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vendredi 1 novembre 2019

Réunion de notre Association des Collectionneurs d' Instruments de Musique à Vent le 11 au 13 octobre 2019.

En 2017 l'ACIMV fêtait ses 30 ans d'existence et pour célébrer cet événement exceptionnel une réunion de 3 jours avait été organisé à La Couture-Boussey, chez François Camboulive, dans l'ancienne demeure d’Eugène THIBOUVILLE.
Si vous voulez relire la synthèse qui avait été faite par José Daniel Touroude : Cliquez ici.
La conclusion de ce colloque était de renouveler cette opération au moins tous les deux ans. 
Usine Thibouville à Ivry la Bataille
Ce qui fut fait les 11 - 12 - 13 octobre dernier, toujours dans le gîte de notre ami François Camboulive où "l’accueil, le gîte et le couvert" ont été parfait. Un grand merci à lui, son épouse et ses équipes. 


Cette réunion était réservée aux membres de l'ACIMV et un certain nombre d'invités exceptionnels. Nous étions une bonne cinquantaine, tous passionnés d'instruments de musique et de musique. Chacun des participants ont pu vérifier l'efficacité de cette association, qui après avoir  réussi la prouesse de sortir chaque année deux numéros de 60 pages en couleurs de son bulletin LARIGOT, référence  dans le domaine des instruments anciens à vent grâce surtout à ces numéros spéciaux comme "Le livre d'or de la Clarinette Française", nous permet, maintenant de nous réunir régulièrement, collectionneurs, musiciens, conservateurs, experts, antiquaires...tous nous pouvons échanger, communiquer les fruits de nos recherches, montrer nos instruments à vent à des experts, des musiciens etc...













Le numéro 64 du Larigot va sortir au cours de ce mois de novembre, sera joint, en plus, à l'envoi de ce nouveau bulletin, le catalogue du 51 éme Symposium International de Cor qui c'est tenu en juillet 2019 à Gand en Belgique


Vous voyez une association "en pleine forme", si vous êtes intéressé et pas encore inscrit, c'est le moment. Comment faire : Consultez Le site officiel de l'ACIMV dans la partie boutique : adhésion.
Première journée de notre réunion : le 11 octobre.

jeudi 19 octobre 2017

ACIMV : Association des collectionneurs d'instruments de musique à vent. Séminaire résidentiel des membres du 13 au 15 octobre 2017.

par José-Daniel Touroude.

Comment résumer en quelques lignes une rencontre de 3 jours aussi foisonnante pour les 30 ans de notre association ? Je ne peux que livrer mes impressions subjectives, (car les discussions et manipulations d’instruments en petit comité étaient nombreuses).

Chaque exposé mérite une retranscription de plusieurs pages et les échanges permanents et informels entre membres, les essayages d’instruments, les confrontations passionnées sur un détail d’instruments ou sur un facteur et bien sûr les prestations musicales auraient nécessité un film !
Jérome Wiss explique le fonctionnement d'une clé d'un ophicléide à notre
Président Bruno Kampmann.
(De gauche à droite : François Camboulive, Jérome Wiss,
Bruno Kampmann, José Daniel Touroude,  David Gondcaille). 
Un constat partagé par tous :

* Ce fut convivial, sympathique, détendu, amical dans un cadre original dans les anciennes usines Thibouville et dans la maison de Jérome Thibouville Lamy (transformé en gîte) avec une météo ensoleillée, ce qui nous a permis de visiter, avec une guide compétente, les lieux chargés d’histoire qui ont du sens pour nous tous, à savoir les ateliers des principaux facteurs de la Couture Boussey et même les maisons de certains travailleurs à domicile puis avec l’animatrice culturelle du musée la visite de l’exposition permanente d’instruments de ces facteurs bien sûr mais aussi de  l’exposition temporaire (notamment sur SML et Gouget) 
La maison de Jérôme Thibouville, lieu du séminaire où
François Camboulive et son épouse nous ont accueillis.

* Ce fut dense, instructif, d’excellent niveau car les conférences alternaient avec des illustrations musicales, voire des petits concerts qui entraînaient des échanges et des  discussions passionnantes et informelles (trop anarchiques pour nos amis suisses !), des rencontres entre personnes et cela du matin jusqu’à minuit !
Elodie Biteau nous présente la Maison Martin Frères
à La Couture Boussey.
* Ce fut original notamment avec un collègue suisse nous parlant de son dernier livre sur l’aérophor, ou une jeune compositrice catalane qui nous a présenté ses recherches sur deux instruments rares : la Ténora et le Tible (dont beaucoup ont été fabriqués chez Thibouville mais que n’ont-ils pas fait !)… et qui compose actuellement un duo pour clarinette et mouettes (elle m’a promis de me l’envoyer mais si elle attend trop je ne pourrais plus jouer la partie de clarinette,  je ferai alors la mouette !).
Ce livre vient de sortir.
Nous en reparlerons.
Alain Girard.














Nous avons eu aussi un exposé passionnant sur les cromornes et un autre sur les poinçons des clés en argent principalement des flûtes, un thème de recherche actuel qui précise la datation des instruments.
Ce qui est passionnant c’est qu’une collection ouvre plusieurs entrées et tout collectionneur est obligé d’avoir une vision pluridisciplinaire (passant de la généalogie qui redonne vie à des facteurs (comme le bel exposé sur Saget), à la connaissance du contexte historique et musicologique, de la compréhension des techniques de fabrication (une visite dans l’usine de Buffet Crampon s’imposait pour commencer ces journées de rencontres) à la nécessité de nettoyer voire restaurer afin de faire sonner ses instruments, à la recherche de trésors en chinant et hantant les enchères (un collectionneur est un chercheur de trésors) et l’as du marteau de Vichy présent à ce séminaire nous raconta quelques pratiques douteuses passées (ouf !) et l’évolution de son métier avec internet au cours d’un repas….  il n’y avait aucun temps mort !
(Gauche à droite : Bruno Kampmann, François Camboulive,
Guy Laurent, Paul Carré)

Beaucoup de questions annexes ont été abordées : ainsi personnellement j’ai été  questionné en tant « qu’ex technocrate et néanmoins clarinettiste » (sic) sur le projet ISF concocté à Bercy qui ne prévoit pas de taxer les collections, alors tous à Vichy !
Autre aparté (et chacun peut en rapporter des dizaines différents) sur la musique spécifique de la Corée du nord  qui s’élabore et qui ne veut pas ressembler à la musique traditionnelle de Corée (partagée par la Corée du Sud), ni la chinoise du voisin puissant, ni de l’occident honni….
* Ce fut aussi musical car montrer et commenter des instruments ne suffit pas et ce fut intéressant d’entendre des spécialistes comparer des instruments anciens différents quant à leurs sonorités, leurs spécificités…  ainsi nous avons eu le plaisir d’apprendre beaucoup de choses concernant les hautbois anciens de la part d’un spécialiste suisse, mais aussi une prestation sur divers saxophones par un professionnel talentueux…
Nous avons eu la chance avec des prestations : duo flûte et basson avec instruments du XVIIIème siècle de Prudent. Paul Carré  jouait sur une flûte Prudent du 18ème siècle et une copie d'une flûte Palanca et Denis Bèlières lui sur un basson copie de Prudent, le fameux duo clarinette basse et clarinette contrebasse (que le monde entier nous envie !) et la venue de pointures professionnelles qui ont joué des pièces pour trompettes diverses, cors, ophicléide en trios et pu ainsi clôturer en beauté nos journées.  

Duo de clarinette basse, Denis Watel et contrebasse
Frédéric Courquin.
Des souvenirs personnels aussi partagés par certains : Samedi matin au lever, encore embrumé par des ronflements de René avec qui je partageais la chambre historique de Jérome Thibouville Lamy (mais René a voulu dormir sur un matelas par terre.)
En conséquence il était logique que ses ronflements soient un Mi2 au diapason 440 (il travaille sa colonne d’air en ce moment) et logique pour un saxophoniste qui joue du ténor en sib (ce Mi2 soit un Fa# pour saxo), Fa# qui comme tout le monde le sait est près du sol ! après cette blague douteuse au lever, notre hôte m’a apporté sa clarinette neuve Tosca de Buffet Crampon n° 700 000 à essayer. Le dernier adhérent de l’ACIMV jeune agrégé de musique arrivant un peu au radar s’est mis au piano spontanément (ce n’était pas un bizutage) et à 8h pour réveiller tout le monde on a joué un tico tico endiablé !  



Un des musiciens présents à la fin du séminaire sortira lui un orgue de barbarie et jouera quelques pièces en duo avec un excellent musicien maîtrisant l’ophicléide … et le calvados aidant, il  se lança avec son orgue dans une chanson paillarde bien connue de notre président qui chanta avec lui… (même dans la voiture en revenant à Paris, cet air lui rappelait apparemment des souvenirs émouvants…)
 
La Polka Thibouville jouée à l'orgue de barbarie Thibouville par
Frédéric Gondot, accompagné par Laurent Madeuf à l'ophicléide, pour la première
fois depuis  sa restauration, la maison de Jérome Thibouville résonnait
d'une musique du Maître des lieux.
* Ce fut transversal : et c’est assez rare pour être noté. Habituellement les expertises et les discussions de chacun sont souvent cantonnées à un instrument et chacun s’exprime pour montrer ses recherches, ses savoirs et savoir-faire devant ses pairs . Ce qui est plus rare, c’est d’écouter, de s’intéresser et d’échanger avec les autres spécialistes et musiciens d’autres instruments à vent. Les collectionneurs des bois s’intéressaient aux cuivres et inversement… alléluia !
Ainsi nous avons eu des exposés sur les flûtes, clarinettes, hautbois, saxophones, trompettes, ophicléides, cors, bassons, le Basson solo de l’Opéra nous a expliqué comment le basson français avait stagné voire « régressé » (question existentielle pour certains) alors que les autres instruments continuaient à évoluer et qui nous a fait part de ses recherches. Un de nos membres facteur d’ophicléides qui continue ses recherches nous a montré un piston innovant devant une assemblée admirative de sa créativité…. 
Et puis un des invités d’honneur, le président d’une association suisse proche de l’ACIMV, nous a subjugué par la méthodologie de classement de sa collection de flûtes anciennes avec fiches rationnelles et précises (il est suisse !) de son catalogue avec illustrations musicales de pièces d’époque et du pays pour chaque instrument…  Son travail exemplaire a interpellé beaucoup de collectionneurs !
 
Ulrich Halder, flûtiste collectionneur passionné
et passionnant.

* Ce fut une ambiance passionnée : la concentration de passionnés individuels, mutualisant leurs connaissances dans une joyeuse ambiance…. aurait semblé à une personne extérieure non initiée et avertie comme un groupe de personnes un peu bizarres parfois un peu obsessionnels… avec des souvenirs et anecdotes sur des collectionneurs, des musiciens et des instruments rencontrés, des expériences de collectionneurs montrant l’acquisition de quelques trésors, chacun soufflant et commentant…
On a même frisé les crises cardiaques : il fallait voir la tête de François, lui qui connaît pratiquement tout de la dynastie Thibouville , vivant dans leurs maisons, découvrant « la polka des Thibouville » inconnue de tous pour orgue de barbarie, quant à mon ami René, il était en extase devant une flûte Bühner et Keller avec poinçons d’argent sur les clés venant de Suisse et qui manque à sa collection et qu’un bon flûtiste fit sonner…. moi même je bavais devant une clarinette Raver de Bordeaux que Denis arrivera bien un jour à me vendre, pendant que la sérieuse Nuria dessinait sur son cahier les mesures d’une Ténora Thibouville pour ses recherches universitaires etc…

* Ce fut aussi parfois administratif et formel avec l’assemblée générale de l’ACIMV ou René a pu enfin après 20 ans de bons et loyaux services et de cotisations payées accéder au pouvoir en intégrant le bureau prestigieux de l’ACIMV.

* Ce fut aussi la confrontation d’approches et pas seulement d’idées et de connaissances  notamment celles des collectionneurs-musiciens (plus attirés par les aspects esthétiques et historiques des facteurs) et celle des musiciens-collectionneurs (attirés par la réparation voire la restauration pour jouer avec leurs merveilles). Au hasard, d’autres questions comme doit-on démolir la cohérence d’une collection qui a demandé toute une vie et la refaire tourner par le biais des enchères ou la léguer à une institution intéressée ou à un autre collectionneur ami ? etc…. Ce qui m’amusait personnellement, c’était d’entendre des apartés, des débats sur les questions récurrentes et fondamentales soulevées dans la psychologie des collectionneurs que j’avais analysée il y a quelques années. 
En résumé une rencontre réussie en tous points et qui restera dans les mémoires de ceux qui ont participé.  Vivement la prochaine fois en espérant qu’on n’attende pas 10 ans !  
Assemblée générale de l'ACIMV.
La question suisse posée lors d’un repas : (mais dans le brouhaha de multiples discussions simultanées où les décibels étaient proportionnels à l’alcool ingurgité, peu ont entendu la question)
Quelle est  l’origine du mot cor anglais ?  Quizz

1°) cor anglais car juxtaposition des mots cor et anglais, son pays d’origine l’Angleterre.
2°) cor anglais car juxtaposition des mots cor et angle (en français) et il y a eu  déformation du mot.    
3°) cor anglais car juxtaposition des mots cor et ange (Engelich en allemand déformé en English ), autre déformation du mot par ces français incorrigibles.
Après tirage au sort, le gagnant (car vous aurez tous trouvé) aura un numéro spécial de la revue en allemand de l’association suisse GEFAM (facile en plus il y a un indice dans la question).

PS : Compte rendu écrit en écoutant la musique de JM Hotteterre (figure emblématique du lieu de notre séminaire) joué par le flûtiste baroque Philippe Allain-Dupré présent à ce séminaire.



Pour plus de précisions ci joint la liste des noms et qualités des intervenants et des interventions et prestations :

François Camboulive : notre hôte, collectionneur notamment des instruments de la Couture /Ivry
Exposé : présentation de quelques pièces de sa collection et de sa démarche de collectionneur

Maurice Vallet : infatigable guide des usines Buffet Crampon à Mantes
Exposé : la visite de l’usine

Alain Girard : collectionneur et spécialiste suisse du hautbois ancien
Exposé : présentation de son livre sur l’Aérophor, et sur les hautbois notamment Boehm

Jérome Wiss : collectionneur de cuivres et facteur
Exposé : présentation de ses recherches sur un ophicléide et analyse de pistons spéciaux

Frédéric Courquin et Denis Watel clarinettistes professionnels et collectionneurs surtout de clarinettes
Prestation : duo de clarinettes basses et contrebasses

Guy Laurent commissaire priseur à Vichy et René Pierre collectionneur et saxophoniste de jazz
Exposé sur la création d’une base de données des poinçons français de clés en argent

Nuria Bonet compositrice de musique contemporaine et universitaire :
Exposé sur la Ténora et le Tible catalan

Denis Watel : clarinettiste basse, professeur et collectionneur
Exposé : ses recherches actuelles sur Saget, un facteur bordelais de clarinettes et créateur de bien d’autres choses

Jean François Picard : collectionneur et facteur de cuivres
Exposé : présentation d’instruments (serpents , ophicléides, tubas…)

Denis Belières et Paul Carré : collectionneurs de bois
Prestation : mini concert flûte du 18ème siècle de Prudent et basson.

Fred Couderc : saxophoniste professionnel et collectionneur
Exposé comparatif avec illustrations musicales de différents saxophones anciens

Elodie Biteau : du département de l’ Eure missionnée pour des recherches sur les documents liés aux facteurs
Exposé : visite de la Couture-Boussey des lieux où ont travaillé et vécu les facteurs  locaux

Laurine Millet : Médiatrice culturelle du musée
Exposé :présentation des expositions temporaire et permanente du musée de la Couture.

Pascal Gresset : flûtiste professionnel.
Exposé : sur les flûtes anciennes et présentation de la revue "Tempo flûte" et qui réalise actuellement un travail sur les concerts Lamoureux et Roger Bourdin cher à notre cœur.

Nicolas Pinard : bassoniste professionnel soliste de l’Opéra de Paris
Exposé sur le basson français et la problématique du musicien-collectionneur

Philippe Allain-Dupré : flûtiste baroque professionnel et facteur
Exposé sur les Cromornes et réalisant de nombreux essayages de flûtes au cours de ces journées

Ulrich Halder : Président de la GEFAM, association sœur suisse, flûtiste et collectionneur
Exposé : méthodologie exemplaire d’un collectionneur rigoureux et passionné

Jean–Daniel Souchon : trompettiste (militaire à la musique des troupes de marine et professeur) et collectionneur de trompettes
Exposé : sur quelques trompettes anciennes

Laurent Madeuf trombone solo à l’ODIF, Pierre Turpin corniste à l’Opéra de Paris, et Pierre Yves Madeuf corniste à la musique des gardiens de la paix tous musiciens professionnels nous ont ébloui avec un concert de cuivres pour clôturer nos rencontres avec la participation ponctuelle de JD Souchon trompette.


Frédéric Gondot altiste à l’orchestre national de l’ile de France  (orgue de barbarie et un instrument bizarre le Stroviole + chant (paillard) nous démontrera que la virtuosité des musiciens classiques de haut niveau peut s’allier à l’humour…. 

Si vous voulez vous joindre à nous, il suffit d'adhérer à l'ACIMV.....pour une somme dérisoire!!!!





lundi 25 septembre 2017

"Frédéric Eléanor Godfroy, fils de Clair II Godfroy, facteur de flûtes et inventeur d'un nouveau ressort en 1834". "Frederic Eléanor Godfroy, son of Clair II Godfroy, woodwind maker and inventor of a new spring system in 1834".

En visitant la collection de François Camboulive, j'ai découvert une flûte (parmi tant d'autres) qui "m'a interpellé"et comme François m'a autorisé à en faire un article j'en profite. Merci à lui pour sa générosité.
Cette flûte est une "Godfroy"....comme on dit classiquement, avec un système de ressort particulier. Cela tombe bien, cette famille de facteurs a été particulièrement bien étudié par Tula Giannini dans un ouvrage très documenté : "Great Flute Makers of France. The Lot and Godfroy Families, 1650-1900".
Et comme en plus je suis en train d'essayer de répertorier les flûtes des facteurs de cette famille, pour essayer de comprendre "qui a fait quoi?" et "cette flûte, elle a été faites par le père ? Le grand père ? Ah le fils....mais lequel ? en quelle année ? Et oui, il y a des numéros.....Bref malgré Tula Giannini, ce n'est pas simple.
Alors, comme d'habitude si vous avez des flûtes portant la marque Godfroy, merci pour les photos. Je ferai un article sur ce sujet vers la fin d'année.
Description de la flûte.
Au premier coup d'oeil, il s'agit d'une classique cinq clés en palissandre, baguée en ivoire, sans barillet.
Flûte B69 collection Thicam.
La clé de sol # n'a pas une forme classique.
Mais surtout quatre clés sur cinq sont munies d'un système particulier de ressorts.



  C'est une vidéo.

Nous n'avons jamais rencontré ce système de ressorts.
Ressort circulaire et picot.
Lorsque l'on démonte la clé, le système ce compose d'un ressort circulaire (comme dans les matelas), un picot, tout cela installé dans une partie ronde creusée dans le bois de la flûte.
Emplacement du ressort circulaire.
Le ressort est mis en place.
Ressort et picot en place.
A remarquer la forme du picot.
Seules quatre clés sur cinq sont munies de ce système, la clé de Si b comporte un ressort classique sans doute parce que le nouveau système était moins efficace (sur une clé longue) qu'un ressort plat ? D'ailleurs on peut deviner les inconvénients de ce nouveau systéme lorsque l'on constate que la clé de sol # a dû être orienté dans la longueur de la flûte et non comme habituellement avec une clé de sol # s'enroulant autour de la flûte.
Clé de sol # dans l'axe de la flûte.
Sans doute parce que, avec ce système, le basculement de la clé est plus compliqué sur une partie bombée que sur une partie plane. D'ailleurs la clé de fa est très courte et retravaillée au niveau de la spatule pour favoriser un bon basculement.
Clé de fa.
Même si l'idée était astucieuse, on imagine tout de suite les difficultés d'application de ce nouveau système. D'oû un échec prévisible.
L'inventeur : Frédéric Eléanor Godfroy.
Dans la famille Godfroy il y a au moins 8 facteurs connus et en plus la marque que porte cette flûte n'est pas courante.
Marque de la flûte.

Arrêtons ce suspense "torride" : Il s'agit de Frédéric Eléanor Godfroy né le 6 janvier 1805 à Paris, fils aîné de Clair II Godfroy (1774-1841) qu'il avait eu avec sa première femme Madeleine Letellier (1781-1808).
Pour mieux comprendre voici la généalogie de la famille Godfroy (ou Godefroy).

Désolé je n'arrive pas à faire en sorte que cette feuille s'affiche en plus grand. Si vous voulez la lire envoyez moi un mail à mon adresse : René PIERRE et je me vous l'enverrai.

Il a sans doute appris la facture d'instruments à vent avec son père avant de s'installer à son compte, vers 1827 au 133 rue Montmartre. Spécialiste de la flûte, il fabriquait aussi d'autres instruments (clarinettes, flageolets, fifres...) ; sa marque "F.E en écriture cursive/ Godfroy aîné dans un ovale de pointillés (ou sans ovale) /étoile à 5 branches coupées ou non".
Première marque de Frédéric Eléanor Godfroy de 1827 à 1831.
Marque identique mais sans cercle de pointillés et avec
une étoile à 5 branches avec pointes non coupées.
En observant les nombreux instruments de ce facteur, conservés au musée de La Couture-Boussey, il semble que la marque, sans pointillés et avec l'étoile à cinq branches non coupées, beaucoup plus rare soit en fait la première marque vers 1827. La seconde beaucoup plus fréquente correspond sans doute à une période beaucoup plus active et plus longue. 
On peut se poser la question sur l'origine des instruments de ce facteur. Il n'est pas question de remettre en cause sa qualité de fabricant, en revanche les nombreux instruments que possède le musée de la Couture-Boussey provenant de la Couture, notamment  des fifres, des clarinettes, des flûtes simples en buis nous font dire que F.E. Godfroy se fournissait en instruments courant dans les ateliers couturiotes. D'ailleurs nous pouvons confirmer cette hypothèse grace à deux flûtes de la collection Thicam dont les clés en argent portent des poinçons classiques des ateliers de la Couture.
Flûte à 5 clés en argent avec poinçon
papillon V et poinion de J.C. Carpentier.
(Collection Thicam GO1)
Les poinçons d'argent ne constituent pas une preuve absolue (on m'opposera classiquement qu'il pouvait se fournir en clés à La Couture), mais l'ensemble de ces points (caractéristiques, provenances des instruments du musée, poinçons d'argent) renforcent cette hypothèse. D'ailleurs ce phénomène est courant même pour des facteurs plus importants et même d'autres membres de la famille Godfroy dont les clés d'instruments portent alternativement des poinçons parisiens ou des poinçons de La Couture. Mais nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet dans notre "dictionnaire des poinçons d'argent trouvés sur les instruments de musique". (A paraître)

A partir de 1831 il remplace "Ainé" par "Fils" avec l'étoile à 5 pointes coupées.
Troisiéme marque à partir de 1831 à 1834-35.
Il participe en 1834 à l'exposition de Paris, pour la seule et unique fois ; le jury ne fera aucun commentaire sur les instruments présentés. Cette même année il déposera le 30 avril une demande de brevet de cinq ans, qu'il obtiendra le 22 août pour son système de ressort circulaire.
Texte du Brevet de 1834. (Source INPI)
Signature de F. E. Godfroy en 1834.

Une autre flûte munie de ce système est signalée dans l'ouvrage de T. Giannini : instruments à 9 clés en argent (j'aimerais voir les poinçons) en palissandre, bagues larges en argent portant le numéro 199 dans une boîte datée du 1er août 1835. Si vous en êtes l'heureux propriétaire manifestez-vous.
Flûte 9 clès.
Col. Privée
Il est difficile de voir sur ce scan les clés munies de ressorts circulaires. Donc à partir de 1834, il change sa marque pour y ajouter breveté et remplace ses initiales par un caducée.
Patte de la flûte collection
Thicam.
Son activité se ralentira progressivement jusqu'à son mariage le 26 septembre 1844, avec la soeur de son beau-frère, Elisabeth Joséphine Jeanne Mojana née à Amsterdam en 1781.
Tula Giannini dans son livre consacré aux familles Godfroy et Lot, se pose la question : "Pourquoi s'arrêta-t-il à 39 ans, pour devenir rentier en épousant une femme née la même année que sa mère ?"Je vous laisse répondre à cette question.
Votre avis : SVP ?
Le musée de la musique de la Couture-Boussey attribue cette marque à Frédéric Eléanor Godfroy. Qu'en pensez-vous?

Marque d'une clarinette du musée de La Couture-Boussey.

samedi 8 avril 2017

"La baguette de chef d’orchestre de Hyacinthe Klosé". "The conductor's baton of Hyacinthe Klosé".

Par José Daniel TOUROUDE



En visitant la collection fabuleuse de François Camboulive (plus de 3000 instruments pratiquement tous à vent), habitant au bord de l’Eure dans l’ancienne usine Thibouville à Ivry la Bataille, spécialiste reconnu de la facture de la Couture Boussey et de ses environs, j’ai pu analyser une pièce unique : la baguette de Klosé en ivoire.
Ancienne Usine Thibouville à Ivry la Bataille. (Collection Thicam)









Pour tout savoir sur les Thibouville et l'île des Thibouville où François vous acceuillera, cliquez sur ce lien : îles des Thibouville.


Qui était  Klosé ?


Tous les clarinettistes le connaissent, ayant passer des centaines d’heures sur sa méthode (la plupart des autres méthodes plus modernes en découlent et la simplifient).
Portrait de Hyacinthe Klosé.
Klosé est né français à Corfou en 1808 ! Pour tous Corfou est une île grecque magnifique.
Un rappel historique, Corfou est une des îles ioniennes, qui depuis 2000 ans est convoitée car stratégique, frontière entre l’Occident et l’Orient et qui a eu une histoire mouvementée, changeant sans cesse d’occupants et source de conflits permanents.  A la naissance de Klosé, Berthier était gouverneur et les armées de Napoléon 1er  occupaient depuis peu Corfou (traité de Tilsit en 1807). Donc Klosé naquit dans l’Empire français. Puis en 1814 Corfou devient britannique et la famille Klosé viendra en France certainement à cette époque. Puis la guerre  d’indépendance grecque soutenue par les français commence en 1821. Les artistes comme Victor Hugo « l’enfant grec » ou Delacroix « scènes de massacre de Scio » sont révélateurs de l’esprit contre l’empire Ottoman. Corfou va (re)devenir grecque.


Klosé  reconnu comme clarinettiste et pédagogue.
Klosé rentre en 1831 au conservatoire de Paris où son professeur sera le grand clarinettiste Frédéric Berr. Puis il est clarinettiste au théâtre italien, célèbre pour les opéras italiens dont Verdi bien sûr mais pas exclusivement notamment aussi Mozart . Le directeur en 1824 était Rossini. Le théâtre ferma en 1878.  
Il est aussi professeur à l’école militaire de musique (la clarinette étant incontournable dans les musiques militaires depuis la révolution française et l’Empire).
Cliquez sur ce lien pour lire l'article sur la musique et la clarinette militaire.
Puis reconnu parmi les meilleurs clarinettistes de son temps, il remplace Berr au conservatoire de Paris comme professeur de clarinette en 1838 . (cf anecdote sur Sarrette un des fondateurs du conservatoire . 
Pour relire cette anecdote cliquez sur ce lien.
Il y enseignera 30 ans formant des générations de clarinettistes, tous les meilleurs bien sûr mais imprimant aussi une influence déterminante comme pédagogue chez tous les clarinettistes de talent amateurs et professionnels jusqu’à aujourd’hui. (la fameuse méthode Klosé complète que nous avons tous étudié).
Première page de la méthode Klosé
Klosé composera aussi quelques œuvres pour clarinette (fantaisies sur des opéras…). Je suppose que l’extrait inscrite sur la baguette fait référence à une de ces compositions . Mais laquelle ? 

Klosé reconnu comme le co-inventeur de la clarinette moderne
Il rentrera aussi dans l’histoire à cause de sa contribution à la clarinette moderne (dit système Boehm avec les anneaux mobiles) présentée en 1843 avec son ami Auguste Buffet facteur d’instrument de la Couture (l’oncle de Buffet Crampon). D’ailleurs Klosé vivra aussi à Anet (près du château de Diane de Poitiers qui a eu une si grande importante dans la facture d’instruments à vent) et proche du plus grand centre français de facteurs d’instruments à vent à la Couture Boussey. Il y a toujours eu, et encore aujourd’hui, un lien très étroit entre facteurs et musiciens essayeurs pour faire évoluer les instruments.  Il est mort à Paris en 1880, admiré, célèbre et connu par tous les clarinettistes du monde. 
Schéma du Brevet de 1843
obtenu par Auguste Buffet
pour la clarinette.
(Source Inpi)
Maison de H. Klosé à Anet.
(Merci à Maurice Vallet pour ce document)
Pourquoi offrir une baguette de chef d’orchestre ? et à quelle occasion ?
Il était vraisemblable de lui offrir une petite clarinette en ivoire car Klosé était en fait reconnu comme la référence, le chef incontesté des clarinettistes. Mais on lui a offert une baguette de chef d’orchestre alors qu’il dirigeait assez peu. La baguette de chef est proche d’un sceptre ou un bâton de commandement et on a voulu symboliser ainsi son rôle de mentor, le Maitre qui formait et dirigeait vers l’excellence tous les clarinettistes d’où ce symbole de l’autorité musicale.
Baguette de chef d'orchestre remise à H. Klosé.
(Avec l'autorisation de F.C. - collection Thicam)
Je n’ai aucune information pour la cérémonie : qui lui a remise ? Quand ? Et à quelle occasion on lui a fait ce cadeau ? Lors de sa légion d’honneur reçue le 12 août 1864 ?  Lors d’une visite ou d’un concert à Dieppe ?
Pourquoi en ivoire ?
Le cadeau ne pouvait être qu’en matériau précieux comme l’ivoire. Le symbolisme intrinsèque de l’ivoire est la pureté blanche (la corne de Licorne ou Narval en Ivoire au Moyen Âge), L’incorruptibilité, la puissance et le pouvoir (les sceptres et bâtons de commandement des rois étaient souvent en ivoire), la richesse et la prospérité (célébrité, notoriété, reconnaissance) et en plus en éléphant (non en os) animal qui symbolise la puissance, la longévité et la sagesse.
Tête de la baguette de H. Klosé avec
 les initiales
 H K ceint d’une couronne de laurier
(Coll. Thicam)


















Pourquoi Ivoire de Dieppe ?
L’ivoire a toujours fasciné les grandes civilisations et a fait l’objet d’échanges à travers, l’Asie, l’Afrique, par l’intermédiaire du monde Arabe, vers l’Occident et Byzance .
Byzance était au 6ème siècle un des grands ateliers du monde de la sculpture d’ivoire 1000 ans après, Dieppe était un grand port et devenu LE grand pôle d’entrée de l’ivoire africain dès le 16ème siècle : la Côte d’Ivoire et le golfe de Guinée (du Ghana, au Togo, Nigéria, Benin, Cameroun jusqu’au Gabon). En effet dès le 14ème siècle les marins dieppois avaient découvert et ouvert rapidement des échanges et du commerce avec l’Afrique (y compris triangulaire avec la traite des esclaves mais aussi l’importation de l’ivoire.) Des artisans tourneurs et sculpteurs d’autres matériaux vont travailler cette matière première de qualité : ivoires d’éléphants, de morses, de cachalot, d’hippopotames…) et en faire une de leurs spécialités avec des objets finement sculptés à Dieppe qui atteindront vite une renommée mondiale. Beaucoup d’ivoiriers de Dieppe vont aussi s’établir à Paris où se trouvaient les clients fortunés. Ce travail minutieux épuisant pour les yeux (travail à la loupe) et dangereux (poussière d’ivoire) sera reconnu à travers l’Europe notamment des petits objets comme les tabatières (en liaison avec le tabac importé du port), des sculptures religieuses, des médaillons et de l’ivoire de mieux en mieux travaillé avec finesse au cours des siècles. Pour honorer les personnalités célèbres, il était de bon ton que les autorités offrent des cadeaux, véritables œuvres d’art, commandés à certains artisans talentueux. La baguette de chef d’orchestre en ivoire avec la partition, le nom de Klosé et ses initiales gravées en sont un exemple. C’est ainsi que les personnes influentes ont reçu des cadeaux luxueux en ivoire (notamment Henri IV, Napoléon 1er , Napoléon III…) et offrir «un ivoire de Dieppe» était un cadeau de luxe artistique pour ces bénéficiaires.
Le musée de Dieppe possède des œuvres d’art absolument magnifiques. 
Bateau en ivoire.(Musée de Dieppe)
Pour tout savoir sur les ivoires de Dieppe : Cliquez
Détails de la baguette 
La main du chef au départ de
la partition.....
(Collection Thicam)          
Même le profil est travaillé.
(Collection Thicam)





























La lyre au verso, symbole
des musiciens.
(Collection Thicam)
La partition enroulée autour
de la baguette.
(Collection Thicam)































Quel est le morceau inscrite que la baguette ? je n’arrive pas à le retrouver … (j’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus de rien …. comme chantait l’actrice Jeanne Moreau ) .  HELP !
Relevé sur coin de table de l’extrait musical sur la baguette 
de Klosé pour l’ami François.
(Collection Thicam)
José  … dans les pas de Klosé ?   (cela lui fait plaisir !) 
Mais pour faire le clown c’est le chef !
































La direction de ce blog, ne reculant devant aucun sacrifice, offre une récompense (Une bouteille de champagne), à toute personne apportant des informations complémentaires sur cette baguette.