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Si je connaissais le nom de "DARCHE" comme celui de luthiers de Bruxelles bien connus grâce aux travaux de Malou HAINE, en revanche je n'arrivais pas à voir la relation avec de nombreux instruments à vent portant une marque de "Darche à Paris". Bien sur de nombreux articles mentionnaient l'intérêt de Claude François DARCHE, luthier à Bruxelles, pour " la facture de trompettes"........Ah oui ?.....Et puis en rédigeant l'article sur les trompettes du retour des cendres de Napoléon portant la marque de "Darche à Paris fournisseur des théâtres et des concerts".... je me suis décidé à faire mon enquête. Pour voir l'article cliquez sur ce lien. Cette famille de luthiers, de facteurs d’instruments et de marchands de musique originaire de Mirecourt est l'un des bons exemples montrant le rayonnement de cette petite ville des Vosges, creuset de cette tradition artisanale qui a permis à tant d'enfants de cultivateurs vosgiens de réussir dans le domaine de la facture instrumentale et de devenir de "grands bourgeois". L'exemple de cette famille montrera qu'il est tout à fait réducteur de cantonner Mirecourt à la seule lutherie.
Mirecourt la rue principale vers 1900.
Généalogie Darche. (Cliquez sur le document pour l'agrandir et le lire)
Tout commence par Jacques DARCHE (1726-1789) vigneron à Mirecourt qui aura avec son épouse Françoise HUSSARD (1730-1783), au moins deux fils : Dominique DARCHE (1750-1816) et Noël DARCHE (1764-1814) qui seront à l’origine de cette lignée de luthiers et facteurs d’instruments.
Branche de Dominique DARCHE, des luthiers bruxellois.
(Informations provenant du dictionnaire des facteurs de musique de Malou HAINE)
Vigneron, Dominique DARCHE a épousé en 1779 à Rainville dans les Vosges, Geneviève FONTAINE (1757- 1814) dont il a eu plusieurs enfants dont Nicolas DARCHE (1771-1850) vigneron et luthier à Mattaincourt qui se mariera trois fois et auras de ces trois mariages au moins quatorze enfants. Nicolas DARCHE de son second mariage en 1810 à Mirecourt avec Françoise VUILLAUME (1776-1820) aura quatre enfants dont Noé DARCHE dit Nicolas qui sera luthier à Aix la Chapelle en Allemagne. Françoise VUILLAUME était la sœur de Claude Françoise VUILLAUME (1772-1834), père des ceux célèbres luthiers, Nicolas François et Jean Baptiste.
Nicolas François VUILLAUME (1802-1876)
luthier à Bruxelles.
Malou HAINE dans son dictionnaire des facteurs d’instruments de musique en Belgique signale la naissance de Nicolas DARCHE fils en 1815. Effectivement il y a bien un fils Nicolas Claude né le 2 mars 1815 à Mattaincourt né du couple N. DARCHE et F. VUILLAUME mais celui-ci ne vivra que 7 jours.
Marque de N. DARCHE.
En fait Noé dit Nicolas DARCHEest né à Mattaincourt le 18 novembre 1811 et débutât son apprentissage de luthier à Mirecourt avant de partir vers 1835, à Bruxelles chez son cousin NicolasFrançois VUILLAUME (1802-1876) (frère du célèbre Jean Baptiste VUILLAUME(1798-1875) pour continuer son apprentissage. En 1840 il s’installa comme luthier à Aix la Chapelle où il restera jusqu’à sa mort en 1872. Il participa en 1842 à l’exposition de Frankfort.
Violon de Nicolas DARCHE à Aix la Chapelle de 1841.
Pour son troisième mariage Nicolas DARCHE, vigneron et luthier à Mirecourt, épousa en 1821 à Mazirot (88) Agathe ETIENNE (1789-1852) avec laquelle il aura 7 enfants dont : Charles Claude François DARCHE (1824-1874). Comme ses frères il se forme d’abord à Mirecourt, puis chez André Augustin CHEVRIER luthier à Bruxelles et ensuite chez son cousin Nicolas François VUILLAUME, chez qui il travaille avant de s’installer et de créer son propre atelier en 1845 à Bruxelles.
Étiquette de Charles Claude François DARCHE (CCFD)
Il reprend en 1847 l’atelier de Jean Dominique BASTIENau 4 rue d’Or à Bruxelles et en 1849 il s’établit dans les galeries Saint Hubert, au 4 passage des Princes. En 1854 il s’associe avec son frère Jacques Joseph DARCHE sous la raison sociale : « Darche frères ». Cette association cessera à la mort de Jacques Joseph en 1867. Il travaille jusqu’à sa mort à Bruxelles en 1874. Sa marque C.C.F.D. sera utilisée par son neveu après sa mort. François Darche était un luthier de qualité qui reçut des prix aux expositions de Londres et de Paris.
Violon de C.C.F. DARCHE. (Musée de Bruxelles)
Violon expérimental de C.C.F. DARCHE (Musée de Bruxelles)
Son fils Paul DARCHE(1846-1881) succéda à son père. Il avait fait son apprentissage d’abord à Mirecourt puis chez son père. Il est difficile de différencier son travail de celui de son père. Jacques Joseph DARCHE (1832-1867) est le frère de Charles Claude François Darche et le demi –frère de Nicolas DARCHE. Comme ses frères il fit son apprentissage à Mirecourt, puis chez Nicolas François VUILLAUME. En 1854 il s’associe à son frère Claude François pour créer la Maison "DARCHE Frères".
Violon de DARCHE Frères.
Excellent luthier, sa mort prématurée à 34 ans ne lui permit pas de connaitre la notoriété. Son fils Auguste Hilaire DARCHE né à Bruxelles en 1862, fait son apprentissage à Mirecourt chez Gaillard et chez Nicolas Aîné. Il travaille sans doute avec son cousin Paul DARCHE avant de s’installer en 1886 à son compte 20 rue de la montagne où en plus de la lutherie il vend des pianos, harmoniums, orgues et accordéons. Il s’associe en 1894 avec son frère Joseph DARCHE pour recréer la Maison "Darche Frères". En 1900 Hilaire Darche pose sa candidature, sous le nom de « C.F. Darche » au titre de luthier du conservatoire royal de Bruxelles.
Les deux frères fondent le « Prix Darche Frères » qui récompense alternativement les meilleurs élèves des classes de piano et de violon du conservatoire de musique de Bruxelles.
Viola d'amore d'Hilaire DARCHE de 1913
Darche Frères n’existe plus après 1905. Hilaire Darche cesse ses activités en 1915 et son atelier est repris par son gendre Auguste LAGARENNE(1889-1928) luthier né à Mirecourt, formé chez Derazey à Mirecourt, collaborateur d'Hilaire avant de devenir son gendre. Hilaire Darche décède le 24 avril 1929 à Ixelles. Son frère Joseph DARCHE est né à Bruxelles en 1863. Il sera facteur et marchand de pianos, en particulier de pianos mécaniques. En 1894 il s’associe avec son frère Hilaire pour recréer la Maison Darche Frères. Il s’occupait, en plus de la facture de pianos, de la partie commerciale de la société.
Il est décédé en 1949 à Bruxelles. (Source : Malou Haine ; dictionnaire des facteurs de musique).
Nous venons d'évoquer la branche issue de Dominique Darche, comportant des luthiers installés à Bruxelles et à Aix la Chapelle. Nous allons maintenant évoquer la branche parisienne issue de Noël Darche. Il ne semble pas avoir eu, d'activités commerciales entre ces deux branches.
Branche de Noël DARCHE, des marchands et facteurs parisiens.
Noël DARCHE est né le 24 décembre 1764 à Florémont dans les Vosges et sera vigneron. Il épouse en 1791 Elisabeth FLORENTIN (1764-1804), mariage duquel naîtrons au moins deux enfants. Anne Marie Joséphine DARCHE (1791-1844) qui épousera le luthier de Mirecourt Dominique HENRY (1791-1860) ; ce couple aura 11 enfants, dontEugène Léopold HENRY(1819-1885), qui reprendra la Maison Darche à Paris. Claude DARCHE (1795-1830) qui sera luthier à Mirecourt et qui épousera Rose CHEVRIER (1794- ?), sœur de Claude CHEVRIER (1798-1878) luthier à Mirecourt. Noël DARCHE épousera en secondes noces en 1806 Marguerite Boulanger (1770-1851) et ils auront un fils Jean Nicolas DARCHE qui naît à Mirecourt le 12 décembre 1806.
C’est lui qui créa la Maison DARCHE à Paris.
Si on connait bien, les luthiers bruxellois de la famille Darche grâce au travail de Malou Haine, cette branche parisienne prête à confusions dans les différents ouvrages traitant de l’activité de la Maison Darche à Paris.
Signature de Jean Nicolas DARCHE (1806-1878)
Jean Nicolas Darche arrive à Paris vers 1825 et travaille avec ClaudeHippolyte COLLIN (1766-1831) luthier et marchand d’instruments de musique à Paris. La première mention de ce luthier dans les annuaires parisiens est en 1799 : « COLLIN luthier rue des Fossés Montmartre 341 ».
Guitare à 8 cordes, vers 1795 faite et modifiée en 1811 par Hippolyte Collin. (Collection Sinier de Ridder)
Étiquette de la guitare précédente.
Dans notre ancien article sur Darche, nous disions que ce facteur "faisait polémique parmi les spécialistes de lutherie.Selon certains il serait né à Mirecourt vers 1785 ? Mais nous ne l'avons pas trouvé dans les archives des Vosges. D'autres donnent sa date de naissance le 13 août 1766 à Suippes dans la Marne". En fait aujourd'hui, grace au travail de Thierry MANIGUET, conservateur au Musée de la Musique de Paris, ce mystére est résolu.
Claude Hippolyte COLLIN est né à Suippes le 13 août 1766 et décédé à Paris le 18 juin 1831. Nous avons également trouvé un inventaire aprés décés et nous ferons prochainement un article spécifique sur ce luthier et son fils Jean Baptiste HippolyteCOLLIN(1797-1879). Un grand merci à Thierry pour son travail.
Autre énigme relevée dans notre précédent article
"Une autre zone d’ombre, c’est le mariage de Jean Nicolas DARCHE avec la fille d’Hippolyte COLLIN (voir l’annonce de l’annuaire Bottin à partir de 1836 « Darche gendre et successeur deCollin ». Mais Jean Nicolas Darche épouse le 23 janvier 1836 à Paris Alexandrine Elisa KAINDLER(1819-1836) qui décédera le 9 novembre 1836 à Paris à 17 ans". En fait la fille d'Hippolyte COLLIN, était plutot la belle fille de Jean Baptiste Hippolyte COLLIN (le fils) : Alexandrine Elisa KAINDLER (1819-1836), fille de Joséphine Marthe LEFORT (1799-1879), épouse du dit J.B.H. COLLIN....(vous suivez ???), fille d'un premier mariage avec le sieur Mayeul KAINDLER. (ouf.....avez vous compris, non alors recommencez). (Source Thierry Maniguet) Il se marrie pour la troisième fois le 3 juin 1837 à Notre Dame des Victoires à Paris avec Suzanne Augustine FISCHER (1816-1887) ; ils auront ensemble au moins une fille Marie Catherine DARCHE née en 1838. (Source Bernard Tournier)
Almanach des spectacles 1837-1838
Jean Nicolas DARCHE fait feu de tout bois, ses annonces publicitaires montrent qu'il peut fournir tous types d'instruments "...en cuivre fournit la musique militaire", "En lutherie : fournisseur des Théâtres et des concerts", "..Tam-tams et Cymbales turques", associés à GRANJON il fournit des "orgues d'églises et d'accompagnement". (Il s'agit sans doute d'un membre de la famille Granjon, famille de Luthiers à Mirecourt). En 1839, Darche et Granjon présente à l'exposition de Paris : "....des orgues d'églises et un clavier transpositeur..."
Quinticlave Darche. (Collection Bruno Kampmann)
En 1840 il réalise en collaboration avec le trompettiste Schiltz les trompettes droites naturelles utilisées lors du retour des cendres de Napoléon.
Trompettes retour des cendres. (Vente Fontainebleau 2014)
En 1841 il propose une de ses inventions : des flageolets à clavier.
En 1843 il obtient le 24 décembre, un brevet de cinq ans pour « une nouvelle grosse caisse et caisse claire » pouvant servir de timbales d’harmonies.
Shéma du brevet de 1843.
En 1844 il est présent à l’exposition de Paris et présente des orgues d’églises, des timbales et des grosses caisses. Il signe en 1845 une lettre adressée au ministère de la guerre pour protester contre l’hégémonie de Sax. Il obtient un nouveau brevet le 6 octobre 1846 pour « un clavier transpositeur à pistons applicable à tous les instruments à clavier ».
Shéma du clavier transpositeur ouvert.
Shéma du clavier transpositeur fermé.
Il vendait également des pianos et des instruments à vent ; étaient-ils fabriqués à Mirecourt ? Les pianos pouvaient être fabriqués par Rémy-Genin à Mirecourt ?
Clarinette basse de Darche.
(Musée de la musique de Stockholm.
De nouveau il obtient un brevet en janvier 1848 pour l’invention « d'un instrument dit trompette signal propre à faire des signaux sur mer et sur les chemins de fer »….c’est à dire il invente la corne de brume !!!
Shéma de la trompette signal de 1848.
A l’exposition de 1849 à Paris il obtient une médaille d’honneur pour des trompettes et des trompettes chromatiques.
Cornet à 3 pistons. (Musée de la musique de Paris)
Marque d’une clarinette 6 clés. (Collection de William Rousselet)
Marque d’une clarinette 12 clés (Collection William Rousselet)
En 1855 au moment où il passe "le relais" à son neveu Eugéne Léopold HENRY (1819-1872), associé à Jules David MARTIN (1826-1874), ils passent un accord avec Adolphe SAX le premier janvier pour fabriquer des saxhorns et des saxotrombas sous licence Sax. Ils seront les premiers à obtenir une licence.
Clarinette 14 clès. (William Petit)
Clarinette 13 clès. (Ebay)
Jean Nicolas Darche décédera le 10 septembre 1885 à 78 ans à son domicile du 16iéme arrondissement de Paris, rue Raynouard. C’est donc son neveu Eugène Henry associé à Jules Martin qui vont lui succéder. Ils resteront jusqu’en 1859 au 7 rue des Fossés Montmartre, avant de s’installer au 73 rue de Rivoli.
Cornet à 3 pistons de Henry et Martin.
Jules David MARTIN (1826-1874) n’était pas, comme on l’affirme souvent, le neveu de Jean Nicolas DARCHE. Il était le fils de David Alexandre MARTIN (1801-1874) concierge de l’hôtel de ville de Paris.
Portrait de Jules David Martin. (Source site de Bernard Tournier)
Il avait épousé en 1849 à Brest la fille d’un professeur de musique, Jeanne MERCKEL(1829-1900) avec qui il aura huit enfants. En fait s’ils étaient associés c’est qu’ils avaient inventé ensemble un système à cylindre adaptable à tous types de pianos, pouvant jouer automatiquement. Ils avaient obtenu le 11 décembre 1854 un brevet de 15 ans.
Schéma du brevet de 1854. (Cliquez pour agrandir)
Synthèse exposition de Paris 1855
Clarinette E. Henry & J. Martin. (Collection W. Rousselet)
Ils participent à l’exposition de Londres de 1862 et en 1865 Eugène Henry quitte l’entreprise alors que Jules Martin continue à diriger l’entreprise. (Eugène Henry décédera le 18 août 1872 à Montrouge). « Jules MARTIN, plus artiste qu'entrepreneur, fut l'ami de nombreux musiciens,concourut brillamment lors de plusieurs expositions internationales (Londres, 1862; Paris, 1867 etc.). Toutefois à sa mort, survenue en 1874, l'entreprise fondée en 1780 par COLLIN à Paris, rue des Fossés-Montmartre, était criblée de dettes ».(Source Bernard Tournier)
Cornet à pistons Henry et Martin. (Vichy 12 2014)
« Son gendre,Joseph Alexis TOURNIER(1842-1920), entré en 1866 comme comptable dans l'entreprise, la reprise en octobre 1874, et la redressa en quelques années. Il en fit, d'après le musicologue Constant PIERRE, une maison dont une des spécialités était "la location d'instruments pour théâtres, concerts, soirées, etc. Toutes les variétés d'instruments se [trouvant] dans cette maison"("jusqu'aux bruits d'éperons" a commenté Joseph TOURNIER) ».
Joseph Alexis Tournier. (Source B. Tournier)
« Joseph TOURNIER mit d'ailleurs au point, en collaboration avec des compositeurs et chefs d'orchestres, un certain nombre d'instruments de bruitage. Par ailleurs, le Musée du Conservatoire de Paris possède une guitare ayant appartenu à Camille SAINT-SAENS et sortant de ses ateliers ».
Guitare J. Tournier du conservatoire de la musique.
« Sous la direction de J. Tournier, administrateur de premier ordre, travailleur inlassable, commerçant consciencieux et humain que de directeurs de théâtres et de chefs d'orchestres il a aidés et encouragés à leurs débuts, cette maison a pris une extension considérable et s'est fait une spécialité de la location d'instruments pour théâtres, concerts, soirées, etc. Toutes les variétés d'instruments, jusqu'aux bruits d'éperons» s'y trouvent en quantité innombrable: il n'y a pas moins de 300 contrebasses en magasin. Cette maison plus que centenaire continuera longtemps sous la même raison sociale car J. Tournier, père de sept enfants, les a tous faits musiciens et les a élevés dans l'idée (de les voir continuer les bonnes traditions qui ont fait sa réputation : Paul est facteur de pianos et accordeur, Henri est violoncelliste et luthier, Marcel est harpiste, 1er prix du Conservatoire (1899), Jean est cor, André hautbois, et ses deux aimables filles sont collaboratrices et caissières dans la maison; et tout ce monde joue du piano par-dessus le marché. J. Tournier est fournisseur de la Société des Concerts, de l'Opéra, des Concerts Colonne de la fondation à 1 809 ».
Jules Tournier avait épousé en 1870 Marie Julie MARTIN (1852-1939) ; ils ont eu 7 enfants :
Paul Jules TOURNIER(1871-1949) est né à Paris ; « il a travaillé 5 ans chez Jean Mussard comme ouvrier, dans toutes les parties du piano" d'après son père (1901). Domicilié à Paris, 17 rue Cavé en 1904 et 4 bd St Martin en 1921, il était associé de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER".
Henri Charles TOURNIER (1874-1948) : " Il avait travaillé la lutherie chez son père avec G.Fillion, luthier actuellement établi à Strasbourg" (note manuscrite de Joseph Alexis Tournier, 1901). Associé de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER", entreprise située à Paris 4 Bd St-Martin, puis 49 rue de Rome. Domicilié à Paris, 4 Bd Saint-Martin puis 9 bd Beaumarchais (en 1904), au Raincy, bd Thiers (en 1907), à Paris, 28 rue de Paradis (en 1921), à Barbizon "la Sauvagère". Violoncelliste, élève de Charles Baretti puis de Jules Victor Marnef (°Namur, 16.05.1874)".
Henri Charles Tournier dans son magasin 49 rue de Rome.
(Source B. Tournier)
De son mariage avec Hortense Peléeheid (1877-1954) il eut un fils Claude Joseph TOURNIER(1904-1992) qui« fut un des spécialistes éminents de la contrebasse, et son atelier situé à Paris 22 rue de Paradis, le plus connu de tous les contrebassistes du monde, avant la cessation définitive de ses activités en 1970 ».
Claude Joseph Tournier dans le magasin de son père. (Source B. Tournier)
Marcel Lucien TOURNIER (1879-1951) : « il s'oriente vers la harpe et fut l'élève d'Alphonse Hasselmans, il remporte le Premier prix de harpe en 1899. Il a étudié la composition avec Charles Marie Widor, Georges Caussade (contrepoint), Charles Lenepveu (harmonie) ; en 1909 il remporta le Grand Prix de Rome avec sa cantate "La Roussalka" puis l'Institut de France lui décerna le Prix Rossini pour sa musique de scène "Laure et Pétrarque". A la même époque, il est harpiste à la Société des Concerts Lamoureux puis à l'Opéra de Paris. Ces qualifications lui permirent d'être choisi par Gabriel Fauré, de préférence à Henriette Renié, pour succéder en 1912 à Alphonse Hasselmans comme professeur au Conservatoire national de Paris où il enseigna jusqu'en 1948".
Photo de Marcel Tournier. (Source B. Tournier)
ll avait épousé une harpisteRenée LENARS (1889-1971 qui sera Professeur de Harpe au C.N.S. de Paris.
Jean Adrien TOURNIER (1879-1951) « ancien élève du Conservatoire de Paris, élève de Jean Lazare Penable (°1856), de François Bremond (°1844) ; Corniste, 4 bd Saint-Martin (1909) ; Corniste à l'Opéra-Comique.sassocié de la Société "J.TOURNIER & fils" puis "Les fils de J.TOURNIER", entreprise située à Paris 4 Bd St-Martin, puis 49 rue de Rome.Habite à Paris, 30bis Bd Jourdan, en 1921A ». (Bernard Tournier)
André Georges TOURNIER(1886-1967) : 1886-1967) : hautboïste, élève de Fernand Gillet (conservatoire de Paris : 1905, 2nd accessit; 1906, 2è prix; 1908, 1er prix). Organiste à Sainte Elisabeth (Paris)?Habite à Paris, 10 rue des Saules, en 1921.
Toutes les informations sur la famille Tournier proviennent du site internet de Bernard Tournier , qu'il en soit remercié.
Notre ami Maurice VALLET, expert dans l'histoire de la Maison Buffet-Crampon, nous a fait le plaisir de nous confier une copie d'un article du journal "Le Travail" du 4 avril 1886, consacré à la carrière de Jean Pierre Gabriel GOUMAS. Nous allons essayé à travers cet article de reconstituer la vie de cet acteur déterminant dans le développement de cette grande maison.
"Jean Pierre Gabriel GOUMAS est né le 2 janvier 1827, au Mesnil-sur-l'Estrée (Eure). Il fut envoyé à l'école mutuelle de Dreux, la ville voisine, jusqu'à l'âge de 12 ans et demi. A cette époque, il revint apprendre le métier de charpentier chez son père, dans les ateliers duquel il fut contremaître".
La grand rue de Mesnil sur l'Estrée.
"Il quitta celui-ci pour entrer comme contremaître de charpente mécanique dans les fabriques de MM. Firmin Didot frères, à Sorel-Moussel (Eure et Loir). Il y resta depuis dix-neuf jusqu'à vingt-trois ans (1846-1851)".
Usine et papeterie de Firmin Didot à Sorel.
Le village de Sorel-Moussel a connu une intense activité industrielle avec les papeteries Firmin-Didot. Témoin de ce passé, un magnifique bâtiment de brique domine toujours la vallée de l’Eure. Issus d’une dynastie parisienne d’imprimeurs, Ambroise Firmin-Didot et son frère Hyacinthe implantent à Sorel-Moussel la papeterie familiale, créée par leur père Firmin dès 1811. Cette société avait racheté le Bottin.
"Pierre GOUMAS s'était marié avec Louise Clémentine LARUE (1830-1880) le 18 novembre 1848 à Sorel Moussel et ses appointements mensuels s'élevaient à la somme de 70 francs. Ce fut alors qu'un oncle de sa femme, fabricant d'instruments de musique à vent et à clefs eut l'idée de l'appeler auprès de lui pour voir s'il pourrait en faire un ouvrier capable de gagner un salaire qui lui permit d'élever plus facilement sa famille".
Pour voir la Généalogie de Pierre GOUMAS, cliquez sur le tableau ci-dessus.
En fait Marie Françoise BUFFET (1809-1832), mère de Louise Clémentine LARUE épouse GOUMAS, était la soeur de Jean Louis BUFFET CRAMPON (1813-1865) propriétaire de la maison du même nom.
"Ici se place une anecdote qui démontre que M. Buffet n'avait pas trop préjugé de l'adresse du jeune charpentier. Aussitôt que celui-ci fut arrivé, son oncle lui mit dans les mains une clarinette avec mission de l'incruster, en lui enseignant la manière de procéder, puis pour ne pas influencer son nouvel apprenti, il le laissa seul. Le travail n'avançait peut être pas vite, mais il était fait de telle façon , qu'à son retour, M. Buffet, prétendant qu'un ouvrier avait dû venir, blâma fortement son neveu de lui avoir laissé faire l'ouvrage et ne voulut ajouter aucune foi aux nombreuses dénégations du jeune homme. Il n'y avait qu'un moyen d'en sortir, ce fut celui qui fut adopté : le travail fut recommencé et exécuté sous les yeux du maître et avec la même perfection. L'épreuve était concluante et l'avenir de M. GOUMAS assuré. A partir de ce moment sa marche fut rapide : simple ouvrier luthier jusqu'en décembre 1853, puis contremaître dans les ateliers de Paris, il devint, en 1855, l'associé de la maison Buffet-Crampon et Cie". Rappel historique de la Maison BUFFET-CRAMPON :
Le fondateur Denis BUFFET-AUGER est issu d’une des familles de facteurs d’instruments à vent qui se sont rassemblés depuis un siècle à la Couture-Boussey. Son fils Jean Louis BUFFET en se mariant avec Zoé CRAMPON, va accoler les deux patronymes afin de se distinguer de son oncle, le facteur et innovateur Louis Auguste BUFFET.
Premier apparition de la marque Buffet-Crampon dans le Bottin de 1842.
Première marque de Buffet- Crampon.
En 1850 Jean Louis BUFFET (Crampon) (1813-1865) s'associe avec son frère Louis BUFFET (1823-1884) et Ferdinand TOURNIER. Ils ouvrent la même année un atelier à Mantes la Ville. En 1855 à la suite du départ de Louis BUFFET, Pierre GOUMAS le remplace dans l'association. " Il n'avait alors pour toute fortune que ses bras, sa conduite et son intelligence. C'est à partir de ce moment que la fabrication, qui occupait une quinzaine d'ouvriers environ, commença à subir une série de transformations et d'améliorations qui devaient faire de la marque Buffet Crampon et Cie une marque sans rival au monde". Jean Louis BUFFET (Crampon) ayant pris sa retraite la société prend le nom de TOURNIER-GOUMAS.
Marque Tournier-Goumas.
Bottin de 1857.
Marque Tournier-Goumas.
Bottin de 1859
Ils ont même un poinçon d'argent, insculpé le 7 mars 1856.
En 1859 Ferdinand TOURNIER quitte l'association pour s'installer seul ; en 1881 il employait 6 ouvriers. Une association est créée entre GOUMAS et un nouveau venu, clarinettiste et ancien élève de KLOSE (1808-1880), Adolphe Marthe LEROY. Cette association prend le nom de Buffet Crampon et Cie.
Remarque de Denis Watel:"Sur ton article sur Goumas, tu cites Ferdinand TOURNIER comme ayant quitté la société et qui installé seul, employait six ouvriers en 1881. C'est une erreur transmise entre autre par Constant Pierre. Ferdinand quitte bien la société mais pour prendre sa retraite dans l'Oise et s'occuper d'une belle-mère aveugle (de plus il est décédé bien avant 1881)". Merci Denis pour cette info.
Jean Louis BUFFET (Crampon) décède le 17 avril 1865 à Mantes la Ville et Leroy quitte la société pour succéder à Klosé au conservatoire de Paris, Goumas prend seul les commandes.
"M. GOUMAS ne tarda pas à créer à Mantes, une fabrique où il installa une machine à vapeur en 1866, et où il joignit à la fabrication des instruments de bois celle des saxophones. Ce fut lui qui, le premier, employa la vapeur dans la fabrication des instruments à vents et à clefs. Il ne s'arrêta pas là ; ses soins de chaque jour tendaient à l'amélioration de l'outillage entier. Entre autres, il modifia la machine à diviser pour la rendre applicable à sa fabrication". En 1871 il s'associe avec ses deux gendres, Léon LEGUAY époux d'Eugénie GOUMAS et Léon CRAMPON époux de Clémence GOUMAS. (Voir la généalogie Goumas au-dessus) L'entreprise prend le nom de " P. GOUMAS et Cie", mais les instruments porteront toujours la marque classique Buffet Crampon.
Bottin de 1879.
"La clarinette gagna beaucoup dans les mains de ce facteur qui perfectionna la clarinette de Boehm dans tous les tons. Il ajouta deux clés aux saxophones ce qui permet aujourd'hui aux compositeurs d'écrire sans restriction pour toute cette famille d'instruments. Depuis cinq ans, il a également perfectionné, au delà de toute espérance, les bassons à 22 clés et deux anneaux d'un système à tringle. Enfin, dernièrement , il a mis au jour un contre-basson qui lui était réclamé par les chefs d'orchestre les plus éminents. Ce qu'il a fait pour ces instruments, il l'a fait pour les autres, tels que clarinette-basse, cor-anglais, hautbois, musette, flûte et flageolet de tous systèmes".
Musicien jouant du contre-basson.
"Quoi d'étonnant maintenant que cette maison hors ligne soit arrivée aujourd'hui à occuper plus de 80 ouvriers et à fournir , grâce à son remarquable outillage, le travail de plus de 150 ouvriers de l'époque où M. Goumas prit la direction de la fabrication. C'est dans cet état de prospérité que, désirant jouir d'un repos bien gagné, M. Goumas vient de quitter son établissement"...."L'affabilité que M. Goumas apportait dans ses rapports avec ses ouvriers étant un caractère distinctif de sa nature, lui a bientôt valu à Mantes, qu'il habite depuis 1875, la sympathie de tous ses concitoyens. Aussi était-il élu, en 1882, second conseiller municipal sans distinction de parti. Son mandat lui était renouvelé, avec le même élan, en 1884".
Médaille offerte par ses ouvriers en 1886.
"Il fut bientôt nommé par ses collègues, voulant ainsi lui montrer combien ils savaient l'apprécier, membre du conseil de direction de la Caisse d'épargne. Enfin, depuis 1883, il est président de la société de secours mutuels de Mantes, Mantes-la-Ville et Limay.
Signature de Pierre GOUMAS.
Il a été nommé le 29 décembre 1885, chevalier de la légion d'honneur. Cette même année il prend sa retraite et est remplacé par Paul EVETTE et Ernest SHAEFFER qui rachètent l'entreprise.
Pierre GOUMAS est décédé le mercredi 9 octobre 1889 à l'âge de 62 ans à Mantes la Jolie.
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