est connu.
L’anecdote du
rossignol adoptée par Tulou dans sa marque, en 1831 est bien connue. Notre
flûtiste avait remporté un énorme succès de prestige lors de la première, du « Rossignol », opéra de Lebrun
en 1816. Son interprétation du solo de flûte avait fait l’unanimité du tout
Paris et avait confirmé sa prééminence sur tous les autres flûtistes de cette
époque.
Quand TULOU a-t-il
commencé la fabrication de flûtes et pourquoi ?
"Comment
J.L. TULOU, virtuose célèbre, s'improvisa-t-il facteur ? On ne sait, mais ce
n'est pas à coup sûr, pour combattre la flûte Boehm, puisqu'elle ne parut
qu'après 1832 et que nous le trouvons fabricant dès 1818....." (ConstantPIERRE :
Les facteurs d'instruments de musique). Affirmation discutable de Constant Pierre surtout
pour les débuts de J.L. Tulou comme "facteur" dès 1818, cela est peu
probable. Bien sûr il a du "collaborer" avec BELLISSENT pour l'amélioration de
ses flûtes, puisque ce dernier dès 1820 annonçait dans l'annuaire Bottin
: "Bellissent, facteur de flûte de l'école royale de musique et de
Mr TULOU première flûte de l'opéra"....et en 1830 ils étaient
trois facteurs à s'annoncer comme "LE
fournisseur" de TULOU dans le même annuaire. "BELLISSENT, flûtes, fournisseur de Tulou
et de l'académie royale de musique". " GODFROY aîné
(Clair), fabricant de
flûtes, clarinettes, flageolets, facteur de l'académie royale de musique, de
l'école royale et des principauxprofesseurs de la
capitale....." " GODFROY jeune, facteur en tout genre,
connu particulièrement pour la flûte, fournisseur de M.TULOU et autres artistes
distingués....."
Marques de Christophe
Delusse (a1781-p1789),
Vinnen Cadet
(c.1820-1837),
Un article
intéressant, paru dans « La France Musicale » le 18 novembre 1855,
donne une explication sur cette création d'atelier en 1831: " WUNDERLICH, maître
de Tulou et de tous les flûtistes célèbres en France dans la première
moitié de notre siècle, fut le premier à se servir chez nous de la flûte à plus
d'une clef. Le premier nom français qu'il y ait à citer dans cette industrie
est celui de DELUSSE,
fabricant établi à Paris à l'époque de la première révolution. Ses instruments
étaient appréciés ; ils avaient autant de justesse qu'il était possible de leur
en donner à cette époque, et possédaient surtout une belle qualité de
son.....Au fabricant Delusse succédèrent les frères WINNEN, (Père
et Fils selon Langwill) également établis à Paris. Le premier se
servait d'une perce très large qui donnait de la puissance aux notes graves,
mais qui empêchait les notes élevées de sortir avec facilité ; le second avait
fait l'acquisition des perces de Delusse, et obtenait quelquefois, grâce à
cette circonstance, d'assez bons résultats. Ce fut chez lui que Tulou acheta la
flûte avec laquelle il fit sa réputation de virtuose. Un peu plus tard,
ayant découvert un ouvrier intelligent, nommé GODEFROY, il lui donna
sa flûte pour modèle, essaya ses instruments, et lui prodigua les plus sages
conseils. Tous deux parvinrent à corriger les défauts de justesse qu'on
rencontrait trop souvent sur les flûtes de cette époque. Il suffisait à
Tulou de patronner un facteur pour lui assurer une clientèle. La maison
GODEFROY aîné acquit bientôt une grande vogue ; mais à mesure qu'elle
multipliait ses produits et leur trouvait de nouveaux débouchés, on se montrait
moins disposé à faire des essais. C'est alors que Tulou conçut l'idée de monter
lui-même un atelier. La première flûte qu'il construisit fut trouvée parfaite
de tous points ; chacun voulut en avoir une semblable. Et c'est ainsi que, de
succès en succès, de commandes en commandes, l'éminent artiste devint
fabricant. L'exposition universelle nous fournit naturellement l'occasion
d'apprécier ses travaux, leurs résultats et leur porté".
Cette article publicitaire, écrit à la suite de l’exposition de Paris
en 1855, nous donne des informations intéressantes sur les flûtes jouées par
TULOU, mais essaie, également de faire
de TULOU le conseiller des facteurs qui les a propulsés vers la réussite....Et
NONON ? Oublié ? Mais l'on était en 1855 c’est-à-dire après la rupture entre
les deux partenaires.
Pierre Godfroy
(1779-1845),
Clair Godfroy aîné
(1774-1841),
Jacques Eléonore
Bellissent (1783-1841).
Le premier document
mentionnant la fabrication de flûtes par TULOU date du 19 mars 1831. C'est un
article de la revue musicale qui commence par analyser les faiblesses de la
flûte : justesse, égalité des sons graves et de l'aiguë..."Il
appartenait à un professeur dont la longue expérience et le talent fini avaient
su apprécier toutes ces imperfections, de faire les recherches nécessaires sur
les moyens propres
à obvier à d'aussi graves inconvénients. M. Tulou a donc entrepris cette tâche
dans l'espoir qu'il pourrait faciliter les progrès des amateurs en leur offrant
des instruments dont ils n'auraient pas à combattre sans cesse les défauts, et
qui, par leur état perfectionné, seconderaient leur habileté dans l'exécution
au lieu d'y mettre obstacle".
"Mr Tulou
a cherché à faire disparaître l'inconvénient des corps de rechange, et surtout
celui de la pompe". A cette époque la plupart des facteurs utilisaient
un barillet comme pompe d'accord qui présentait un inconvénient majeur selon
lui, c'est pour cette raison que toutes les flûtes Tulou n'ont pas de pompe
d'accord.
Il préconise le système des anneaux pour ajustés la tonalité, système
qui aurait été imaginé par NONON, qui placés "aux emboîtures et
allongeaient l'instrument d'un demi ton ou d'un quart de ton,suivant
leur grosseur".(C. PIERRE)
"M. Tulou
s'est aussi attaché à trouver des formes simples et élégantes dans les clés, et
en a surtout diminué le volume, qui donnait à l'instrument de la lourdeur sans
utilité. Ces avantages seront appréciés par les amateurs et les artistes et ne
peuvent manquer d'influer sur les progrès de la flûte. Le nom de Mr Tulou les
recommande suffisamment. Aucun instrument ne sort des ateliers de ce professeur
célèbre sans avoir été essayé et reconnu bon par lui. On peut s'adresser
directement à M. Tulou, à Paris, N°18 rue Bleue".
Tous ces éléments nous permettent de dire que J.L. TULOU a
commencé à fabriquer des flûtes en 1831
au début de sa collaboration avec Jacques NONON, même s’il avait collaboré auparavant
avec d’autres facteurs comme Pierre GODFROY (Jeune) et son frère aîné Clair GODFROY. Il est fréquent d’entendre
que ce même Pierre GODFROY aurait fabriqué des flûtes portant la marque de
Tulou, parce que certaines clés en argent sont poinçonnées avec une marque d’orfèvre
avec des initiales « P.G.». Grace à Peter SPOHR nous avons résolu cette
énigme mais nous en reparlerons lorsque nous évoquerons la flûte perfectionnée
de TULOU.
Alors
pourquoi avoir créé cet atelier ?
Pour
comprendre les motivations de Monsieur Tulou dans la fondation de cet atelier,
il faut lire la thèse de Michelle TELLIER qui cerne parfaitement le caractère
de cet artiste. Pour notre part nous voudrions mettre l'accent sur une des
motivations, à notre sens essentielle : c'est le besoin de s'assurer des
revenus complémentaires. Il faut comprendre qu'après sa disgrâce politique de
1821 quand Joseph GUILLOU (1787-1853) lui
avait été préféré pour le poste de professeur au conservatoire de Paris et
après sa démission de l'opéra de Paris, le "grand" TULOU avait dû
connaître une période délicate dans tous les domaines.
Christophe ROSTANGdans
le n° spécial du Larigot concerné à F.G.A. DAUVERNE, explique bien la nécessité pour ces artistes
musiciens, dont les appointements de l'opéra et du Conservatoire n'étaient pas
suffisants pour leurs assurer un train de vie de grand bourgeois digne de leur
renommée, étaient contraints de trouver des ressources complémentaires. TULOU
avait trouvé dans son association avec NONON une opportunité pour s'assurer des
moyens confortables. Ce n'était pas, bien sur sa seule motivation mais
.....
G. HEQUETflûtiste
écrivant un article nécrologique sur TULOU, mentionne :" .....Il
(Tulou) réussit mieux dans la fabrication des flûtes (que dans la peinture, une
de ses passions), dont il s'occupa longtemps, et à laquelle il a dû
probablement une grande partie de l'aisance dont il a joui...."
A. LAVIGNAC, dans son Encyclopédie
de la musique et dictionnaire du Conservatoire, est encore plus dur et sans
doute très injuste dans son jugement : ....Il (Tulou) garda longtemps
son poste au conservatoire, s'associa entre temps avec NONON pour la
fabrication des flûtes, n'apportant guère à l'association que l'immense
prestige de son nom. Cette exploitation lui laissa de fort beaux
bénéfices...."
Essai
de classement chronologique des flûtes signées TULOU. (Remarque 2)
La marque
« TULOU au rossignol » a été utilisée depuis la création de l’atelier
en 1831 jusque vers les années 1930 par la Maison COUESNON. Aussi peut-on rencontrer une grande variété de
flûtes et de hautbois portant cette marque. Nous allons essayer de définir les éléments qui permettront de classer
chronologiquement les flûtes de la période de l’atelier TULOU-NONON. Vous avez été
nombreux à nous faire parvenir des photos et des renseignements, il reste encore de
nombreux points à étudie notamment sur la perce des
instruments, sur les embouchures….Nous reviendrons donc régulièrement sur cet
article pour faire des mises au point. N’hésitez pas à nous consulter pour nous
donner votre avis sur ce sujet. Nous avons répertorié plus d'une centaine de flûtes
de cette période. Tulou et Nonon ont produit de 1831 à 1850 des flûtes plutôt
à 5 clés ou 6 clés de très belle qualité qui furent régulièrement
récompensées aux expositions de 1834, 1839, 1844, 1849.
Flûtes de la première période (1831-1838).
Il existe quelques flûtes baguées ivoire, parfois en buis sans doute du début de
l’atelier.
Tête de flûte Tulou en buis et bague ivoire. (Vente Vichy)
Flûte Tulou à 4 clés argent baguée large. (Collection Sigal)
Flûte Tulou en buis à 4 clés. (Collection R. Charbit)
Flûte Tulou à 5 clés à bagues larges et anneaux d'accord. (Vente Vichy)
Flûte Tulou à 5 clés laiton en buis (Vente Vichy)
Mais elles sont généralement baguées
en métal (argent principalement), avec
des bagues larges, jamais de pompe d'accord
et les clés sont fines, fixées à des tourillons soudés à des plaques vissées
dans le bois. Lorsqu’elles sont en argent, ces clés comportent le poinçon « tête
de lièvre » de petite garantie de Paris (1819-1838) et le poinçon « P
# B » de Paul Nicolas BELORGEY mécanicien: " Belorgey
Aîné, facteur de clefs d'instruments de musique, fabrique tout ce qui a rapport
aux garnitures intérieures et extérieures des instruments ; tire toute espèce
de tubes à l'usage des facteurs, 32 rue du Petit Carreau". (Bottin
1840)(Remarque 3)
Nous avons publié plusieurs articles sur Jean-Louis Tulou flûtiste virtuose et professeur au conservatoire de Paris, notamment un article dans notre blog :
Article complété, par un deuxième dans le numéro 58 du Larigot d'octobre 2016. Pour écrire ces articles, en plus de nos recherches nous nous sommes appuyé sur la thése de Michelle Tellier : " Jean- Louis Tulou : flûtiste, professeur, facteur ". Paris 1981.
Pour notre part en écrivant ces articles, notre but était de compléter cette thèse en mettant plus en lumiére la vie et le travail de Jacques Nonon généralement oubliés dans les articles concernant le virtuose de la flûte. Depuis la parution de ces articles nous avons bien sûr découvert de nouvelles informations qui mériteraient de compléter nos articles principalement au niveau d'instruments portant la marque Tulou ou Nonon.
En revanche, il existe une polémique concernant la date d'introduction de la flûte perfectionnée : Système Tulou, mais également sur la date de parution de la méthode de Tulou.
Si généralement 1850 était retenu pour l'introduction et la parution de ces deux éléments, (Thèse de Michelle Tellier notamment ), la parution de l'excellent ouvrage de Tula Giannini sur " les familles Lot et Godfroy" apportait la contradiction sur cette hypothèse. En effet, une note (page 130) affirmait que cette méthode de Tulou serait parue en 1835 et que l'introduction de la flûte perfectionnée aurait eu lieu au début des années 1840.
Flûte perfectionnée de Tulou. Shéma de la méthode
Et cette remarque était reprise systématiquement dans tous les ouvrages de référence sur la flûte, comme celui d'Ardall Powell : " The Flute " ou celui de Nancy Toff " The Decelopment of the Modern Flute ". Dans nos articles, mais également lors d'un débat qui avait eu lieu sur facebook entre nos amis Michael Lynn et autres flûtistes et Johanne Favre-Engell qui elle même posait la question : " Quelle
chance! Une amie vient de m’offrir la première édition chez Chabal en 1835 (?)
de la méthode de Tulou, signée à l’encre par Tulou! Je
voulais partager ceci avec vous! ".
Je m'étais engagé à étudier cette question et à revoir les arguments de Tula Giannini.
1° Partie : Vérification des arguments de Tula Giannini.
Quels sont ses arguments ?
" Tulou's Méthode de flûte is cited by George Kastner in his Traité d'instrumentation (Paris, Philipp et Cie,1836) which evidently refers to its first publication in 1835 " chez l'auteur ". A later edition adopted by the Conservatoire, c1842, contains an important introduction comparing the ordinary and Boehm flutes, an further, devotes a section to the flute with C-foot, and includes a diagram and fingering chart for the flûte perfectionnée. The letter establishing the Méthode's adoption by the Conservatoire is signed by Auber, President from 1842, and a letter from the Conservatoire to the Académie Royale de Lille, dated November 12th 1845 (AJ 37, 82.7e) states that Tulou's Méthode was being used in the Conservatoire classes. This information allows us to date the introduction of the flûte perfectionnée by the early 1840's ". (Tula Giannini-page 130-note 25-Great Flute Makers of France. The Lot & Godfroy Families. 1650-1900)
1) Premier argument : "Tulou's Méthode de flûte is cited by George Kastner in his Traité d'instrumentation (Paris, Philipp et Cie,1836) which evidently refers to its first publication in 1835 " chez l'auteur ".
" La méthode de flûte de Tulou est citée dans le Traité d'instrumentation de George Kastner publié en 1836.....donc la méthode à été publié en 1835 ".
Traité Général d'Instrumentation de G. Kastner 1836
Et page 33 voici " la preuve de l'existance " de la parution de la Méthode de Flûte de Tulou en 1835 !!!
C'est un peu mince, un nom dans une liste sans aucune précision et qui se termine par " et autres ": S'agit-il de Méthodes (Matérielles : livre, document) publiées ou de Méthodes d'enseignement (immatérielles) propres à des flûtistes célébres, et/ou professeurs de flûtes ? G. Kastner ce serait-il " emballé " en voulant montré le nombre très important de méthodes parues dans cette période. Dans son Traité, il cite pour chaque instrument évoqué, un grand nombre de noms.
De plus il existait certaines réactualisations de Méthodes, comme celle de Devienne revue par Ludovic Deplus complétée par des compositions de J.L. Tulou.
Ou celle de V. Bretonniére dont la couverture mentionnait Tulou.
En 1844, George Kastner avait lui même rédigé une méthode de flûte dans laquelle " il souhaite rassembler...les différents modéles de flûtes ". (Voir en dessous).....et là pas de flûte perfectionnée ?
2) Argument : " A later edition adopted by the Conservatoire, c1842, contains an important introduction comparing the ordinary and Boehm flutes, an further, devotes a section to the flute with C-foot, and includes a diagram and fingering chart for the flûte perfectionnée. The letter establishing the Méthode's adoption by the Conservatoire is signed by Auber, Président from 1842....."
Vers 1842 " une nouvelle édition aurait été publiée avec l'ajout d'une importante introduction comparant la " flûte ordinaire " à la flûte Boehm....ainsi que la tablature de la " flûte perfectionnée ". Cette seconde édition confirmait en 1842 l'adoption de cette méthode Tulou par le conservatoire.
Pourquoi 1842 ? Parce que le rapport du Comité des études musicales du Conservatoire National de Musique de Paris, est signé par Mr Auber, Président, Directeur du Conservatoire.
Daniel Auber (1782-1871)
Effectivement Daniel Esprit François Auber fût Directeur du Conservatoire de Paris de 1842.....à sa mort en 1871. Il aurait pu signer ce rapport en 1871 également !!! Donc remarque sans intérêt.
3) Argument :"....and a letter from the conservatoire to the Académie Royale de Lille, dated November 12 th 1845 (AJ 37, 82. 7c) states that Tulou's méthode was being used in the conservatoire classes. "
" une lettre du conservatoire de musique de Paris, en réponse à une question de l'Académie Royale de Lille datée 12 novembre 1845 concernant les méthodes utilisées au conservatoire, précise que la méthode de Tulou est utilisée dans ses classes ".
Nous avons effectivement trouvé ce document à la bibliothéque nationale de Paris.
A notre avis, le seul argument qui pourrait étayer la thèse de Tula Giannini......Mais il y a toujours la confusion entre méthode publiée et " façon " de travailler du Maître Tulou. Est-ce que les élèves de Monsieur Tulou avaient besoin d'une méthode générale pour se perfectionner ? De plus ce document rédigé par qui ? sorte de brouillon fait en 1845 permet-il de conclure ? : " This information allow us to date the introduction of the flûte perfectionnée by the early 1840's ". and " the méthode de flûte .....refers to its first publication in 1835 ".
Pour notre part nous en doutons fortement. Alors nous avons continué nos recherches et avons trouvé des contre-arguments assez pertinents. (A vous d'en juger)
Alors réglons la date de l'introduction de la " Flûte perfectionnée système Tulou ".
2° Partie : date d'intoduction de la Flûte perfectionnée système Tulou.
Nous parlons bien ici de cette flûte dite perfectionnée décrite dans la méthode et non des perfectionnements divers apportés à la flûte. (voir notre article sur Nonon : et l'article concernant les flûtes de Mr Tulou dans la Revue Musicale du 19 mars 1831 où il évoque les différents perfectionnement qu'il a apporté à la flûte.
Méthode de Tulou 1851
1) Cette flûte perfectionnée reçoit une médaille d'honneur à l'exposition de Londres de 1851.
Tableaux des expositions de 1798 à 1900. (Malou Haine avril 2008)
" Tulou 27 rue des Martyrs Paris :
Flûtes perfectionnées, avec patte d' Ut et avec d'importantes modifications. Les clés sont arrangées pour permettre aux flûtistes de jouer correctement et avec facilité certaines notes délicates à obtenir avec les flûtes classiques. Les ressorts sont en or, ce qui permet de les huiler moins souvent ".
(rapport de l'exposition de Londres 1851)
2) Les premières publicités paraissent dans le Bottin de 1853.
Alors pourquoi la flûte perfectionnée à cette date (Voir notre article du Larigot ) : " 1852 fut la période charnière pour l'évolution de la flûte en France. T. Boehm venait d'obtenir le 9 octobre 1847 à Paris son brevet pour sa nouvelle flûte qui résolvait une grande partie des problèmes rencontrès avec son modèle de 1832. L'exposition de Paris de 1849 n'avait pas encore consacré la flûte Boehm et avait confirmé la médaille d'argent obtenue par Tulou en 1844. Cette nouvelle flûte perfectionnée arrivait opportunément pour " Continuer la lutte ".
3° Une dernière découverte qui clos de débat de la date d'introduction de la flûte perfectionnée modéle Tulou.
Depuis 1831 Tulou et le conservatoire de Paris recompensaient les premiers prix de flûte d'un instrument fourni par l'atelier de Tulou/Nonon.
Ces instruments réapparaissent réguliérement ; c'est le cas d'une flûte de notre collection qui a été donnée à Gustave Lemoux pour son premier prix en 1844.
Il s'agit d'une flûte à 6 clés dont le "perfectionnement" de la clé de Tulou. Coll RP
Un nouvel instrument de ce type vient d'être retrouvé. Il s'agit d'une flûte perfectionnée datée de 1849 et donnée à Jules Herman (1830-1911) pour son premier prix de flûte.
Collection particulière
Cette flûte faite en 1849, porte le N° 2, c'est à dire l'une des toutes premières flûtes perfectionnées réalisées par l'atelier Tulou/Nonon.
Cet instrument permet de modifier, une hypothèse que nous avions émise dans nos articles : " ...les flûtes de Tulou numérotées auraient été réalisées par l'atelier de Gautrot..."
Nous pouvons dire aujourd'hui que la flûte perfectionnée, système Tulou a été introduite en 1849 et les premiers instruments ont été fabriqués par l'atelier Tulou / Nonon avant la période de séparation des 2 protagonistes.
Jules Herman ou Hermant (1830-1911) est né à Douai et décédé à Lille. Il fait d'abord carrière à Paris comme flûtiste au théâtre national et aux concerts du Jardin d'hiver. En 1852 il s'installe à Lille et dirige de 1854 à 1902 la classe de flûte du conservatoire de Lille.
Jules Herman par A. D. Collette. (Tula Giannini)
3° Partie : Date de parution de la méthode de Tulou.
Tulou a publié deux méthodes, celle dont nous recherchons la date de parution, mais également une petite méthode simplifiée parue en 1859 et éditée en France par Chabal. Nous évoquerons que la première
Petite méthode de Flûte de Tulou parue
en 1859 et éditée par Chabal.
Concernant cette parution en 1835 de la Méthode de J.L. Tulou, il n'y a pratiquement rien qui pourrait permettre de valider cette date, les arguments suggérés par Tula Giannini sont très approximatifs.
Mais imaginons que cet hypothése soit retenue......une telle méthode éditée et écrite par le plus grand flûtiste de l'époque devrait pouvoir se trouver chez les collectionneurs, musiciens etc....surtout qu'elle aurait vu son usage couvrir une période de plus de 14 ans (de 1835 à 1859 date de retraite de J.L. Tulou). Bien sûr cet ouvrage ne devrait pas comporter de partie sur la flûte perfectionnée système Tulou, puisque celle-ci a été introduite entre 1848 et 1849. De plus quand on connaît J.L. Tulou et son état d'esprit, il serait surprenant qu'il n'ai pas essayer d'en tirer profit, notamment au niveau de sa publicité. Hors, la première annonce sur ce sujet est faite dans le Bottin en 1853 (voir ci-dessus) en même temps qu'apparaît sa flûte perfectionnée......alors si nous suivons la théorie de Tula Giannini suggérant une seconde édition, où seraient rajoutés les éléments sur la flûte perfectionnée. J.L. Tulou aurait fait plus de publicité sur une seconde édition, que lors de la sortie de la méthode en 1835.....période beaucoup plus favorable à la défense de la flûte classique ? Celà n'est pas du grande logique.
Nous avons essayé de répertorier les différents types d' exemplaires qui auraient pu être édités dans cette période (1835-1851). Pour notre part, nous avons trouvé 3 modèles pour la France et une édition en Allemagne. (Cette méthode a été publiée également en Italie et en Espagne).
Toutes ces éditions sont identiques et abordent la flûte perfectionnée.
Bien sûr si vous possédez, connaissez, etc...des exemplaires différents, par exemple avec les mêmes éditeurs, mais avec des adresses différentes, sans mention de flûte perfectionnée... n'hésitez pas à nous contacter.
Voyons ces trois éditions différentes pour cette période :
Edition Brandus et Cie : 103 rue Richelieu et Chez l'auteur 27 rue des Martyrs : 1851
L'exemplaire que nous avons observé, est conservé à la BNF et est daté de 1851.
Edition Brandus 1851 (source BNF)
C'est cette édition que les Editions Minkoff de Genéve ont décidé de rééditer en 1979.
Copyright de Minkoff
"
Brandus et Cie est une maison française d'édition musicale fondée le 14 janvier
1846 à Paris par Louis Brandus et Ernest Deschamps d'Hannecourt. La maison
jouissait d'une belle réputation et constituait l'une des premières maisons
d'édition musicale française1. Cette réputation était basée par l'importance et
la qualité des œuvres constituant le fonds, le réseau de diffusion et un
système d'abonnement, le soutien de sa revue, une promotion dynamique auprès
des directeurs de théâtre ou de salles de concerts, et le recours aux
techniques nouvelles d'impression permettant d'obtenir des publications à prix
compétitifs" . (Source Wikipédia)
De
nombreuses œuvres de Jean-Louis Tulou ont été publiées chez cet éditeur.
Les différentes adresses permettent de confirmer la date de l'édition de 1851 :
de 1846 à 1849 : 87 rue de Richelieu,
de 1849 à 1851 : 97 rue de Richelieu,
de 1851 à 1887 : 103 rue de Richelieu.
De plus, la couverture comporte deux mentions importantes : " Milan : Ricordi, ": les droits de laméthode de Tulou, pour l'Italie ont été vendus en 1851 à la maison d'édition musicale " Casa Ricordi " fondée en 1808 par Giovanni Ricordi (1785-1853), comme nous le verrons plus tard dans cet article.
Et une deuxième mention : Mayence : Schott, c'est à dire la distribution pour l'Allemagne, la Belgique et l'Angleterre signée vers 1851 également.
Pourquoi J.L. Tulou a-t-il dédié sa méthode " A son altesse royale : le Prince Royal de Hanovre "?
Qui était le Prince de Hanovre ?
Cousin de la reine Victoria, George de
Hanovre (1819-1878) devint le roi George V à la mort de son père le 18 novembre 1851 et le
resta jusqu'à sa déposition en
1866, consécutive à l'annexion par la Prusse de son royaume de Hanovre qui
entraîna son exil en Autriche.
La famille de George V de Hanovre.
À la
suite d'une maladie infantile puis d'un accident durant son adolescence,
Georges-Frédéric de Hanovre était atteint de cécité depuis 1833 à l'âge de 14 ans. C'était
aussi un musicien averti, pianiste et compositeur de quelque 200 oeuvres, dans
tous les genres dont une symphonie. Il séjournait réguliérement et devait connaître J.L. Tulou. Tous les deux étaient francs maçons.
Georges de Hanôvre est devenu roi à la fin de l'année 1851, la sortie de la méthode de Jean Louis Tulou en 1851 était une occasion de rendre hommage au Prince.
La dernière vente de Vichy, nous a permis de découvrir une magnifique flûte mais aussi des documents personnels de J.L. Tulou, nous montrant que ce dernier n'était pas insensible aux faveurs des Grands (Nombreuses décorations reçues vers 1851).
Edition Chabal : Paris Chabal éditeur 15 Bd Montmartre
Edition Chabal vers 1851
A remarquer qu'elle mentionne les Editions Italiennes de la Casa Ricordi, donc vers 1851 et Allemandes de Schott donc également vers 1851.
Chabal est une Maison d'édition musicale créée vers 1840, par François Joseph Chabal (1804-1885) au 10 Bd des Italiens et de 1848 à 1857 au 15 Bd Montmartre.
Là également l'adresse du 15 Bd Montmartre, permet de dater cet exemplaire des années 1851.
3éme et dernière édition : Schonenberger 28 Bd Poissonnière Paris.
Il s'agit d'une seconde édition publiée après 1851. Elle comporte également les mentions italiennes et allemandes pour 1851.
La maison parisienne Schonenberger a été créée en 1830 par Georges Schonenberger (1807-1856).
Les différentes adresses : 10 Bd Poissonnière de 1830 à 1840, au 20 de la même adresse de 1841 à 1842, puis de 1843 à 1875 au 28.
5 minutes de pause vont nous faire du bien. Ecoutons la musique de J.L.Tulou interprétée par Anna PUSTLAUK sur notre flûte de 1844 offerte à Gustave Lemoux.
Anna Pustlauk a également travaillé sur cette méthode de Tulou et rejoint notre point de vue :
" 1851 is a
special year for Tulou in many respects. In the summer, he publishes his long-awaited
flute method op. 100. There is still much conjecture about the correct year of
origin of the method, but in fact there is no longer any doubt that it is 1851.
The method was published by at least three publishers: Chabal, Brandus &
Cie and Schott (with a German translation). The Chabal and Brandus & Cie
editions differ slightly from each other. The content is the same, but four
pages with scales have different page numbers. In her dissertation about Tulou
Michelle Tellier quotes a letter from Tulou to the engraver Benoit dated Sunday
4 May (the year is not mentioned, but in 1851 4 May was a Sunday) that two
plates with trill charts still had to be engraved (these two trill charts are
missing in the Brandus & Cie edition in National library in Paris (bnf).
Benoit is the engraver of the method, he is mentioned on the front page below ".
Elle mentionne une lettre, citée dans la thése de Michelle Tellier, de Tulou à Benoit (graveur de la méthode dont le nom apparait dans la page de l'introduction, en bas de page , " Gravée par Benoit Ainé ", cette lettre datée du dimanche 4 mai sans précision d'année or en 1851 le 4 mai tombe un dimanche.
Anna donne également un élément en faveur de la thése de Tula Giannini (à son avis). Elle a découvert dans la Revue musicale du 19 janvier 1834 une annonce mentionnant une méthode de flûte par Devienne et Tulou (sans précision).
Bien sûr, cela va tout à fait dans notre sens, il peut s'agir d'une reproduction de la méthode de Devienne enrichie d'aires de Tulou et de Kulhau comme celle de Ludovic Leplus que nous mentionnons au début de notre article.
L'approbation de la méthode de Tulou par le conservatoire de Paris, a été fait par le comité musicale de cet établissement. Son avis a été cité dans les premières page de la méthode (voir ci-dessous) :
Rapport du comité musical du conservatoire de Paris Méthode Tulou
C'est du fait de la signature de ce rapport par Auber que T. Giannini affirme qu'il y aurait une seconde édition en 1842. (Voir au-dessus)
Or, nous voyons que ce même rapport est signé également par Ambroise Thomas (1811-1896), prestigieux compositeur messin et futur successeur d'Auber (1871) au poste de Directeur du conservatoire de Paris.
Nous avons retrouvé aux archives nationales de Paris, les compositions pour chaque année du comité musical. Ambroise Thomas a rejoint ce comité le 5 mars 1849.
Composition du comité musical de 1849. Archives nationales de Paris
Même si nous n'avons pas encore trouvé le rapport d'approbation de la méthode de Tulou, qui mettra un terme à cette polémique, nous avons apporté suffisamment de peuve pour dire que cette méthode a étè approuvée en 1851.
Apportons une dernière preuve pour clore notre démonstration.
Cette lettre écrite par J.L. Tulou du 29 octobre 1850 à Mr Ricordi à Milan, évoque son 14éme solo pour la flûte qu'il propose de lui vendre.
Puis : " Je profite de l'occasion que j'ai de vous écrire pour vous dire que je viens de mettre la dernière main à ma méthode de flûte : c'est un ouvrage auquel je travaille depuis une vingtaine d'années ".
Lettre de J.L. Tulou du 29 10 1850 Collection Ricordi
Cliquez sur les images pour les agrandir et pouvoir les lire.
" Cette méthode toute progressive commence par les principes les plus simples et se termine par des études très développées, elle est faite sur un nouveau plan et différe entièrement de toutes celles qui ont paru jusqu'à ce jour. Elle est dans les mains des graveurs (voir la partie Benoit de notre article) et paraîtra promptement. Elle m'a été demandée par divers éditeurs de plusieurs pays étrangers et je serais charmé que vous puissiez en devenir le propriétaire pour l'Italie.
J'espère , si vous en faites l'acquisition, que vous n'en aurez pas de regret car elle est vivement attendue depuis fort longtemps ; elle ne sera pas très volumineuse et se composera à peu près de 80 à 90 planches.
J'attends votre réponse le plus tôt possible, car je ne voudrais pas arrêter cette publication (si?) elle est acceptée pour l'enseignement du conservatoire".
Voilà la conclusion qui me semble très nette et qui pourrait être remise en cause uniquement si quelqu'un découvrait cette méthode mystérieuse de 1835.
Alors n'hésitez pas, cet article n'est pas parole d'évangile, et doit être discuté, complété, critiqué.....je publierai très prochainement un article dans le Larigot .....avec peut-être l'avis favorable pour la méthode de J.L. Tulou du comité musical du conservatoire de Paris de 1850 ou 51.
Ce 14ème grand solo est celui qu'a joué en 1849, Jules Herman pour obtenir son premier prix de Paris. L'a-t-il fait sur une flûte perfectionnée?
Si vous vous intéressez aux instruments de musique anciens, donc aux facteurs d'instruments à vent, de pianos, d'orgues ou aux luthiers, aux marchands de musique....vous voulez mieux les connaître. Ce blog met à votre disposition des données qui vous permettront d'illustrer vos articles, dossiers, documentation. L'idée est d'échanger, de partager...les connaissances. Si vous avez des infos, des documents....faites des blogs, des sites, des articles.....ou communiquez les nous pour les publier sur ce blog.