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samedi 4 décembre 2021

Joseph Dominique BRETON (1814-1874) fabricant d'instruments de musique à vent : dans la continuité de Claude LAURENT spécialiste des flûtes en cristal.

 Si nous connaisons mieux aujourd'hui Claude LAURENT (1774-1849),  facteur exceptionnel de flûtes en cristal, grace à la thése de Montserrat GASCON.........



Il n'en est pas de même pour son successeur Jean Dominique BRETON (1814-1874) également spécialiste de flûtes et d'embouchures en cristal.

Il est né le 7 janvier 1814 à Tilly dans les Yvelines à 20 km de Mantes la Jolie. Son père était marchand épicier dans cette petite ville.

On le retrouve, le 30 août 1835 à Oulins, à quelques km d' Ivry la Bataille pour ses fiançailles avec Marie Félicitée CHARANGER couturière. Il est alors orfèvre bijoutier, habitant Houdan dans les Yvelines. Mais visiblement le mariage n' eut  pas lieu puisqu'une année plus tard, le 12 novembre 1836 il épousa à Pacy sur Eure la fille de son patron, Rosalie Elisa CARPENTIER (1816-1856). Dans l'acte il est précisé : " Ouvrier orfèvre bijoutier demeurant à Pacy sur Eure depuis sept mois chez Mr CARPENTIER ".

Donc il fabriquait des clés d'instruments de musique chez Jean Charles CARPENTIER (1782-1858), lui aussi orfèvre à Passy sur Eure pour les facteurs d'instruments de musique de la Couture-Boussey.
J.C. CARPENTIER avait enregistré son poinçon d'argent au bureau d'Evreux le 22 juillet 1812 et gérait l'ensemble de la production de clés, fabriquées par les clétiers de la région mais visiblement il en fabriquait lui-même, aidé par des ouvriers dans son atelier.



Plaque d'insculpation du bureau de garantie d'Evreux et poinçon de 
J.C. CARPENTIER

Lorsque l'on étudie la formation des clétiers on se rend compte qu'ils étaient plutôt mécaniciens de formation et spécialistes du métal, mais lorsqu'ils travaillaient l'argent ils étaient généralement orfèvres et cela s'accentuera encore lorsqu'il s'agira de réaliser des flûtes en argent. Ceci est valable pour des facteurs comme Bonneville, Rive etc... qui ont commencé leurs activités comme bijoutiers et fabriquaient des clés pour Godfroy ainé et Louis Lot avant de fabriquer des flûtes en métal et en argent. Dans leur métier d'orfèvre ils avaient pris l'habitude de poinçonner leurs ouvrages en argent.

En 1840, il est installé à Paris comme fabricant de clés d'instruments de musique au 28 rue Jean Jacques Rousseau et remporte en 1844 une médaille de bronze pour sa première participation à l'exposition de Paris pour ses flûtes, distinction renouvelée en 1849. "Breton, médaille de bronze 1844, flûtes Boehm grandes et petites, perfectionnées et de différents modèles, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois de tous genres, flageolets, etc….envoie en tous pays, J. J. Rousseau 28". (Bottin 1846)

C'est lui qui réalisera le clétage Boehm en argent de cette formidable flûte en cristal vert :
Flûte Boehm système 32 en cristal et argent de 
Claude LAURENT réalisée en 1844
(Collection Dayton Miller DCM11)
Il avait déposé son poinçon d'argent le 11 novembre 1840 à Paris.


Il existe également une autre flûte en cristal avec un système Boehm en argent. Daté de 1841 cet instrument appartient au Musée de la musique de Rome. Nous serions très intéressé de savoir si le clétage a été réalisé par J. D. BRETON ou par N.P. BELORGEY. Nous n'arrivons pas à contacter ce musée et n'arrivons pas à obtenir l'information. Si vous avez des contacts dans ce musée ou des informations sur cette flûte, vous pouvez nous aider.


Flûte cristal  Boehm de C. LAURENT de 1841 
du Musée de Rome.
Il participe dès 1844 à l'exposition de Paris et y présente  des instruments qu'il fabrique : " grandes et petites flûtes ". Il apparaît dès 1846 dans le Bottin non seulement pour la fabrique de clés d'instruments :  " clefs nouveau et ancien système " mais également pour la fabrication d'instruments : " flûtes Boehm grandes et petites perfectionnées et de différents modèles, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois de tout genres, flageolets, 28 rue J.J. Rousseau ".
Hautbois à 11 clés de Breton.
Coll. MIM de Bruxelles 1984 037

Il est présent à l'exposition de Paris en 1849 et présente une petite flûte Boehm. Il devait à cette période, sans doute plus être clétier que facteur puisqu'il apparaît dans le Bottin comme fabricant de clés. Nous avons répertorié des flûtes de Martin frères et de Thibouville portant un clétage de J. D. BRETON et correspondant à cette période (vers1845). Bien sûr il travaillait également pour Claude LAURENT en tant que clétier.

Il est à noter qu'avant 1850, c'est-à-dire avant le décès de Claude LAURENT (20 juin 1849) il ne mentionne jamais d'instruments ou d'embouchures en cristal dans ses publicités. C'est à partir du Bottin de 1850 que cette fabrication est nommée : " flûtes Boehm , gr et pet, flûtes ordinaires, clarinettes et hautbois, cors anglais, bassons et flageolets perfectionnés etc....garnitures intérieures et extérieures, instruments en cristal, becs de clarinettes et d'instruments de cuivre, flûtes de cristal de tout genre ....."

Nous pensons qu'il est excessif de dire que J.D BRETON a été l'éléve et le successeur de Claude LAURENT. Il a sans doute en collaborant avec lui dans la réalisation de clés, acquit un savoir-faire pour le travail du cristal, mais en fait cela ne devait pas lui poser beaucoup de problème puisqu'à l'origine il était bijoutier et orfèvre. De plus le départ de cette collaboration commence vers 1840, époque où C. LAURENT  avait 66 ans et arrivait à la fin de sa carriére. Trois flûtes de Claude LAURENT portant une date à partir de 1840 (1841 flûte Boehm cristal, 1844 flûte Boehm cristal vert, 1844 flûte cristal à 8 et 9 clés du musée de Barcelone). 

Si on considére cette collaboration entre C. LAURENT et J.D. BRETON  au niveau des flûtes en cristal, on s'aperçoit qu'elle a été de très courte durée et principalement pour adapter un système Boehm sur cette flûte de cristal. Toutes les flûtes de C. LAURENT de 1837-38-39 ont des clés réalisées par Nicolas Paul BELORGEY (1803-1873). Seules les deux flûtes système Boehm en cristal de C. LAURENT semblent être le résultat de cette collaboration. Même si nous ne connaissons pas les poinçons d'argent de l'exemplaire du musée de Rome, les analogies de clétage nous laissent penser que le système Boehm en argent a été réalisé par J.D BRETON.
1841 Flûte Boehm du musée de Rome
1844 Coll DCM
La flûte cristal du musée de Barcelone à 8 et 9 clés, a été réalisé vers 1834, malgré la date 1844 gravée sur le tenon de la tête. La patte de Si comporte le  P. lièvre 1819-1838 et  le poinçon de Chaudier. Un corps main gauche et une patte de ré  ont dû être réalisés vers 1844 par Breton puisque les tenons et les clés de ces deux éléments portent les poinçons tête de sanglier et celui de Breton.  (Museu de la Musica Barcelone)

Flûte du musée de Barcelone
Alors J.D BRETON successeur ou suiveur de Claude LAURENT ? Nous penchons pour la seconde hypothèse. D'ailleurs il n'a jamais fait mention dans ses publicités de la notion " d'éléve ", ni de " successeur", ce qui aurait pu lui apporter une certaine notoriété s'il l'avait été.

Le nombre de flûtes en cristal réalisé par J.D. BRETON est extrêmement limité. Nous en connaissons trois dont cette flûte à 9 clés de la collection Nydahl à Stockholm qui porte bien la marque de J.D Breton sur une bague et dont les clés comportent son poinçon (1840) également dont les bagues portent le poinçon de N.P. Belorgey vertical (1833-1843) et le poinçon tête de lièvre (1819-1838). Donc les bagues ont été faites entre 1833 et 1838. 


Flûte à 9 clés de J.D Breton  (coll. Nydahl de Stockholm)

J.D. BRETON aurait acheté des tubes et du matériel de l'atelier LAURENT  aprés sa mort. Il existe une deuxième flûte en cristal vert dans la collection Dayton MILLER réalisée pour l'exposition universelle de 1862, ainsi qu'un piccolo systéme Boehm en cristal vert dérobé à André Bissonnet.

Flûte à 9 clés argent en cristal vert. (Coll. DCM)

Il avait eu une fille Marie Elisabeth née le 12 avril 1850 à Paris et son épouse est décédée à 39 ans le 28 janvier 1856 à Paris. 

Le 1er octobre 1855 il obtint un brevet de 15 ans pour un Brevet " sur des perfectionnements apportés dans la perce et le mécanisme des flûtes ". 



" Les parties modifiées et améliorées sont noircies, la flûte posséde une patte de Si.
A la modification de la clé de Sib (au pouce) présente un double avantage de mécanisme solide, léger élégant et la facilitéde couler rapidement de Si b au Si naturel. La dite clef de Si b se trouvant placée au dessous de la clé d'Ut ; le touché en est par conséquent plus naturel et plus facile ". etc......


Flûte à perce cylindrique de J.D. BRETON
Avec détails de la nouvelle marque : Bréveté, clé de Dorus 
et clé de Si de pouce conforme au brevet.
Coll. particulière.
Spécialiste d'embouchure de cuivre et de clarinette en cristal, il obtiendra deux nouveaux  brevets de 15 ans : en 1858 pour " des perfectionnements apportés aux embouchures d'instruments à vent en général ". et en 1859 pour des " perfectionnements dans la fabrication de bec de clarinettes ".

Bec de saxhorn en cristal.

Embouchure en cristal bleu. (MIM Bruxelles)


Vers 1868 il déménage au 42 faubourg Saint Martin. A cette époque il vivait avec une certaine Mademoiselle Adéle Ursule DUVAL, célibataire et fabricante d'instruments à vent dont il fera sa légataire universelle dans un testament olographe rédigé le jour de sa mort le 5 octobre 1874 à Paris à son domicile  42 faubourg Saint Germain à Paris.
 
Testament du 5 octobre 1874
Qui était cette demoiselle, peut-être Adéle DUVAL née le 27 juillet 1828 à Pont Sainte Maxence dans l'Oise et décédée à Paris le 23 mai 1880. (à confirmer)

Bien sûr sa fille Marie Elisabeth BRETON, ouvrière en mode, 24 ans habitant 59 rue de Lanoy à Paris est là ainsi que Adéle DUVAL sa légataire universelle. L'appartement qu'il louait est petit : une cuisine (fenêtre sur cour), une pièce au-dessus avec fénêtre sur la rue, un vestibule donnant aussi sur la cour dans lequel on trouve un petit orgue dans une caisse en acajou avec un pupitre à musique,  et une chambre à coucher.

Les experts chargés d'évaluer  " le matériel, agencement du fonds de commerce de fabricant de musique exploité par feu Mr BRETON dans l'atelier éclairé sur la rue par deux fenêtres " furent Mrs Martin THIBOUVILLE " fabricant d'instruments de Musique 69 rue d'Argout à Paris " (Martin (II) THIBOUVILLE (1792-1878) et Louis Emile Jérome THIBOUVILLE (1833-1902) fabricant d'instruments de musique 31 Bd de Montmorency à Paris ".

+ Un poële en fonte et un tuyau en fonte                         3 frs
+ Une meule et sa monture en bois                                 2 frs
+ Un tour avec ses outils et accessoires                          2 frs
+ Un établi à travailler et une presse à marquer
   avec un vieux banc à tirer                                              25 frs
+ Un étau en fer sur un billot en bois, un petit souflet
   de forge, deux lampes à tringles, une fontaine,
   boites et menus objets                                                   12 frs

Marchandises et outils :

+ Deux flûtes en cristal, un flageolet, une clarinette
   et quatre autres flûtes de diverses grandeurs et 
   divers accessoires.                                                         140 frs
+ 5 étuis pour instruments de musique                              3 frs
+ Un instrument en cuivre                                                  12 frs
+ Un lot de tubes en métal et en bois                                12 frs
+ Un lot d'instruments en bois                                            1 frs
+ 4 tubes en verre et parties de vieux instruments
   un lot d'outils                                                                    60 frs
+ Un lot de becs en cristal                                                  15 frs 
+ Un autre lot de becs en cristal                                         50 frs
+ Un lot de tiges en cuivre pour embouchures                   20 frs
+ 13 moules en fer pour embouchures  et autres 
   ustenciles pour la fonte des becs                                     700 frs

Estimation du fond de commerce.
 
Compte tenu du chiffre d'affaire et des clients le fond de commerce est estimé à 0 frs

Visiblement J.B. BRETON  n'avait pas fait " fortune " et vivait sans doute d'expédient à la fin de sa vie. " il n'y avait aucun argent dans la caisse, aucune commandes non payées seulement des dettes (il devait 270.75 frs à Martin THIBOUVILLE) et avait gagé au Mont-de- Piété sa montre en or......Les seuls éléments de valeurs dans cet inventaire sont les moules qui servaient à faire les embouchures ". Effectivement les instruments portant la marque de BRETON sont rares  dans les collections actuelles. 

Flûte en argent massif de Breton
Collection RP
    
Pour la petite histoire sa fille Marie Elisabeth BRETON avait pour compagnon William STAR anglais artiste de cirque. 




Et c'est leur fille Louise Star née en 1871 à Cherbourg qui jouait le rôle de trapéziste dans le numéro fait avec son père.

Lydia Star petite fille de J. D BRETON
en 1914

        


mercredi 25 mars 2020

Clarinettes LEFEVRE : Les trois LEFEVRE acteurs essentiels en France dans l'évolution de la clarinette en 1820.

Travaillant actuellement sur les fabricants de clés d'instruments de musique parisiens du début XIXème siècle, je rencontre assez régulièrement des difficultés pour identifier certains facteurs. C'est le cas par exemple de : " Lefèvre " à Paris facteur de clarinettes, bien connu.......... mais dont l'identité varie de source en source, tantôt François Lefèvre ....Lefebvre, Simon Lefêvre etc....
Alors en m’appuyant sur le travail de Jean Jacques Bona publié dans son : Blog Luthier Vents je vais essayer  de résumer ce que j'ai compris et de faire une synthèse sur les différents Lefévre spécialisés dans la clarinette en ce début du XIX.

Précisons tout d'abord que les trois Lefèvre que nous abordons dans cet article n'ont, à notre connaissance aucun lien de parenté

Portrait de Xavier Lefèvre (1763-1829) Source BNF

Le plus célèbre : Jean Xavier Lefèvre
, clarinettiste et compositeur français né le 6 mars 1763 à Crésier près de Lausanne en Suisse. Son père était originaire de Strasbourg sans doute musicien .militaire. Il étudie la clarinette avec Michel Yost (1754-1786).

En 1789 il est chef de musique dans la garde nationale et clarinette solo à l'opéra de Paris (1791-1817). Professeur de clarinette au conservatoire de musique de Paris à partir du 3 août 1795, il exercera jusqu'en 1824.

Il adopte la sixième clé de Sol dièse,  assez rapidement  qu'il décrit dans sa célèbre méthode publiée en 1802.
Extrait de la méthode de clarinette de X. Lefèvre.

Jeu de clarinette Sib/La à 5 clés et clé de Sol dièse rajoutée (flèches) de Roché à Paris.
Typique de la période de Xavier Lefèvre.
(Collection Shackleton)
Clarinette solo à la Chapelle impériale puis royale de 1807 à 1829, il sera fait chevalier de la légion d'honneur en 1814. Il est décédé le 9 novembre 1829 (66 ans) à Neuilly sur Seine.



Evoquons le second : Simon Lefèvre (1789-1855)  notre célèbre facteur de clarinettes parisien.













Tout part comme d'habitude d'une affirmation fausse.....mais qui est écrite dans un document de référence, en l'occurrence celui de Constant PIERRE édité vers 1893 et jamais remis en question sur ce point, répété  et répété sans se poser de question , d'ouvrages en articles.
Constant PIERRE page 306 de "les facteurs d'instruments de musique"
Notre propos n'est surtout pas de critiquer cet ouvrage  qui est, effectivement une référence et que nous utilisons comme tout le monde mais simplement de montrer que chaque référence  doit  d'être contrôlée et  remise en cause régulièrement, surtout à notre époque où nous disposons d'outils de plus en plus efficaces pour faire des recherches. 
Mais revenons à notre facteur, oui Jean Jacques Bona vous avez raison de terminer votre article par cette conclusion : " "Voici une recherche sur  Mrs. Lefèvre père et fils et leurs successeurs, Pierre Constant écrivait que François Lefèvre père "mourut en 1856". Dans les notes qui suivent, nous avons des références parlant vraisemblablement d'un seul homme, des origines du fond à sa cession, Simon Lefèvre père et rien qui mentionne François hormis entre autres, la marque de fabrique".

Pour notre part nous avions la même impression que Jean Jacques, sans trouver de trace d'un quelconque François Lefévre, mais quand il y avait un prénom,  nous trouvions systématiquement "Simon" comme par exemple dans le brevet  qu'il obtient en 1834 pour sa flûte :
Brevet de 1834 (source Inpi)
Alors sans doute un fils "Simon" ? Mais là aussi dans le deuxième brevet de 1846 qu'il obtient pour une clarinette à anneaux : "Simon devient père "
Brevet de 1846 (source Inpi)



Il est vrai que faire de la généalogie sur Paris avec un nom comme Lefèvre ce n'est "pas de la tarte" car comme vous le savez, la commune de Paris de 1870 a incendié l'hôtel de ville détruisant la totalité des archives avant cette année et qu'il y plus d'archives de l'état civil ni de fonds paroissiaux, pour toute la ville de Paris : " Vive la révolution ".  Donc des personnes de bonne volonté depuis plus d'une centaine d'années reconstituent patiemment ces archives en relevant sur des fiches papier et maintenant dans des bases comme Généanet où Filae notre histoire parisienne à partir d'autres sources comme les archives notariales, les archives militaires etc.... pour que nous "sachions qui est Simon Lefèvre". 
Cela peut paraître superficiel et sans intérêt....mais j'aimerai remercier toutes ces personnes qui nous " reconstruisent" notre histoire et plus particulièrement une personne qui oeuvre toutes les nuits dans la base "Généanet" et qui a pris le pseudo "insomniaque" (sic) et qui patiemment  relève plus de 2000 noms par nuit.....
Grâce à ce travail j'ai trouvé une piste : 
Fiche reconstituée de l'état civil de Paris. 



































Il s'agit d'une fiche du mariage de Simon Lefévre, fabricant d'instruments de musique au 221 rue Saint Honoré et fils de Simon Lefèvre et de Félicité Rosalie Rethaller......du 13 mai 1837. (Bingo)
En "tirant le fil" sur Paris....pas plus d'infos..... mais j'utilise depuis un mois un nouvel outil : Filae, mis à disposition des généalogistes, assez extraordinaire et que je vous recommande même si les généalogistes n'apprécient pas trop.....parce que un peu border line au niveau principe et qu'il est payant, mais moins cher que NETFLIX et vous voyez qu'au niveau suspense il est assez efficace. Et boum Filae nous conduit à Rouen où les révolutionnaires n'ont pas, encore détruit les archives.
Simon Lefèvre père et fils.
Simon Lefèvre père est né le 12 octobre 1789 à Montreuil en Eure et Loir, à 13 kms d'Anet. Son père, Jean Lefèvre (1748-1830) était bûcheron dans cette commune de Montreuil dans laquelle il était né également. Pour l'instant nous n'avons pas trouvé de relation familiale avec Louis Jacques Lefèvre (1795-1866) :  facteur à Nantes né à Anet.
Simon a dû être formé au métier de tourneur et de facteur d'instruments de musique dans un atelier proche de la Couture. En 1811,  installé à Rouen comme facteur d'instruments de musique, au n°83 rue Grandpont. Il épousa le 25 février de la même année à Rouen  Félicitée Rosalie Rethaller (1791- ?) la fille de Mathias Rethaller (1750-1826) ancien musicien des gardes du corps de Louis XVI et musicien au théâtre français de Rouen. Lui et son frère Joseph Rethaller (1757- ?) clarinettiste, originaires de Bavière avaient eu quelques problèmes pendant la révolution :

Tribunal révolutionnaire : "  A essayé de fuir à l'étranger avec sa femme et ses deux enfants :  Clarinettiste de grand niveau et ancien musicien aux gardes du corps de Louis XVI, obligé comme tant d'autres de fuir Paris. Marié et père de famille, il avait été très heureux de se faire attacher au Théâtre de Rouen afin de subvenir aux besoins des siens. Il ne pourra passer à travers des jours funestes sans encombre et fut pour un temps emprisonné avec sa femme et ses deux enfants, un garçon âgé de 7 ans qui devint plus tard directeur du théâtre Français de Rouen et une fille de six ans, son frère Mathias et son épouse.
Leurs détention fut de courte durée".
Gallica - BNF - Internet - (Autre).
Signature S. Lefèvre 1811
Signature S. Lefévre 1834

Signature S. Lefèvre 1846

Je ne suis pas graphologue, mais cela donne une information concernant une seule et même personne. A son mariage à Rouen, le couple était entouré de musiciens : Le père Mathias (Mathieu) Rethaller , l'oncle Joseph Rethaller clarinettiste imminent .....mais aussi Nicolas Girout, 40 ans, artiste demeurant 75 rue Grandpont, Jean Baptiste Christophe 53 ans, artiste lui aussi demeurant au 41 rue Grandpont. Alors Simon Lefèvre était-il musicien ? Gagistes  pour l'armée....nous n'en savons rien pour l'instant.


Une clarinette existe au " Royal Conservatoire of Scotland " portant la marque " Lefèvre FRS / A Rouen " (voir ci-dessus) .... Si l'instrument peut correspondre à ces années 1810 la marque "FRS" interroge de nouveau sur le prénom ? Malheureusement comme nous n'avons pas d'image de cette marque....il est difficile d'apporter une réponse. (à suivre)

Son fils Simon Lefèvre naît à Rouen le 4 janvier 1812 (à vérifier)....et là nous ne trouvons plus rien sur la famille à Rouen (il reste à faire quelques recherches à Rouen après le confinement). 
C. Pierre nous dit " François Lefèvre qui fit partie de la musique du roi, ouvrit son atelier en 1812 ..." Comme nous l'avons vu dans l'article de Jean Jacques Bona que nous avons vérifié sur toutes les sources....Jamais le prénom de François n'est cité. Concernant son activité de musicien du roi. là aussi nous émettons des doutes sur cette affirmation même si Simon Lefèvre aurait pu être musicien à Rouen ? Comme son beau-père et son oncle  par alliance, Mathias et Joseph Rethaller qui eux ont bien été musiciens "des gardes du corps du roi Louis XVI" avant leur arrivée à Rouen. Simon Lefèvre né en 1789....était trop jeune pour être dans cette garde du roi avant la révolution.....alors après l'empire, mais le règne de Louis XVIII commence en 1815 ? De plus dès son apparition dans le Bottin de Paris en 1819 (peut être plus tôt mais le Bottin de Paris de 1814 à 1816 et 1818 n'est pas disponible sur internet) son annonce mentionne " Lefèvre, facteur de la musique particulière du Roi pour flûtes et clarinettes. 83 Palais Royal. Maison Very restaurateur". 


"N° 83 : Le Café Véry Installé au Palais-Royal en 1808 dans la Galerie Beaujolais n°84 à 85, le Véry est le premier restaurant parisien à prix fixe. Il a la réputation d’être le meilleur restaurant de Paris. Lucien de Rubempré y fait son premier déjeuner".
Il est étonnant d'ailleurs de constater qu'à peine arrivé à Paris, il peut ouvrir une boutique au Palais-Royal, à coté des Claude Laurent, Jean Daniel Holtzapffel etc.....et affirmer dans ses publicités " facteur de la musique particulière du Roi. Son beau-père et son oncle, sans doutes royalistes devaient avoir encore un réseau influent dans la capitale. A-t-il volontairement joué sur son nom "Lefèvre" pour entretenir une confusion avec le professeur  de clarinette du conservatoire  : Rappelons que Xavier Lefèvre était un des grands clarinettiste de l'époque et que l'une des clarinettes à 13 clés, conservée au Musée de la musique de ¨Paris, datant de 1824 provient d'une succession de ce grand clarinettiste. Donc ils se connaissaient et devaient collaborer (sans être de la même famille).

Clarinette Simon Lefèvre ayant
appartenue à Xavier Lefèvre.
Musée de la Musique.

Ses clarinettes sont toujours de grande qualité. Une des premières répertoriées appartient à la collection de Denis Watel. Elle porte une marque à la fleur de lys. C'est la seule connue avec cette marque et doit correspondre aux premières années d'installation de Simon Lefèvre, vers 1817 (Merci à lui de nous avoir transmis des photos).


Marque d'une clarinette de Simon Lefèvre 
à 5 clés plus 2. Vers1815.
Collection D. Watel

Cette période correspond à l'arrivée à Paris d'Iwan Müller (1786-1854) virtuose de la clarinette et inventeur d'un nouvel instrument à 13 clés, qu'il propose en 1812, à une commission du conservatoire dont fait partie Xavier Lefèvre. Cette clarinette outre son nombre de clés, était omnitonique et comportait de nombreuses améliorations, nouveau système de clétage, nouveaux ressorts, clés en pelle à sel pour pouvoir accueillir de nouveaux tampons etc....Malgré toutes ses innovations ce nouvel instrument ne fut pas accepté par la commission et rejeté par Xavier Lefèvre. Mais petit à petit de nouveaux  partisans l' adoptèrent surtout après le départ en retraite du célèbre professeur du conservatoire. Iwan Müller avait confié la fabrication de ses clarinettes à un jeune ouvrier tourneur Claude  Gentellet ( ? - 1848) 
Extrait du rapport de Mr Francoeur au comité des arts mécaniques.
1822




















Claude François Gentellet (? - 1848) fut donc le premier à construire en France, des clarinettes à 13 clés système Müller......mais selon le modèle décrit dans la Méthode Müller parue chez Gambaro éditée vers 1821, c'est à dire dans le style Allemand.

Méthode Müller
vers 1821
Clarinette Gentellet
datée 1825.
Col. D. Watel
Photo D. Watel




















Selon certains auteurs, Iwan Müller aurait fait faillite  et serait reparti en Russie, puis en Allemagne où il retrouva du travail à Berlin en 1825. Néanmoins sa clarinette continuait à s'implanter à Paris et en France, grace à Gentellet.......

Annonce de 1820.

.....Mais également à César Antoine Janssen  (1781-1860), clarinettiste à l'opéra comique, inventeur en 1814 des rouleaux sur les clés d'instruments et qui décida vers 1822 de les adapter à la nouvelle clarinette en confiant le travail à Simon Lefèvre et Claude Guignot, clétier spécialiste de clés de clarinettes.
Paraîtra dans le prochain numéro 65 du Larigot un article sur l'atelier de Claude Guignot (,-1826), qui abordera la clarinette à 13 clés. Le nouvel atelier de Simon Lefèvre produira (avec l'aide de Claude Guignot) dès 1822 la clarinette standard à 13 clés, puis à 14 clés reprise également par d'autres facteurs. 
13 clés Lefèvre
Coll. Orphée
14 clés Lefèvre
Coll. RP


























A noter que dans toutes les marques Léfèvre utilisées par l'atelier de Simon Lefèvre père, le nom Lefêvre sera toujours écrit avec un accent circonflexe, alors que dans le Bottin et dans les documents d'état-civil, il comportera toujours un accent grave. (voir ci-dessus)
Il reçoit une mention pour ses clarinettes "parfaitement exécutées" en 1827 et le jury de l'exposition de 1834 confirme cette récompense, constatant  que ses instruments étaient très estimés des artistes.
Vers 1827 il déménage : " Lefèvre, facteur de la musique particulière du Roi pour flûtes et clarinettes, M.H. 1823, rue Saint Honoré, 221".
Il obtient le 30 mars 1835 un brevet de 5 ans pour "Des perfectionnements apportés à la flûte, qu'il nomme flûte Lefèvre".

Flûte Lefèvre. Brevet 1835. Source INPI.

















Cette même année, Simon Lefèvre père se remarie le 17 octobre avec Louise Justine Godard (1790-1875). Deux ans plus tard, le 13 mars 1837 à Paris, c'est au tour du Fils : Simon Lefèvre fils d'épouser Marie Pauline Gueudet la fille d'un bijoutier parisien. Jusqu'à son mariage Simon Lefèvre fils devait travailler avec son père qui a du le former au métier de fabricant d'instruments de musique, car son adresse en 1837 est l'adresse paternel : 221 rue Saint Honoré. Mais visiblement le père (50 ans) n'avait pas envi de céder son affaire à son fils immédiatement ; aussi le fils décida de prendre son indépendance et de s'installer vers 1839 au 213 rue Saint Honoré puis à partir de 1842 au 211 : "Lefèvre Fils 211 rue Saint Honoré, produisant comme son père clarinettes et flûtes.


Flûte 5 clés de Lefèvre Fils. (Coll. Thicam)
Marque d'une clarinette Lefèvre Fils.

On remarquera l'accent grave sur le nom de Lefèvre et surtout les initiales "LF" cursives. J'ai personnellement tout de suite vue dans ces deux lettres " Lefèvre Fils "....mais chose bizarre, il y a dans certaines marques "Lefêvre" en plus des deux étoiles à 5 branches et parfois du " Breveté", les mêmes initiales : L.F. et pourtant ces marques sont celles du père et non du fils.....ce qui faisait dire qu'il s'agissait du fameux "François...l'introuvable semeur de doute". En fait je pense que l'explication est assez simple  : LeFêvre.
Marque du père à la période d'exercice
du fils (1839-1842)

Nous avons vu précédemment que Simon Lefèvre fils avait épousé en 1837 la fille d'un bijoutier : ce bijoutier Louis François Joseph Gueudet (1782-1863) exerçait 221 rue Saint Honoré, c'est à dire à la même adresse que les Lefèvre. Lefèvre fils avait donc épousé sa voisine.

Dictionnaire des Poinçons d'argent parisiens.
Les 5 clés de la flûte Lefèvre fils, de la collection Thicam que nous présentons ci-dessus, portent des poinçons d'argent : Poinçon sanglier et poinçon de fabricant que nous n'avions pas encore répertorié " SL triple croche pointée" attribué à Simon Lefèvre  ? insculpé le 1 septembre 1843.


















Il n'y a pas de doute, il s'agit bien de notre Simon Lefèvre fils, qui n'apparaît plus dans le Bottin à la rubrique "instruments a vent en bois" à partir de 1844 mais qui a repris l'activité de son beau-père, c'est à dire bijoutier, installé au 15 rue Pierre Lescot dans une boutique cédée par Louis Rochat horloger. Pour l'anecdote le petit fils de Joseph Gueudet (bijoutier) était Ernest Schaeffer (1854- ?) de "Evette et Schaeffer".
Quant à Simon Lefèvre père, il insculpe son poinçon la semaine suivante. Actuellement nous n'avons pas trouvé d'instruments portant ce poinçon.
A partir de 1843 apparaît dans le Bottin, une annonce étrange que nous n'avons pas réussi à interpréter : "Lefèvre père et Godefroy, facteurs d'instruments de l'Académie royale, font la fourniture de musique militaire et la commission. R 1827-34, Saint Honoré, 221". Cette annonce apparaîtra en 1844, 45, 46 puis en alternance une année sur deux jusqu'en 1854.
Est-ce un accord passé avec la société Clair Godfroy Ainé de Vincent Hypolite Godfroy et Louis Esprit Lot ? par exemple Lefèvre fournissant des clarinettes à cette célèbre maison spécialisée dans la flûte ? ou au contraire un accord passé avec les Godfroy de la Couture : contre-facteurs de la maison Godfroy de Paris ? Nous n'en savons rien actuellement. 
En tout cas à cette époque la concurrence était rude au niveau de la vente de clarinettes, avec les sociétés : Buffet Jeune, Buffet Crampon, Gentellet, Guerre....pour un Simon Lefèvre père vieillissant. 
Article sur la numérotation et datation des flûtes Godfroy.

Article Essai de datation des flûtes Godfroy.
Brevet 1845 (Source INPI)

Le 12 juin 1846, il obtient un brevet pour : une "Clarinette à système d'anneaux qui supprime les notes factices". 
Paul Alphonse Bié (1824-1893) était ouvrier chez Simon Lefèvre père au moins depuis 1844. C'est lui qui reprendra en 1855, avec Rustique Guillaume Noblet (1819-1858) ouvrier également chez Lefèvre, l'entreprise à la mort de Simon Lefèvre père.
Il épouse le 17 mai 1851 à Paris la nièce de Simon Lefévre, Justine Antoinette Godard (1824-1872), ceci explique en partie la reprise de la maison Lefèvre par Paul Bié le 16 mars 1855, associé à Rustique Noblet. Simon Lefèvre ne survivra pas longtemps à cette vente puisqu'il décède le 20 mars 1855. Mais est-ce lui qui a vendu la société ; son fils Simon Lefèvre est présent lors du décès au 27 rue Saint Honoré.

Si vous souhaitez consulter la généalogie de Simon Lefèvre
Source Généanet. Décès de Simon Lefèvre père.











Paul Bié ne restera pas associé très longtemps puisque Rustique Noblet décède à son tour le 22 février 1858 à Paris. Il utilisera pendant toute son activité la marque de Simon Lefèvre : "(E5b)/LEFEVRE A PARIS/(E5b) Breveté/LF en monogramme" et dans le Bottin son annonce était toujours associée à Lefèvre : "Bié et Lefèvre père" toujours suivi d'une seconde annonce : "Lefèvre père et Bié". 
Cela ne va pas faciliter la datation des instruments portant une marque " Lefèvre ". Par exemple cette magnifique flûte cylindrique de l'ancienne collection de Michael Lynn qui la situe vers 1870 et qui pourrait, à notre avis sortir d'un atelier prestigieux comme Godfroy aîné ? 
(photos copyright M. Lynn)
Ou cette autre flûte toujours de l'ancienne collection de Michael Lynn, dont les clés sont poinçonnées du Crabe de la Couture et d'un poinçon"H V" qui pourrait être celui de Hilaire Vacquelin

Poinçon de Hilaire Vacquelin à la Couture ?
Si vous avez des commentaires, sur ces deux flûtes, ils sont les bienvenus. Toujours pour l'anecdote , Paul Bié avait fait biffé le poinçon de Simon Lefèvre en 1866 (11 ans après sa mort) pour insculpé le sien qui était identique au précédent à l'exception des initiales, poinçon biffé en 1890 par André Thibouville, repreneur de Bié Lefèvre qui bien sûr le remplace par le sien. Nous n'avons trouvé aucun instrument portant ces poinçons .....mais l'espoir fait vivre.
Poinçon de Paul Bie
Insc. 1866 et Biffé 1890
Poinçon d'A. Thibouville
Insc. 1890














En 1862 il obtint avec Antonio Romero, originaire de Madrid, un brevet de 15 ans pour : "un système applicable aux clarinettes à 13 clés et aux clarinettes Boehm". A l'exposition de Paris de 1867, il reçut une médaille de bronze pour ses clarinettes et ses flûtes. Installé depuis 1857 au 23 rue de Rambuteau à Paris, il déménagea en 1873 au 3 bis Pourtour du Théâtre  Grenelle, Paris. Cette installation avait dû lui poser quelques problèmes puisque dans le Bottin il indiquait le numéro des trois omnibus parisiens qui  permettaient de joindre son commerce. En 1886, il céda son affaire à André THIBOUVILLE (1831- ?) qui continuera à exploiter la marque Lefèvre.
Clarinette Systéme Romero.
Si vous souhaitez consulter la généalogie de Paul Bié
André Thibouville passa très vite les rênes à ses deux fils Henry Thibouville et Désiré Thibouville (1861-1942), qui resta seul à partir de 1902. La raison sociale de l'entreprise devenant Thibouville Creutzer, du nom de son épouse et continua d'exploiter la marque Lefèvre.


Lefèvre de Nantes : Louis Jacques Lefèvre (1795-1866)

Dernier Lefèvre de notre saga, ce luthier est né à Anet le 4 août 1795. Était-il parent avec Simon Lefèvre père, né en 1789  à Montreuil (13 kms d'Anet), nous ne pouvons le dire aujourd'hui mais il y a de forte chance qu'ils ce soient cotoyés.  
Il avait épousé le 31 janvier 1816 à Saussay (2.5 kms d'Anet) Félicité Bonnin (1795-1833) et devait travailler comme Simon Lefèvre dans un atelier voisin d'Anet où il se forma. Vers 1818 il arriva à Paris où il travailla chez Clair II Godfroy Aîné (à cette date il n'y avait que lui comme Godfroy installé à Paris) où il devait faire des clarinettes. Deux clarinettes de la collection N. Shackleton pourraient correspondre à cette période d'activité chez Godfroy (c.1818 à 1827). 
Clarinette à 13 clés vers 1820
(Coll. Shackleton)
Cette clarinette à 13 clés est très intéressante car elle correspond à une période bien précise c.1818 à 1824, montrant que cette clarinette d'Iwan Müller n'était pas le monopole de Gentellet et Simon Lefèvre.
Clarinette 13 clés de Clair II Godfroy Aîné
N°1644  et datable 1827-1828
(Coll. N. Shackleton)
Cette deuxième clarinette est aussi très intéressante, tout d'abord parce qu'elle est numérotée, montrant que Clair II Godfroy numérotait ses clarinettes dans la même numérotation que ses flûtes, ce qui permet de la dater de 1827-1828 (Voir notre blog sur ce sujet avec le lien au début de cet article). C'est une 13 clés dans le modèle de Simon Lefèvre qui montre que ce facteur avait imposé sa façon de fabriquer la clarinette Müller.

Louis Jacques Lefèvre avait quitté la capital en 1828, pour s'installer à Nantes, rue Clisson :
Journal de Nantes. Breton (Le) 31/07/1828 et 05/08/1828: (Source Jean Jacques Bona)
Avis et demande- Musique instrumentale- LEFEVRE arrivant de Paris, élève de Godefroy, facteur d'instruments à vent, fait généralement tout ce qui concerne son état: flûtes clarinettes, bassons, hautbois, cor anglais ou voix humaines et flageolet. Il se charge des réparations de tous les vieux instruments ci-dessus détaillés et même de les rajuster. Il a l'honneur de prévenir MM. les artistes et amateurs de musique, qui voudront bien l'honorer de leur confiance, qu'il vient de former son établissement, rue Clisson, n° 1.er à Nantes.
Il prévient aussi MM. les négociants et commissionnaires, qui auraient des demandes à fournir dans les marchandises relatives à sa partie, qu'ils peuvent s'adresser chez lui, il leur fournira tout ce dont ils ont besoin en le prévenant d'avance, le tout à un prix très- modéré.
Les personnes qui désireraient mettre son savoir à l'épreuve, lui feront grand plaisir en lui remettant un instrument injouable, par rapport à la dissonance des sons, il le rendra aussi parfait qu'un des meilleurs instruments sortis de l'atelier du meilleur facteur de la capitale: il excepte dans la garantie du rajustement, le basson  seulement comme étant l'instrument auquel il est le moins rattaché pour cette épreuve.
Il donne aussi des leçons de hautbois et cor anglais d'après la méthode de M. Brod.
Clarinette à 13 clés de Louis Lefèvre à Nantes vers 1830.
Coll. Thicam.
Sa femme décède le 18 août 1833 en mettant au monde leur fils Pierre. A l'exposition de 1839 il reçoit la mention honorable pour un bec adaptable à quatre clarinettes de tonalités différentes (Mib, Ut, La, Sib).
Il se remarie à Nantes le 14 novembre 1848 avec Céleste Bouhier (1812-1877). Le 20 septembre 1853 il obtient un brevet de 15 ans pour : un "Système d'arrangement de clefs pour clarinettes et instruments à vent en bois". 
Brevet Lefèvre 1853. (Source Inpi)
Il se retire vers 1856 et décéde à Angers le 11 6 1866.